Un Patriote de retour d’exil [1846]

Le Monde illustré, vol. 7 no 354. p. 660 (14 février 1891)

François-Xavier Prieur, 1814-1891 Le Monde illustré, vol. 7 no 354. p. 660 (14 février 1891)

François-Xavier Prieur a été exilé en 1839 en Nouvelle-Galles du sud, avec 57 compagnons, suite aux Rébellions de 1837-38.

Le Canadien, 16 septembre 1846

Arrivée d’un Exilé – M. F. X. Prieur, dont nous avons annoncé l’arrivée à Londres il y a quelque temps est enfin de retour à Montréal. Il est arrivé ici mardi matin par la voie de Québec. M. Prieur s’est embarqué à Sidney le 22 février dernier, avec une famille française qui revenait en France et qui a payé son passage jusqu’à Londres où il est débarqué le 24 juin, après une traversée de quatre mois et deux jours. Il est reparti de Londres le 10 juillet sur le vaisseau marchand le Billon, qui n’est arrivé à Québec que samedi dernier, après un passage de près de deux mois. M. Prieur est parti de Montréal hier matin pour aller visiter sa famille qui réside à St. Polycarpe. Avant les troubles, M. Prieur était marchand à Beauharnois; c’était un jeune homme instruit et doué de beaucoup d’intelligence.

On sait que depuis longtemps des fonds ont été expédiés en Angleterre pour pourvoir au retour des exilés. Nous avons fait allusion dernièrement aux difficultés qui existent pour faire passer ces fonds jusque dans la colonie pénale, et aux démarches incessantes qui ont été faites à ce sujet. Des lettres ont été adressées aux autorités de Sidney, annonçant que le passage des exilés seraient remboursées à Londres. Et cependant une fatalité inqualifiable s’est attachée à tous les efforts qui ont été faits pour hâter leur retour. Mais grâce à des renseignements qui ont été obtenus, nous pouvons annoncer avec certitude que les nouveaux moyens qui ont été adoptés pour assurer le passage des onze exilés qui sont encore à Sidney ne peuvent manquer de réussir. – (Minerve).

Vous pouvez lire en ligne Notes du condamné politique de 1838 par F.-X. Prieur.

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¿Quién es Eugenio Duchesnois? (Argentine, XIXe siècle)

A la recherche de Charles Chambers, chef de la bande à Chambers (Québec, 1831-1835), 4e partie

Entre 1831 et 1835, une bande de brigands, dont le chef est Charles Chambers, commet plusieurs méfaits dans la région de Québec (voir ce billet ). La justice s’y prend à trois fois avant de condamner Chambers. Lui et Nicolas Mathieu sont finalement condamnés à être pendus. Le jour fatal, la sentence est commuée: ce sera la déportation. Chambers et Mathieu quittent Québec avec d’autres prisonniers à bord du Cérès du capitaine Squire le 27 mai 1837.

Les sources se contredisent quant à la suite des choses (voir ce billet).

On sait que Mathieu et une partie des prisonniers du Cérès ont été déportés en Nouvelle-Galles du Sud (Australie), d’autres à Van Diemen’s Land (Tasmanie). (voir ce billet)

Sept passagers manquaient toujours à l’appel.

Les voici: Joseph Côté, Joseph Moisan, Richard Burnard, John Nicholson, Jean-Baptiste Fournel, Zephyr Laneuville…. et Charles Chambers, le chef de la bande à Chambers.

J’ai continué mes recherches. Et j’ai fait quelques découvertes.

Jean-Baptiste Fournel et Zephyr Laneuville

En fouillant dans la Australia Convict Collection (base de donnée payante de Ancestry), on retrouve deux noms manquants: Jean-Baptiste Fournel (inscrit Fournelle) et Zephyr Laneuville (inscrit Lephyr Laneuville). Je ne connais pas le nom du bateau qui les a emmené en Australie.

Joseph Moisan

Dans le Tasmania Convicts index, on retrouve un Joseph Moiseau à bord du Neptune, arrivé le 18 janvier 1838, en partance de Londres. Dans le New South Wales and Tasmania, Australia convict Musters, 1806-1849 (base de données Ancestry), on retrouve un Joseph Moisean, arrivé en 1838. Grâce aux archives de Tasmanie, on retrouve une fiche au nom de Joseph Moisean. On y a apprend entre autre qu’il a obtenu un pardon conditionnel en 1843.

Joseph Côté et John Nicholson

Et maintenant, parlons de Joseph Côté et de John Nicholson. Le Telegraph du 3 avril 1837 nous apprend qu’ils sont âgés respectivement de 12 et 13 ans lors de leur condamnation. Joseph Côté a été reconnu coupable de  »petty larceny » et il a été condamné à 7 ans de déportation. John Nicholson a été reconnu quatre fois coupable de  »petty larceny » pour un total de 28 ans de déportation.

A cause de leur  âge, il semble qu’après l’arrivée du Cérès à Londres, en juillet 1837, Nicholson et Côté ont été transférés à la prison pour garçons de Parkhurst (photo ici), située sur l’île de Wight.

Des 1842,  certains prisonniers de Parkhurst ont été transportés en Nouvelle-Zélande ou en Australie pour servir de main-d’oeuvre. Ils voyaient leur peine annulée sous certaines conditions (Réf. 1. et Réf. 2).

En 1842, Nicholson et Côté figurent parmi la liste des passagers du St.Georges, à destination d’Auckland, Nouvelle-Zélande (Réf. 1 et réf. 2). Les âges concordent. Notez que Côté est orthographié  »Cotey » dans chacune de ces listes.

Conclusion

Jean-Baptiste Fournel et Zephyr Laneuville ont été déportés en Australie, alors que Joseph Moisan a été envoyé en Tasmanie. Joseph Côté et John Nicholson ont passé quelques années à la prison Parkhurst pour ensuite être envoyé en Nouvelle-Zélande.

Parmi les passagers du Cérès, je n’ai encore rien trouvé concernant Richard Burnard et Charles Chambers. En retrouvant Burnard, retrouvera-t-on Chambers? À suivre…

L’histoire de poursuit  ici… (Le destin de Charles Chambers)

Webographie
Archives Office of Tasmania. [en ligne] Index to Tasmanian Convicts [Page consultée le 25 mai 2010] Adresse URL: http://portal.archives.tas.gov.au/menu.aspx?search=11

Anthony G. Flude. [en ligne]CONVICTS SENT TO NEW ZEALAND! The Boys from Parkhurst Prison [Page consultée le 25 mai 2010] Adresse URL: http://homepages.ihug.co.nz/~tonyf/parkhurstboys/convicts4.html

Christine Clement [en ligne] NEW ZEALAND PASSENGER LISTS ST GEORGE PORTSMOUTH TO AUCKLAND 03 JUNE 1842 – 24 OCTOBER 1842. [Page consultée le 25 mai 2010] Adresse URL: http://freepages.genealogy.rootsweb.ancestry.com/~sooty/stgeorge1842.html

Rob Nelson et Joan O’Donovan[en ligne] Convicts to Australia [Page consultée le 25 mai 2010] Adresse URL: http://members.iinet.net.au/~perthdps/convicts/park.html

Pearl Wilson. [en ligne] The Boys from Parkhurst Prison, Isle of Wight [Page consultée le 25 mai 2010] Adresse URL:

http://pearlspad.net.nz/ParkhurstBoys.htm

State Record Office of Western Australia. [en ligne] Convicts Record. [Page consultée le 25 mai 2010] Adresse URL: http://www.sro.wa.gov.au/archive-collection/collection/convict-records

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La déportation d’après les registres d’écrous des prisons de Québec (Bas-Canada, 19e siècle)

Au 18e et au 19e siècle, la Grande-Bretagne a envoyé plusieurs milliers de prisonniers (hommes et femmes) dans ses colonies pénales pour purger leur peine. Des peines de 7 ans, 14 ans, à perpétuité pour les plus malchanceux….

Parmi les plus célèbres déportés figurent les Acadiens (1755) et les Patriotes (1839).

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Les colonies pénales

On a d’abord envoyé des prisonniers dans les colonies pénales de Virginie et du Maryland (Réf). Après l’indépendance, des colonies ont été implantées en Océanie et aux Bermudes. Un prisonnier pouvait alors être envoyé en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie de l’Ouest, à Victoria, au Queensland , à Van Diemen (auj. La Tasmanie) ou à Norfolk Island.

Statistiques

Nombre de prisonniers envoyés dans des colonies pénitentiaires (18e et 19e siècle)

50 000 dans les colonies américaines;

165 000 en Australie ou à Van Diemen (Réf);

9000 aux Bermudes

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Des déportés en provenance du Bas-Canada?

On sait que 58 Patriotes furent déportés en Australie. Y-a-t-il eu d’autres déportés provenant du Bas-Canada? Entre 1814 et 1839, au moins 376 prisonniers ayant séjourné dans une prison de Québec ont dans leur dossier la mention  »transported’, « transportation », « sent to » ou « embarked »‘. (Réf). Notez qu’on n’emploie par le terme  »deported ».

La transportation différait du bannissement en ceci que le lieu d’exil était déterminé par l’autorité et le condamné y était transporté de force, tandis que le banni avait le choix d’aller où il voulait hors de l’endroit où il était proscrit. (Réf.  Raymond Boyer. Les crimes et les châtiments au Canada français, du XVIIe siècle au XXe siècle. Montréal. Le Cercle du livre de France, 1966, p.202)

Où ces gens ont-ils été transportés? On trouve leur traces, dans certains cas, dans les archives australiennes et tasmaniennes.

Les informations livrées par le Registre des écrous des prisons de Québec sont fragmentaires, mais elles nous permettent de tirer quelques conclusions.

D’abord, les  »transportés » sont exclusivement de sexe masculin.

C’est dans les années 1830, qu’il y a le plus de gens incarcérés qui seront transportés (207 cas).  Ceux qui ont été incarcérés en 1838 sont ceux qui ont été le plus déplacés hors du Bas-Canada (85 cas) suivi de ceux de 1837 (51 cas),  1833 (32 cas), 1835 (31 cas) et 1836 (26 cas).

258 des condamnés le sont pour des offenses dites  »military » (militaire). Par militaire, on entend ici une participation à une rébellion contre le gouvernement, par exemple (haute trahison) ou bien une infraction commise par un militaire. Les autres ont été trouvé coupable de meurtre, félonie, cambriolage ou de vol. Pour ces dernières offenses, la sentence la plus fréquente est la pendaison, qui est plus tard commuée en déportation.

Les bateaux dont on sait qu’ils ont eu à leur bord des  »transportés » sont les suivants:

Carrington, à destination des Bermudes (départ 6 septembre 1826).

King Fischer, capitaine Bayside. (départ 5 août 1828)

Rose, capitaine Pilkington, à destination d’Halifax. (départ 20 sept. 1830).

Orestes, 2 août 1832.

Sylvia, 1er septembre 1834.

Athol. (départ le 9 juillet 1835 et le 2 novembre 1838). Ce navire transporte des condamnés pour une offense dite  »militaire ».

William Money. (départ 27 août 1836).

Stakesby, capitaine Globe, à destination de Londres (départ vers 16 septembre 1837).

Ceres, capitaine Squire, à destination de Londres (départ 27 mai 1837).

Prince George, capitaine Friend, à destination de Londres (départ 16 novembre 1839). Ce navire transporte des condamnés pour cause  »militaire ».

British Empire, capitaine Wheatley, à destination de Londres (départ 17 novembre 1840). Dans les registres d’écrous des prisons de Québec, il est noté  »Sent on board the « British Empire » to be conveyed to England from thence to be transported to New South Wales or Van Diemen’s Land ». Un des passagers, Charles Charland, a été envoyé à Van Diemen en 1841 par le Layton (4).

*date de départ établie à partir de la date de libération des prisonniers. En consultant le Quebec Mercury, on trouve quelques fois la date où le vaisseau a été  »cleared », date qui est antérieure de un ou deux  jours à la date de libération.

Les prisonniers du Ceres ont été envoyés, pour la plupart, en Australie ou en Tasmanie. Pour ce qui est des autres bateaux, il faudrait faire des recherches plus poussées dans les index des convicts (prisonniers) de Tasmanie et de Nouvelle-Galles du Sud. On s’en reparle…

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