Les extras [1886]

Photographie | Édifice du Parlement, Québec, QC, 1898 | MP-1989.28.88

Édifice du Parlement, Québec, QC, 1898

Voici un article suggéré par Martin Trudel.

La Patrie, 7 septembre 1886

LES EXTRAS

Le gouvernement du Québec vient d’adresser aux journaux les rapports demandé au cours de la dernière session.

L’un d’eux contient  »Les sommes payées par le gouvernement jusqu’au 15 avril 1886 pour les bâtisses du gouvernement et les bureaux publics.

Nous y relevons les chiffres suivants:

BUREAUX PUBLICS
Contrat……..$311,670
Extras………80,727
——
392,397

BATISSES DU PARLEMENT, FONDATIONS
Contrat……..$13,357
Extras………$3,028
——
$16,385

BATISSES DU PARLEMENT, CONSTRUCTION
Contrat……..$169,720
Extras………$92,455
——-
$262,176 (262,175 plutôt)

D’où il ressort qu’il a été payé d’après les CONTRATS $670,956 et pour EXTRAS $176,216.

Dans le premier cas, le montant accordé par le contrat était de $311,670, et l’extra a été de $80,727 soit 25%

Dans le second cas, le montant accordé par le contrat était de $13,357, et l’extra a été de $3,028, soit 25%

Dans le troisième cas, le montant accordé par le contrat était de $169,720 et l’extra a été de $92,455, soit 50%

Nous demandons maintenant s’il est étonnant que les bâtisses du parlement coûtent si cher et que les contracteurs souscrivent si largement aux journaux ministériels et aux fonds électoraux.

C’est une honte.

Mais, il y a plus.

Le gouvernement a eu honte de faire connaître tous les extras qu’il avait réellement payés ou qu’il allait payer pour le moment des élections.

Voici comment débute le rapport:
 »Tous les comptes présentés jusqu’au 15 avril 1886 et admis comme dus par le gouvernement ont été payés.

Pour des raisons d’intérêt public, il n’est pas coutume de faire connaître les réclamations en litige ou non encore admises par le gouvernement. »

C’est là qu’est le pot aux roses.
Tout le monde sait parfaitement à Québec qu’en plus de cette somme énorme de $670,956 dont $176,216 pour extra payés jusqu’au 15 avril, le célèbre Charlebois avait encore une réclamation de $250,000, ce qui aurait porté le total à près d’un million.

On a eu peur.

On a suspendu ce paiement et en vertu de la note citée plus haut, on n’en a pas même fait mention, se réservant de l’admettre une fois le rapporté déposé.

Plusieurs fois, M. Mercier a voulu savoir si cela serait payé cette année, le gouvernement a gardé le mutisme le plus absolu.

Mais, nous sommes bien en droit de croire que le paiement s’est fait.

La frasque de M. Wheelan au Post et les airs de conquérants de M. Charlebois en disent assez long sur les saignés qui vient encore d’être faite au coffre public.

Si c’est avec cela qu’on espère gagner des élections, il pourrait y avoir de cruelles déceptions pour nos pendards.

C’est fini le règne du dollar.

Maintenant les électeurs en savent plus long, ils prennent l’argent et votent à leur goût.

Vous l’apprendrez à vos dépens, M. Ross!

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L’incendie du Parlement à Montréal en 1849

Entre 1844 et 1849, le parlement du Canada-Uni siège à Montréal. Mais le 25 avril 1849, le parlement est incendié. Voici comment le correspondant du journal Le Canadien raconte les évènements.

Le Canadien, 27 avril 1849

LETTRE XXXVII

MONTREAL, 26 avril 1849.

J’ai à vous décrire une scène et à vous conter des faits, tels qu’il ne s’en est jamais passé dans ce pays, et qui rappellent les fameuses journées de Paris, avec cette différence que la populace de Paris, intelligente dans sa cruauté, n’a jamais brûlé de bibliothèque de 25,000 volumes, comme vient de le faire la populace loyale de Montréal.

Vous saurez que Lord Elgin, qui a sanctionné hier le bill d’indemnité, a été publiquement outragé et insulté au milieu de ses aides-de-camp, que les représentants ont été chassés à coups de pierres de la salle de leur délibérations, que l’hôtel du parlement a été brûlé et que le feu s’est étendu aux maisons voisines. Reprenons les choses de plus haut.

Il y avait, avant-hier, beaucoup d’excitation dans la classe mercantile de Montréal, au sujet du tariff qui devait venir en opération immédiatement après sa passation. Les marchands représentèrent que si le tariff prenait son cours de suite, les marchands du Haut-Canada, qui avaient reçu leurs importations par les Etats-Unis, auraient un avantage sur ceux de Montréal, qui allaient payer les droits très élevés, imposés par le nouveau tariff, et que par conséquent les consommateurs du Haut-Canada, qui avaient coutume de s’approvisionner à Québec, ou à Montréal. Une députation de marchands se rendit auprès de M. Hincks, priant le gouvernement de suspendre l’opération du tariff, jusqu’au mois de juillet. M. Hincks, priant le gouvernement de suspendre l’opération du tariff, jusqu’au mois de juillet. M. Hincks leur dit qu’ils auraient une réponse le lendemain matin. La réponse étant défavorable, les membres de la députation exprimèrent le désir que le bill fut sanctionné immédiatement, afin qu’au moins toute la flotte du printemps fût placée sur un pied d’égalité, et que les vaisseaux arrivés à Québec n’eussent point de préférence; ce qui fut convenu.

Le bill reçut en conséquence sa troisième lecture à trois heures de l’après-midi, et fut envoyé au Conseil Législatif, qui n’en fit qu’une bouchée, et lui donna ses trois lectures sans discussion. A cinq heures, le procureur se rendit en grand tenue au Conseil, et sanctionna non seulement ce bill, mais tous ceux qui avaient été passés depuis le commencement de la session parmi lesquels se trouvait le fameux bill d’indemnité pour les pertes souffertes pendant les insurrections de 37 et 38.

Photographie, diapositive sur verre | Voiture utilisée par Lord Elgin (lorsque les manifestants lui ont lancé des pierres), exposée au Château Ramezay, Montréal, QC, vers 1930 | MP-0000.25.1045

Voiture utilisée par Lord Elgin (lorsque les manifestants lui ont lancé des pierres), exposée au Château Ramezay, Montréal, QC, vers 1930

Lorsque Lord Elgin monta dans sa voiture, il reçut une salve d’oeuf pourris ou censés pourris, qui éclaboussèrent son carosse et sa suite; des grognements et vociférations injurieuses éclatèrent, mais furent mêlées de hourras des libéraux qui se trouvaient présents.

Immédiatement après, les meneurs du parti tory-antropophage de Montréal se réunirent dans dans les cafés, les bar-rooms et les autres lieux de réunion; et il se décida qu’il y aurait un indication meeting, au Champ de Mars, où l’on se proposait de brûler Lord Elgin en effigie. Des voitures attelées de plusieurs chevaux, portant quelques uns des coryphées du parti munis de cloches, parcoururent la ville dans toutes les directions et arranguèrent ainsi la réunion.

A huit heures, l’assemblée avait lieu aux torches, et avec un degré d’excitation furibonde qui se croit difficilement.

Peinture | L'incendie du Parlement à Montréal | M11588

L’incendie du Parlement à Montréal

Vers la même heure, la chambre discutait tranquillement le bill de judicature de M. Lafontaine, et M. Laurin avait la parole un peu avant neuf heures, lorsque des cris de sifflets et des hurlements annoncèrent que la foule se portait vers le lieu des séances. Un instant après, M. Laurin fut interrompu dans son discours par une grêle de pierres. Plusieurs membres se précipitèrent vers la bibliothèque et d’autres autour du fauteuil, quelques-uns voulurent faire bonne contenance et restèrent dans leurs fauteuils; mais une seconde volée de pierres beaucoup plus grosses, lancées cette fois avec une vigueur, une précision et un ensemble qui dénotaient une intention bien arrêtée de démolir l’édifice, entrèrent à la fois par les croisées des deux côtés; et il fut impossible de tenir plus long-temps. L’orateur et tous les membres présents et les employés de la chambre se réunirent dans l’espace étroit qui sépare la chambre de la buvette, et qui se trouvait protégé d’un côté par la garde-robe, et de l’autre par les chambres de l’orateur et du greffier. C’était le seul endroit de l’édifice où l’on fut à l’abri du feu croisé de projectiles que l’on continuait à lancer avec la même force et le même ensemble. Un silence lugubre régna quelques temps; puis, comme à un commandement, les pierres furent lancées de nouveau, et des coups de sifflets et des cris de mort se mêlèrent à ce bruit. Quelques membres voulurent sortir; d’autres opinaient pour qu’on attendit l’arrivée des troupes qui avaient été requises et dont on espérait l’intervention de moment en moment. On cria tout à coup: les voici! et en effet, une troupe de furieux s étaient entrées dans la salle et y jouèrent à-peu-près la même scène que les sans-culottes dans la salle du trône le 10 août. Ils brisèrent pupîtres et fauteuils, s’emparèrent de la masse, et un d’eux se plaçant dans le fauteuil de l’orateur, déclara le parlement dissous. Un instant d’après, le cri au feu! retentit, et quelques membres descendirent de la salle dans le haut de l’édifice appelée le Comité de la Pipe, en criant qu’ils avaient vu mettre le feu à une extrémité de la bâtisse. Il fut alors décidé de sortir; et l’orateur en tête avec son costume, et les membres, deux à deux, descendirent et sortirent par la grande porte de l’édifice. Contre l’attente de tous ceux qui formaient partie de cette escorte, il n’y avait personne pour garder et barricader cette porte, comme on l’avait dit et annoncé plusieurs fois à l’intérieur. L’orateur et les membres qui l’accompagnaient purent sortir tranquillement, et se frayèrent un chemin dans la foule. Quelques membres cependant furent maltraité par la populace, entr’autres M. Watts qui fut sérieusement battu.

The Burning of the House of Assembly at Montreal, 25 April 1849. The Illustrated London News, 19 May 1849, BAC

L’incendie du parlement. Titre original: The Burning of the House of Assembly at Montreal, 25 April 1849. The Illustrated London News, 19 May 1849, BAC

Dans un instant tout l’édifice fut la proie des flammes; les explosions du gaz et la quantité énorme de papiers et de livres renfermés dans cet espace rendent compte de l’incroyable rapidité avec laquelle se développa cet incendie. On assure, d’ailleurs, que le feu a été mis simultanément aux deux extrémités et au centre de l’édifice dans les caves. Il faisait une brise assez forte, et il y eut bientôt danger pour les maisons avoisinantes. Une maison dans la rue St. Paul brûla, et le feu prit aux hangards de M. Holmes, de l’autre côté, et au couvent des Soeurs-Grises, mais fut bientôt éteint. Les compagnies de pompiers eurent beaucoup de peine à se rendre sur le théâtre de l’incendie; elles étaient arrêtées, et les chevaux qui traînaient les pompes détellés par les émeutiers. En plusieurs endroits on coupa les tuyaux alimentaires des pompes.Quelques membres et employés de la chambre firent de grands efforts pour sauver la bibliothèque de la chambre; mais il n’y eut qu’un très petit nombre de volumes qui échappèrent au désastre.

Avant de se rendre à la chambre, la foule avait brisé toutes les croisées du bureau du Pilot, et dans la nuit, quelques personnes cassèrent aussi des carreaux à diverses places dans la ville.

Lord Elgin, qui était retourné à Monkland, revint en ville, et siégea quelques temps en conseil avec ses ministres. Les troupes ne furent rendues au lieu du désastre que longtemps après que l’incendie eût éclaté.

L’orateur a convoqué la chambre, ce matin, à dix heures, au marché Bonsecours; et elle s’y est ajournée à demain, à dix heures.

M. Baldwin a fait nommer un comité spécial pour s’enquérir des divers bills en progrès devant la chambre, et pour rétablir la liste des ordres du jour.

Il y a eu une discussion assez longue à laquelle ont pris part MM. Baldwin, MacNab, Cameron, Wilson, Papineau, Gugy, Scott, Armstrong, Sherwood, Hincks, Boulton, de Toronto, Chauveau, Robinson, Blake, et Badgley.

Il y a eu plusieurs rapports à l’ordre et des incriminations de part et d’autre. M. Wilson, membre tory a flétri en termes énergétiques, l’acte de vandalisme qui venait d’être commis; il a dit que la responsabilité en était à ceux qui avaient excité la populace par des discours et des écrits inflammatoires; et il ajouta qu’à la honte de Montréal, il y avait des hommes instruits et appartenant en apparence à la classe aisée parmi les émeutiers. Tout le langage de M. Wilson indique qu’il va laisser pour toujours ce parti. Quelques membres ont opiné pour une prorogation, mais l’immense majorité est bien décidée à siéger, coûte que coûte, et à tout faire pour que force reste à la loi.

Sir Allan MacNab a donné avis qu’il ferait motion demain pour permission d’introduire un bill pour pourvoir à ce que les pertes causées par l’incendie d’hier soient payées à même les fonds destinés à l’indemnité des pertes souffertes pendant la dernière rébellion.

Ce sarcasme cynique du chef du parti, et son langage et celui de ses amis, indiquent assez qu’ils veulent la guerre civile.

Les troupes sont sous les armes dans toute la ville, au Champ de Mars, au palais de justice, à l’hôtel du gouvernement et au marché Bonsecours des hourras sont établis. On a assermenté 200 connétables spéciaux, et il est question de lever les milices.

Après la séance, tous les membres libéraux et une foule de citoyens ont été inscrire leurs noms, à l’Hôtel du Gouvernement, sur le registre des visites à Lord et Lady Elgin.

L'incendie du parlement par C. W. Jefferys, extrait de The Winning of Popular Government: A Chronicle of the Union of 1841 Vol. 27 of "The Chronicles of Canada" Toronto: Glasgow, Brook & Company, 1920

L’incendie du parlement par C. W. Jefferys, extrait de The Winning of Popular Government: A Chronicle of the Union of 1841 Vol. 27 of « The Chronicles of Canada » Toronto: Glasgow, Brook & Company, 1920

La perte causée par cet incendie est estimée à £100,000; mais celle de la bibliothèques des deux chambres ne peut s’apprécier. Celle du conseil contenait environ 9,000 volumes, et celles de la chambre environ 16,000. Cette dernière était remarquable par la collection d’ouvrages sur l’Amérique, faite avec des recherches et des dépenses considérables par M. Faribault; et c’est là un malheur qui ne peut se réparer. Il y avait aussi dans chacune des bibliothèques une exemplaire des ouvrages d’Audubon, sur les oiseaux et les quadrupèdes de l’amérique, qui coûtaient chacun d’eux au delà de £300. Il y avait aussi la collection complète des Journaux et des Archives du Parlement-Uni, déposés là par le gouvernement impérial.

Tout cela a été dans quelques instans la proie des flammes. On doit regretter aussi les portraits des souverains de l’Angleterre et des hommes les plus distingués du Canada, qui formaient une petite galerie de peinture, dans le grand vestibule entre les deux salles de séance.

Un sentiment d’indignation règne dans toute la ville parmi les honnêtes gens.

P.S. – Chose étrange, il n’y a eu personne de tué, ni même de blessé sérieusement. Des émeutiers au nombre de dix, sont en prison.

Pour en savoir plus: Le parlement brûle! Centre d’histoire de Montréal

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Le 12 février 1836, un journaliste de mauvaise humeur, Philippe-Ignace-François Aubert de Gaspé,  décida de perturber quelque peu les débats parlementaires. Il avait eu quelques semaines auparavant une altercation avec le député de Yamaska, le Dr Edmund Bailey O’Callaghan. Cela lui avait valu un séjour d’un mois en prison.

Aubert de Gaspé est par la suite revenu à Québec, voulant se venger de l’affront qu’on lui avait fait. Il décida donc de perturber les débats en utilisant une méthode… très odorante.

Il se rendit une première fois au parlement (avec un complice?), pris l’échelle, monta et tenta de projeter à l’intérieur une bouteille contenant de l’asa foetida. Il réussit à casser les deux premières vitres d’une triple vitre, mais la bouteille demeura entre la deuxième et la troisième vitre où on l’a trouva le matin suivant.

In the course of last night, some evil disposed person or persons, attempted to throw a pint bottle of assafoetida, through one of the windows of the Sitting Hall of the Assembly, so that it might fall upon the stove. The ladder, used for lighting the lamps, at the door of the building,  was taken to enable the perpetrator to reach the windows, and his knowledge of the locale appeared to be perfect, as the panes he broke were directly above one of the stoves, but he had not calculated upon the resistance of tripple windows, for having fractured two panes of glasse, the third resisted the bottle, which fell, broken, between the inner and the center ??shes, where it was found this morning by the Messengers. The perpetrators, probably were alarmed, as they absconded without effecting their purpose; had a few drops of the liquid fallen upon the stove, the effluvia would have prevented the Hall from being used for weeks. As it is, this wanton infraction of the privileges of Parliament, has been attended with no more serious consequences than the fraction of two panes of glass, which have been already replaced. Source. Quebec Mercury, 11 février 1836.

Pourquoi une bouteille d’asa foetida? Parce que cette charmante plante dégage une odeur d’oeufs pourris.

N’ayant pas eu l’effet escompté, Aubert de Gaspé fit une deuxième tentative deux jours plus tard, avec le journaliste de l’Ami du Peuple, Napoléon Aubin, le 12 février. L’important, c’est de persévérer, à ce qu’il parait. On distribua l’asa foetida dans le parlement.

The mischeivous attempt of stifling the members of the Assembly out of their Hall, was again attempted last night and we are sorry to say with more success than on the former occasion, as assafoetida was sprinkled in different parts of the House. The person, we learn, has been seen and discovered, and the matter will be before the House this evening. The fellow, be he whom he may, who could be guilty of so low an annoyance, deserved to be visited with as severe a punishment as the House can inflict. Source. Quebec Mercury, 13 février 1836.

D’autres sources mentionnent que l’asa foetidia a plutôt été mis dans le poêle.

Malheureusement pour Aubert de Gaspé, cette fois-ci, un témoin le dénonça.

Pour éviter la prison, Aubert de Gaspé fuit alors au manoir de son père, Philippe-Joseph Aubert de Gaspé, à St-Jean-Port-Joli.  Il en profita pour rédiger L’influence d’un livre, le premier roman de notre littérature. Il partit ensuite pour Halifax, où il décéda le 7 septembre 1841.

Aubert de Gaspé a quand même réussi à emmerder joliment les députés, cette fois-là…

Bibliographie

Assemblée nationale du Québec [en ligne] Chronologie parlementaire depuis 1791 (1835-1836) [Page consultée le 5 février 2012] Adresse URL

Daniel Perron. « Gaspé fils, romancier et journaliste en Louisiane» Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, n° 68, 2002, p. 55

David M. Hayne.  «Philippe-Ignace-François Aubert de Gaspé» L’Encyclopédie canadienne, Adresse URL

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Photographie | Vue de la ville de Québec depuis l'escalier de la Citadelle, QC, vers 1884 | VIEW-1465

Vue de la ville de Québec depuis l'escalier de la Citadelle, QC, vers 1884

Dans ce cas-ci, on ne parle pas de députés qui se chamaillent, mais d’une explosion bien réelle…

Dans le Canadien du 13e octobre 1884, on lisait ceci:

LA DYNAMITE A QUEBEC
EXPLOSION DU PARLEMENT

DOMMAGES CONSIDERABLES

TERRIBLE PANIQUE

Il ne manquait plus à Québec, pour le signaler à l’attention universelle, qu’une explosion de dynamite, et c’est précisément ce que nous avons eu aujourd’hui.

A l’heure qu’il est, de partout le globe, on sait, grâce aux communications télégraphiques, que le Parlement de Québec, qui n’est même pas terminé, à été l’objet de la malveillance de dynamiteux.

Cet événement, aussi impromptu que terrible, est arrivé à une heure moins un quart, alors que les nombreux ouvriers employés   aux édifices parlementaires s’en allaient, après avoir dîné sur le pouce, reprendre leurs travaux.

Une terrible détonation s’est soudain fait entendre et a été répétée jusque dans la gorge des Laurentides. Cela ressemblait ni à la foudre ni à un coup de canon, et cependant on entendait dire à quelques personnes que c’était l’annonce du départ du transatlantique.

L’incertitude n’a pas été d’une longue durée, car comme l’éclair la nouvelle s’est aussitôt répandue dans la ville que le parlement venait de sauter.

Un instant après, une foule immense, anxieuse de connaître les détails de la catastrophe, stationnait en face des édifices parlementaires, sur la pelouse qui s’étend devant la partie en construction.

Des pierres de toutes les grosseurs jonchaient le sol il y en avait une qui pesait pas moins de 200 livres et qui portait des traces non équivoques de dynamite.

Au deuxième étage de la façade de l’édifice, la dernière fenêtre au sud et contiguë aux bâtisses départementales, n’existait plus. La pierre était enlevée autour sur une largeur de deux pieds. De plus, le mur était lézardé et disjoint en tout sens.

En pénétrant à l’intérieur de l’édifice, on était frappé des dégâts qu’avaient causé l’explosion.

En effet, chacun a pu voir et peut encore voir que dans les bureaux, les portes de quelques secrétaires ont été brisées et que la plupart des vitres sont cassées. Partout, le parquet est jonché de débris.

En sortant dans la cour intérieure, on demeure terrifié en voyant  tout autour des bâtisses les vitres brisées et jusqu’aux châssis enfoncés et flottant dans le vide.

Enfin, dommage énorme, le mur d’arrière opposé à la façade où l’explosion a eu lieu, est repoussé d’environ trois pouces sur une  certaine étendue, et tous deux devront être démolis et reconstruits.

Les dommages doivent s’élever par conséquent à une  quinzaine de mille piastres.

Voici maintenant ce qui a été possible d’apprendre jusqu’ici sur les causes de cette terrible catastrophe, qui aurait certainement eu des conséquences lamentables si elle fût arrivée une demi-heure plus tard, alors que tous les ouvriers sont au travail.

Ce matin, un ouvrier du nom de Petit travaillait au deuxième étage du parlement, lorsqu’il aperçut sur le plancher une petite valise qui lui paru assez singulier de trouver en cet endroit mais dont il ne s’occupe pas autrement que pour la placer plus loin, parce qu’elle lui nuisait.

Nous croyons cependant qu’il la fit voir à un de ses compagnons nommé Parent.

On comprend que cette espèce de valise n’était ni plus ni moins qu’une machine infernale qui devait faire exploser à heure fixe.

Par qui cet engin destructeur a-t-il été déposé là? Mystère?

M. Charlebois a travaillé à son bureau, hier soir, avec ses employés, jusqu’à onze  heures, et il n’a rien vu de suspect.

Dans la soirée, M. Lefebvre, comptable chez MM Beaudet & Chinic, a vu sortir des nouvelles bâtisses quatre individus.

Un ouvrier qui se trouvait sur le toit du parlement au moment de l’explosion, a été lancé sur la gouttière des édifices départementaux où il a eu le bonheur de se cramponner.

Un menuisier nommé Elzéar Martel a reçu au cou une pierre grosse d’un demi pouce qui a pénétré dans les chairs et qu’à extraite le Dr Jackson. La blessure n’est pas dangereuse.

M. Charlebois lui-même a failli y passer.  Au moment de l’explosion, il écrivait à son bureau, le dos tourné à la fenêtre.

Celle-ci a été enfoncée par une pierre et les débris ont été projetés dans toutes les directions.

Les dégâts ne se sont pas bornés au parlement, où les murs intérieurs sont tous démantelés. Les vitres ont été brisées jusque dans la rue Lachevrotière et dans tout le voisinage immédiat des édifices parlementaires.

Inutile de dire que cette catastrophe extraordinaire a mis toute la population sur pied.

Photographie | Édifices du Parlement, Québec, QC, vers 1890 | VIEW-2343.A

Édifices du Parlement, Québec, QC, vers 1890

Mais ce n’est pas tout..

SECONDE EXPLOSION

NOUVEAUX DOMMAGES

A peine notre population affolée était-elle revenue de ses émotions qu’une seconde détonation se faisait entendre. Il était trois heures moins le quart, juste deux heures après la première explosion.

Notre reporter se rendit de suite sur les lieux et constata qu’une nouvelle cartouche de dynamite placée au second étage, au coin nord de la même façade venait de causer des dégâts considérables. Un immense bloc de pierres de taille, qui forme partie de la base de l’édifice a été sortie du mur qui reste chancelant.

En quelques minutes, il y avait foule sur le terrain et les bruits les plus sinistres étaient mis en circulation. Partout dans les groupes, on nous assurait qu’une dizaine d’hommes avaient été ensevelis sous des décombres provenant de la chute du mur de revêtement. Il n’en était rien heureusement.

Tout cette partie du mur est tellement brisée qu’elle devra nécessairement être démolie sans retard.

Le juge Chauveau était sur le théâtre du désastre au moment où nous le quittions.

On s’attend de minutes en minutes à une nouvelle explosion plus désastreuses que les deux premières. Un cordon d’hommes de police maintient les spectateurs à distance.

Des soldats et des ouvriers ont ensuite inspecté la bâtisse et n’ont rien trouvé.

Une récompense de 500$ était offerte à toute personne pouvant fournir des renseignements menant à l’arrestation des responsables de l’explosion.

Avis publié dans Le Canadien, 14 octobre 1884

Le lendemain, Le Canadien nous livre le témoignage d’une femme qui raconte qu’elle suspecte quatre de ses pensionnaires d’être impliqués dans l’affaire (voir page 1).

Selon le site web de l’Assemblée nationale du Québec:

 D’innombrables rumeurs courent sur l’identité des auteurs de l’attentat. Une enquête est menée, mais elle est abandonnée quelques mois plus tard, faute de piste. (Réf.)

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Québec en 1870 par le photographe Louis-Prudent Vallée (1837-1905)

Le domaine Spencer Wood (auj. Bois de Coulonge), Québec

Photographies de Québec (1886-1910) par Frederick C. Würtele

Histoire parlementaire du Québec

Évasion à la Citadelle de Québec, 16 octobre 1838

Histoire parlementaire du Québec

Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire politique du Québec, le site internet de l’Assemblée nationale du Québec est un incontournable.
On y retrouve une chronologie des événements parlementaires depuis 1792 ainsi que Le Parlement de A-Z qui contient un lexique et une bibliographie.

En ce qui concerne les parlementaires, d’aujourd’hui et d’hier, on peut lire leur biographie. L’internaute pourra aussi visionner des entrevues faites avec d’anciens parlementaires. Grâce à des listes chronologiques, on peut connaître les noms de ceux qui se sont succédé à diverses fonctions, qui ont été les plus jeunes députés élus à l’Assemblée nationale, etc. L’affiliation politique de chaque député est précisée.

Une section porte sur l’Assemblée (nombre de séances depuis 1867, dépôt des crédits et les discours sur le budget depuis 1868, etc) et une autre, intitulée Liens complémentaires, propose les débats antérieurs à 1963.

http://www.assnat.qc.ca/fr/patrimoine/index.html

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