Bonne année 2014!
Reculons de 100 ans. En ce début d’année 1914, ça va mal à Montréal. Le 25 décembre 1913, un bris d’aqueduc prive une bonne partie de la ville de Montréal d’eau.
Lorsque Mgr Bruchési, archevêque du diocèse de Montréal, s’adresse à la population en ce jour de l’an 1914, la situation est toujours problématique. Il profite de l’événement pour adresser quelques remontrances aux Montréalais.
La Patrie, 2 janvier 1914
UN AVIS DE DIEU
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DANS SON ALLOCUTION, À NOTRE-DAME, À L’OCCASION DU NOUVEL AN, MGR BRUCHÉSI DIT QUE LA CATASTROPHE DE L’AQUEDUC EST UN AVERTISSEMENT AU PEUPLE PRÉVARICATEUR
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LA FÊTE À MONTRÉAL
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Monseigneur l’archevêque Bruchési, Montréal, QC, 1897
Le nouvel an n’a pas été célébré avec le même entrain, la même bonne humeur, cette année qu’autrefois.L’affreuse disette d’eau qui irrite la moitié de la population et la tient dans une crainte perpétuelle n’a pas empêché la plupart des citoyens de se livrer aux manifestations joyeuses qui ont justement fait dire que la fête du jour est celle des Canadiens-français. Cependant elle ne pouvait passer inaperçue, et dans la très grande majorité des cas les familles canadiennes-françaises ont célébré joyeusement la venue de la nouvelle année. Les démonstrations religieuses dans quelques églises ont été fort imposantes, mais c’est encore à Notre-Dame que la cérémonie a pris un caractère de grandeur imposant. Plus de cinq mille personnes ont assisté à la messe de minuit. Sa Grandeur Mgr l’archevêque rehaussait de sa présence la grandiose démonstration. Mgr Bruchési a prononcé une allocution qui a créé une profonde impression sur son auditoire.
ALLOCUTION DE MGR BRUCHÉSI
L’archevêque a dit qu’il faut cesser l’habitude du travail le dimanche. La disette d’eau que nous subissons, dit Monseigneur, est comme l’un de ces avertissements que Dieu donne parfois à l’homme prévaricateur, car la population de Montréal n’est pas ce qu’elle était il y a vingt-cinq ans, au point de vue religieux. Dieu ne veut pas que l’on prenne en vain son nom à témoin; et, à ce propos, il est véritablement décourageant de voir le nombre de parjures qui se commettent chaque jour à Montréal, dans les cours de justice. »
Sa Grandeur espère qu’une enquête sévère aura lieu au sujet de la rupture de la conduite principale pour établir les responsabilités.
« Le désir de s’enrichir est la cause que l’on force aujourd’hui les ouvriers à travailler jour et nuit, fête et dimanche. On donne pour prétexte que ces travaux que l’on fait exécuter sont urgents, mais il n’en reste pas moins établi que le travail se continue en permanence à Montréal. Cette coutume est contraire aux lois divines et humaines. Si les lois fédérales édictées pour l’observance du dimanche ne sont pas suffisantes on devrait les amender de façon à empêcher la profanation du dimanche. « Le souhait que je formule, continue sa Grandeur, au commencement de la nouvelle année, est de voir, au cours de l’année qui commence, les lois mieux observées en ce qui concerne l’observance du dimanche ».
Parlant de la cherté de la vie, l’orateur dit qu’une foule de ceux qui se plaignent de cet état de chose pourraient en réduire le coût s’ils voulaient ne pas dépenser autant dans les cabarets et les théâtres. Monseigneur a vivement condamné les restaurants de nuit où les deux sexes mangent et boivent dans une condamnable promiscuité. Ce maintient en permanence des restaurants de nuit est la cause de l’affaiblissement de la morale et de l’esprit religieux. Mgr l’archevêque a aussi parlé de certaines modes qui sont une occasion de péché; il a condamné les théâtres où l,on donne des représentations répréhensibles, au point de vue de la morale.
En terminant, Sa Grandeur souhaite que la paix et la justice reprennent leur place dans la société.
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