Beauce, est du Québec et Ottawa (nouvelles en bref)

Bonjour à tous, voici quelques brèves nouvelles.

Deux nouvelles expositions du Musée virtuel du Canada à signaler: Vie française dans la capitale sur l’histoire des Francophones à Ottawa, en collaboration avec le CRCCF et Aller aux eaux salées En vacances sur les bords du Saint-Laurent (1815-1950) en collaboration avec le Musée du Bas-Saint-Laurent.

Des nouvelles de par chez nous: le Village des Défricheurs de Saint-Prosper deviendra le Village Beauceron.

De nouvelles plaques commémoratives ont été installées à Québec pour honorer une dizaine de personnalités, dont Arthur Buies, Frederick C. Würtele et Irma Levasseur.

Nouvelle parution: Faire son temps. Usages publics du passé dans les francophonies nord-américaines sous la direction de Martin Pâquet et de Serge Dupuis (Presses de l’Université Laval).

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Bientôt en librairie: Le métier d’intendant en France et en Nouvelle-France au XVIIIe siècle  par Marie-Ève Ouellet (Septentrion).

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Pour terminer, signalons que vous pouvez maintenant feuilleter sur le portail de BANQ le journal Claire, publié à Montréal entre 1957 et 1964.

 

Patrimoine de Salem, Mass. et Le Corridor (francophonie canadienne)

Pour la première fois depuis un bon bout de temps, de nouveaux articles sont venus enrichir l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique françaiseDécouvrir le patrimoine artistique de l’église de l’Annonciation d’Oka a été rédigé par Christian Legault, doctorant en histoire à l’UQAM. L’autre article, rédigé par deux professeures de la Salem State University, porte sur Le patrimoine franco-américain de la ville de Salem, au Massachusetts. Bonne lecture!

Sur Youtube, vous pouvez visionner des vidéos sur la francophonie canadienne réalisées dans le cadre du projet Le Corridor à l’adresse suivante: https://www.youtube.com/channel/UCnYX8m1bTIohi4Ojpm4HA0g
Le Corridor, c’est « un ensemble d’éléments patrimoniaux, de produits culturels et touristiques francophones au Canada, sélectionnés, qui proposent aux visiteurs des services en français. » Bon visionnement, en espérant que cela vous donne le goût de mieux connaître la francophonie canadienne!

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Suggestions de lecture #vendredHist

Chaque vendredi, je partage sur Twitter (https://twitter.com/vickylapointe) mes lectures du moment. Certains de ces livres nous éclairent sur des aspects de l’histoire du Québec et des francophones d’Amérique du Nord, d’autres nous font voyager en Europe et aux États-Unis. Ces publications sont identifiées par les mots-clics #vendredilecture et #vendredhist. Voici la liste des livres lus ou en cours de lecture depuis le 20 novembre 2016.

Bonne lecture!

25 novembre 2016: Les danseurs fous de Strasbourg Une épidémie de transe collective en 1518 par John Waller (Nuée Bleue, 2016). Présentation de l’éditeur.  Il s’agit d’un épisode fascinant de l’histoire européenne. Pendant plusieurs mois, on a pu voir dans les rues de Strasbourg des danseurs en transe. Ils dansaient toute la journée, ne se reposant un peu que pour dormir. Et recommençaient le jour suivant. Certains en sont même morts.  Comment expliquer ce phénomène? Plusieurs illustrations complètent ce passionnant livre.

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30 décembre 2016: You must remember this : an oral history of Manhattan par Jeff Kisseloff, publié en 1990 par les éditions Schocken. Ce livre est une collection de témoignages de la vie à New York des années 1890 à la seconde Guerre mondiale. Les témoignages sont regroupés par quartiers puis par intervenants. On passe d’un sujet à l’autre sans transition, ce qui est un irritant en début de lecture, mais en général, il s’agit d’une lecture très instructive sur le New York d’antan. J’ai aimé qu’on laisse la parole à des New Yorkais de tous les horizons.

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10 février 2017. Olivar Asselin et son temps par Hélène Pelletier-Baillargeon, premier tome. (Fides, 1996). Ce premier tome de cette trilogie est une bonne brique, plus de 750 pages. Mais ça vaut le coup d’y consacrer plusieurs heures. Un livre qui retrace brillamment le parcours du journaliste et militant Olivar Asselin, un homme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds! Natif de St-Hilarion (Charlevoix), Olivar Asselin s’est exilé avec sa famille en Nouvelle-Angleterre, où il a travaillé un peu dans les manufactures. Il a connu une carrière intéressante dans plusieurs journaux franco-américains, dont Protecteur de Fall River, le National de Lowell et la Tribune de Woonsocket. Il a participé à la guerre hispano cubaine avant de revenir au Québec, où il s’est marié, a fondé le journal Le Nationaliste, milité aux côtés d’Henri Bourassa, collaboré à plusieurs journaux, a été élu président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, et j’en passe. Une vie bien remplie.

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24 février 2017. Les Voix d’outre-tombe Tables tournantes, spiritisme et société au XIXe s. Guillaume Cuchet. Résumé de l’éditeur.

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3 mars 2017. La Rochelle-Québec Embarquement pour la Nouvelle-France, Centre des monuments nationaux.  Présentation de l’éditeur.

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7 avril 2017. Histoire des mineurs du Nord ontarien et québécois par Guy Gaudreau (Septentrion, 2003) et Les Montréalais, Portraits d’une histoire par Jean-François Nadeau  (Les Éditions de l’Homme, 2017). Le prix de Les Montréalais pourra en faire sursauter quelques-uns (125,00$), mais il faut souligner que l’impression a été faite au Québec (en Beauce plus précisément) et qu’il s’agit d’un ouvrage de qualité, tant à cause du choix des images que des textes.

Les communautés francophones en images

Le Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa, qui « s’intéresse à la société et à la culture des communautés francophones de l’Amérique du Nord d’hier et d’aujourd’hui » a numérisé et mis en ligne une partie de ses fonds d’archives. Plus de 3000 items (photographies, cartes postales, etc)  peuvent être consultés sur le web. Vous pouvez faire une recherche par mot-clé, sujets, fonds ou type de document. Les items sélectionnés touchent à plusieurs aspects de la vie des Francophones: religion, éducation, ruralité, luttes politiques, etc.

À découvrir, le fonds Georges Michaud, qui rassemble les oeuvres de ce photographe amateur, agronome de profession, qui a photographié les Francophones du Nouveau-Brunswick, du Québec, de l’Ontario et de la Saskatchewan

Portes ouvertes au Musée

Plusieurs vidéos se sont ajoutés ces dernières semaines à la chaîne Youtube des Musées de la civilisation de Québec .

D’abord, 23 épisodes de la série ‘Portes ouvertes au Musée’ ont été mis en ligne. Voici comment la série est présentée: « La série d’émissions Portes ouvertes… au Musée de la civilisation est une occasion unique de plonger au cœur des neuf voûtes du Centre national d’études des collections (CNEC) pour découvrir les trésors qui y sont précieusement conservés. « . Découvrez la collection des Musées de cire de Montréal et de Québec, la collection ethnologique du Séminaire de Québec et bien d’autres trésors de notre patrimoine.

Ensuite, la série Chantiers des archives s’est enrichie de trois vidéos: Contrôle du climat, Mise en réserve et Le traitement des œuvres sur papier (voir vidéo ci-dessous).

Bon visionnement!

 

A la recherche de tourtereaux [St-Jean, 1909]

La Patrie, 21 septembre 1909

« A LA RECHERCHE DE TOURTEREAUX

LA POLICE DE SAINT-JEAN TENTE DE RETRACER DEUX JEUNES AMOUREUX PARTIS DEPUIS HIER
_
(Spécial à la PATRIE)

SAINT-Jean, Qué., – Un jeune amoureux vient de quitter la ville. M. Philias Lefebvre, journalier de cette ville, âgé de 19 ans, est le déserteur, et il est parti avec une jeune fille de 15 ans, nommé Mina Boissonneault, fille de Mme veuve E, Boissonnault, de cette ville. La fillette travaillait depuis 15 jours comme fille de chambre de l’hôtel Balmoral, tenu par M. Hilaire Cartier. Elle recevait depuis quelques mois, malgré sa mère, les visites assez fréquentes du jeune galant, et l’on croit qu’ils avaient comploté ce départ inattendu. Ils ont quitté St-Jean, hier matin, vers 6 heures, pour St-Hyacinthe, par la voie de St-Lambert, car ils ont pris des billets pour ce dernier endroit. Mme Boissonnault est dans la désolation et c’est en sanglotant qu’elle nous a raconté cette triste affaire. Elle s’est adressée aux autorités policières pour faire arrêter les déserteurs et le grand connétable Massé a télégraphié à St-Lambert et St-Hyacinthe, demandant la surveillance de ses confrères.

Comment cette histoire s’est-elle terminée? Je l’ignore, mais espérons que les deux jeunes gens soient revenus auprès de leurs familles, sains et saufs.

Billets reliés
A la recherche de son mari [Saguenay, 1902]

L’ex-député Joseph-Octave Morin est porté disparu [Abitibi, 1920]

Recherchée par son père [Woonsocket, Rhode Island 1931]

Décédé après six jours de mariage [1900]

Inauguration de l’Asile des aliénés de Beauport [1850]

En 1845 a été fondé à Beauport un asile dit provisoire. Il a été aménagé dans le manoir bâti pour Robert Giffard. L’asile déménage quelques années plus tard. Transportons-nous en 1850 alors que le nouvel asile est inauguré.  L’article donne une image très positive de l’asile, exagérée, même.

Le Canadien, 17 mai 1850

UNE FÊTE EXTRAORDINAIRE – Le nouvel Asile des Aliénés à Beauport, sur la terre appartenant autrefois au juge de Bonne, a été inauguré mardi soir par une fête d’un genre nouveau, à laquelle MM. les docteurs James Douglas, Morrin et Frémont, propriétaires de cet établissement, avaient invité l’élite de la société de Québec. Environ quatre cents personnes profitèrent de cette invitation pour visiter le lieu de séjour et de soulagement offert par ces médecins distingués à la plus grande infortune dont l’humanité puisse être atteinte.

Le vaste et bel édifice, éclairé au gaz depuis le rez-de-chaussée jusqu’au dôme, et situé à deux milles environ de Québec, présentait de loin, à la nuit tombante, un coup d’oeil féérique. En y arrivant sur les huit heures, au lieu des cris sauvages et déchirants qu’on s’imaginerait entendre émaner du triste séjour de 170 aliénés, nos oreilles furent agréablement frappées des sons joyeux d’une musique harmonieuse; et après avoir traversé plusieurs appartements tapissés et meublés avec élégance et brillamment éclairés, nous trouvâmes les pensionnaires de l’établissement, de l’un et de l’autre sexe, réunis dans une grande pièce, à l’aile occidentale de l’édifice, occupés à danser. Cette occupation, qui contrastait si étrangement avec les idées qu’on se fait de leur état moral, ils s’y livraient avec autant d’ardeur et de plaisir que pourraient le faire les plus sages de ceux auxquels ils devaient plus tard céder la place. Plusieurs hommes et femmes se groupèrent autour de nous, et en causant avec eux familièrement et de manière à les mettre à leur aise et à leur inspirer de la confiance, nous pûmes nous convaincre, au milieu des divagations de leurs esprits et des romans étranges que nous débitaient quelques-uns d’entr’eux, qu’ils jouissaient de tout le bonheur compatible avec leur triste état, et que les habiles directeurs de cette institution possédaient le véritable secret du traitement de leur maladie. Une femme, entr’autres, qui nous dit être arrivée depuis peu de temps de Montréal, et qui savait bien pourquoi elle était là, nous dépeignit le bonheur dont elle jouissait dans son malheur, avec des accents qui auraient porté cette conviction dans l’esprit le plus prévenu contre l’établissement. L’affection qu’ils témoignent pour leurs bienfaiteurs, et la docilité avec laquelle ils obéissent au moindre signe de leur volonté, en sont d’ailleurs des preuves suffisantes.

Après cette causerie, nous visitâmes toutes les parties de l’édifice, depuis la cuisine, les caves et les lieux d’aisance jusqu’aux mansardes, accompagnés de M. le docteur Frémont, qui mit la plus grande complaisance à tout montrer et expliquer, et nous pûmes admirer l’ordre, la propreté qui règnent partout, la prévoyance et l’attention avec lesquelles tout est disposé pour la santé et le confort des malades, les moyens adoptés pour la salubrité de l’établissement, pour y amener de l’eau pure, pour l’éclairer, le chauffer et l’aérer, et le soin avec lequel tout est fini jusque dans les moindres détails. Nous avons visité quelques-uns des établissements les plus renommés de ce genre dans les États-Unis, tels que le M’Lean Asylum près de Boston, le Retreat for the Insane près de Hartford, où l’on s’est aussi fait un plaisir de nus tout montrer: ces hospices célèbres et richement dotés peuvent sans doute loger des pensionnaires opulents d’une manière plus somptueuse; mais sous le rapport de l’économie intérieure et de l’adaptation aux fins d’une pareille institution nous ne les croyons pas aussi complets, aussi parfaits que l’Asile de Beauport.

Vers dix heures, les aliénés se retirèrent, en apparence très-satisfaits, et la compagnie alla se rafraîchir dans une autre partie du bâtiment où de longues tables, dressées dans un vaste corridor servant de promenade, étaient chargées de pâtisseries et autres bonnes choses, et ornées de distance en distance de cactiers et autres plantes en fleur, provenant de la serre du docteur Douglas.
[…]

Billets reliés
Evadé de l’asile [Beauport, 1866]

L’Incendie de l’asile de Beauport, 29 janvier 1875

Une possédée en Nouvelle-France [1660]

Inauguration de la prison des femmes [Maison Gomin] à Québec en 1931

Le quartier où il fait bon vivre, c’est Limoilou! [1910]

Publicité parue dans L’Action sociale du 25 juin 1910.

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Autre publicité parue quelques semaines plus tôt.

L'Action sociale, 8 octobre 1910.

L’Action sociale, 8 octobre 1910.

Autres billets:
Phénomène étrange à Saint-Roch (8 juillet 1869)
Le dirigeable Von Hindenburg au-dessus de Québec [1er juillet 1936]
Terrains à vendre, site de Swastika-Sault-au-Récollet [1912]
Emplacements à vendre sur les plaines d’Abraham [Québec, 1845]

La procession de la Fête-Dieu à Québec en 1852

Le Canadien, 14 juin 1852

LA PROCESSION DE LA FETE-DIEU a eu lieu hier matin dans les deux paroisses de cette ville par un très beau temps. Dans la paroisse de Notre-Dame, elle s’est rendue de la cathédrale à l’église du faubourg Saint-Jean, par les rues de la Fabrique et Saint-Jean, sans arrêter nulle part, et est revenue par le même chemin. Il n’y avait point de musique. C’était Mgr l’archevêque qui portait le Saint-Sacrement. Les rues bordées d’arbres et pavoisées présentaient un coup d’oeil magnifique; mais ce n’était rien en comparaison de Saint-Roch, qui s’est encore surpassé cette fois dans la décoration des rues Saint-Joseph et des Fossés surtout, que la procession a parcourues depuis la rue de la Couronne jusqu’à la rue Saint-Nicolas, par lesquelles elle a passé de l’une à l’autre des deux premières. Ces rues, dans tout leur parcours, étaient pavoisées, bordées d’arbres et traversées en divers endroits, celle des Fossés particulièrement, par des arcs de triomphe de verdure, chargés de couronnes, de festons et d’autres ornements en profusion. Deux élégants reposoirs s’offraient, l,un en face de chez M. Pâquet, sur la rue des Fossés, et l’autre chez M. Légaré, instituteur, sur la rue Saint-Joseph. La pompe de la cérémonie était rehaussée par la belle musique de la société Saint-Jean-Baptiste. C’était M. le curé de la paroisse qui portait le Saint-Sacrement, qui là, comme à la Haute-Ville, était précédé d’une longue et double file d’enfants des écoles des deux sexes en uniforme, et suivi d’une foule immense de peuple, à Saint-Roch surtout.

Billets reliés

Site internet: Le patrimoine immatériel religieux du Québec

La statue de Notre-Dame-du Saguenay à Cap-Trinité [1881]

Départ des zouaves pontificaux pour Rome [Montréal, 19 février 1868]

Celui qui avait levé sa tête contre l’autorité de ceux devant lesquels il devait la courber [L’Ile aux Coudres, 1808]

Emeute du 1er avril 1918 contre la conscription [Québec]

Le 24 juillet 1917 est adoptée la Loi de la conscription. Les veufs ou célibataires de 20 à 35 ans sans enfant devront rejoindre l’armée. La mesure est impopulaire au Québec. Le 28 mars 1918, la police procède à l’arrestation de Joseph Mercier parce qu’il ne peut fournir son certificat d’exemption. Cette arrestation attise la fureur de bien des gens. Dans les jours qui suivent, on assiste à plusieurs manifestations. La manifestation du 1er avril aura une issue tragique. L’armée tire sur la foule: quatre morts (George Demeule, Edouard Tremblay, Honoré Bergeron et Alexandre Bussières) et plusieurs blessés. Voici comment le journal Le Canada a rapporté les évènements.

Le Canada, 2 avril 1918

SCÈNES SANGLANTES

LES SOLDATS DE TORONTO TIRENT SUR LA FOULE ET LES MITRAILLEUSES ENTRENT EN SCENE – TROIS MORTS ET DE NOMBREUX BLESSES DE PART ET D’AUTRES- CENTRE ARRESTATIONS A SAINT-ROCH

JUSQU’ICI LES AUTORITES MILITAIRES ADMETTENT QUE QUATRE SOLDATS SONT GRAVEMENT BLESSES

LES EMEUTIERS DU HAUT DES TOITS LANCENT DES PIERRES ET TIRENT SUR LES REGIMENTS D’INFANTERIE ET DE CAVALERIE

UN HOPITAL CREE D’URGENCE

(Dépêche speciale)

Québec, 1, Notre ville, est, ce soir, le théâtre d’une véritable guérilla. Favorisés par une brume épaisse qui empêche de voir à vingt pieds, les émeutiers ont recommencé leurs terribles exploits avec une violence et une audace qui relèguent dans l’ombre tout ce qui s’est passé jusqu’ici. Plusieurs opérations ont été opérées.

C’est dans les quartiers St-Roch et St-Sauveur que se passent les scènes les plus déplorables dont Québec ait été témoin depuis bien des années.

Sur le Boulevard Langelier et sur cette partie de la rue St-Joseph qui s’étend de cet endroit à l’intersection de la rue St-Vallier, on se bat depuis plusieurs heures, à la baïonette, à coups de carabine et même de mitrailleuse. Plusieurs morts ont été enregistrés et les blessés sont très nombreux, tant chez les militaires que chez les civils.

De bonne heure, dans la soirée, les autorités militaires avaient pris leurs précautions. Des piquets avaient été échelonnés sur les principales places publiques, surtout dans la partie basse de la ville, dans les quartiers mentionnés plus haut.

Plusieurs magasins de quincaillier ont été saccagés, notamment chez Cantin et chez Lajeunesse.

On prétend que les manifestants ont une bonne provision de munitions. Ils ont démontré, ce soir, en tirant à profusion sur les troupes qui ont dû recourir même aux mitrailleuse à plusieurs reprises.

Un brave ouvrier qui revenait paisiblement de son ouvrage a été tué; il a nom Arthur Laperrière et demeurait à St-Sauveur.

Victime: George Desmeule, 15 ans. La Patrie, 3 avril 1918

Victime: George Desmeule, 15 ans. La Patrie, 3 avril 1918

On rapporte qu’un capitaine commandant un des piquets de la garde militaire a aussi été tué. Ils nous a été impossible de nous procurer son nom. Plusieurs soldats et civils ont été blessés. L’ambulance a été appelée maintes fois. Des alarmes ont été sonnées à divers avertisseurs au cours de la soirée pour des commencements d’incendie que les pompiers ont pu heureusement éteindre sans trop de dommages.

Dans tous les autres quartiers, le calme a régné et, conformément aux exhortations des autorités religieuses, civiles et militaires, on voyait peu de gens dans les rues. Ce qui confirme l’impression que ce sont bien des étrangers qui sont les meneurs de cette bande d’émeutiers, c’est que les actes de violence s’aggravent tous les jours.

Pour qui connait la population de Québec, on sait que les appels judicieux faits au bon sens et à la raison, de la part de toutes les autorités, surtout religieuses, suffiraient pour obtenir le calme et la modération demandées. Il peut bien arriver que des désordres se commettent, mais pas de la gravité de ceux qui ont été enregistrés depuis quelques jours et pas avec une persistance comme celle que l’on constate. Toutes sortes de rumeurs ont circulé au cours de cette sanglante mêlée. On disait que Lavergne avait été arrêté et conduit à la citadelle. La rumeur avait probablement été lancée à dessein par certains meneurs avec l’intention de monter davantage les esprits. Elle a été niée par les autorités. De fait, Lavergne a été rencontré sur la rue, tard, dans la soirée, et il a déclaré n’avoir pas été molesté.

La résidence du Dr Jos. Gosselin, sur la rue St-Valier, à l’intersection de la rue Bagot, a été transpercée de plusieurs balles, de même que par les projectiles des mitrailleuses. Appelé plusieurs fois pour donner des soins aux blessés, vu que le combat se livrait en face de sa résidence, il n’a pas pu sortir sur le seuil même, tant était fournie la fusillade. Avec sa famille, il se réfugia à l’étage supérieur, trop heureux de s’en tirer seulement avec des dommages à sa propriété.

Les troubles se sont continués jusqu’à une heure avancée de la soirée.

Vers minuit, les troupes réussirent à vaincre la résistance des émeutiers et à faire une centaine de prisonniers qui ont été conduits à la citadelle sous bonne escorte.

Nous apprenons, à l’instant même, que la loi martiale va être incessament proclamée. Les autorités ont préparé les plans à cet effet dès ce matin.

Victime: Edouard Tremblay. La Patrie, 3 avril 1918

Victime: Edouard Tremblay. La Patrie, 3 avril 1918

Le général Lessard entend bien user toutes les ressources dont la loi dispose en ces occasions pour établir dans la vieille capitale l’ordre et la paix. Quelques groupes de manifestants se sont réunis à Limoilou quelques instants après l’arrestation de leurs copains, mais ils ont été dispersés par la police municipale.

Maintenant que le calme est rétabli, on sait que quatre citoyens ont été tués, du nom de Lapierre, Tremblay, Hamel et Trépanier.

LA CAVALERIE CHARGE LES ÉMEUTIERS

Québec, 1er- Tous les citoyens de Québec ont été avertis qu’il était dangereux de sortir dans la rue, ce soir. Tous les journaux ont conseillé à leurs lecteurs de ne pas sortir, et d’empêcher de sortir ceux qui sont sous leur contrôle.

Le  »Soleil » disait:  »C’est une question vitale. – Des magasins ont été pillés et les gens énervés sont armés de revolvers. Les soldats ont été calmes jusqu’ici, mais personne ne peut garantir qu’ils le seront toujours. Au moment où les autorités croiront devoir employer la force, il est bon que les innocents soient épargnés, et les curieux devraient demeurer chez eux. »

Les autorités militaires ont publié des avis dans les journaux, et ont averti les gens que toute assemblée illégale est défendue et que les personnes coupables sont punissables d’emprisonnement.

Les citoyens ont été avertis de ne pas quitter leurs demeures ce soir. Toute personne requise de prêter main-forte et qui refuse est passible de condamnation comme les émeutiers eux-mêmes. L’avis se termine par l’expression de l’espoir qu’il ne sera pas nécessaire de recourir à des mesures extrêmes, mais l’avis déclare que les autorités militaires sont décidées de faire leur devoir.

Plusieurs citoyens qui ont été menacés comme mouchards ont nié ce fait dans les journaux.

Victime: Honoré Bergeron. La Patrie, 3 avril 1918

Victime: Honoré Bergeron. 49 ans. La Patrie, 4 avril 1918

Malgré cet avis, les troubles ont repris ce soir; les militaires ont arrêt un homme, et sont à la recherche de plusieurs autres. Bon nombre de suspects ont été mis sous arrêt.

La cavalerie a chargé un groupe d’émeutiers sur la rue St-François, vers le carré Jacques-Cartier et les a obligés à reculer. Cinq arrestations ont été faites.

LES SOLDATS BLESSE [SIC]

Au cours de cette charge, les soldats suivants ont été blessés: Maybe, Toronto, frappé à la tête par une brique; Jack Mentel, Halifax, une balle au-dessus de l’oeil droit; J.L. Pellerin, Guysboro, N.-E., frappé à la tête par une brique; St. George Checkley, Greenwich, Conn., une balle dans la jambe, et Leroy Johnston, Toronto, une balle dans la mâchoire.

LES MITRAILLEUSES ENTRENT EN SCÈNE.

Québec, 1er. – Malgré les avertissements des autorités militaires, les émeutiers se sont rassemblés ce soir, et les soldats ont dû en venir aux prises avec eux. Les soldats qui ont chargé la foule, viennent de Toronto.

Bon nombre de soldats ont été blessés au cours de la bataille, et plusieurs prétendus émeutiers ont été mis sous arrêt.

Pendant la journée, les soldats ne se sont pas montrés dans la rue, mais vers la fin de l’après-midi, ils se sont installés à différents points de la ville. On isola la Haute Ville de St-Roch, par une ligne de troupes.

Quatre cents hommes, du 2ème C.O.R., sous les ordres du major Mitchell étaient stationnés sur le carré Jacques-Cartier.

Un escradons [sic] des Dragons Royaux, sous les ordres du Lieutenant Arnoldi, se tenait prêt, dans les environs.

On s’attendait à ce que Armand Lavergne fit un discours, ce soir, au Carré Jacques-Cartier, mais le chef nationaliste a respecté l’ordre des autorités militaires, défendant les assemblées.

Les troubles commencèrent quelques temps après que les soldats eussent occupé leurs postes. Du haut des maisons, des briques furent jetées sur les soldats, et des coups de revolver retentirent. Aussitôt, les soldats chargèrent sur la foule, et arrêtèrent huit hommes.

Plusieurs hommes tirèrent sur les soldats, et disparurent dans la foule. Un soldat s’en est tiré presque miraculeusement. Il accosta un émeutier qui lui braqua son revolver dans le front, mais malgré les efforts de l’individu, le révolver ne voulut pas fonctionner.

La cavalerie a chargé plusieurs fois, sabre au poing, mais aussitôt qu’elle se retirait, la foule revenait de plus en plus compacte.

A environ cent pieds de la gare du Canadien Pacifique, les soldats furent attaqués à coups de révolvers et de briques, et plusieurs furent blessés. Les soldats reçurent ordre de tirer.

Comme les blessés devenaient nombreux, on ouvrir un hôpital temporaire à l’édifice du Merger, dont les majors Tassé et St-Amand prirent la charge.

Un brouillard s’est abattu sur la ville, et les émeutiers, à la faveur de la nuit se cachent dans les passages de cours et tirent sur les soldats. Ceux-ci ripostent chaque fois. Mais, comme les fusils ne donnent aucun résultat, les mitrailleuses entrent en scène.

Un soldat de Toronto, Leroy Johnston, a reçu une balle à la mâchoire.

A dix heures et demie, les émeutiers ont sonné de fausses alarmes, les soldats se sont rendus sur les lieux et ont découvert le truc.

Victime: Alexandre Bussières. La Patrie, 6 avril 1918

Victime: Alexandre Bussières. La Patrie, 6 avril 1918

Les jeunes gens arrêtés ont donné les noms et les adressent [sic] suivantes:
Albert Bérubé, 339 Aragon; Joseph Mate, 4 Ste-Thérese; Adolphe Bernier, Chemin Ste-Foye; Irenée Harboin, 106 Morin; J. J. Giguère, 56 Châteauguay; Joseph Lachance, 3 Dargenson; Emile Boisbriant, 11 Dupont.

Tous déclarent n’avoir pris aucune part à l’émeute.

Les prisonniers ont été reconduits aux quartiers généraux par un régiment du Nouveau-Brunswick. Sur son parcours, ce régiment a été attaqué, mais aucun soldat n’a été gravement blessé.

Aucune liste officielle des morts et des blessés n’a été publiée, et il est probable que le nombre en soit plus considérable qu’on ne le croit.

TROIS MORTS

Arthur Laperrière a été frappé en plein coeur et est mort instantanément. Le coup a été tiré par un militaire. Laperrière n’avait rien à faire avec l’émeute, et retournait chez lui après son travail.

Chassés du carré Jacques-Cartier, les émeutiers se sont reformés à quelques deux cents pieds dans la rue de la Couronne, et ont attaqué une ambulance qui transportait un soldat blessé.

Sur la rue Masson, le magasin de quincaillerie Lajeunesse a été pilé.

Les émeutiers et les soldats continuent d’échanger des coups de feu, et le brouillard facilite la fuite des émeutiers après qu’ils ont tiré. Deux civils ont été blessés.

Un peu plus tard, les émeutiers ont pénétré dans l’épicerie Cantin, sur la rue Dorchester, et se sont emparé de bouteilles de liqueurs.

A St-Roch, la bataille a été dure: trois civils et cinq soldats ont été blesséés et cent hommes ont été arrêtés.

La bataille a duré huit heuures et demie jusqu’à une heure après minuit, et les émeutiers ont tiré du revolver sur les troupes. Les militaires qui ont tiré sur les perturbateurs avec une mitrailleuse ont eu des difficultéés à localiser les émeutiers à cause du brouillard.

A minuit, un nommé Georges Hamel, sur la rue de la Couronne a été tué, et Valère Létourneau, de St-Sauveur, a été blessé.

La police a été informée qu’un nommé Trépanier a été tué, après le pillage du magasin Lajeunesse, et un autre, A. Tremblay, avait été blessé.

La milice a fermé la salle de jeu Frontenac, et 75 jeunes gens ont été mis sous arrêt.

Billets reliés

Base de données: Soldats de la Première Guerre mondiale – CEC (BAC)

Le Dr Norman Bethune relate son expérience de la guerre civile espagnole [Montréal,1937]

Des Canadiens français ont participé à la Guerre de Sécession (1861-1865)

Camp de détention Spirit Lake, Abitibi-Témiscamingue 1915-1917