Certains crimes ont marqué l’imaginaire québécois, que l’on pense au meurtre en 1839 de Achille Taché, seigneur de Kamouraska qui a inspiré à Anne Hébert son célèbre roman Kamouraska, à l’affaire Cordélia Viau (1897) et à Aurore l’enfant martyre (1920). Mais connaissez-vous l’affaire Blanche Garneau? Le roman historique Haute-Ville Basse-Ville s’inspire de cette affaire non-résolue qui a fait trembler le gouvernement Taschereau.

Haute-Ville, Basse-Ville est le plus récent roman de Jean-Pierre Charland, connu par la série Les Portes de Québec (quatre tomes). [Note 4 janv. 2010. Publié auparavant sous le titre Un viol sans importance en 1998 chez Septentrion. Édition revue et corrigée par l’auteur). Jean-Pierre Charland est professeur au département de didactique à l’Université de Montréal et il détient un doctorat en histoire.
L’action de Haute-Ville Basse-Ville se déroule en 1925, dans la ville de Québec. Québec est secouée par le viol et le meurtre crapuleux de Blancher Garnier, une jeune fille de modeste condition. Des rumeurs circulent à l’effet que des gens de la haute société sont impliqués dans cette sordide affaire, dont des fils de ministres… On fera tout pour étouffer le scandale…
Ce roman est inspiré de l’affaire Blanche Garneau qui s’est déroulée en 1920 à Québec. Le cadavre de Blanche Garneau, une modeste vendeuse, est retrouvé dans le parc Victoria le 28 juillet 1920. Elle est disparue six jours auparavant. Cette affaire a crée une véritable commotion dans la ville et a donné naissance à plusieurs rumeurs, dont une impliquant des fils de députés dans ce meurtre. Le gouvernement provincial a suivit de près les développements dans cette affaire…
Commentaires
Haute-Ville Basse-Ville recrée avec brio cette époque où le clergé contrôle les consciences, où politiciens sont des magouilleurs de première et où les riches exploitent les plus pauvres.
C’est à travers les mots de Renaud Daigle, Canadien-Français aisé financièrement qui a participé à la Première Guerre mondiale, que l’on visite Québec et que l’on pénètre dans l’univers bourgeois de la Haute-Ville. Mine de rien, on apprend beaucoup de chose sur les événements importants de cette époque: la grippe espagnole, la première guerre mondiale, la prohibition, les objets qui contribuent au confort moderne (ex. la radio).
J’ai beaucoup aimé le personnage de Maurice Gagnon qui enquête sur le dossier de Blanche Garneau et qui devient fou mais surtout Lara, une prostituée cultivée qui croise le chemin de Daigle.
Ce roman, outre l’affaire Garneau, aborde plusieurs sujets: le traitement des malades mentaux dans les asiles, les abus sexuels commis par des membres de l’église, la corruption de la police et des élites politiques, etc
L’auteur réussit à rendre ses personnages vivants et à nous présenter le contexte historique sans verser dans le didactisme. Il y a un bon équilibre entre la partie roman et la partie historique.
A la fin du livre, Jean-Pierre Charland explique comment il en est venu à s’intéresser à Blanche Garneau et ils nous présente quelques-titres et entêtes du journal Le Soleil relatifs à cette affaire.
Avec Basse-Ville Haute-Ville, on a affaire à une reconstitution crédible des années 20. Il s’agit d’un excellent roman historique qui nous donne envie d’en savoir plus sur l’affaire Blanche Garneau.
Personnellement, je crois que l’affaire Blanche Garneau serait un bon sujet pour le site Les grands mystères canadiens .
Haute-Ville Basse-Ville. Jean-Pierre Charland, Hurtubise, 2009, 596 pages.
Complément:
Blanche Garneau (Wikipédia)
Basse-Ville Haute-Ville (sur le site des Éditions Hurtubise)
Billets reliés:
WordPress:
J’aime chargement…