Deux Russes frappés par un train au Lac Noir [Thetford Mines, 1930]

L’Action catholique, 26 mai 1930

« DEUX RUSSES FRAPPÉS PAR UN TRAIN

AU LAC NOIR – NICK LIKOSKI EST TUE RAIDE – SON COMPAGNON GEORGES WAITAN EST DANS UN ETAT CRITIQUE

Lac Noir. 26 – (D.N.C) – Un homme a été tué et un autre gravement blessé vers 7 heures hier soir, dans un tragique accident d’automobile qui s’est déroulé au lac Noir. Les victimes sont deux Russes qui demeuraient et travaillent à Thetford les Mines. Leur machine a été frappée par un train du Québec Central à la traverse à niveau qui se trouve près de la gare. Le choc a été si violent qu’on a ramassé les débris de l’auto à une distance de 250 pieds. Nick Likoski, l’un des occupants, a été tué instantanément et son compagnon, Georges Waitan, était dans un état critique la nuit dernière.

La tragédie a causé un vif émoi au lac Noir. Un grand nombre de personnes attendaient à la gare l’arrivée du train et plusieurs ont été témoins de l’accident.

Les deux Russes conduisaient un Ford. Ils crurent avoir le temps de passer avant le train, mais ils calculèrent mal la vitesse du convoir.

Le Dr Brochu du Lac Noir et M. l’abbé Bouillé, vicaire, furent mandés en toute hâte et quelques minutes plus tard, M. l’abbé Bouillé administrait l’Extrême Onction aux victimes.

Likoski et Waitan furent ensuite transportés à l’hôpital de Thetford les Mines par l’ambulance Lavallières et l’on dut faire plusieurs points de suture à Waitan. On a peu d’espoir de lui sauver la vie.

Les deux Russes étaient célibataires et âgés d’une trentaine d’années. »

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La mémoire spoliée. Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique

Le vol d’archives françaises au cours de la Deuxième Guerre mondiale est le sujet du livre La mémoire spoliée, Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique. L’auteure, Sophie Coeuré, est historienne et professeure à l’école normale supérieure de Paris. Dans ce livre, elle tente de montrer comment et pourquoi les Nazis, puis les

Editions Payot

sources: Editions Payot

Soviétiques se sont emparés d’archives. Elle se penche aussi sur le processus de restitution de ces archives, processus qui n’est pas encore complétée à ce jour.

On peut discerner trois périodes importantes. D’abord, entre 1938 et 1940, on assiste à la mise en lieu sûr de plusieurs collections d’archives. La signature de l’armistice stoppe ce mouvement. Certains décident même de détruire des archives au contenu sensible, pour éviter qu’elles tombent aux mains de l’ennemi.

De 1940 à 1944, les Allemands et le gouvernement de Vichy procèdent à des saisies. Ils visent plus particulièrement les documents portant sur le communisme, la franc-maçonnerie, le judaïsme et tout ce qui peut leur apporter des informations pour les aider à gagner la guerre (p.23).

Après la libération, en 1944, ce sont les Russes qui s’approprient des archives, comme  »butin de guerre » et en compensation des pertes subies. Ils vont transférer ces archives sur le territoire de l’empire soviétique, où elles demeureront cachées pendant plusieurs années. Des documents seront restitués, au fil des années, selon le gel ou le réchauffement des relations franco-russe.

Sophie Coeuré complète son ouvrage par une réflexion sur les archives et le droit international en temps de guerre. Une bibliographie, une liste des sources ainsi qu’une liste des documents spoliés rendus par les Russes ou encore réclamés par la France est annexée à l’ouvrage.

Cet ouvrage constitue un intéressant survol d’un sujet difficile. J’ai particulièrement été touchée par la lecture de témoignages d’intellectuels et de personnages politiques français, quant aux perquisitions de leurs documents, résultat d’une vie de recherche et de réflexion. A la fin de ce livre, on réalise qu’une quantité inestimable de documents – et de vies- ont été perdus durant la Deuxième Guerre mondiale. De plus, on ignore toujours le sort de documents ayant une haute valeur historique, comme l’original du traité de Versailles.

La mémoire spoliée, Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique. Sophie Coeuré, Payot, 2007, 270 pages.

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