L’histoire de Jeannette Cauchy

En 2002, Christian Tremblay a eu la chance de visiter le cimetière des soeurs Ursulines de Roberval, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Un monument funéraire a piqué sa curiosité, celui de Jeannette Couchy, décédée en 1901 à l’âge de 10 ans. Quelle est l’histoire de cette jeune fille? C’est le point de départ d’une passionnante enquête qui nous fait voyager du Québec aux États-Unis et que vous pouvez lire à l’adresse suivante: http://editionsmakarou.wix.com/romanquebecois#!jeannette/c14o9

Bonne lecture!

Pénible voyage de la Baie James à Québec [1920]

L’Action catholique, 6 mars 1920

PENIBLE VOYAGE DE LA BAIE JAMES À QUÉBEC
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M. Saul Mercier étudiant en arpentage atteint du scorbut dans les bois de la Baie d’Hudson, fait 250 milles sur une traine – Il succombe en arrivant à Québec.

M. Saul Mercier, étudiant en arpentage, âgé de 26 ans, demeurant à St-Grégoire de Montmorency, alors qu’il était à faire l’exploration des bois de la Baie d’Hudson, a été atteint du scorbut.

Il reçut d’abord les premiers soins que requérait son état d’un parti des sauvages qui chassaient dans les environs. Il fut ensuite transporté sur une traine à chien jusqu’à St-Félicien, Lac St-Jean, et de là, s’en revint à Québec où il arriva lundi soir. En dépit de tous les soins qui lui furent donnés, il a succombé mercredi soir.

M. Mercier était parti avec un groupe d’arpenteurs sous la direction de M. Jean-Marie Roy, qui allaient travailler pour le compte du gouvernement provincial. Le parti s’en alla d’abord par la région de Mistassini, de la Chebougamou et continuant plus au nord atteignit les rives de la Baie James. Il y a de cela deux mois et demi. C’est alors que le jeune Mercier fut atteint du scorbut. Le groupe avait laissé Québec l’été dernier et Mercier dit qu’alors il ne se sentait pas très bien, mais qu’il se décida de partir quand même.

Lorsqu’il fut atteint, il demeura au camp, tandis que ses compagnons continuaient leur travail et il fut soigné par des sauvages. Lorsqu’il se fut un peu rétabli, se sentant incapable de continuer l’exploration avec ses camarades, il décida de revenir à Québec. Sur une traine à chien il parcourut une distance de 250 milles alors que la température était des plus inclémentes. A certains jours de son voyage le thermomètre marqua 55 degrés en dessous de zéro. Le voyage se fit cependant et on faisait une moyenne de 10 milles par jour. Ce voyage difficile eut pour effet d’empirer l’état de M. Mercier. Il ne voulut pas cependant discontinuer son voyage quoique ses guides indiens voulussent arrêter pour lui permettre de se rétablir. Après un voyage de plus de 20 jours le groupe arriva enfin à la station de St-Félicien, comté du Lac-St-Jean. Là M. Mercier éprouva une amélioration de son état. Ayant passé 20 jours couchés sur une traîne, ses jambes s’étaient engourdies et il eut beaucoup de peine à s’embarquer sur le train qui devait le remaner dans sa famille. Il arriva enfin à Québec et il reçut de sa famille tous les soins qu’exigeait son état qui était très grave.

En dépit de tous les bons soins dont on l’entoura il ne peut se rétablir. Epuisé par les fatigues d’un si long et si fatigant voyage et rongé par la maladie dont il était atteint depuis près de trois mois, il succomba mercredi soir.

Ses funérailles ont eu lieu ce matin à 9.30 heures à St-Grégoire.

Le défunt était le fils de M. Philéas-Elie Mercier, de St-Grégoire.

Incendie de l’hôtel Roberval (Beemer) en 1908

Crédit: Jules-Ernest Livernois / Bibliothèque et Archives Canada / PA-023892

Crédit: Jules-Ernest Livernois / Bibliothèque et Archives Canada / PA-023892

L’hôtel Roberval, construit en 1888, était la propriété de l’homme d’affaires Horace Jensen Beemer. Un édifice superbe, n’est-ce pas?

L’Action sociale, 1er août 1908

INCENDIE À ROBERVAL

L’hotel Beemer a été complètement détruit par le feu, hier
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Roberval, Lac St-Jean, 1. Service spécial. – Le grand hôtel Roberval, propriété de M. Beemer, a été complètement rasé par le feu hier. L’incendie s’est déclaré dans la cuisine, vers midi. Les flammes sortaient du toit. Une heure après tout le vaste et somptueux édifice n’était qu’un immense brasier. C’est une perte totale. Les dépendances de l’hôtel ont subi le sort de l’édifice principal. Il n’y a eu aucune perte de vie et tous les pensionnaires ont eu le temps de se mettre en sûreté.

Il y avait un grand nombre de touristes à l’hôtel. Plusieurs d’entre eux heureusement étaient sortis au moment où le feu s’est déclaré.

On se perd en conjectures sur les origines de l’incendie.

Les pertes sont évaluées à $75,000.

Un fort vent du nord-ouest soufflait hier mettant en danger les maisons du voisinage. Mais comme ces maisons sont situées à une distance assez considérable et que l’hôtel occupait un site tout à fait isolé, l’incendie s’est réduit à la destruction de l’hôtel.

A trois heures il ne restait plus rien du splendide hôtel Roberval. L’édifice était en bois et le feu y a trouvé un aliment facile.

Billets reliés
21 autochtones morts de faim dans les bois [Lac-St-Jean, 1907]

Explosion au chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! [14 avril 1910]

Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870

L’incendie du Neptune Inn [Québec, 1925]

A la recherche de son mari [Saguenay, 1902]

La Défense, 24 avril 1902

« UN CANADIEN DISPARU

Mille-Vaches, 21. – Mme Thomas Blanchette a fait jusqu’ici de vaines recherches pour retrouver son mari, disparu depuis quelques temps.

M. Blanchette est traversé au Bic dans l’automne de 1898, et après la fermeture des chantiers, au printemps de 1899, en avril, les citoyens du Bic rapportent que Blanchette est parti en disant qu’il ne retournerait plus trouver sa femme.

Blanchette est d’une moyenne grandeur, et assez gros. Il est un peu chauve, et ses cheveux comme sa barbe sont gris. L’oeil gauche est affecté d’une cataracte et il est plus petit que l’autre. L’index de sa main gauche est coupé. Il dépasse la cinquantaine et n’a aucune instruction.

Mme Thomas Blanchette, qui demeure à Mille-Vaches, comté de Saguenay, recevra avec reconnaissance toute information concernant le disparu.  »

Billets reliés
UN INCENDIE DÉVASTATEUR AU SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN, 19 MAI 1870

FAUT-IL PERMETTRE AUX DOUKHOBORS DE S’ÉTABLIR AU LAC-SAINT-JEAN? [1890]

EXPLOSION AU CHEMIN DE FER DE LA BAIE DES HA! HA! [14 AVRIL 1910]

DISPARITION À LA GROSSE-ÎLE [SEPTEMBRE 1906]

La statue de Notre-Dame-du Saguenay à Cap-Trinité [1881]

Classée objet patrimonial par le gouvernement québécois, en 1965, la statue de Notre-Dame-du-Saguenay est l’oeuvre de Louis Jobin. Mesurant 7,5 mètres, elle a été installée au Cap-Trinité le 15 septembre 1881. C’est Charles-Napoléon Robitaille, un commis voyageur qui fut l’initiateur du projet. Quelques années auparavant, il avait faillit périr en traversant la rivière Saguenay.

Cap Trinité - Statue de Notre-Dame-du-Saguenay . - Vers 1900. Vue en contre-plongée de son profil droit, à remarquer la possibilité d'apercevoir le sculpteur Louis Jobin son créateur près du socle de la statue . BANQ. Cote: Cote : P600,S6,D5,P93

Statue Notre-Dame-du-Saguenay. Vue en contre-plongée de son profil droit, à remarquer la possibilité d’apercevoir le sculpteur Louis Jobin son créateur près du socle de la statue . BANQ. Cote: Cote : P600,S6,D5,P93

Le Canadien, 17 septembre 1881

INSTALLATION DE LA STATUE DE L’IMMACULEE CONCEPTION

Mercredi dernier, à 12.30 heures précises, le steamer Saguenay, quittait le quai St-André, ayant à son bord une centaine de pèlerins qui voulaient être témoins de l’imposante cérémonie de l’installation de la statue de l’Immaculée Conception. A neuf heures et demie, le steamer touchait au quai de la Rivière-du-Loup, où quelques personnes se joignirent aux pèlerins, entre autres les révérends M. Hébert, curé de Kamouraska, et Dion, curé de la Rivière-Ouelle. Une demi-heure plus tard, le Saguenay était en route pour Tadoussac où il arriva vers minuit. C’était le temps de se livrer entre les bras de Morphée, aussi personne ne se fit prier.

A cinq heures du matin, les pèlerins se rendirent à la charmante église de Tadoussac pour assister à la messe célébrée par le Rév. M. Dion pour le succès de l’oeuvre.

Le steamer quitta le quai de Tadoussac à six heures et demie, et arriva au Cap Trinité 3 heures plus tard. Sa Grandeur Mgr de Chicoutimi et plusieurs membres de son clergés étaient déjà sur les lieux.

Sa Grandeur fit aussitôt la bénéfiction de la croix et de la statue; Sa Grandeur était entourée de prêtres suivants:

RR. Messieurs Kirouack, Sirois, Tremblay, Huot, Roberge, Pelletier et Girard, du diocèse de Chicoutimi; Hébert, Dion et Beaulieu de l’Archidiocèse de Québec; et Gagnon, du diocèse de Rimouski.

Le sermont de circonstance fut prononcé par sa Grandeur elle-même.

La cérémonie était vraiment imposante: les deux steamers le Saguenay et le St-Laurent, qui arrivait de Chicoutimi, se tenaient à 250 pieds environ du pied du Cap, dont la hauteur est de 2,500 au-dessus du niveau de l’eau.

Le soleil brillait d’un vif éclat.

Des centaines de voix chantaient des cantiques dédiés à Marie.

Un américain qui assistait à la fête n’a pu s’empêcher de faire la remarque suivante:  »Le Pape n’a jamais officié dans un temple aussi vaste ».

A la fin de la cérémonie, l’évêque de Chicoutimi a accordé 40 jours d’indulgence à toutes les personnes présentes et à toutes celles qui, passant devant la statue, réciteront trois Ave.

La fête se termina par la nomination du Rév. M. Hébert, de l’archidiocèse, comme vicaire général du diocèse de Chicoutimi, en souvenir des services signalés que ce digne prêtre a rendus à la colonisation du Saguenay.

Voici les noms des parrains et des marraines de la statue et de la croix:

Sa Grandeur Mgr de Chicoutimi; et Mme Guay; M.E. Beaudet, M.P.P. et Mme Vinceletti; M. Ernest Cimon, M.P., et Mme Cimon; M. Audet, M.P.P. et Mme Audet; Colonel Laurin, N.P., et Mme Laurin; M. Vincent Cazeau; M. et Mme François Gourdeau; M. et Mme Foisy; M. et Mme J. Martineau; M. et Mme Olivier Rochet; M. et Mme J.U. Gregory (représenté par M. Marquis et Mlle Leduc,), M. et Mme Gibson.

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Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870

Faut-il permettre aux Doukhobors de s’établir au Lac-Saint-Jean? [1890]

Explosion au chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! [14 avril 1910]

Louis Jobin, sculpteur (1845-1928)

21 autochtones morts de faim dans les bois [Lac-St-Jean, 1907]

L’Echo de Vaudreuil, 12 juillet 1907

MORTS DE FAIM
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Comment 21 Indiens du Lac Mistassini ont trouvé la mort dans les bois, en se rendant à Roberval
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Une femme sauvée
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Comptant sur la chasse pour vivre et ne trouvant rient à tuer, ils mangent jusqu’à leurs chaussures en caribou
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Dépêche spéciale
Québec, 9. – On nous apprend de Roberval la triste nouvelle que 21 sauvages du lac Mistassini sont morts de faim, durant la semaine de Pâques, en faisant le trajet du lac Mistassini à Roberval. Ils étaient partis 22 du lac Mistassini pour se rendre à Roberval à travers les bois et les savannes. Un seul a pû se rendre jusqu’à Normandin, d’où la nouvelle s’est de suite répandue par téléphone dans toute la région du lac St-Jean. Ces sauvages comptaient sur la chasse pour leur subsistance, mais malheureusement, ils n’ont rien trouvé et sont morts de faims les uns après les autres.

Les seuls cadavres trouvés des 21 sauvages qui sont morts de faim, sont ceux de Thomas Basil, de Miller et de Big John. C’est John Bosston qui les a trouvés le 23 mars dernier et les inhuma à une cinquantaine de milles à l’Est du Grand Lac Mistassini.

A la Pointe Bleue, près de Roberval, on attend cette semaine un autre parti d’indiens de Mistassini et on espère avoir d’autres nouvelles. Thomas Basil est un Montagnais de la Pointe Bleue. Il laisse une femme et des enfants. Miller est le fils de l’ancien chef de poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson au lac Mistassini. Big John est de Mistassini. Il ne venait à Roberval que pour la seconde fois. La femme de Mille était avec son mari et a été ramenée à la Pointe Bleue, par Boston, avec beaucoup de difficultés. Elle était dans un état de faiblesse extrême. John Boston rapporte que pour prolonger leurs jours, ces pauvres sauvages ont mangé non seulement les peaux de castor, de loutre, etc. qu’ils avaient, mais aussi leurs souliers de caribou et les courroies de cuir qui servaient à paqueter les fourrures. Les autres sauvages n’étant pas encore retrouvés, on ne connait pas leurs noms. Ces 22 personnes formaient cinq ou six familles dont les chefs ont fait la chasse l’hiver dernier, à la tête de la rivière Mistassini, doit à 300 milles de Roberval.

Mise à jour du 23 avril 2016: Le journal Le Lac-Saint-Jean du 11 juillet 1907 parle de 15 à 16 décès.

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Explosion au chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! [14 avril 1910]

Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870

Faut-il permettre aux Doukhobors de s’établir au Lac-Saint-Jean? [1890]

Les dangers de la drave [1932]

Faut-il permettre aux Doukhobors de s’établir au Lac-Saint-Jean? [1890]

Pour en savoir plus sur les Doukhobors (venus de Russie), consultez cet article de l’Encyclopédie canadienne et le dossier des archives Les doukhobors, lutteurs de l’esprit de Radio-Canada et.

Galiciens et Doukhobors. Lieu et date non précisée. Credit: Canada. Dept. of Mines and Resources / Library and Archives Canada / C-006600

Extrait de l’Echo de Charlevoix, 6 juillet 1890

Les Doukhobors

Depuis que les doukhobors ont été libérés de la Quarantaine de Grosse Ile, on parle beaucoup de leur établissement dans nos centres de colonisation, notamment au Lac St Jean.

Des délégués de ces immigrants russes sont allés visiter cette régions et d’après un agent de colonisation, ils n’auraient rien vu d’aussi beau pour l’agriculture que cette fertile vallée.

Le  »Soleil » de mardi soir publie quelques mots d’éloge à l’adresse des Doukhobors et termine ses remarques en disant qu’il ne voit pas  »quel danger pourrait faire courir à la province de Québec la présence de ces rudes travailleurs dans la vallée du Lac St Jean, surtout si on les groupait ensemble dans quelque canton exploré, mais non encore habité. »

L’article de l’organe ministériel est très significatif; il a tout l’air d’un ballon d’essai.

D’un autre côté, M. Réné Dupont, agent de colonisation, qui paraît très favorables à ce courant d’immigration dit que  »les Doukhobors ne demanderont au gouvernement fédéral que les mêmes privilèges accordés à leurs frères établis au Nord-Ouest.

Vannage du grain par des femmes doukhobors. Sans lieu, inconnu ou indéterminé. Credit: Bibliothèque et Archives Canada / C-008891

Donc, pour peu que le gouvernement prête son concours, nous compterons probablement quelques milliers de Doukhobors sur nos terres publiques du Lac St Jean. Car nous tenons d’excellentes sources que si leur établissement réussit comme ils le désirent, leurs compatriotes qui se sont dirigés vers l’ouest le printemps dernier, viendront les rejoindre pour former une grande colonie dans le nord de notre province. Ceux qui sont établis dans l’ouest ne sont pas satisfait du climat, et leur intention maintenant est de venir d’établir dans la province de Québec dont le climat, selon eux, est bien préférable à celui de l’ouest.

Devons-nous les accueillir à bras ouvert et faciliter leur établissement dans le domaine national?

Nous voulons croire que les Doukhobors sont des gens paisibles, si paisibles, même qu’ils refusent de faire le service militaire; que ce sont de rudes travailleurs et d’excellents agriculteurs; qu’ils constituent après tout une classe d’immigrands qui est loin d’être inférieure à toutes celles qui l’ont précédée au Canada.

Mais ce n’est pas la question. Que ce soit des Doukhobors, des Finlandais ou toutes autres nationalites, il s’agit de savoir si notre gouvernement est disposé à permettre et à favoriser l’établissement en bloc de 6 ou 7000 étrangers dans l’un de nos centres de colonisation.

Nous ne voulons pas dire que le gouvernement du Québec est prêt à appliquer une telle politique de colonisation. Nous posons tout simplement la question, et nous disons de suite que charité bien ordonnée doit commencer par soi-même.

Un village Doukhobor. Lieu et date indéterminé. Credit: Doukhobors / Library and Archives Canada / C-008890

Avant d’accorder des privilèges spéciaux aux Doukhobors pour faciliter leur établissement sur nos terres publics, les autorites provinciales devraient songer davantage à nos compatriotes, les mettre à même de bénéficier des facilités aussi étendues que possible à l’effet de les engager à s’établir sur le domaine nationa; en un mot, elles devraient réserver ces terres pour les notres, pour les enfants de la province de Québec, et non pour les distribuer aux étrangers. Travailler d’abord par tous les moyens possible à endiguer le courant d’émigration qui décime tous les ans un grand nombre de paroisses, en offrant au colon canadien français de plus grandes facilités d’établissement et en lui assurant des secours sérieux pendant les deux ou trois premières années, afin de l’aider à se maintenir sur le coin de terre qu’il entreprend de défricher, serait, selon nous, pousser l’oeuvre de la colonisation d’une façon beaucoup plus patriotique et plus fructueuse.

Costume typique des Doukhobors, sauf en ce qui concerne les pieds nus. Date et lieu indéterminé. Credit: Doukhobors / Library and Archives Canada / C-008887

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Un policier d’origine hongroise à Québec en 1887?

Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870

Des immigrants islandais au Canada (port de Québec, août 1876)

Explosion au chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! [14 avril 1910]

Aziz George Nakash, photographe arménien à Beauceville, Sherbrooke et Montréal (1892-1976)

Qui sont les Home Children?

Explosion au chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! [14 avril 1910]

Voici une histoire qui illustre bien les risques auxquels s’exposaient les hommes qui ont travaillé à la construction du réseau ferroviaire du Québec.

Nous sommes en 1910. On construit alors le chemin de fer entre Chicoutimi et la Baie des Ha! Ha!

Dans le journal La Patrie du 15 avril 1910, on pouvait lire l’article suivant:

EPOUVANTABLE CATASTROPHE A BAGOTVILLE DE CHICOUTIMI

Les entrepreneurs Stanislas Gagné et O’Brien ainsi que quatre ouvriers sont tués par l’éboulement d’une grande étendue de terre – Plusieurs blessés

Dépêche spéciale de La Patrie. Chicoutimi, Qué, 15 – Une terrible explosion de dynamite et de poudre s’est produite, hier, à Bagotville, sur la ligne du chemin de fer en construction de la Baie des Ha Ha!

Les deux entrepreneurs Gagné et O’Brien, ingénieurs civils et quatre travailleurs ont été tués; plusieurs autres ont été blessés.

L’accident est arrivé hier après-midi, à trois milles du village de Bagotville à l’endroit des Chutes, dans une coupe de terre pratiquée pour la construction de la ligne.

Une grande quantité de dynamite et 200 quarts de poudre éclatèrent, et un éboulis de terre sur une étendue de 75 000 verges en retombant, ensevelit le camp où dormait l’équipe de nuit.

Sous les décombres a été trouvé Stanislas Gagné, ingénieur, fils de François,  de Saint-Joseph d’Alma. Il fit ses études à l’Université de Toronto, et était l’associé d’O’Brien. – En outre des deux entrepreneurs, ont été tués un nommé Jennings, de Toronto et un Danois.

Un autre Danois et un Suédois, Wm Peterson, sont mourants.

Olsen, Suédois, a subit des lésions graves. Un nommé Soucy, de Sainte-Hedwige, Lac-St-Jean, a eu une jambe cassée.

Le 16 avril, le portrait de la tragédie se précise:

LE DESASTRE DE BAGOTVILLE

Quebec 16. Nous apprenons de Chicoutimi, que l’éboulement meurtrier de jeudi dernier à Bagotville a couvert un terrain de vingt arpent carrés sur une épaisseur d’environ dix pieds. La mine avait été chargée de cinq mille livres de poudre de dynamite. L’explosion a pris une direction autre que celle que l’on attendait et c’est ce qui explique le désastre.

Plus d’un millier de personnes ont visité les lieux hier malgré le mauvais état des chemins. L’endroit est à cinq milles du village de St-Alphonse et à neuf milles de la ville de Chicoutimi.

Trois bâtiments de cent pieds par trente ont été détruits et couverts par les débris. Jusqu’ici, deux victimes ont été retirées des décombres.

Ce sont deux Suédois dont les noms sont inconnus. Trois blessés, deux Suédois et un Canadien, du nom de Soucy, de St-Edwige, Roberval. Celui-ci n’a qu’une jambe fracturée.

Il reste deux victimes sous les décombres: un Suédois inconnu et m. Ladislas Gagné, ingénieur bien connu à Toronto, et dans toute notre région; les entrepreneurs du chemin de fer sont MM O’Brien et Jennings, de Toronto. Les fouilles sont poussées avec ardeur, mais on croit qu’il sera impossible de trouver les deux dernières victimes, si elles ne  sont pas toutes sous les décombres des bâtiments écroulés. Il y avait une cinquantaine d’hommes sur les lieux lors du sinistre. L’ingénieur Gagné était dans un des bâtiments, mais le cuisinier qui a réussi à se sauver était tellement transporté qu’il ne sait si Gagné est sorti.

Tancrède Gagné et J. T. Armand courtier, de Montréal, frère et beau-frère du jeune ingénieur Stanislas Gagné, sont partis pour la scène du désastre hier soir.

***

Une du Quebec Chronicle du 15 avril 1910

Le corps de l’ingénieur Gagné a été retrouvé deux jours plus tard selon La Patrie du 18 avril. Il restait sous les décombres Olsen, père de famille. L’un des blessés, mourant, était  identifié comme étant un dénommé Torenfen. Dans l’édition suivante, La Patrie publie une autre liste des victimes: Ladislas Gagné (31 ans), Alex Robertson (40 ans), Marius Quinen (35 ans) et Olsen, 40 ans. Robertson et Quinen étaient de nationalité danoise. L’article précise que les travailleurs sur le chantiers étaient Italiens,  Finlandais et Suédois.

La tragédie de Bagotville a laissé sa marque dans la toponymie québécoise. Ainsi, l’événement est commémoré par le lieu-dit  L’Éboulis.

Vous pouvez voir ici de quoi avait l’air le réseau ferroviaire dans la région en 1913 (site du Ministère des Ressources naturelles du Canada).

Bibliographie

La Patrie, 15, 16 et 18 avril 1910

Noms et lieux fascinants du Québec [ressource électronique] / [COPAM] Concertation des organismes populaires d’alphabétisation en Montérégie, Châteauguay, Québec, 1998. Adresse URL

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Explosion à Hochelaga [26 mai 1888]

Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870

Bibliothèque numérique: Les classiques des sciences sociales

Le photographe Alexander Henderson (1831-1913)

Villages disparus du Québec (première partie)

Villages disparus du Québec (première partie)

Ce billet a pour but de présenter quelques villages québécois disparus. Nous expliquerons brièvement ce qui a mené à leur disparition et ce qui en subsiste aujourd’hui.

Laguerre (canton de Godmanchester) près de St-Anicet, Montérégie

Le village de Laguerre (situé dans le canton de Godmanchester fut fondé au milieu des années 1820 près de la rivière La Guerre. Il attira des colons majoritairement d’origine écossaise, grâce au commerce du bois. Le village se développa: il y  avait un bureau de poste, un magasin général, etc. 12 rues avaient été tracées. Or, la ressource se raréfia après 30 ans. Comme on ne pouvait compter sur l’agriculture pour subsister, les gens commencèrent à quitter le village à partir des années 1850.

De ce village subsiste quelques traces: les ruines d’une église protestante et d’un presbytère construits vers 1850, un cimetière, des bâtiments agricoles ainsi qu’un manoir.

Bibliographie

Fortin, Barclay, Village abandonné de Godmanchester, Page consultée le 20 avril 2011.

Mongrain, Guy et Claire Poitras. Le village abandonné de Rivière-La Guerre. Étude comparative. INRS-Urbanisation, Culture et Société, Juin 2009. Note: On y retrouve des gravures représentant Godmanchester et plusieurs cartes.

Val-Jalbert, Saguenay-Lac-Saint-Jean

En 1901, la Compagnie de pulpe de Ouiatchouan fut fondée par l’homme d’affaires Damase Jalbert près de la rivière Ouiatchouan. Or, Jalbert décéda en 1904. Des Américains devinrent propriétaires de l’entreprise qui fut ensuite rachetée par Julien-Édouard-Alfred Dubuc qui fit faillite en 1922. William Price se porta alors acquéreur de ses actifs. Or, les années qui suivirent furent difficiles. La demande pour la pulpe baissa, ce qui mena à la fermeture de la pulperie en 1929. L’exode commença.

De 1927 à 1929, 220 personnes quittent le village puis, un an plus tard, 450 autres partent. En 1930, il ne reste que 50 familles (réf)

La Quebec Pulp and Paper Corporation rachèta les installations, mais fit faillite en 1942.

Photographie | Usine de pâte, chute Ouiatchouan, Val-Jalbert, Lac-Saint-Jean, QC, vers 1903 | VIEW-3542

Usine de pâte, chute Ouiatchouan, Val-Jalbert, Lac-Saint-Jean, QC, vers 1903

Val-Jalbert connaît une seconde vie depuis qu’il a été transformé en village historique suite à des travaux réalisés entre 1960 et 1986. On y recrée la vie au village durant les années 20. Il subit depuis 2010 une cure de revitalisation.

Le village de Val-Jalvert en 2007. On voit ici le couvent. Source: Michel Filion sur Flickr

Val-Jalbert a été classé village historique en 1996.

Bibliographie

Gagnon, Gaston,  »Val-Jalbert, la valorisation touristique d’un patrimoine du XXe siècle », Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, Page consultée le 20 avril 2011.

Goulet, Laurent,  »Val-Jalbert, un village industriel et un symbole de modernité au début du XXe siècle », Encyclobec, Page consultée le 20 avril 2011 [12 mai 2015- hors-ligne].

St-Jean-Vianney, Saguenay-Lac-Saint-Jean

Dans la nuit du 4 au 5 mai 1971, un important glissement de terrain eut lieu à Saint-Jean-Vianney. 40 maisons furent enlisées dans la boue, mais surtout, 31 personnes décédèrent.

Le spectacle qui s’offre aux premiers secouristes arrivés sur les lieux est dantesque : dans une mer de boue, les maisons, ponts, routes, poteaux électriques et autres voitures sont doucement traînés dans un immense gouffre, induit par le glissement de terrain, long d’un kilomètre et demi, large de 400 mètres et d’une profondeur de 30 mètres. (réf)

Une du journal LAction, 5 mai 1971

Les survivants furent relocalisés et des maisons déménagées à Arvida.

Bibliographie

Dossier en ligne des archives de Radio-Canada

Images de la tragédie sur le site J’ai la mémoire qui tourne 

Wikipédia. Saint-Jean-Vianney. Page consultée le 21 avril 2011.

Saint-Cyriac, Saguenay-Lac-Saint-Jean

Près du lac Kénogami, il y avait jadis la paroisse de Saint-Cyriac. Il y eut des colons dès les années 1870. Les habitants étaient en majorité des agriculteurs, tandis que d’autres travaillaient pour l’industrie forestière ou bien aux barrages. Mais le village ne put se développer pleinement. On construisit deux barrages, Portage-des-Roches et Pibrac, ce qui fit remonter le niveau du lac Kenogami. Saint-Cyriac fut touchée par les inondations qui causèrent bien des dégâts (le chemin de fer dût être reconstruit). L’agriculture n’était plus possible dans ce coin. Les gens partirent donc. C’était en 1924. On peut toujours voir l’église du village, construite entre 1902 et 1905. La valeur historique du site a été reconnue par le gouvernement provincial qui l’a désignée site du patrimoine constitué en 2006.

Bibliographie

Wikipédia. Lac-Kénogami, Page consultée le 21 avril 2011.

Lieux patrimoniaux du Canada. Site du patrimoine de la Chapelle-Saint-Cyriac. Page consultée le 21 avril 2011.

Louis H. Taché Nouvelles soirées canadiennes, Volumes 6 à 7, Les colons de St-Cyriac, Typ. de P.-G. Delisle, 1887

Billets reliés

Villages disparus du Québec (deuxième partie) 

Les églises disparues du Québec

Les villes fantômes

Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870

Le livre Lieux de légendes et de mystère du Québec

Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870

Feu au Saguenay – On nous informe que plusieurs grands incendies ont éclaté dans les bois du comté du Saguenay, le long de la rivière. Dans Saint-Alphonse, grands nombres d’habitants ont perdu leurs granges avec tout leur contenu. Il y a eu aussi une vingtaine de maisons de brûlées. Le quai de St. Alphonse a été détruit par les flammes ainsi que l’hôtel de la Baie des Ha! Ha! Il n’y avait pas d’assurances. On évalue à 50 000$ les pertes causées par l’incendie.

Extrait du journal Le Canadien,  25 mai 1870, p.3

A ce  moment-ci, on ne saisit visiblement pas toute l’ampleur de la catastrophe. Il faut attendre la prochaine édition du Canadien pour avoir un portrait plus juste de ce qui s’est passé.

Le tout débute le 18 mai 1870. Des colons qui habitent à la Rivière de l’Ours (auj. Saint-Félicien) font un feu d’abattis. Le printemps a été sec dans la région et on vient de connaître trois journées très chaudes.  Le vent se lève et un incendie se déclare, un incendie comme il y en a tant à l’époque. Or, la nuit suivante, il y a un orage.  Une partie de l’incendie est éteint, mais  les vents forts se remettent de la partie durant l’avant-midi du 19. Durant les heures qui suivent, le brasier s’étend de Saint-Félicien à Grande-Baie.

Les gens trouvent refuge où ils le peuvent:

On n’avait évidemment qu’une pensée : l’eau.  Les lacs, les rivières, les marécages, les puits, quand ce n’était pas le fumier humide ou la purée nauséabonde des patates gâtées dans le fond des caves.  Avec quelques effets que les femmes avaient pu emporter dans leurs tabliers, les familles s’étaient réfugiées au bord de l’eau.  Là on s’arrosait, on s’enveloppait d’étoffes trempées, on se plongeait, agrippés à des épaves ou à des broussailles. D’autres se réfugiaient dans les caveaux à patates, au fond des coulées ou en des lieux déserts.  Un tel se passait la tête dans une chaudière pour pouvoir respirer, une autre y laissait son chignon, un troisième y perdait la moitié de sa barbe.  Avec leur piété instinctive, la plupart se défendaient avec des croix clouées sur les murs extérieurs, piquées en terre, serrées sur leurs poitrines ou encore avec des statuettes, des images, des scapulaires. (réf)

Canadian Illustrated News, 25 juin 1870

Canadian Illustrated News, 25 juin 1870

Il y aurait eu sept victimes dont José Fortin, Tommie Fortin (fils du précédent), Alexandre Morin, Narcisse Morin et Wilfrid Lavoie. Une source parle aussi de quatre familles d’Amérindiens qui auraient péri (réf). Plusieurs personnes souffrent de brûlures. Environ 4500 personnes ont tout perdu: maisons, nourriture, réserve de bois et animaux. Des ponts sont détruits. Deux églises ont brûlées, dont celle de Chambord.

Parmi ceux qui ont réussi à sauver leur famille, il y a Xavier Desharnais. Sa femme avait accouché le matin du 19 mai. Lorsque le feu s’est déclaré, il a pris femme et enfant, les a enveloppé dans une couverture et les a transporté jusqu’à un marécage où ils ont passé la nuit. Vous pouvez lire d’autres témoignages sur cette triste journée ici.

Les habitants de Chicoutimi aidèrent les sinistrés en leur envoyant des vivres et des vêtements.

Le Ministère de l’agriculture et des Travaux publics mandata Pierre-Claude Boucher de La Bruère pour aller constater l’ampleur des dégâts. Il participa à l’organisation des secours.

L’archevêque de Québec, Charles-François Baillargeon, par une circulaire, demanda aux curés d’inciter leurs paroissiens à faire des dons de nourriture, de vêtements et d’argent pour aider les sinistrés du Saguenay. Vous pouvez lire cet appel ici.

David et William Price, industriels du bois, donnèrent argent, vivres et bois. Il y a eu des collecte de grains de semence et de provisions en Côte-du-Sud et dans Charlevoix, d’où étaient originaires les colons (la colonisation avait débuté à la fin des années 1830). Les exemples d’entraide et de générosité se multiplièrent. En tout, 45 000$ en argent et 80 000$ en vivres furent récoltés au Québec, en Ontario et aux Etats-Unis pour le Saguenay. (réf)

Photograph | Hebertville, Lake St. John, QC, about 1903 | VIEW-3550

Hébertville en 1903. 50 familles d’Hébertville perdirent tout lors de l’incendie de 1870 et 28 autres perdirent soit des granges, des maisons ou des étables.

Et la reconstruction put débuter, non sans obstacles. On manquait de tout, mais les colons persévèrent. Et le Saguenay put continuer son développement.

Bibliographie

Anonyme. [en ligne] Le Grand Feu à Roberval, tiré de Histoire de Roberval. [Page consultée le 1er janvier 2011 et n’est plus en ligne]

Le Canadien, 25 mai et 27 mai 1870.

BLANCHET, Patrick. « 1870 : le grand feu du Lac-Saint-Jean ». Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, n° 82, 2005, p. 26-30

TREMBLAY, Victor. Histoire du Saguenay depuis les origines jusqu’à 1870. La société historique du Saguenay, no 21, 1968 (nouvelle édition), 476 pages. Adresse URL

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