Arthur Buies – Chroniques du Bas-du-fleuve

La vie d’Arthur Buies (1840-1901) est digne d’un roman. Très tôt, ses parents l’abandonnent pour faire fortune en Guyane, le laissant à ses tantes, seigneuresses de Rimouski. Il est expulsé de plusieurs écoles, vit tour à tour en Guyane, en Irlande, en France puis en Italie, tente à maintes reprises de devenir avocat, pour finalement aboutir dans le journalisme. C’est par ses mots, qui ne ratent pas leur cible, qu’il marquera l’histoire du journalisme au Québec.
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Au cours de sa carrière, Arthur Buies a écrit plusieurs chroniques, dont certaines portant sur ce Bas-du-Fleuve qui a tant marqué sa jeunesse. Ces chroniques sont réunies Les Petites chroniques du Bas-du-Fleuve, livre publié en 2003 par les éditions Trois-Pistoles. C’est Victor-Lévy Beaulieu qui en signe la présentation. Le tout est accompagné de photographies provenant des archives du Musée du Bas-Saint-Laurent.

Arthur Buies écrit ces textes en 1871, 1872 et 1877. La région accueille alors la haute société anglophone durant l’été. Buies évoque avec nostalgie Kamouraska, où il a passé des moments heureux durant ses enfance. Il écorche par contre Cacouna, autre lieu de villégiature : « C’est la mode de s’ennuyer à Cacouna, aussi tout le monde y court’ » (p.36). Il se moque gentiment des Anglaises qui y séjourne: « Il fait déjà assez froid sans aller se geler au contact de ces pâles beautés dont les paroles tombent comme des flocons de neige » (p.39).

Buies fait un portrait élogieux de la ville de Rimouski auquel il prédit un grand avenir. Il jette par contre un regard critique sur les élections de 1872 dans le comté de Rimouski. Il évoque aussi la Pointe à l’orignal (parcelle de terre entre Saint-Denis et Rivière-Ouelle) et Rivière-du-Loup. Il vante le transport par bâteau, qui permet aux villégiateurs de séjourner près du fleuve Saint-Laurent.

Ce livre m’a fait découvrir avec plaisir le style incisif et humoristique d’Arthur Buies. Celui-ci maniait les mots avec brio. Il nous fait découvrir un peu plus l’histoire de la villégiature au Bas-Saint-Laurent ainsi que la société de l’époque.

Petites chroniques du Bas-du-Fleuve. Arthur Buies, 2003, Editions Trois-Pistoles, 170 pages

Pour en savoir plus:
Article Arthur Buies sur Wikipédia

Dossier sur Arthur Buies, Encyclopédie de l’agora

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Saint-Denis, village québécois

Horace Miner (1912-1993) était un anthropologiste diplômé de l’Université de Chicago. Ses recherches l’ont mené en Algérie, au Maroc, au Mali, au Nigeria et à St-Denis-de-Kamouraska. De son expérience à St-Denis est né le livre Saint-Denis, un village québécois.

Classiques des sciences socialesDe juillet 1936 à juin 1937, Horace Miner a vécu parmi la population de St-Denis. Il a observé les gens, noté leurs comportements, analysé leurs croyances, exposé leur mode de vie.

Miner était un anglophone protestant dans un milieu catholique francophone et agricole. Il a pu jeter un regard neuf sur ce milieu rural.

Il commence son ouvrage par une présentation de l’histoire de Saint-Denis. Ensuite, il s’attarde à l’organisation de l’espace, aux structures écologiques et sociales, à la famille, à la religion, aux activités selon le cycle des saisons, aux différentes étapes de la vie (enfance, mariage et mort). Horace Miner est revenu à St-Denis en 1949. Il a trouvé une société changée à cause de l’influence des moeurs de la ville, de l’anglicisation et de la technologie. Le dernier chapitre du livre décrit ces changements.

En annexe, on retrouve une liste de remède de grand-mère, le témoignage autobiographique d’un homme du village et les traits culturels de St-Denis, anciens et nouveaux.

Cet ouvrage témoigne de la société québécoise agricole d’avant-guerre. Un document important!

Saint-Denis, village québécois. Horace Miner, Hurtubise HMH, 1985 (1939), 392 pages.

Bonne nouvelle, on peut télécharger ce livre ici.

Ce livre a été numérisé dans le cadre du projet Les classiques des sciences sociales de l’UQAC

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