Détresse dans le comté de Beauce [1837]

Le Canadien, 26 mai 1837

« CORRESPONDANCE

DETRESSE DANS LE COMTE DE BEAUCE

St. François Comté de Beauce, 22 mai 1837

MONSIEUR, – La détresse va toujours en augmentant dans les paroisses St. François et St. George et même dans toute la Beauce.Les chemins étant devenus impraticables par le gonflement des rivières ont réduit les habitans à la plus excessive misère. Les moins affligés, c’est-à-dire, les meilleurs habitans sont eux-mêmes épuisés. Ils ont fait tout en leur pouvoir pour aider les autres et les empêcher de mourir de fain, en vendant ou en prêtant le peu de blé ou de farine qu’ils réservaient pour eux, espérant s’en procurer bientôt de Québec. Nos pauvres cultivateurs sont désolés, non seulement de souffrir la faim cette année, mais de se voir exposés à la même détresse l’année prochaine, une bonne moitié de deux paroisses devant rester sans culture. La plupart n’ont pour toute nourriture qu’un peu de sucre qu’ils font dissoudre dans l’eau. On en trouve même qui n’ont eu d’autres moyens d’éviter de mourir de fain, que de manger les animaux qu’ils trouvaient morts le long des chemins. On ferait le tour des paroisses St. François, St. Joseph, St. George, que l’on ne pourrait trouver un seul pain ou une seule livre de farine à acheter.

C’est un triste spectacle que de voir la plupart des familles de la Beauce. Joignez à cela la picote et les fièvres scarlatines qui se font sentir dans ces malheureuses familles et faites-vous, si vous le pouvez, une idée de l’état des pauvres habitans de la Beauce. Qu’il a été cruel pour eux de ne pouvoir trouver des cautionnements afin d’obtenir des secours nécessaires.

Je suis Monsr.
Votre Serviteur,
…  »

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100 POLONAISES VIENNENT TRAVAILLER À SAINT-GEORGES-DE-BEAUCE [MAI 1947]

6. CES GENS QUI ONT MARQUÉ NOTRE HISTOIRE: GEORGES POZER

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100 Polonaises viennent travailler à Saint-Georges-de-Beauce [mai 1947]

Extrait de l’Action catholique, 30 mai 1947

LES JEUNES POLONAISES ACCUEILLIES A ST-GEORGES

St-Georges de Beauce, 30 – (BUP). – La population hospitalière de St-Georges de Beauce a accueilli aujourd’hui à bras ouvert le premier groupe de 40 jeunes Polonaises arrivées ici, la nuit dernière, pour travailler à la filature de M. Ludger Dionne, député de Beauce au Parlement.

En dépit de l’heure avancée de la nuit (1 heure du matin), des Beauceronnes ont distribué des rafraîchissements aux Polonaises à leur descente de l’autobus qui les avait transportées de Bangor, au Maine. Les 40 Polonaises ont fait le voyage de Francfort, Allemagne, à Bangor, en avion.

John Adams, administrateur de la filature Dionne de St-Georges, a déclaré à la  »B.U.P » que les jeunes immigrantes étaient heureuses et pleines d’enthousiasme pour leur nouvelle patrie. Adams a ajouté que les jeunes filles auront des vacances de dix jours pour s’acclimater et il doute qu’elles soient employées à la filature avant deux semaines. Les dirigeants de la filature et des religieuses, qui prendront soin des Polonaises, formaient la majorité de la foule qui accueillit les jeunes filles à leur arrivée. On sait que 60 Polonaises viendront travailler bientôt à St-Georges.

MONTREAL, 30 (BUP). – 34 jeunes Polonaises, qui constituent le second groupe d’un total de 100 que M. Ludger Dionne s’est engagé à faire venir au Canada pour travailler dans sa filature de St-Georges de Beauce, survolaient aujourd’hui l’Atlantique et elles sont attendues à Montréal cet après-midi.

Premier groupe de Polonaises arrivées à St-Georges de Beauce. Extrait de l’Action catholique, 31 mai 1947,

Les 34 Polonaises font le voyage de Francfort, en Allemagne, à bord d’un appareil d’Air-Canada. Un premier groupe de 40 est arrivé par avion hier au Maine et le reste du voyage jusqu’à St-Georges de Beauce s’est effectué en autobus. Ces 40 premières Polonaises sont arrivées à St-Georges la nuit dernière. Le coût du transport des 100 Polonaises est de $45,000 et il est entièrement défrayé par M. Ludger Dionne, député de Beauce aux Communes. Les 26 dernières Polonaises sont attendues demain à Montréal.

L’Action catholique, 4 juin 1947

A lire:

Cent Polonaises ont débarqué à Saint-Georges il y a 65 ans, L’Éclaireur-Progrès, 22 septembre 2012.

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Aziz George Nakash, photographe arménien à Beauceville, Sherbrooke et Montréal (1892-1976)

Le patrimoine religieux de Sainte-Marie de Beauce

Transmission de la mémoire d’une région par ses aînés: l’exemple des Etchemins (Bellechasse)

6. Ces gens qui ont marqué notre histoire: Georges Pozer

6. Ces gens qui ont marqué notre histoire: Georges Pozer

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

A Saint-Georges, en Beauce, un centre de formation professionnelle, une rue, une île et une rivière portent le nom de Pozer. Pozer fait référence à Georges Pozer, né bien bien loin de la Beauce.

Biographie

Georges Pozer est né le 21 novembre 1752 à Wilstedt (Willstaett), en Allemagne. En 1773, il traverse l’Atlantique et installe ses pénates à Schloarie, dans l’état de New York. Il épouse Magdelen Sneider, en 1776.

Le jeune couple emménage la même année à New York où Pozer s’adonne au commerce. Il possède une épicerie et une boulangerie et obtient des contrats de fournitures pour l’armée. En 1783, la situation change. La guerre d’indépendance américaine, qui dure depuis 1775, se termine par le Traité de Paris. Pozer aurait refusé de  »prêter le serment d’allégeance au comité révolutionnaire et craignant d’être arrêté » (Les premiers seigneurs et censitaires de St-Georges de Beauce et la famille Pozer, Philippe Angers, p.19 ), il quitte la colonie pour Londres.

En 1785, Pozer et sa famille arrivent au Canada et s’installent à Québec. Pozer fait fortune dans le commerce, les opérations mobilières (il va posséder jusqu’à 18 immeubles à Québec) ainsi que le prêt. Il achète même trois seigneuries: D’Aubert-Gayon et Saint-Etienne (Nouvelle-Beauce) ainsi que Saint-Normand (à Montréal).

Et Saint-Georges, dans tout cela?

C’est sur le territoire de la seigneurie d’Aubert-Gayon (Aubert-Gallion) que va se développer ce qui deviendra la ville de Saint-Georges. Comme son devoir l’exige, il a fait construire un manoir et un moulin à farine sur ses terres.

En 1817, Pozer recrute des colons provenant de son village natal de Wilstedt pour qu’ils viennent s’établir dans cette seigneurie et cultiver le chanvre. Environ 190 personnes répondent à l’appel. Malheureusement, le chanvre produit se vend mal. Aussi,  »29 d’entre eux meurent brûlés vifs ou noyés dans la rivière Chaudière lorsqu’en faisant brûler leurs abattis, ils mettent accidentellement le feu à leurs maisons et autres bâtiments  ». La vie est difficile et la plupart des colons ne restent pas.

Georges Pozer est décédé à Québec le 16 juin 1848.

Certains des descendants de Jacob Pozer ont fait leur marque en Beauce: Christian Henry Pozer (1835-1884) a été député libéral puis sénateur et John A. Pozer (1849-1890) a été maire de Saint-Georges.

Quelques faits et anecdotes

Georges Pozer, bien que protestant, a donné le terrain sur lequel a été érigé l’église (catholique) de Saint-Georges.

Il a été propriétaire de l’hôtel du Chien d’or à Québec.

Il a occupé la fontion de juge de paix.

Voici maintenant deux anecdotes qui nous font voir à quel point Georges Pozer était un personnage coloré…

Georges Pozer a été qualifié de « [t]ype original et d’habitudes excentriques » (Les premiers seigneurs et censitaires de St-Georges de Beauce et la famille Pozer p.7) par Philippe Angers dans un texte de 1927. Angers écrit qu’à la fin de sa vie, Pozer ”avait l’habitude de passer presque tout son temps sur le seuil de sa porte, revêtu d’une robe de chambre, culotte courte, souliers à boucle et coiffé d’un bonnet rouge. Il aimait à faire la causette et à fumer sa pipe sur le perron qui avançait quelque peu sur le trottoir ”. (p.22). Hélas, les habitudes de monsieur Pozer fûrent changées alors que les autorités municipales décidèrent que le-dit perron faisait partie des obstacles encombrant la voie publique… Pozer est même allé jusqu’à Kingston (Ontario) pour faire valoir ses droits, sans succès…

Pozer était reconnu pour être un avare, un défaut qui vient souvent vec la richesse…Ainsi, ”Un jour que Monsieur Pozer se promenait sur la place du marché de la Haute-Ville, dans une tenue plutôt négligée, une dame l’aperçevant le prit pour un pauvre homme, et, l’accostant, le pria de lui porte un panier rempli de légumes qu’elle venait d’acheter.

Le millionnaire, qui la reconnut, comme une de ses débitrices en retard, sourit, et s’empara du fardeau qu’il porta allègrement jusqu’à la porte de la résidence de sa locataire, qui, pour le récompenser, lui offrit un chelin. ”Gardez votre argent, dit M. Pozer d’un air narquois, ”vous vous en servirez pour me payer le loyer que vous me devez”. (p.23)

On peut dire que Georges Pozer avait tout un caractère!

Conclusion

Georges Pozer a été un homme d’affaires prospère, qui a contribué au développement de Saint-Georges de Beaux, auquel il a donné son prénom.

Bibliographie

Louise Dechêne. (Page consultée le 3 septembre) Pozer, Georges [en ligne] Adresse URL:

http://www.biographi.ca/fr/bio.php?id_nbr=3613

Philippe Angers. Les premiers seigneurs et censitaires de St-Georges de Beauce et la famille Pozer, 1927, Beauceville, l’Eclaireur limitée, 96 pages.

http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/numtexte/173801.pdf

Jean Cournoyer. (Page consultée le 3 septembre) Saint-Georges (municipalité de ville)[en ligne] Adresse URL:

http://www.memoireduquebec.com

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1.Ces gens qui ont marqué notre histoire: Marie Fitzbach

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

@ Musée Bon-Pasteur

Portrait de Mère Marie du Sacré-Cœur (Marie Fitzbach) @ Musée Bon-Pasteur

A Saint-Georges-de-Beauce, le centre culturel porte le nom de Marie-Fitzbach. Mais qui est Marie Fitzbach?

Biographie

Marie Fitzbach est née le 16 octobre 1806 à Saint-Vallier (Bellechasse). Elle est la fille de Charles Fitzbach, un mercenaire allemand et de Geneviève Nadeau, de Saint-Michel (Bellechasse).

On peut dire que sa vie a été marquée par la tragédie. Dès l’âge de deux ans, elle est orpheline de père. Sa mère se remarie, mais la famille vit pauvrement. Marie devient, à l’âge de 13 ans, domestique dans une famille de Québec. Son patron, François-Xavier Roy, devient veuf en 1827. Il demande la main de Marie, qui accepte de l’épouser, ce qui sera chose faite l’année suivante. Or, François-Xavier décède en 1831, laissant dans le deuil Marie et leurs trois filles. En 1840, Marie devient la servante du curé de Saint-Gervais, l’abbé Michel Dufresne, mais celui-ci décède en 1843. Pour ajouter au malheur, une de ses filles décède à l’âge de 14 ans.

A plusieurs reprises, avant et après son mariage, Marie Fitzbach tente d’entrer au noviciat, mais elle essuie plusieurs refus, probablement à cause de sa santé chancelante. Or, elle persiste et en 1856 son rêve se réalise enfin. Elle devient Mère Marie du Sacré-Cœur dans la communauté des Sœurs Servantes du Cœur Immaculé de Marie, refuge des pécheurs (appelé aujourd’hui Soeurs du Bon-Pasteur), une communauté dont elle est la fondatrice. Cette communauté se dévoue à l’éducation ainsi qu’à l’aide aux personnes en détresse depuis ce temps.

Marie-Fitzbach décède le 1er septembre 1885.

Quel est le lien entre Marie Fitzbach et Saint-Georges de Beauce?

Les Soeurs du Bon-Pasteur établissent un couvent à Saint-Georges en 1881. En 1912, elles dispensent le programme d’enseignement ménager aux jeunes femmes. La qualité de l’enseignement des Soeurs du Bon-Pasteur est reconnue et en 1939 l’Institut familial est fondé.

En 1967, les cégeps sont crées, ce qui entraîne en 1971 la fermeture de l’Institut familial, mais le couvent a toujours une vocation éducative. Il est devenu le centre culturel Marie-Fitzbach qui héberge la bibliothèque municipale de Saint-Georges, un centre d’art, la Société historique Sartigan et la Société généalogique de Beauce.


Références

Jacques Saint-Pierre. (Page consultée le 26 juillet 2009). Marie-Joseph Fitzbach, fondatrice des soeurs du Bon pasteur [en ligne] Adresse URL: http://web.archive.org/web/20121015173013/http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=462

Couleurs du temps qui passe. (Page consultée le 26 juillet 2009). Marie-Josephte Fitzbach (Marie-Geneviève) Sœur Marie du Sacré-Cœur [n’est plus en ligne].

Angèle Gagnon (Page consultée le 26 juillet 2009) Les immigrants allemands. [en ligne] Adresse URL:

http://id.erudit.org/iderudit/11036ac

Jean Cournoyer. (Page consultée le 26 juillet 2009). Soeurs du Bon-Pasteur de Québec s.c.i.m. (communauté religieuse de soeurs) [en ligne]. http://www.memoireduquebec.com/

Laboratoire de géographie historique/CIEQ en collaboration avec l’INRS. (Page consultée le 26 juillet 2009). Le monde de l’éducation. [en ligne]. Adresse URL:

http://web.archive.org/web/20140130012535/http://www.encyclobec.ca/atlas_bea/D02/education.htm

Compléments

Musée du Bon-Pasteur. (Page consultée le 26 juillet). Marie-Josephte Fitzbach, fondatrice [n’est plus en ligne]

Soeurs du Bon-Pasteur de Québec. (Page consultée le 26 juillet). Soeurs du Bon-Pasteur de Québec. [en ligne]. Adresse URL: http://web.archive.org/web/20100414034006/http://www.soeursdubonpasteur.ca/oeuvre_educ.htm

On y retrouve un aperçu de leurs oeuvres éducatives, hier et aujourd’hui.

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