Enlevé par un aigle [St-Vincent-de-Paul, 1885]

L’histoire qui suit va vous rappeler une vidéo qui a fait beaucoup jaser en 2013.

Le Canadien, 19 octobre 1885

ENLEVÉ PAR UN AIGLE

Montréal, 18. – On nous apprend de St. Vincent de Paul, localité située à 60 milles de Montréal, qu’un enfant de deux ans a été enlevé sous les yeux de sa mère par un aigle.

L’enfant s’est débattu en vain dans les serres puissantes de l’oiseau qui poursuivi par une foule de chasseurs improvisés est allé déposer sa proie à un mille de là, sur le toit d’une grange. Puis après avoir dressé fièrement la tête comme pour narguer ceux qui le poursuivaient, il a d’un coup de bec défoncé le crâne de sa victime dont le cadavre abandonné a été recueilli par les voisins.

Nous sommes d’avis que cet aigle n’est qu’un canard.

Article du New York Times du 18 octobre 1885 (Borne away by an eagle). Notez qu’on parle ici de Saint-Vincent-de-Paul, Ontario…

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L’émeute de la prison Saint-Vincent-de-Paul [Laval, 24 avril 1886]

Dans le journal La Patrie, édition du 26 avril 1886, on pouvait lire cet article

Toute la ville de Montréal ne parle ce matin que de l’échaffourée  de St Vincent de Paul, samedi soir.

C’est la sensation du jour. Les détenus ont voulu s’évader et se sont mis en révolte. Le soulèvement n’a commencé que vers quatre heures et quart samedi. Durant tout l’après-midi, les prisonniers ont été occupés à leurs différents travaux et rien ne faisait prévoir, à leur attitude, qu’ils ourdissaient un vaste complot pour forcer les portes du pénitencier et reprendre leur liberté.

Photographie | Pénitentiaire Saint-Vincent-de-Paul, Saint-Vincent-de-Paul, QC, 1884 | II-75151

Pénitentier Saint-Vincent-de-Paul, QC, 1884

C’est à l’heure que nous venons d’indiquer que les détenus qui travaillaient à tailler la pierre dans la bâtisse située au sud-est s’emparèrent soudainement des gardiens, les garottèrent avec de fortes courroies et se saisirent de leurs armes. Ils étaient quarante et les gardiens n’étaient que deux; comme on peut bien le croire la résistance ne fut pas longue. Ce fut le signal de la révolte. En même temps que ceux-ci se rébellaient, les cordonniers et les tailleurs de drap faisaient de même pour leurs gardiens au nombre de trois. Maîtres des carabines et des pistolets, ils sortirent de leur bâtisse et prirent la direction  des murs. C’est alors que M. Laviolette (Godefroy Laviolette), préfet du pénitencier, rentrait dans la cour pour faire sa visite quotidienne. Voyant le soulèvement, il ordonna aux prisonniers de poser les armes et de rentrer dans leurs cellules. On ne lui donna pas le temps de continuer. On se précipita sur lui et avant qu’il eut pu faire un mouvement pour se dégager et de défendre, on s’empara de ses pistolets et l’on fit feu sur lui.

[…] On lui demanda à plusieurs reprises de donner ordre de faire ouvrir les portes, mais M. Laviolette s’y refusa obstinément et fit acte d’une bravoure extraordinaire (l’article rapporte qu’on fit feu sur le préfet à trois reprises, le blessant grièvement)

[…]

Pendant qu’une bande frappait le préfet, au côté nord ouest, une autre, à l’aide d’une échelle faite à la hâte avec des plançons recueillis ça et là, escaladaient le mur de pierre du côté sud-est. Plusieurs avaient déjà atteint le faite lorsque le gardien Sanders, en sentinelle au coin Est, cria au gardien F. Chartrand (Ferdinand) et à l’instituteur fermier Kenyn, qui travaillaient au jardinage de l’autre côté du mur, de faire feu sur les révoltés. Ils obéirent et une balle vint frapper le prisonnier Peters à la tête. Elle ne fit que percer le chapeau. Peters, se croyant blessé, se laissa descendre et tous les détenus qui possédaient des armes firent feu sur Chartrand et le blessèrent à (illisible).

Le monde illustré, samedi 8 mai 1886

C’est alors que plusieurs ferblantiers et quelques-uns qui s’occupaient aux travaux d’excavations se mirent de la partie et la mêlée devint générale. […]Au moment où M.Laviolette tombait sous les balles de ses assistants, Corriveau, un des chefs de la révolte, à l’aide d’une grande pince, essayait de faire un trou dans le mur de planches pour faciliter l’évasion.

Le gardien Albert Paré le visa et le tua d’un coup de carabine. […] La mort de l’un des chefs jeta le désarroi parmi les prisonniers qui se réunirent tous au milieu de la grande cour et délibérèrent.

Pendant ce temps, le député préfet M. Ouimet, qui se trouvait dans la bâtisse principale, fit sonner la cloche et tous les prisonniers, sans résistance aucune, entrèrent dans leurs cellules en chantant et en disant: c’est à recommencer. A 5 heures, tout était rentré dans l’ordre.

Plusieurs détenus firent face à des accusations suite à cette émeute. L’instigateur de la révolte était un dénommé Louis Viau, purgeant une peine de cinq ans pour vol de grand chemin. Viau écopa d’une peine de 25 ans de prison pour tentative de meurtre envers le gardien Ferdinand Chartrand.

Le préfet du pénitencier, Godfroy Laviolette, resta handicapé suite à ses blessures. Il décéda en 1895.

Bibliographie

La Patrie, 11 juin 1886

Jean Cournoyer [En ligne] Pénitencier Saint-Vincent-de-Paul [Page consultée le 3 décembre 2011] Adresse:  http://memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=Saint-Vincent-de-Paul%2C_Centre_correctionnel_(prison)

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Tornade à Sainte-Rose [14 juin 1892]

Pendant que les médias nous annoncent le passage de l’ouragan Irene, parlons un peu de la tornade qui a frappé le Québec et l’Ontario le 14 juin 1892.

La Patrie du 15 juin 1892 nous fait part de granges renversées dans la région de Québec, d’un vapeur renversé à Sainte-Croix, d’arbres projetés à terre, de toits arrachés, de l’aqueduc de Varennes emporté par le vent, sans compter les blessés. Mais c’est à Sainte-Rose (Laval) que la tragédie a frappé le plus fort. Lors du passage du cyclone, c’était jour de classe à l’école du Bas de la grande côte. Les forts vents ont causé des dommages importants à l’école. Plusieurs écoliers ont subit des blessures, mais surtout, trois écoliers y ont trouvé la mort:  Rose Joly (6 ans), Stanislas Debien (8 ans) et Ernest Ouimet (8 ans). On mentionne une histoire semblable à Saint-Vincent-de-Paul et à Sainte-Thérèse. J’ai fait des recherches dans les actes de Laval, paroisses Sainte-Thérèse et Saint-Vincent-de-Paul (classification du site de Family Search) et je n’ai pas trouvé de décès reliés à la tornade. Y a-t-il des écoles dans ces paroisses qui ont été gravement endommagées par la tempête?

Aussi, la Patrie du 17 juin rapporte au moins deux décès à Saint-Nazaire d’Acton, un garçon d’Anselme Houle et un garçon dont le père était Alphonse Miquette. Effectivement, dans les registres, on peut voir l’acte de décès de Joseph Edmond Houle, âgé de deux mois et demi,  »tué la veille accidentellement comme il appert par le certificat du député coroner » et celui de Joseph Niquette, 11 ans, survenu lui aussi la veille. La tempête aurait causé en tout six décès selon le site internet de Sécurité publique Canada (voir bibliographie) et de 26 blessés tandis que les articles de la Patrie parlent d’une dizaine de décès.

Bibliographie

Sécurité publique Canada. [En ligne] Tornades importantes des XIXe et XXe siècles (Page consultée le 27 août 2011. Adresse URL

La Patrie, 15 juin, 17 juin, 18 juin 1892.

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