Description de la seigneurie de Rivière-du-loup en 1815

Extrait de la Description topographique de la province du Canada avec des remarques sur le Haut Canada et sur les relations des deux provinces avec les Etats Unis de l’Amérique par Joseph Bouchette, publié en 1815.

RIVIERE DU LOUP (la seigneurie de), dans le comté de Cornwallis, à le St. Laurent en front, joint Granville et Lachenaye au sud-ouest, et la seigneurie de l’Ile Verte au nord-est; au fond elle est bornée par des terres en friche de la couronne; elle a près de cinq lieues de largeur sur deux de profondeur; elle fut accordée le 5 avril 1689, aux Sieurs Villerai et Lachenaye; Alexandre Fraser, Ecuyer, en est le propriétaire actuel. L’aspect général de cette seigneurie est inégale et montagneux, mais elle contient quelques vastes pièces de bonne terre labourable et de très belles prairies; elles sont divisées en plusieurs rangées de concessions, qui protent les noms de St. André Rivière du Loup, de St. Patrice Rivière du Loup, de Fraserville, Nouvelle Ecosse, St. George ou Cacona, St. André et St. Jacques: la première, une grande partie de la seconde, et un peu de la troisième, sont dans un très-bon état de culture et bien habités. Toute la seigneurie est abondamment boisée de hêtre, d’érable, de bouleau, et d’une grande quantité de pin.

Vue du pont de la Rivière-du-Loup.

Vue du pont de la Rivière-du-Loup par James Peachey v. 1785. Crédit: Bibliothèque et Archives Canada, no d’acc 1970-188-2142 Collection de Canadiana W.H. Coverdale

Elle est arrosée par de petits courans d’eau, mais le principal est la Rivière du Loup, qui prend sa source dans les montagnes, coule à peu près dans la direction du nord, et tombe dans le St. Laurent; les rivages des deux côtés sont élevés jusqu’à peu près trois quarts de mille de son embouchure, où ils deviennent bas et plats; des vaisseaux de 25 tonneaux peuvent la remonter jusqu’au pont, à la distance d’un peu plus d’un mille. La maison de Fraser, résidence du propriétaire de la seigneurie, est située au nord de l’entrée de la rivière. La grande route passe tout près de l’église St. Patrice, où elle fait un détour auprès d’une éminence, jusqu’au pont sur la Rivière du Loup, après quoi elle redescend sur le bord du St. Laurent, où elle continue son cours dans tout le reste de la concession.

Le long de cette route, il y a plusieurs rangées de champs bien cultivés, qui produisent des récoltes abondantes de toute sorte de grains, de nombreuses fermes avec de grands et solides bâtimens extérieurs, outre un grand nombre de maisons de particuliers. Dans toute cette vaste propriété il n’y a qu’une église; cependant dans la concession de St. Georges, près de Cacona, il y a une chapelle pour ceux que la distance prive d’aller régulièrement à l’église. Cacona forme une presque île, étant séparé de la terre ferme par un petit marais qui dans le printemps offre toujours un pâturage très fertile: sur la pointe de Cacona il y a plusieurs habitans. A environ quatre mille trois quarts de la Rivière des Caps commence le portage de Timiscouata, et comme c’est la seule route par terre de Quebec à Halifax, pendant une distance de 627 milles, elle est très-importante, et peut-être sera-t-on bien aise d’en avoir une description particulière. Elle fut ouverte pour la première fois en 1783, par le Général Haldimand, alors gouverneur, mais bien des personnes la considèrent alors si pleine d’obstacles et de difficultés qu’il serait impraticable d’y établir un passage régulier; cependant la persévérance, jointe aux attentions qu’on y a données de temps en temps, a clairement démontré le contraire, et elle forme à présent une communication susceptible à la vérité de très-grandes améliorations, mais qui est ouverte toute l’année, et par où passe toujours la malle d’Angleterre, quand elle a débarqué par le paquebot à Halifax.

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Le Trait-Carré de Charlesbourg

Connaissez-vous le Trait-Carré?

Le Trait-Carré est un village en forme d’étoile dont les origines remontent à la Nouvelle-France. Aujourd’hui, le Trait-Carré fait partie de la ville de Québec.

Le Trait-Carré  a été fondé par les Jésuites dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, du temps de la Nouvelle-France.   Comment peut-on expliquer sa forme étoilée?  Les Jésuites se sont inspirés de la ville italienne de Palmanova pour donner à la bourgade du Trait-Carré cette forme si particulière car le roi Louis XIV avait fait connaître son intention d’organiser le territoire de la Nouvelle-France et

de contrer le système de rangs qui règne à l’époque.  (Réf).

C’est vers 1663 que le Trait-Carré commence réellement à se développer. Rapidement, la population atteindra un nombre suffisant pour qu’on érige une chapelle puis une église (1693). C’est également en 1693 qu’est érigée la paroisse de Saint-Charles-Borromé. Vers 1670, un moulin à vent est construit pour être remplacé vers 1740 par un moulin à eau. Ce moulin existe toujours.

En 1845, la municipalité de Charlesbourg est créée. L’arrondissement de Charlesbourg est créé en 2002 suite à la fusion avec la ville de Québec.

Le Trait-Carré a été décrété arrondissement historique de Charlesbourg par le gouvernement du Québec en 1965.

L’exposition virtuelle Le Trait-Carré de Charlesbourg: l’unique village en étoile du Canada, sur le site du Musée virtuel du Canada, explore cinq thèmes reliés au Trait-Carré (l’histoire, le moulin, le territoire, la société et l’architecture) à l’aide d’une bande dessinée, d’images et de textes. Jacques-Ferdinand Verret (qui a réellement existé) est le personnage principal de la bande dessinée.

Chaque section se termine par une activité éducative (un jeu en ligne). Par exemple, vous devez reconstituer le mécanisme du moulin des Jésuites ainsi qu’une portion du Trait-Carré.

Cette exposition nous permet de saisir l’évolution du Trait-Carré du 17e siècle à nos jours.

Adresse: http://www.museevirtuel.ca/Exhibitions/Villageenetoile/fr/histoire-accueil.php

En complément:

Site de l’arrondissement historique du Trait-Carré de Charlesbourg

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6. Ces gens qui ont marqué notre histoire: Georges Pozer

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

A Saint-Georges, en Beauce, un centre de formation professionnelle, une rue, une île et une rivière portent le nom de Pozer. Pozer fait référence à Georges Pozer, né bien bien loin de la Beauce.

Biographie

Georges Pozer est né le 21 novembre 1752 à Wilstedt (Willstaett), en Allemagne. En 1773, il traverse l’Atlantique et installe ses pénates à Schloarie, dans l’état de New York. Il épouse Magdelen Sneider, en 1776.

Le jeune couple emménage la même année à New York où Pozer s’adonne au commerce. Il possède une épicerie et une boulangerie et obtient des contrats de fournitures pour l’armée. En 1783, la situation change. La guerre d’indépendance américaine, qui dure depuis 1775, se termine par le Traité de Paris. Pozer aurait refusé de  »prêter le serment d’allégeance au comité révolutionnaire et craignant d’être arrêté » (Les premiers seigneurs et censitaires de St-Georges de Beauce et la famille Pozer, Philippe Angers, p.19 ), il quitte la colonie pour Londres.

En 1785, Pozer et sa famille arrivent au Canada et s’installent à Québec. Pozer fait fortune dans le commerce, les opérations mobilières (il va posséder jusqu’à 18 immeubles à Québec) ainsi que le prêt. Il achète même trois seigneuries: D’Aubert-Gayon et Saint-Etienne (Nouvelle-Beauce) ainsi que Saint-Normand (à Montréal).

Et Saint-Georges, dans tout cela?

C’est sur le territoire de la seigneurie d’Aubert-Gayon (Aubert-Gallion) que va se développer ce qui deviendra la ville de Saint-Georges. Comme son devoir l’exige, il a fait construire un manoir et un moulin à farine sur ses terres.

En 1817, Pozer recrute des colons provenant de son village natal de Wilstedt pour qu’ils viennent s’établir dans cette seigneurie et cultiver le chanvre. Environ 190 personnes répondent à l’appel. Malheureusement, le chanvre produit se vend mal. Aussi,  »29 d’entre eux meurent brûlés vifs ou noyés dans la rivière Chaudière lorsqu’en faisant brûler leurs abattis, ils mettent accidentellement le feu à leurs maisons et autres bâtiments  ». La vie est difficile et la plupart des colons ne restent pas.

Georges Pozer est décédé à Québec le 16 juin 1848.

Certains des descendants de Jacob Pozer ont fait leur marque en Beauce: Christian Henry Pozer (1835-1884) a été député libéral puis sénateur et John A. Pozer (1849-1890) a été maire de Saint-Georges.

Quelques faits et anecdotes

Georges Pozer, bien que protestant, a donné le terrain sur lequel a été érigé l’église (catholique) de Saint-Georges.

Il a été propriétaire de l’hôtel du Chien d’or à Québec.

Il a occupé la fontion de juge de paix.

Voici maintenant deux anecdotes qui nous font voir à quel point Georges Pozer était un personnage coloré…

Georges Pozer a été qualifié de « [t]ype original et d’habitudes excentriques » (Les premiers seigneurs et censitaires de St-Georges de Beauce et la famille Pozer p.7) par Philippe Angers dans un texte de 1927. Angers écrit qu’à la fin de sa vie, Pozer ”avait l’habitude de passer presque tout son temps sur le seuil de sa porte, revêtu d’une robe de chambre, culotte courte, souliers à boucle et coiffé d’un bonnet rouge. Il aimait à faire la causette et à fumer sa pipe sur le perron qui avançait quelque peu sur le trottoir ”. (p.22). Hélas, les habitudes de monsieur Pozer fûrent changées alors que les autorités municipales décidèrent que le-dit perron faisait partie des obstacles encombrant la voie publique… Pozer est même allé jusqu’à Kingston (Ontario) pour faire valoir ses droits, sans succès…

Pozer était reconnu pour être un avare, un défaut qui vient souvent vec la richesse…Ainsi, ”Un jour que Monsieur Pozer se promenait sur la place du marché de la Haute-Ville, dans une tenue plutôt négligée, une dame l’aperçevant le prit pour un pauvre homme, et, l’accostant, le pria de lui porte un panier rempli de légumes qu’elle venait d’acheter.

Le millionnaire, qui la reconnut, comme une de ses débitrices en retard, sourit, et s’empara du fardeau qu’il porta allègrement jusqu’à la porte de la résidence de sa locataire, qui, pour le récompenser, lui offrit un chelin. ”Gardez votre argent, dit M. Pozer d’un air narquois, ”vous vous en servirez pour me payer le loyer que vous me devez”. (p.23)

On peut dire que Georges Pozer avait tout un caractère!

Conclusion

Georges Pozer a été un homme d’affaires prospère, qui a contribué au développement de Saint-Georges de Beaux, auquel il a donné son prénom.

Bibliographie

Louise Dechêne. (Page consultée le 3 septembre) Pozer, Georges [en ligne] Adresse URL:

http://www.biographi.ca/fr/bio.php?id_nbr=3613

Philippe Angers. Les premiers seigneurs et censitaires de St-Georges de Beauce et la famille Pozer, 1927, Beauceville, l’Eclaireur limitée, 96 pages.

http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/numtexte/173801.pdf

Jean Cournoyer. (Page consultée le 3 septembre) Saint-Georges (municipalité de ville)[en ligne] Adresse URL:

http://www.memoireduquebec.com

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Histoire de Montmagny

Les origines de la ville de Montmagny remontent à 1646. C’est en 1646 que Charles Huault de Montmagny obtenait la seigneurie de la Rivière-du-sud. Puis la seigneurie s’est transformée en village, Saint-Thomas-de-Montmagny pour devenir la ville de Montmagny en 1883.

Ces 350 ans d’histoire sont racontés par l’historien Yves Hébert. Il s’attarde à l’éducation, l’économie, la vie politique, religieuse et culturelle de cette municipalité. Il présente les citoyens les plus célèbres de Montmagny, dont Paschal-Etienne Taché, qui fût premier ministre du Bas-Canada et un des pères de la Confédération.

J’ai particulièrement aimé la section sur les magnymontois d’origine allemande, celle sur le curé Jean-Baptiste Petit-Maisonbasse (curé de 1756-1780) qui fût si détestable avec ses ouailles et celle relatant les dégâts causés par les troupes anglaises en 1759.

Montmagny… une histoire. La seigneurie, le village, la ville. Yves Hébert, Montmagny 1646-1996 Inc, 1996, 304 pages.