D’anciens numéros de la Tribune de Sherbrooke en ligne

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La Tribune de Sherbrooke, (BANQ)

Publiée depuis 1910, la Tribune de Sherbrooke fait son apparition dans la section Patrimoine du portail de BANQ. Pour le moment, les éditions publiées entre 1928 et 1935 sont en ligne. Le reste devrait être ajouté au cours des prochains mois.

La Tribune rejoint d’autres quotidiens québécois comme Le Soleil (1896-2006), La Presse (1884-2015), Le Nouvelliste (1920-2016), La Voix de l’est (1985-2011), et le Devoir (1910-2012) dont les anciens numéros sont accessibles en ligne.

Espérons que nous aurons bientôt la chance de pouvoir lire les premiers numéros du Quotidien et du Droit et ainsi que d’autres hebdos régionaux (pensée ici pour la Voix du Sud) sur cette plate-forme si utile au grand public.

 

Un nouveau typographe à Worcester, Massachusetts

Le Progrès de l’Est du 9 avril 1886 souligne le départ vers la Nouvelle-Angleterre du typographe Achille Blondin. Ce dernier exercera ses talents dans un journal franco-américain, le Courrier de Worcester.

-M. Achille Blondin, typographe de notre ville, est parti mardi pour Worcester, Mass., où il est entré dans les ateliers du Courrier de Worcester, dont le propriétaire éditeur, M. V. Bélanger, est en voie de faire subir à cette feuille des changements importants. Le Courrier devient journal tri-hebdomadaire, afin de répondre aux besoins toujours grandissants de sa clientèle. Cette feuille compte aujourd’hui environ cinq mille abonnés. C’est l’un des organes Canadien français les mieux faits et les plus influents des États-Unis. Nos félicitation à notre confrère et nos meilleurs souhaits.

En 1901, selon le recensement canadien, Achille Blondin était de retour à Sherbrooke.

Billets reliés
Les Canadiens français au Massachusetts [1866]

Oscar Benoit et la grève de Lawrence, Massachusetts (29 janvier 1912)

Ils s’étaient crus frère et soeur [Worcester, Mass. 1909]

Les Franco-Américains et le 4 juillet [Lowell, Mass. 1890]

Décédée à cause d’une boule de neige

Combien de fois, lorsque nous étions petits, nos mères nous ont-elles averties que lancer des boules de neige, c’était dangereux? En voici la preuve.

Le Progrès de l’Est, 2 avril 1886

-On s’est ému à bon droit en ville de la fin tragique de la jeune fille Adélaïde Raymond, âgée de 22 ans, originaire de Rimouski, et employée à la fabrique Paton, morte avant-hier des suites d’une concussion du cerveau, causée par une boule de neige qui lui avait été lancée, il y a huit jours, à la sortie de la fabrique, et l’avait atteinte dans l’oreille. L’enquête s’est continuée hier soir, à l’hôtel Desruisseaux, quartier-Est. On avait attendu le retour du Dr Paré qui était absent hier à Weedon.

Fille de William Raymond et Virginie Thibeault, âgée de 23 ans au moment du décès, selon l’acte de sépulture (paroisse Saint-Jean-Baptiste de Sherbrooke).

Le Progrès de l’Est, 6 avril 1886

-On rapporte que le gars qui a lancé la boule de neige à la tête de l’infortunée fille Raymond, est un jeune Lefebvre, qu’on rencontre rarement, paraît-il, sans le trouver avec quelque projectile à la main. Il y a deux versions touchant le cas actuel. Les uns disent que c’est un morceau de glace, détaché du sabot d’un cheval, qui a été lancé à la tête de la victime. Quelle leçon pour l’auteur de ce méfait! Quel remords il devra éprouver toute sa vie à la pensée de ce moment d’oubli! L’autre jour, M. A. Paton, le directeur de la manufacture, a fait aux employés une leçon qui produira probablement de bons fruits. A bas cette pratique barbare et stupide des boules de neige!

Billets
Drame à Saint-Alban, 23 février 1890

Une voiture électrique à Sherbrooke en 1912

L’explosion d’un colis cause un décès à Sherbrooke [1913]

Explosion dans une usine d’obus [Sherbrooke, 1917]

11 conseils pour éviter les effets pernicieux du patinage [1866]

Visite aux cimetières [Sherbrooke, 1912]

Le Progrès de l’Est, 17 septembre 1912

« VISITE AUX CIMETIÈRES

Dimanche, par un temps semi idéal jusque vers la soirée, a eu lieu la pieuse et sainte visite rituelle annuelle aux tombes des cimetières catholiques. Vu le temps propice, il y avait une foule énorme, voiture, autos, tramways ont pu à peine suffire pour transporter les visiteurs.

La cérémonie religieuse au cimatière a été des plus solennelle et des plus impressive. Mgr LaRocque présidait, entouré de tout son clergé des paroisses et établissements de la ville. au pied, et sur les marches de la grande croix centrale, Monseigneur a, selon sa bonne habitude, fait son sermon en anglais. C’était bien l’endroit pour rappeler à tous les fidèles: la brièveté, l’incertitude de la vie, la mort qui arrive tôt ou tard, et au temps même le plus imprévu, et la nécessité d’une bonne préparation à totu instant pour paraître devant Dieu. Eut-il eu le pressentiment de l’accident fatal tragique qui allait, au même moment, à quelque distance, frapper une sherbrookois (J.-Philippe Pothier), de la paroisse, Mgr n’aurait pas pu mieux parler et rappeler au devoir.

Le sermon de circonstance, par M. l’abbé Desaulniers, vicaire de la cathédrale, a suivi les allocutions épiscopales, et a été écouté avec grande attention.

Le liberal solennel a été chanté par les chorals des paroisses de la ville et a produit grand effet à l’air libre. La cérémonie s’est terminée avec la bénédiction générale donnée par Mgr. Et la journée s’est achevée par la visite et les prières aux tombes. Il était temps, la brume pluviolante a alors commencé pour dégénérer en pluie battante.

A Montréal, malgré le temps demi pluvieux, la visite a été faite au grand et superbe cimetière de la Côte des Neiges du Mont-Royal par des milliers et des milliers de personnes, sans aucun incident ni accident. Mgr l’archevêque Bruchési, entouré d’un nombreux clergé, a présidé toute la cérémonie et a fait les allocutions de circonstances. Les chants graves du « Stabat Mater » et du Libera » qu’amplifiait la situation si belle du lieu, ont été rendus par tous en effet puissant accompagnés par l’excellente musique de l’Harmonie Montréalaise, dirigée par le bien connu M. Hardy.  »

Billets reliés
ENTERRER LES MORTS [QUÉBEC, 1818]

DÉSORDRE À LA CATHÉDRALE [QUÉBEC, 1845]

L’ENTERREMENT DE JOSEPH GUIBORD [MONTRÉAL,1875]

SINGULIER EFFET DE LA FERMENTATION DES SUBSTANCES SPIRITUEUSES [LOUISIANE, 1836]

Une voiture électrique à Sherbrooke en 1912

Voiture électrique de la Detroit electric Co. v.1921-1922. Library of Congress

Voiture électrique de la Detroit Electric v.1921-1922. Library of Congress

Le Progrès de l’Est, 24 mai 1912

Enfin, ce qui avait été prévu et attendu est arrivé; d’ailleurs le progrès continuellement ascendant le voulait ainsi. On a vu à Sherbrooke un auto mu par l’électricité; cet auto qui est un « Détroit electric » est aussi la propriété de Mme B.C. Howard. Il roule parfaitement, tranquillement sans bruit, son pouvoir électronique est facilement contrôlable et il peut circuler à l’aise dans les rues les plus animées. Ce serait l’Idéal du genre, surtout pour un auto de dames, et il sera presque parfait s’il écrase moins que ses congénères à gaz quelconque. Heureux Sherbrooke qui sait se distinguer en tout et à qui il ne manque plus qu’un auto mécanique pareil pouvant faire à lui tout seul le travail du « Cleaning-up Week ».

Billets reliés

Ceux qui conduisent vite [Montréal, 1837]

Portrait de Sherbrooke en 1906

Et que la lumière fut! (Québec, 30 septembre 1885)

Le téléphone à Québec [1877]

Portrait de Sherbrooke en 1906

En 1906 paraît dans l’Album universel un portrait flatteur de la ville de Sherbrooke. On y parle de ses églises, de ses parcs, de ses manufactures et du tout nouveau Monument national. Bienvenue à Sherbrooke!

L’album universel, 20 février 1906

AU CONFLUENT DES RIVIÈRES MAGOG ET ST-FRANÇOIS

SHERBROOKE, jolie petite ville d’environ 15,000 âmes, dans nos Cantons de l’Est, avec ses magnifiques monuments, ses maisons princières et les riches campagnes qui l’environnent, déroule aux yeux du voyageur ravi un panorama digne de la palette d’un peintre.

[…]
Dans la vallée du St. François, la jeune cité s’élève sur une suite de terrasses d’où la vue s’étend à travers les riches campagnes jusqu’aux montagnes qui bornent l’horizon. C’est, en un mot, un Québec en miniature, car on y voit la haute et la basse ville.

Au centre et dominant la cité, apparaissent dans toute leur majesté, le couvent de Notre-Dame, la Cathédrale, ancienne église paroissiale que l’autorité religieuse se propose de démolir pour la remplacer par un temple plus en rapport avec la population catholique constamment croissante de Sherbrooke. A l’est de la ville, en plein centre anglais, les Soeurs du Précieux Sang dont nous avons parlé à l’occasion de la mort de leur sainte fondatrice – soeur Caouette- possèdent un monastère important. Sur des sites pittoresques s’élèvent de splendides villas qui donnent un charme tout particulier à la ville. Mentionnons spécialement les villeas de « Rochmount », « Wilhinshurst », « Mountfield », « Bellevue », et les résidences princières de MM. L.A. Codère, L.E. Panneton, A.J. Genest, N.E. Brooks, Dr Rioux, E.P. Bédard, Dr Ledoux, W. Farwell, L.C. Bachand, Frank Grundy, J.S. Mitchell, C.Millier ainsi que le château – chef-d’oeuvre d’architecture – servant de résidence à la veuve du député W.B. Ives. A l’ouest, sur une colline, l’hôpital du Sacré-Coeur, tenu par les Soeurs Grises.

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Banque des Cantons de l’est et bureau de poste de Sherbrooke, rue Dufferin. De nos jours, on y retrouve le Musée des beaux-arts et la Société d’histoire de Sherbrooke. Extrait de Sherbrooke Railway & Power Company, 1910.

L’industrie et le commerce y ont aussi leurs monuments; pour éviter une énumération fastidieuse contentons-nous de mentionner le « Sun Life Building, la Banque Provinciale des Cantons de l’est, le Magog House, le New Sherbrooke House, le Grand Central Hôtel et le superbe bureau de poste à côté duquel, proportions gardées, notre bureau de poste de Montréal ferait certainement mauvaise figure. Quand au nouveau Palais de justice, où le marbre abonde, et dont, actuellement, les travaux de parachèvement se poursuivent avec diligence, il est très regrettable, selon nous, qu’on ne l’ait pas doté d’un troisième étage; d’autant plus qu’il est construit en contre-bas d’une colline sous laquelle il semble vouloir se cacher comme pour protester contre l’affront reçu. Que dire du parc Victoria, immense forêt de pommiers, d’ormeaux, de sapins, etc? Ce parc, situé sur un plateau élevé, s’étend sur une surface de soixante acres. « C’est, au dire de l’architecte Todd, le plus beau parc qu’il ait jamais vu ». En arrière du parc Victoria s’étendent de vastes terrains où viennent s’ébattre les amateurs de crosse et de jeux athlétiques mais où, aussi, l’Association d’Agriculture des Cantons de l’Est ouvre chaque année une vaste exposition pour les divers produits de la Province.

Magog House, Sherbrooke.

Magog House, Sherbrooke. Extrait de Sherbrooke RAilway & Power Company, 1910.

Et de l’autre côté de la rivière St. François le parc Racine, parc des Canadiens-français, où fréquemment durant la belle saison, résonnent les accents d’une joyeuse fanfare.

Sherbrooke est une ville industrielle par excellence qu’explique tout naturellement sa position topographique; aussi les maisons manufacturières surgissent-elles de tous les côtés semant largement la prospérité et le bien-être. Nulle part peut-être la classe ouvrière ne jouit d’autant de confort et d’aisance.

Citons en première ligne la maison « Jenckes Machine », certainement la plus importante au Canada, elle s’élève sur la rue Lansdowne et emploie un grand nombre d’ouvriers. L’importante manufacture de tissus « Patton Mills »; la manufacture Walter Blue, renommée pour la confection des vêtements, et pour celle de tapis cherchant à éclipser les célèbres tapis de Bruxelles; enfin une foule d’autres dans lesquelles tout un peuple d’ouvriers laborieux gagnent largement le pain quotidien pour eux et leur famille. Une chose surtout qui frappe le voyageur au moment où il foule le sol de Sherbrooke, c’est je ne sais quelle impression, quel air de propreté, de fête, de bonheur qui, comme l’atmosphère ambiante, enveloppe la ville-bijou et que l’on rencontre rarement ailleurs.

Walter Blue Wholesale Clothing. Extrait de

Walter Blue Wholesale Clothing. Extrait de Sherbrooke Railway & Power Company, 1910.

Ville essentiellement anglaise, il n’y a pas longtemps encore, Sherbrooke est aujourd’hui un centre où domine l’élément français. Et le nombre de catholiques dans le diocèse de Mgr Larocque s’élève à plus de 80,000 âmes.

A propos de la vieille cathédrale dont je vous parlais il y a un instant, il est bon de noter cette particularité qui ne manque pas d’intérêt: comme je l’ai mentionné, il est question de construire une nouvelle cathédrale. La nouvelle construction engloberait, dit-on, l’ancienne dans laquelle, comme d’habitude auraient lieu les office divins, et qui ne serait démolie qu’après l’achèvement des murs extérieurs de la nouvelle église.

[…]
Les catholiques de langue anglaise possèdent l’église Saint-Patrice, dont le curé actuel est M. l’abbé Fiset, très estimé de tous.

Quant aux alentours de la ville, dont, soit dit entre parenthèses, les rues larges et ombragées pour la plupart, sont d’une propreté remarquable, ils font involontairement rêver à la Suisse. Les panoramas variés, pittoresques et vraiment féériques parfois qu’ils présentent font les délices des nombreux touristes qui, chaque année, accourent de fort loin pour admirer la « merveille » de nos Cantons de l’Est.

A douze milles au nord de la ville, on voit la belle nappe d’eau limpide de dix milles de long, du féérique lac Massawippi, lieu de villégiature favori des Américains, qui ont fait élever sur ses bords de coquettes et luxueuses villas que ne dédaignerait pas d’habiter une tête couronnée.

A huit milles à l’ouest de la ville, le lac « Petit Magog », et, neuf milles plus loin, la grandiose Memphrémagog, lac de trente mille de long, que sillonne un bateau à vapeur. Et au-dessus, dominant la contrée de toute son imposante majesté, le Mont Orford, d’où l’on aperçoit, à cent milles à l’horizon, le Mont-Royal.

Il est fortement question d’un chemin de fer qui conduirait les voyageurs jusqu’au sommet de la montagne Orford.

Comme détails tout récents, faisons remarquer que M. C. H. Olivier, dont le portrait figure dans le groupe que nous publions, des directeurs de l’exposition de Sherbrooke, a, il y a environ trois semaines, été élu maire de cette ville.

Dimanche, le 4 février dernier, grâce à l’initiative et aux efforts multiples du Dr. J.F. Rioux, qui s’est occupé de l’entreprise pendant plusieurs années, ainsi, du reste, que de nombreux personnages de Sherbrooke, était inauguré dans la « reine des Cantons de l’Est », un Monument National.

A l’inauguration dont il s’agit assistaient: Monseigneur Larocque, évêque de Sherbrooke, les premiers magistrats de l’endroit, plusieurs membres éminents de notre clergé et tout ce que la ville compte de notabilité. C’est que le « Monument National » dont on venait d’ouvrir les portes est une oeuvre chrétienne, patriotique et nationale. Le but de cette fondation, obtenue par souscriptions, est tout à la louange de ceux qui la conçurent. Grâce à elle, la jeunesse catholique de Sherbrooke saura désormais où se réunir afin de se distraire, et de s’instruire comme il convient, en écoutant des conférences inspirées par des idées chrétiennes et morales.

Il est presque futile d’ajouter que l’installation matérielle et l’aspect du nouveau Monument National de Sherbrooke font honneur à la très jolie ville qui s’est payé ce luxe de bon aloi.

Billets reliés

L’explosion d’un colis cause un décès à Sherbrooke [1913]

Une visite de Sherbrooke en 1910 en images

L’état sanitaire de Sherbrooke en 1921

Explosion dans une usine d’obus [Sherbrooke, 1917]

Photos: le camp d’internement no 42 (camp Newington), Sherbrooke 1944-1945

Photographie: Sherbrooke en 1858

Qu’est-il arrivé à Thomas Davis? (Sherbrooke, 17 février 1884)

Une nouvelle offense [Sherbrooke, 1884]

Le Progrès 15 avril 1884

Dimanche, pendant la messe une dizaine d’individus s’amusaient à jouer au moine sur le trottoir, dans le quartier nord. Un puritain les ayant aperçus porta plainte à la police. Quelques minutes après, l’un deux, Jules Gagné, 45 ans, était arrêté chez lui pour avoir  »joué de la toupie ». En voilà une offense nouvelle. Bientôt, pour aller aux petites maisons, le dimanche, il faudra la permission de la police et encore reste à savoir si on l’aura.

Billets reliés

L’état sanitaire de Sherbrooke en 1921

Explosion dans une usine d’obus [Sherbrooke, 1917]

Photographie: Sherbrooke en 1858

Une visite de Sherbrooke en 1910 en images

L’explosion d’un colis cause un décès à Sherbrooke [1913]

Le Progrès de l’Est, 17 juin 1913

TRAGÉDIE MYSTÉRIEUSE
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MORT DE Mme A. BILODEAU
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Victime du plus lâche, horrible et odieux crime, Mme Alphonse O. Bilodeau, épouse de l’entrepreneur bien connu résident de la rue Sanborn, au coin de la rue Wellington, est morte instantanément ce matin, vers 11.20h. avant-midi, dans la cuisine saccagée de sa résidence.

Voici la résidence où a eu lieu le drame. La Patrie, 18 juin 1913

Voici la résidence où a eu lieu le drame. La Patrie, 18 juin 1913

Cette nouvelle a stupéfié et consterné notre population.

Voici les faits résumés:

A son usuelle tournée de passage vers les dites 11.20h. le facteur postal habituel du quartier, M. Omer Gaumont, remettais à Mme Bilodeau, occupée dans sa cuisine, un petit paquet ficelé et deux lettres. Quelques minutes après sa sortie et à peine lui arrivé; au bas de la rue, sur la rue Wellington, distance d’une cinquantaine de pieds, une forte explosion détonnante mis en pièces les vitres des fenêtres de cette cuisine, et le facteur aperçut quelque fumée sortir de la pièce et entendit crier, appeler au secours de l’endroit en question. Alors il fit jouer le signal avertisseur aux pompiers qui accoururent sans retard, et l’on vit, non pas un incendie, mais un spectacle affreux.

Le journaliste décrit ensuite de façon détaillée le cadavre de Mme Alphonse O. Bilodeau. Vous me permettrez d’omettre ce passage. Sur les lieux du drame, on trouve aussi la belle-soeur de madame Bilodeau.

M. et Madame A. O. Bilodeau. Le Progrès, 20 juin 2013

M. et Madame A. O. Bilodeau (Célanire Allaire). Le Progrès, 20 juin 2013

A côté, haletante, blessée, en sang, la belle-soeur de la victime, Mlle Anna Bilodeau, de St-Flavien, qui était hôte de la famille depuis une quinzaine, se trouvait blessée, ayant tout le visage en sang, les yeux à demi-voilés et brûlés; mi-évanouie; elle criait lamentablement par atroces souffrances.

Police et docteurs furent vivement appelés pour faire les premières constatations légales et pour donner les soins les plus urgents en ce triste état des victimes.

Après examen des Drs Bachand, Ledoux, Ethier et Bertrand, il fut reconnu que Mme Bilodeau était bien morte du coup fatal d’explosion subite, et qu’il y avait nécessité de faire transport aussitôt Mme Bilodeau à l’hôpital St-Vincent de Paul, où ensuite des premiers soins et calmants par le Dr Ethier, elle put reprendre connaissance et ainsi expliquer les causes de l’accident tout criminel.

Le facteur qui a livré le colis. La Patrie, 18 juin 1913

Le facteur Omer Gaumont a livré le colis fatal. La Patrie, 18 juin 1913

A l’arrivée du facteur, elle avait demandé si pour elle il y avait une lettre qu’elle attendait. La réponse fut négative. Les deux lettres reçues étaient pour la maison. Restait le petit paquet, en petite boîte en forme de boîte de gants. Les deux femmes, en hâte de curiosité, voulaient en connaître le contenu. Mme Bilodeau se mit en devoir de l’ouvrir à l’aide de la lame d,un couteau, et alors il s’ensuivit la brusque terrible explosion dont on vient de rapporter les suites.

M. Bilodeau qu’on était allé prévenir avec quelque ménagement arriva et resta hébété, stupéfié devant le triste spectacle auquel il ne pouvait croire. Un peu redevenu maître de lui-même, il essaya quelques explications, quelques suppositions de basse et lâche vengeance à son adresse à lui-même plutôt qu’à la malheureuse victime.

Les trois jeunes enfants absents heureusement arrivèrent de leurs écoles, à l’heure du midi. Comprendre leur douleur navrante de se voir si subitement orphelins est tout naturel!

Toute sérieuse que soit la position de Mlle Bilodeau, il n’y aurait d’autre gravité que celle pour elle de rester défigurée.

Des deux lettres remises: une a été retrouvée intacte par terre, elle était à l’adresse du fils Alfred Bilodeau et portait le cachet oblitérateur de Chicago; l’autre lettre a été en partie détruite par l’explosion, quelques morceaux informes ont pu être retrouvés et pourront peut-être servir à quelque renseignement lors de l’enquête du coroner.

Quant au petit paquet, cause de tout le mal, c’était, à dit le facteur O. Gaumont qui n’a pas remarqué le cachet postal de départ, une petite boîte genre de boîte à gants en carton épais, mesurant environ 6 X 2 pouces, enveloppé dans un papier attaché avec ficelle, adressé à la victime, et à l’apparence non suspecte d’aucun soupçon de danger ni de délit. Selon une déclaration rapportée du Dr Noël en possession d’un débris de cartouche trouvé incrusté dans un morceau de bois au lieu de l’accident, – la boîte était une machine infernale oeuvre élémentaire d’anarchiste et munie d’un petit appareil en fil de fer et caoutchouc devant servir en ressort de détonateur mécanique dès l’ouverture de la boîte chargée de matière explosible et détonnante.

La police provinciale de Québec aurait été avisée afin de faire des investigations pouvant arriver à percer le mystère qui entoure cette terrifique affaire sans précédent ici, et comme conséquence, à faire connaître l’auteur d’un pareil crime, horreur anarchiste, qui est le premier du genre à inscrire dans les annales de la si paisible ville de Sherbrooke de tout temps passé et présent.

L’enquête légale du coroner Dr Bachand a été fixée à ce soir mardi à huit heures, sur place même, devant les restes mutilés conservés de l’infortunée victime. Après cette enquête, on fixera le jour des funérailles, que la présence du public bien affecté de la catastrophe rendra plus imposantes.

La défunte qui était en plein état de santé, est survécue par son mari et par cinq enfants: Alberta 21 ans, Alfred 19 ans, lydia 16 ans, Oliva 14 ans, et Félix 12 ans.

[..]
Nous adressons à M. Bilodeau, à ses enfants, à sa soeur et à toute la famille, nos plus sympathiques condoléances pour la cruelle épreuve qu’ils traversent si opinément et qu’apaisera le Dieu vengeur à qui rien ne peut échapper!

N.D.L.R. La supposition admissible de la petite machine infernale est qu’elle doit être l’élémentaire simili bombe Orisini explosible par simple répercussion ou frottement et que le détonnant devait être tout simplement: les poudres nitroglycérinées de fulmigate mélinite et dynamite mélangées dont l’effet foudroyant en rate hélas! jamais.

Trois semaines avant le drame, les Bilodeau avaient reçu un colis anonyme contenant des pilules et une lettre clavigraphiée (La Patrie, 19 juin, p. 14) Madame Bilodeau, après avoir pris connaissance de la lettre, jeta le tout au feu.

Le 27 juin 1913, la police arrêta M.L. A. Dufresne, un arpenteur de Sherbrooke mais il fut libéré quelques jours plus tard. Entre-temps, le témoin Salomon Ouellette quitte la ville pour une raison inconnue (La Patrie, 2 juillet 1913 et Le Progrès de l’est, 4 juillet 1913).

A ma connaissance, cette affaire n’a jamais été résolue.

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Explosion au Parlement [Québec, 11 octobre 1884]

Le fantôme de Mary Gallagher (Griffintown, Montréal, 26 juin 1879)

Un anarchiste canadien-français à New York [1914]

Le vinum colchici est dangereux pour la santé (Tabb’s Yard, Montréal, 1873)

L’état sanitaire de Sherbrooke en 1921

Le Progrès de l’Est, 3 mai 1921

L’ETAT SANITAIRE DE SHERBROOKE

Le Dr. L. A. Chabot, du Conseil Supérieur d’Hygiène de la province, qui est venu de Montréal à Sherbrooke jeudi, dans le but de faire une enquête relativement à l’état sanitaire de notre ville, a déclaré, au cours de cette enquête, que les conditions hygiéniques laissent en général beaucoup à désirer ici. Sherbrooke devrait avoir son bureau d’hygiène. Des égouts ouverts y sont une menace à la santé publique. On compte ici onze terrains vagues où les vidanges sont jetées tandis qu’il n’y en a que trois à Montréal.

Sherbrooke devrait être partagée en trois parties distinctes, pour l’enlèvement des vidanges, dit M. Chabot. Il y aurait un dépotoir pour chacune de ces parties et les vidangeurs avec deux voitures doubles et une simple travailleraient deux jours par semaine et consécutifs dans chacune de ces parties. Chaque locataire devrait avoir une poubelle pouvant contenir quatre-vingt livres de déchets, recouverte, et portant le numéro du loyer. A telle heure et à tel jour, les citoyens, sachant que le vidangeur va passer, se prépareraient en conséquence. Ce système a donné d’excellents résultats à Lachine et à Verdun et la population s’en trouve très bien.

Au coin des rues Bowen et Woodward où débouche, dans un étroit fossé qui suit le bord de la première rue, un égout desservi par un grand nombre de maisons situées sur cette rue, l’inspecteur sanitaire déclara qu’il est vraiment criminel de tolérer pareille chose en pleine rue publique et que c’est une véritable honte et une disgrâce pour une ville comme Sherbrooke.

L’eau chargée de détritus en décomposition laisse la sortie de l’égout, longe le trottoir sur une distance de 100 pieds à peu près, traverse sous le pavage la rue Bowen et forme ensuite un petit ruisseau qui coupe à travers des propriétés privées pour se jeter enfin dans le St-François.

Le Dr Chabot était accompagné dans sa tournée à travers notre ville des échevins Trudeau et Skinner, du chef de police A. Z. couture et des représentants des journaux.

Le groupe s’est aussi rendu sur le site où l’on se propose de construire un sanatorium pour les tuberculeux dans le quartier est, rue Woodward. Le Dr Chabot s’est déclaré enchanté de ce site et dit que l’on ne pouvait mieux choisir à tous les points de vue.

Billets reliés

Explosion dans une usine d’obus [Sherbrooke, 1917]

Photos: le camp d’internement no 42 (camp Newington), Sherbrooke 1944-1945

Une visite de Sherbrooke en 1910 en images

Qu’est-il arrivé à Thomas Davis? (Sherbrooke, 17 février 1884)

Le chemin de fer Massawippi [1871]

Le Pionnier de Sherbrooke, 3 novembre 1871

Le premier convoi de passagers est venu à Sherbrooke, mercredi dernier, à quatre heures de l’après-midi. Il y avait deux chars remplis de passagers, dont la plupart étaient des citoyens de cette ville, qui étaient allés rencontrer ce convoi à Lennoxville. Le Col. Pomroy, l’un des principaux promoteurs de ce chemin était aussi à bord. A la gare de cette ville, il y avait une grande foule de citoyens, venus avec empressement pour saluer l’arrivée de ce premier convoi. Ils l’accueillirent par des hourras enthousiastes, marque évidente de l’importance de cette ligne pour notre ville.

Le même soir, ce convoi a pris à bord les passagers du Grand Tronc se dirigeant vers Boston par la nouvelle ligne, et la jonction se fera dorénavant ici, malgré les prédictions sinistres des bons habitants de Lennoxville. Ainsi, l’on peut maintenant aller de Sherbrooke à Boston en droite ligne, sans même changer de chars. Les convois de passagers quittent cette ville à 7:15 du soir et 4:15 le matin, après l’arrivée des convois de Montréal dus ici à ces heures.

Les préparatifs sont maintenant presque terminés et les travaux se poursuivent avec la plus grande activité pour rendre le terminus digne de l’importance de cette ligne. Ces travaux sont considérables. C’est une bonne aubaine pour notre ville, qui possédera bientôt aussi le terminus du chemin International de St. François et Mégantic, la ligne la plus courte pour aller aux Provinces maritimes. Comme nous l’avons déjà dit, le chemin Massawippi qui s’étend sous ce nom jusqu’à la frontière, près de Stanstead, appartient à une Compagnie canadienne; mais il est loué pour l’exploitation à la Compagnie du chemin connu sous le nom de  »Connecticut & Passumpsic Rivers Valley Railway ».

Au Colonel Pomroy, de Compton, Président de la Banque des Cantons de l’Est; à Sir. A. T. Galt, notre habile député aux Communes; à l’Hon. J. H. Pope, notre nouveau Ministre de l’Agriculture; à l’Hon. J. S. Sanborn, notre habile Sénateur; à C. C. Colby, Ecr, M. P. pour Stanstead, et à bon nombre d’homme à chemin de fer, amis du progrès, revient l’honneur d’avoir, en aussi peu de temps, doté de cette ligne cette partie importante de notre District et surtout notre prospère petite ville.

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Un chemin de fer sur le Saint-Laurent [1880-1883, Hochelaga-Longueuil]

Explosion au chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! [14 avril 1910]

Le train fait son apparition au Bas-Canada [1836]

Tué par les chars [1873]