Et que la lumière fut! (Québec, 29 septembre 1885)

Les journaux, en cette fin de septembre 1885, consacrent beaucoup d’articles à l’épidémie de variole qui sévit à Montréal. Mais à Québec, le 30 septembre, c’est une nouveauté qui retient l’attention: l’éclairage électrique. Sigismund Mohr, de la Compagnie électrique, avait pour ambition de démontrer les avantages de l’électricité pour l’éclairage extérieur (et éventuellement obtenir des contrats). Ce soir-là, de l’énergie produite à partir des installations des chutes Montmorency servit à éclairer la Terrasse Dufferin à Québec. Les spectateurs ont apprécié.

Dans le Canadien du 30 septembre 1885, on pouvait lire un résumé de la soirée

La Lumière électrique

La grande exposition de lumière électrique si impatiemment attendue a eu lieu hier soir sur la terrasse Dufferin, avec un succès qu’ont applaudi 20 000 personnes. Quoique des myriades d’étoiles scientillassent au firmament, l’obscurité était profonde sur l’immense plate-forme, la compagnie du gaz n’ayant pas jugé à propos de faire concurrence pour cette fois à la lumière électrique ni à celle de la lune. On aurait dit un océan berçant ses flots noirs dans un vaste murmure qui se perdait au loin.

M. Mohr, l’actif et intelligent gérant de la compagnie, entouré du président M.A.  Thompson, des directeurs MM. D. C. Thompson, P. Garneau et Bell Forsyth, de plusieurs actionnaires parmi lesquels M. Borroughs, M. L. J. Demers et de quelques journalistes, attendait avec anxiété l’arrivée de son Honneur le lieutenant-gouverneur.

Photographie | La Terrasse Dufferin depuis le bureau de poste, Québec QC, vers 1885 | VIEW-1281

La Terrasse Dufferin depuis le bureau de poste, Québec QC, vers 1885

Celui-ci est arrivé à huit heures précises, accompagné de Mme Masson, de son aide-de-camp, le capt. Sheppard, et de plusieurs dames. Il a été salué par l’harmonie du 8e carabiniers royaux qui a joué  l’hymne national anglais.

Aussitôt, l’hon. M. Masson a été prié de transmettre le signal aux chutes Montmorency, au moyen d’une sonnerie électrique, et instantanément le fluide a fait surgir des ténèbres 34 foyers lumineux qui ont acquis en quelques secondes une puissance considérable. L’aspect de la terasse a été transformé comme par une baguette magique, et les acclamations ont éclaté de toute part, réveillant les échos paisibles de la nuit.

Le chef de police V(illisible), à qui l’on doit d’avoir jouit d’une soirée parfaitement paisible, a fait ouvrir par ses hommes un passage à travers la foule compacte qui se pressait d’un bout  à l’autre de la terrasse, et le cortège des invités s’est mit en branle à la lumière limpide des foyers électriques, qui aurait permis de distinguer une épingle sur le sol.

S’ensuit un résumé du  concert offert par le 9e Voltigeurs de Québec et l’harmonie du 8e Carabiniers royaux.

L’article se poursuit:

Le Canadien, 30 septembre 1885

L’expérience faite hier soir par la compagnie de lumière électrique de Québec et de Lévis a réussi au-delà de toute attente, et il est parfaitement établi aujourd’hui que malgré la déperdition de fluide qui se produit nécessairement sur un parcours de 34 milles de longueur, on obtient encore une lumière d’un brillant et d’une stabilité incontestables. Cette expérience consacre en outre la substitution énormément avantageuse de la force hydraulique à celle de la vapeur qui coûte beaucoup plus cher.
Nous ne doutons pas qu’après un succès aussi éclatant, dû en grande partie, nous aimons à le dire en toute justice, à la persévérance de M. Mohr, la compagnie ne fasse des progrès rapides et décisifs. La corporation de Québec sait maintenant à quoi s’en tenir, et nous espérons qu’elle n’hésitera pas davantage à éclairer nos rues à la lumière électrique. Cet admirable lumière sera aussi davantage employé à l’avenir, nous n’en doutons pas, dans les églises, les maisons d’éducation, les fabriques, les magasins, et même chez les particuliers. La compagnie réglera ses taux sur la somme d’encouragement qu’elle recevra.

Comme nous l’avons déjà annoncé, l’expérience d’hier se renouvellera tous les soirs de la semaine, si le temps le permet, et il y aura concert comme hier soir.

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Sur le site internet de la ville de Québec, on retrouve sept capsules audio inspirées par les différents épigraphes de cette ville. Ces plaques apposées aux édifices rendent hommage à des personnes qui ont participé, à leur façon, à l’histoire de la ville.

Ces sept capsules, qui sont l’oeuvre de l’historien Réjean Lemoine, portent sur

Chaque capsule est accompagnée de photos d’archives, d’un lien vers le répertoire des toponymes de la ville de Québec, de la photo de l’épigraphe et de sa localisation à l’aide d’une carte.

Ces capsules sont très intéressantes; espérons que d’autres seront ajoutées au site.

Il y a 108 épigraphes à Québec. En voici la liste: http://www.ville.quebec.qc.ca/culture_patrimoine/patrimoine/epigraphes/index.aspx

Merci à @mimonette sur Twitter pour m’avoir fait découvrir ce lien.

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