La Saint-Jean-Baptiste à Québec en 1850

Le Canadien, 26 juin 1850

Publicité de la SSJB présentant la programme de la Saint-Jean-Baptiste 1850 à Québec. Extrait du Canadien, 21 juin 1850

Publicité de la SSJB présentant la programme de la Saint-Jean-Baptiste 1850 à Québec. Extrait du Canadien, 21 juin 1850

LA CELEBRATION DE LA SAINT-JEAN-BAPTISTE, avant-hier, a été favorisée par un temps magnifique et s’est faite avec toute la pompe accoutumée. C’est M. le curé de Saint-Roch qui a officié à la grand’messe, chantée en musique par un choeur de MM. les élèves du Séminaire, sous la direction de M. Dessane, organiste de la cathédrale, et à laquelle assistaient de Mgr l’archevêque et un nombreux clergé. Un éloquent sermon, adapté à la circonstance, a été prêché par M. Taschereau du Séminaire; un superbe pain bénit a été offert par MM. Trudelle, notaire, et Carrier, membre du conseil de ville, et une quête a été faite par deux demoiselles Caron, filles de l’honorable président de la société, accompagnées l’une de M. Fiset, avocat, fils du pronotaire, et l’autre du jeune M. Panet, fils du juge. Pendant la messe, les drapeaux de la milice canadienne et les bannières de la société étaient rangés le long des balustres, et l’église était ornée de pavillons anglais et français, suspendus au baldaquin au-dessus du grand autel, et aux galeries tout autour de la nef.

Pendant la procession, dont l’ordre et la marche sont déjà connus par le programme que nous en avons déjà publié, l’adresse suivante était imprimée et distribuée par une presse appartenant à MM. Bureau et Marcotte, et qui la suivait montrée sur un wagon traîné par deux chevaux blancs et orné de feuilles d’érable et de drapeaux aux couleurs nationales.

Estampe | Relique patriotique, Souvenir de la Grande Fête nationale des Canadiens français | M2003X.5.1.1

Relique patriotique, Souvenir de la Grande Fête nationale des Canadiens français, 1880

Adresse de la Société St. Jean Baptiste de Québec aux Canadiens, le 24 juin 1850.

La Société St. Jean Baptiste de Québec a été fondée en 1842 par les efforts énergétiques et patriotiques de la jeunesse Canadienne. La première célébration eut lieu cette année-là dans la paroisse de St. Roch. Le but de la Société a été d,unir entre eux les Canadiens de tous les rangs, et d’affermir ces liens d’affection et de nationaliste, qui doivent toujours retenir entre eux les enfants d’une même patrie. Une association naissante a bien des épreuves à subir; elle a aussi bien des difficultés à vaincre, non seulement par la différence d’opinion d’un grand nombre d’individus disséminés dans une localité étendue, mais encore par la répugnance et l’indifférence de plusieurs. Néanmoins l’énergie des jeunes de 1842 avait réussi à renverser tous les obstacles, et la Société avait déjà une forte organisation lorsque les deux grands incendies de 1845 [note par V. L.: faubourg St-Jean et faubourg St-Roch], qui ont réduit en cendres les deux tiers de Québec, ont tout-à-coup mis notre population en désarroi, et désorganisé notre Société par la dispersion de ses membres et la destruction des registres et des archives de la Société.

L’année suivante, en 1849, un nouveau malheur, l’incendie du Théâtre St. Louis, arrivé quelques jours avant le 24 juin, a empêché la célébration de cette année-là. Depuis cette époque, la Société a toujours continué à compléter son organisation; le superbe drapeau blanc, que l’on voit flotter au milieu de la procession, dont la superbe broderie est dû au travail, gratuit des Dames Religieuses Ursulines de Québec, est le complément de nos décorations, dont le coût entier s’élève à plus de mille piastres; l’année dernière il a été acheté un jeu complet d’instruments, pour le corps de musique formé sous notre contrôle, dont les membres ont fait des progrès encourageants pour la Société et qui font honneur au talent des musiciens et des chefs, ce qui a coûté plus de cinq cents piastres; tels sont en peu de mots les sacrifices faits par la Société pour rendre nos célébrations imposantes, et ce qui explique pourquoi les fonds de la Société ont été presque épuisés chaque année.

Cependant le vrai but de la Société n’était pas encore atteint, et il fallait un fonds de réserve à employer en actes de bienfaisance envers les membres, car notre Association en doit pas se contenter seulement de démonstrations extérieures, mais elle doit faire reconnaître son utilité par des actes de philanthropie envers ceux de ses membres qui peuvent se trouver dans l’infortune. Le Comité de Régie a décidé de réduire les dépenses autant que possible, même les dépenses d’impression, et à cet effet il a été décidé de ne publier les annonces que dans un seul journal moyennant paiement.

Si donc la Société St. Jean Baptiste n’a pas marqué la célébration de cette année par un banquet ou autre amusement, c’est par esprit d’économie, et dans l’espoir que tout Canadien attaché à sa patrie, à sa les langue et à ses institutions, qui désire promouvoir les intérêts sociaux de ses compatriotes, ne manquera pas de joindre la Société en payant la contribution annuelle qui n’est que le quart de celle de la Société St. George de cette cité, et de celle de la Société St. Jean-Baptiste de New York. La Société a donc lieu d’espérer qu’en mettant une certaine somme de côté chaque année pour être employée en oeuvres de charité, ce sera le meilleur moyen de faire grandir cette belle Société Nationale de St. Jean Baptiste, à laquelle tout Canadien, ami de son pays, doit être orgueilleux d’appartenir.

La procession terminée, une centaine de membres de la section Saint-Jean se réunirent à l’hôtel Saint-Jean, où une collation avait été préparée par M. Laroche, et y passèrent quelques heures ensemble dans une aimable et franche gaîté. Des réunions semblables eurent lieu, nous dit-on, chez M. Blanchard à la Basse-Ville, et chez M. Chartrain à Saint-Roch.

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L’incendie du faubourg Saint-Roch [28 mai 1845]

L’incendie du faubourg Saint-Jean, 28 juin 1845

L’incendie du théâtre Saint-Louis [Québec, 12 juin 1846]

La corvette La Capricieuse [Québec, 1855]

Jacques Viger et l’album Souvenirs Canadiens: le Québec au 19e siècle

Jacques Viger (1787-1858) a été le premier maire de la ville de Montréal (1833). Il a été journaliste et il a contribué à la fondation de la Société Saint Jean-Baptiste et de la Société historique de Montréal. Tout sa vie, il a collectionné écrits et dessins sur des thèmes aussi divers que l’histoire militaire, la vie religieuse, les paysages, la faune et la flore. Tout cela a été rassemblée dans ce que l’on appelle l’album Souvenirs canadiens.
album_vigerCet album a été entièrement numérisé sous l’égide du Réseau des bibliothèques de Montréal et on peut le consulter en ligne grâce au site Jacques Viger L’album Viger: souvenirs canadiens.

Ce site contient trois sections. La première se penche sur trois facettes de la vie de Jacques Viger: le fonctionnaire, le maire et le mémorialiste.

La deuxième section se penche sur les différents thèmes abordés dans l’album Viger.

Dernièrement, on retrouve la base de données qui permet de feuilleter l’album. On peut faire une recherche par auteur, artiste, sujet et titres ou faire une recherche par page.

En complément, on retrouve l’essai Jacques Viger: l’homme et l’album Souvenirs canadiens de l’historienne de l’art Diane Leblanc. Cet essai a servi à l’élaboration de ce site. Pour lire cet essai, vous cliquez sur en savoir plus, dans le menu à gauche. Une bibliographie et une sélection de liens internet sont aussi proposés.

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