Parade des étudiants de l’Université de Montréal et enterrement du béret [1930]

L’Autorité, 26 octobre 1930

LA PARADE DES ÉTUDIANTS ET L’ENTERREMENT DU BERET

Les carabins de l’Université de Montréal ont fait, samedi soir, leur parade annuelle suivie de l’enterrement du bérêt, une coutume universitaire qui a été établie en 1916.

Les facultés suivantes marchèrent dans l’ordre suivant: Médecine, Hygiène sociale appliquée, Sciences, Chirurgie dentaire, Pharmacie, Polytechnique, Hautes Etudes Commerciales et Droit.

La parade se mit en marche au Parc Lafontaine, coin Amherst et se déroula par les rues suivantes: Sherbrooke (vers l’ouest); Saint-Denis (vers le nord); boulevard Saint-Joseph (vers l’est); Christophe-Colomb (vers le sud) pour se terminer au parc Lafontaine, coin Rachel.

La faculté de médecine avait six chars allégoriques, représentant: 1) un médecin se penchant sur un enfant malade dans une pauvre chaumière; 2) l’électricité médicale; 3) la pharmacologie; 4) l’urologie; 5) la chirurgie; 6) l’obstétrique.

L’Ecole d’hygiène sociale appliquée avait un char représentant la Santé, personnifiée par une belle déesse auréolée par un immense soleil.

La Faculté des Sciences avait pris pour thème de son char: la chimie infernale avec Satan et ses monstres.

La chirurgie dentaire avait 3 chars; a) l’arracheur de dents au moyen-âge; b) opération dentaire dans un château au XVIIe siècle; c) le dentiste au XXe siècle.

L’Ecole de Pharmacie embrassait le passé, le présent et l’avenir avec ses 3 chars.

L’Ecole Polytechnique donnait la construction à travers les âges avec ses 5 chars; 1) la Tour de Babel; 2) les pyramides; 3) l’aqueduc du Gard, construit du temps des Romaines; 4) le chateau-fort; 5) l’édifice Sun Life.

L’Ecole des Hautes Etudes Commerciales nous montra l’évolution des moyens de transports avec le canot, le traîneau à chiens, le navire, la locomotive, l’automobile, l’avion, le dirigeable. Suivait la reine des transports qui trônait sur un carrosse.

La faculté de droit avait 5 chars, deux pour les étudiants en notariat et 3 pour les étudiants en droit. Le notariat était illustré par la donation du père de famille à son fils et l’ancien et le nouveau testament.

Le Droit illustrait la peine capitale, avec ses juges, ses avocats, ses greffiers, tous en toge et ses condamnés à mort! Le premier char représentait la décapitation; le 2e la roue au moyen-âge; le 3e, l’échafaud des temps modernes.

Les fossoyeurs suivaient escortant le malheureux bérêt qu’on allait enterrer.

Le juré, chargé de décerner la coupe à la Faculté ou Ecole la mieux représentée, se tenait devant l’immeuble du Cercle Universitaire, rue Sherbrooke.

Au Parc Lafontaine, à la fin de la parade, le bérêt fut brûlé et enterré, après qu’on lui eût fait une belle oraison funéraire, prononcée par M. Philippe Auclair, président de l’association générale des étudiants.

Les juges chargés de décerner la coupe étaient le Recteur de l’Université, le vice-recteur, le sénateur Béique, M. Ernest Décary, M. Ed. Montpetit, M. Oscar Archambault, MM. les abbés Maureault et Pineault, le juge Philippe Demers, le Dr Parizeau, le Dr Baril, M. Henri Laureys, M. Augustin Frigon, M. Laurence et M. J.B. Lagacé.

La parade fut couronnée d’un grand succès et une foule immense se pressait le long du parcours.

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Incendie à l’Université de Montréal [22 novembre 1919]

Pas de publication samedi, de retour dimanche.

L'incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

L’incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

L’Action catholique, 24 novembre 1919

LE FEU A DÉTRUIT, SAMEDI, L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
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LES PERTES TOTALES S’ÉLÈVENT À PRES D’UN MILLION – DÉCLARATION DE S.G. MGR GAUTHIER – ON RECONSTRUIRA DANS DE MEILLEURES CONDITIONS
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Montréal, 24. – Une grande partie de la population de Montréal a été témoin samedi soir, d’une catastrophe des plus déplorables, surtout pour les Canadiens français.

L’Université de Montréal (Laval) a presque été rasée par un incendie qui a fait rage durant plus de cinq heures, et il ne reste plus aujourd’hui, de cet édifice, qui a formé tant de nos éminents compatriotes, que des ruines lamentables sous lesquelles sont enfouis plus d’un objet de grand prix, et plusieurs produits d’une haute valeur.

Les murs de l’édifice sont encore debout, mais l’intérieur a subi des dommages considérables particulièrement le centre de l’édifice où il ne reste plus rien sur pied. Plusieurs laboratoires contenant des produits précieux ont été détruits par le feu ou endommagés par l’eau et la fumée. Des professeurs ont perdu des documents inestimables provenant d’expériences scientifiques.

Les ruines de l'incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

Les ruines de l’incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

Le feu a originé dans le toit de l’édifice.

On n’en connait pas la cause, mais, on est sous l’impression qu’il est dû à un court circuit. Ce sont des étudiants qui se sont aperçus les premiers de l’incendie. Ils ont donné l’alarme qui a amené toute la brigade de Montréal sous les lieux. L’incendie a commencé à 9 heures et ne s’est terminé que fort tard dans la nuit. Dimanche matin, on arrosait encore les ruines.

La nouvelle que l’Université brûlait s’est répandue dans la ville comme une traînée de poudre, et des milliers de personnes sont accourues, pendant toute la journée d,hier, la foule a défilé devant les ruines.

Les étudiants en médecine venaient de faire les élections de leur faculté, et quelques-uns étaient encore dans les corridors de l’Université quand le feu fut découvert. D’après le récit d’un témoin l’incendie a dû prendre naissance entre le dernier plafond et la couverture.

« Nous étions dans le corridor du premier étage, dit-il et tout-à-coup, nous entendons un bruit formidable. C’était l’ascenseur qui venait de tomber du haut en bas. Les câbles qui le retenaient au dernier étage furent probablement brûlés par la flamme qui sortait alors du plafond et s’engouffrait dans le puits de l’ascenseur. En pendant la tête, quelques instants, nous aperçumes l’incendie qui commençait à consumer le plafond. »

Les étudiants présents déroulèrent immédiatement le boyau à incendie, installé dans le corridor et ouvrirent le jet, mais on craignait d’aller jusqu’au haut de l’escalier, le feu étant déjà trop avancé. Entre temps, on était allé sonner l’alarme et les pompiers arrivèrent. Bientôt toute la brigade de Montréal était sur les lieux, combattants l’élément destructeur. On ignore le chiffre total des pertes, mais la corporation a déjà refusé $400,000 pour l’édifice. Les pertes totales sont de près d’un million.

Le musée pathologie a été épargné. Un fait assez curieux à noter aussi, c’est qu’un mouton et deux lapins, devant servir à la vivisection, ont échappé aux flammes. Ce n’est que dimanche matin que le Dr Bernier, directeur de ce département, est allé les chercher, au grand ébahissement des spectateurs qui regardaient les ruines.

Dans sa déclaration, Mgr Georges Gauthier, recteur de l’Université de Montréal, a dit: « Monseigneur l’archevêque, qui est toujours retenu à l’Hôtel-Dieu, mais qui est beaucoup mieux, a naturellement appris avec peine le malheur qui frappe sa chère Université. Mais il estime que, providentiellement, le problème qui se posait dans l’esprit de tous, au sujet de la reconstruction de notre Université, pour répondre aux besoins pressants, va trouver plus tôt qu’on ne le pensait sa solution.

On reconstruira sans doute dans de meilleures conditions.

« La première question de Monseigneur l’archevêque, ajoute Mgr le recteur, a été pour s’enquérir si la belle photographie du Pape Benoit XV, portant la si fervente bénédiction de sa sainteté à la nouvelle université de Montréal, avait été sauvée, ce qui est le cas.

« La souscription publique à laquelle tout le monde pensait vas, naturellement, être tout de suite lancée. Mgr le recteur a confiance qu’elle sera partout populaire. L’oeuvre universitaire et son progrès s’imposent plus que jamais. »

Les cours et les conférences seront repris presque sans interruption, à l’école dentaire, à l’école des hautes études, à l’école vétérinaire, à la bibliothèque Saint-Sulpice, chez les Chevaliers de Colomb et dans la salle du Cercle des jeunes gens de Saint Jacques.

Dès ce soir, M. Lebidois donnera son cours de littérature à la salle Saint-Sulpice.

Sir Lomer Gouin a envoyé les sympathies de son gouvernement.

Pour en savoir plus sur l’histoire de l’Université de Montréal.

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Un nom de famille en Nouvelle-France: pas si simple que cela…

De nos jours, l’orthographe des noms de famille est fixée. Si l’on se nomme Tremblay, on ne peut l’écrire « Tremblé » à moins d’avoir une très bonne raison, que l’État civil n’aimera peut-être pas. Or, au temps de la Nouvelle-France, un nom de famille pouvait être orthographié de plusieurs façons…

Le Programme de recherche en démographie historique de l’Université de Montréal (PRDH) a mis en ligne un Dictionnaire de standardisation des noms de famille. Ce dictionnaire peut se révéler utile dans le cadre de recherches en généalogie ou en histoire.

Depuis 1996, le PRDH travaille à  »reconstituer exhaustivement la population du Québec ancien depuis le début de la colonisation française au XVIIe siècle.  » (Référence)

Photo: Lin Kristensen

Photo: Lin Kristensen

Dans le cadre de ce projet, une grande quantité d’archives (700 000 actes) a été dépouillée, analysée et indexée. Dans ces documents, un nom de famille ou un patronyme n’est pas tout le temps orthographié de la même manière. Grâce au dictionnaire de standardisation des noms, on peut connaître ces variantes.

Prennons par exemple le nom de famille  »Audet ». 22 graphies sont recensées. La fréquence de chaque graphie est indiquée.

Pourquoi ces différentes graphies? Les immigrants au temps de la Nouvelle-France viennent d’un peu partout en France. Ces immigrants parlent avec des accents différents. Ils ne savent pas toujours écrire. Lorsqu’un curé ou un notaire doit enregistrer leur identité, cela donne des transcriptions variées. Aussi,  »l’orthographe n’était pas fixée, et les noms et prénoms pouvaient être écrits de plusieurs façons différentes.  » (Référence) La standardisation des noms est venue bien plus tard, au 19e siècle.

Si vous faites une recherche dans des documents anciens à propos d’un Audet, peut-être devriez-vous aussi chercher  »Odet »,  »Audette » ou  »Haudet »? C’est à en perdre son latin!

Adresse: http://www.genealogie.umontreal.ca/fr/public/rech_Nom.asp

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Projet PIRATE de l’Université de Moncton

Vous cherchez un article en histoire? Vous devez monter une bibliographie ou rédiger un bilan historiographique? Voici deux ressources  qui pourraient vous aider.

D’abord, le projet Pirate (Projet d’Indexation et de Recherche pour Assister le Travail de l’Écrit) de l’Université de Moncton regroupe plus de 25 000 références à des articles publiés dans des revues en histoire depuis la fin du 19e siècle.

Ensuite, Erudit, collaboration entre l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal propose une recherche dans plus de 66 revues. Un bonheur pour les chercheurs en sciences humaines. Pour voir le classement des revues par discipline, cliquez ici . Parmi les revues d’histoire indexées dans Erudit, on retrouve Urban History Review / Revue d’histoire urbaine, Revue d’histoire de l’Amérique française, Dialogues d’histoire ancienne et plusieurs autres. Une bonne partie du contenu de ces revues est accessible en ligne.

Habiller Shakespeare, de l’esquisse au costume

Saviez-vous qu’il existe au Canada un festival dédié aux oeuvres de Shakespeare? Il s’agit du festival de théâtre de Stratford qui a lieu à chaque été dans cette ville ontarienne.
theatre_shakespeareL’exposition virtuelle Habiller Shakespeare, de l’esquisse au costume, nous fait entrer dans cet univers. Produite par le Centre d’exposition de l’Université de Montréal, elle met en vedette des costumes conçus pour ce festival. Sept collimages dévoilent les esquisses des costumes ainsi que le résultat final. Certaines portions de vêtements peuvent être agrandies et en cliquant sur les petites icônes disséminées dans ces pages, vous en apprendrez plus sur la mode au temps de Shakespeare.

Une section du site présente la vie et l’oeuvre de Shakespeare et explique les particularités du théâtre élisabethain.

Le visionnement de cette exposition nécessite le plugiciel shockwave.

Site internet du festival de théâtre de Stratford: http://www.stratfordfestival.ca/

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Le cinéma au Québec au temps du muet (1896-1930)

La première projection cinématographique au Canada a lieu à Montréal, le 27 juin 1896. Ce fût le début de la belle époque du cinéma muet au Québec, qui dura jusqu’en 1930.

Le site  Le cinéma au Québec au temps du muet (1896-1930) présente, à l’aide d’archives (cartes postales, affiches, publicités, articles de presse, photographies) de Bibliothèque et archives nationales du Québec différents aspects du cinéma muet et l’impact qu’il a eu sur la société québécoise. On pourra découvrir des textes portant sur le cinéma ambulant, les lieux de projection, les artisans et les pionniers, etc Un glossaire est disponible sur le site.

Les professeurs pourront utiliser le site en classe. En effet, des activités pédagogiques destinées aux élèves du secondaire sont en ligne.

Ce site est une collaboration entre GRAFICS (groupe de recherche sur l’avènement et la formation des institutions cinématographique et scénique) affilié à l’Université de Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec et la Cinémathèque québécoise.

source: GRAFICS

source: GRAFICS

Quand on débute notre visite du site, on a le choix entre le programme de la  »séance » , qui est en réalité un mini-plan du site, ou bien cliquer sur une des affiches à droite et lire un dossier sur un thème comme la censure.

Ce site internet exploite avec justesse et pertinence les possibilités du multimédia. Par exemple, on peut assister à la représentation de Skating in Montreal (Edison Manufacturing Co. 1904). Le cadre du film s’inspire de l’apparence des salles de l’époque. La musique de Gabriel Thibodeau accompagne la projection. Tout pour se mettre dans l’ambiance! Une vingtaine de films sont au programme.

L’internaute est invité à suivre l’un des trois parcours interactifs (Milieu rural 1897-1905, Milieu ouvrier 1906-1914 et Milieu aisé 1915-1930). Un projecteur diffuse sur une image le texte explicatif qui est lu par un narrateur. Le son peut être coupé si on le désire. Pour aller au tableau suivant, on clique sur la section de l’image qui brille. Agréable façon de voyager! On a même droit à des animations. Chaque parcours se termine par un quiz et une projection de film.

Un moteur de moteur de recherche est accessible, en haut à droite de l’écran.

La section Pour en savoir plus regroupent des liens pertinents au sujet (films muets sur le web, ressources en ligne, etc).

Je n’ai recensé qu’un seul petit problème. Dans le menu, lorsqu’on clique sur Au fil du temps, 1896-1930, rien ne se passe.

En somme, ce site constitue une utilisation brillante de l’internet pour diffuser cette tranche de notre histoire. Impressionnant!

Site internet: http://www.cinemamuetquebec.ca

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