Parmi les attraits de l’arrondissement historique du Vieux-Québec, on retrouve l’église Notre-Dame-des-Victoires. Ses trois siècles d’existence (et des poussières) ont été mouvementés, croyez-moi!

Crédits: nuance 1979 sur Flickr
Québec brûle!
L’église Notre-Dame-Des-Victoires est située à l’endroit où s’élevait l’Abitation de Samuel de Champlain qui servit plus tard de magasin du Roy. Le magasin disparaît dans les flammes durant la nuit du 4 au 5 août 1682, une nuit cauchemardesque pour les habitants de la basse-ville de Québec. Place Royale est presqu’entièrement détruite. A la demande de Monseigneur François de Laval, évêque de Québec, on entreprend la construction d’une église plutôt que de reconstruire le magasin.
Il s’agit en fait d’une desserte de la paroisse Notre-Dame, dans la haute-ville, où l’église-cathédrale occupe un emplacement privilégié mais difficile d’accès en hiver
(Réf)
Les plans sont le fruit du travail de l’architecte Claude Baillif. Les travaux de construction se déroulent sur une longue période (près de 40 ans) et ce, pour plusieurs raisons.
Mais à défaut de titres clairs, la reconstruction du quartier commerçant, au lendemain de l’incendie, génère une foule de conflits. Si bien que l’édification d’une chapelle dont la façade dominerait la place du marché n’est entreprise qu’en 1687.
et
C’est que des difficultés viennent contrecarrer l’achèvement de l’édifice : le manque de fonds et un terrain trop exigu pour ériger le portail. Ces obstacles surmontés, surgit un nouveau problème l’année suivante : le droit de vue d’un propriétaire voisin empêche la réalisation de la façade.
(Réf.)
Finalement, tout s’arrange et l’église est fonctionnelle en 1723.
Deux victoires
Entretemps, l’église a changé deux fois de nom. D’abord, elle est sous la protection de l’Enfant Jésus pour ensuite être dédiée à la Vierge Marie. En effet, la croyance populaire veut que la Vierge Marie a protégé Québec en 1690 alors que Frontenac et l’armée française ont mis en déroute William Phipps et ses soldats. Notons que la protection divine a été un peu trop efficace, un des navires de la flotte, le Elizabeth and Mary, ayant fait naufrage près de l’Anse-aux-Bouleaux (Baie-Trinité). On célèbre le départ des Anglais en renommant l’église Notre-Dame-de-la-Victoire.
Ensuite, en 1711, les Anglais sont de retour, sous la direction de Sir Hovenden Walker et ils tentent à nouveau d’attaquer Québec, mais c’est peine perdue. On souligne cette deuxième victoire en renommant l’église Notre-Dame-des-Victoires.
L’année des Anglais
Durant l’été 1759, Québec est soumise aux bombardements de l’armée anglaise. L’église Notre-Dame-des-Victoires est sévèrement abîmée.
Il n’en reste plus que les murs calcinés.
(Réf)

Vue de l'église Notre-Dame-de-la-Victoire, érigée en souvenir de la levée du siège en 1695, et détruite en 1759 Richard Short 1761, 18e siècle 38.2 x 54.8 cm Don de Mr. R. W. Humphrey M970.67.4 © Musée McCord
On restaure!
La reconstruction va s’échelonner sur quelques années (1762-1766), mais ce n’est que le prélude à plusieurs restaurations, auxquelles la famille d’artisans et d’architecte Baillairgé sera associée. D’abord, Jean Baillairgé s’occupe de la reconstruction de l’église entre 1762 et 1766, son fils François dirige une restauration de plus grande envergure en 1816 et Thomas, fils de François, sera associé à la rénovation de la décoration intérieure (1854-1857).
L’extérieur de l’église est rénové entre 1858 et 1861 sous la direction de l’architecte Joseph-Ferdinand Peachy.

Église Notre-Dame-des-Victoires, Québec, QC, vers 1898 Wm. Notman & Son Vers 1898, 19e siècle Plaque sèche à la gélatine 25 x 20 cm Achat de l'Associated Screen News Ltd. VIEW-3233 © Musée McCord
A trois reprises, en 1824, 1833 et 1854, des résidents ont exprimé la volonté que l’église soit rasée, voeu qui n’a heureusement pas été exaucé. On voulait faire de la place pour agrandir le marché de la basse-ville. (Réf).
Un élément reconnu de notre patrimoine
L’église Notre-Dame-des-Victoires est l’un des premiers bâtiments a obtenir la désignation de monument historique par le gouvernement du Québec. C’était en 1929.
En 1967, l’église subit une cure de jeunesse sous la direction de Pierre Maynard dans le cadre de la mise en valeur de place Royale
L’objectif de cette campagne de travaux est de restituer le cachet français du monument. L’opération s’est malheureusement faite de façon intuitive, avant qu’une étude sérieuse n’établisse la genèse du monument et n’en retrace les multiples transformations.
(Réf.)
Pour plus de détails sur les travaux de restauration entrepris à l’église au cours de son histoire, je vous invite à consulter cet article.
Des oeuvres d’art à voir
Ceux qui visitent l’église de nos jours pourront voir que
Notre-Dame-des-Victoires conserve plusieurs œuvres d’art intéressantes. Parmi les tableaux, il faut signaler : l’Annonciation de Louis-Augustin Wolff, artiste d’origine allemande venu au Canada avec l’armée britannique, peinte en 1765-1766 d’après une gravure d’une œuvre du peintre français François Lemoine, et l’ex-voto de L’aimable Marthe, œuvre anonyme réalisée en 1747 selon le vœu du capitaine Maurice Simonin. Mentionnons également deux œuvres européennes provenant de la collection Desjardins : l’Élévation de la croix (copie d’après Pierre-Paul Rubens), acquise en 1817 et restaurée en 1834 et 1851, ainsi que la Montée au calvaire (copie d’une gravure de Bénézit Huret, graveur français), acquise en 1817 et agrandie par François Baillairgé.

Crédits: Feng & Jia sur Flickr
(Réf.)
Conclusion
L’église Notre-Dame-des-Victoires, 323 ans après le début de sa construction, veille fièrement sur la place Royale. Elle a survécue à la guerre et à d’autres tentatives de destruction. Elle renferme plusieurs oeuvres d’art qui font partie de notre patrimoine. Si vous visitez le Vieux-Québec, allez y faire un petit tour.
En complément
Fiche de l’église Notre-Dame-des-Victoires (Inventaire des lieux de culte du Québec)
Trésors et secrets de Place-Royale
Bibliographie
LEGARE, Denis. [En ligne] L’église Notre-Dame-des-Victoires de Québec. Faire face au buste de Louis XIV sur la place Royale. [Page consultée le 3 avril 2010] Adresse URL: http://www.patrimoine-religieux.qc.ca/fr/pdf/documents/NDdesVictoiresdeQuebec.pdf
NOPPEN Luc et Lucie MORISSET. [En ligne] Église Notre-Dame-des-Victoires [Page consultée le 3 avril 2010] Adresse URL: http://eglisesdequebec.org/ToutesLesEglises/swNotreDameDesVictoires/swNotreDameDesVictoires.html
NOPPEN, Luc. Les chemins de la mémoire, Monuments et site historiques du Québec, Tome 1. Québec, Les Publications du Québec, 1990, p.130-133
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