Une mère cherche son fils [1886]

Une mère de Waterloo lance un appel dans un journal pour retrouver son fils dont elle est sans nouvelles depuis quelques semaines.

Le Progrès de l’Est, 20 avril 1886

Waterloo
– Madame Joseph Lefebvre, de Waterloo, serait très reconnaissante aux personnes qui pourraient lui donner des nouvelles de son fils Arthur, un enfant de 14 ans, parti du Canada pour les Etats-Unis vers le milieu de février dernier. Il a été vu à Nashua, N. H., vers le commencement de mars, ayant en sa possession un billet de chemin de fer pour revenir au Canada.

En 1881, il n’y a qu’un Arthur Lefebvre, fils de Joseph, résidant à Waterloo selon le recensement canadien.

Recensement canadien 1881, Waterloo.

Recensement canadien 1881, Waterloo.

Maintenant, regardons le recensement suivant à Waterloo.

Recensement canadien de 1891, Waterloo.

Recensement canadien de 1891, Waterloo.

Arthur est de retour chez lui!

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Histoire du crime: La bande à Chambers (1831-1835) deuxième partie

Suite du billet
La petite histoire du crime: la bande à Chambers (Québec et sa région 1831-1835) Première partie

On s’y prend à trois fois afin de condamner Chambers…

Trois procès sont intentés contre Chambers et ses complices.

Le premier procès a lieu le 25 septembre 1835 et concerne le vol du télescope de Georges Holmes Parke. Chambers est déclaré non coupable.

Le deuxième procès a lieu en mars 1836. Charles Chambers et Nicolas Mathieu sont accusés du meurtre du capitaine Louis Sirvac. Ils sont déclarés non-coupables.

Le troisième procès s’ouvre le 28 mars 1837. Georges Waterworth témoigne contre Chambers et Nicolas Mathieu qui sont jugés pour introduction dans la maison de la veuve Montgomery et pour vol. Ils sont reconnus coupables et condamnés à être pendus le 10 avril. Mais coup de théâtre, la peine de Mathieu et de Chambers est commuée en exil en Australie.

Lorsqu’on consulte le Fichier des prisonniers des prisons de Québec au 19e siècle, il est écrit que Chambers a été reconnu coupable de  »timber stealing » (vol de bois). Chambers était marchand de bois. Voici la fiche de Nicolas Mathieu.

En route vers l’Australie

Le 27 mai 1837, Mathieu et Chambers s’embarquent sur le Cérès pour la Nouvelle-Galles du Sud (Australie) sous la gouverne du capitaine Squire. Il existe plusieurs versions concernant le sort des deux prisonniers. Et la destination du bateau aussi diffèrent. Certains parlent de Botany Bay, d’autres de Van Dieman (Tasmanie).

Selon Jean-Marie Lebel, (Québec 1608-2008: Chroniques d’une capitale voir Année 1837), Chambers est décédé aux Nouvelles Galles du sud, six ans après son arrivée en Australie.

Albert Jobin évoque la Galles du sud comme destination du Cérès.

Selon Louis Fréchette, Chambers devait être expédié à Botany Bay. Mais,

le chef de nos bandits [Chambers] réussit à briser ses fers et deux de plusieurs de ses co-détenus, et faillit s’emparer du navire.

Le complot échoua, et l’abominable coquin fut pendu en arrivant à Liverpool.

(Réf. Mémoires intimes, p. 99-100)

Dans Fifty years, Chiniquy s’attribue le mérite pour la commutation de la peine de mort de Chambers et Mathieu en exil en Australie. Il prétend aussi avoir rencontré un des membres du gang lors d’un séjour en Australie en 1878. (réf. Marcel Trudel, Chiniquy, p.253). A la page 312, l’homme qu’il a soi-disant sauvé lui demande

Do you remember the murderer and thief, Chambers, who was condemned to death in Quebec, in 1837, with eight of his accomplices? » asked the stranger.

Chambers a été condamné avec Mathieu. Il nous manque six personnes… Émettons des doutes quant au témoignage de Chiniquy, qui jamais ne nomme le mystérieux étranger… Chiniquy prétend que ce personnage lui a raconté que Chambers avait été pendu à Liverpool (réf), affirmation que reprendra plus tard Louis Fréchette dans ses Mémoires intimes.

Dans le Convict Index des Archives de la Nouvelle Galle du Sud, il y a trois personnes qui répondent au nom de Charles Chambers. Deux sont arrivées en 1829. Il y a un troisième Charles Chambers. Pas de date d’arrivée, mais il y a mention d’obtention d’un certificat d’émancipation. Nous n’avons pas suffisamment d’informations pour dire s’il est oui ou non le Charles Chambers que nous recherchons.

Il y a un Nicolas Mathieu dans cette base de données.

MATHIEU Nicholas |Waterloo (bateau) |1838| Numéro 46/579 |Ticket of Leave[4/4207; Reel 959]District: Yass; |Born: Canada Quebec; |Tried: Canada low Queb.

Selon ce site, le Waterloo est arrivé en Nouvelle-Galles du sud le 2 février 1838. Il est parti de Sheernerss en Angleterre le 4 novembre 1837. A titre de comparaison, lorsque Hypolite Lanctot est déporté en Australie, le voyage dure du 28 septembre 1839 au 25 février 1840. Le voyage de Lanctot dure 5 mois (sans escale en Angleterre, par contre). Louis Fréchette, dans ses mémoires, mentionne une escale en Angleterre… Dans le cas de Mathieu et de Chambers, peut-être le Cérès a-t-il fait escale en Grande-Bretagne. Ensuite, les deux individus ont peut-être été embarqués sur le Waterloo…Hypothèse à vérifier…

Le Nicholas  Mathieu du  Convict Index a obtenu un  »ticket of leave »? Un  »ticket of leave » c’est

C’était l’habitude de garder un prisonnier en exil dans un camp pour une période de 18 mois à deux ans; ils travaillaient au compte du gouvernement à des travaux publics. Les prisonniers sont ensuite  »assignés » à des particuliers, et si tout va bien, on leur accord la permission de travailler à leur compte. Ce système se nomme  »ticket of leave ».

Réf. (Lanctot, p. 57-58. )

Selon George Gale et James Le Moine McPherson, Charles Chambers a été envoyé à Van Dieman (Tasmanie).

Parmi les autres hypothèses, il y a celle où Chambers aurait été jeté à la mer lors de la traversée vers l’Angleterre. (Réf. Hare, Lafrance et Ruddell, p. 208)

Donc, pour le moment, nous croyons que Mathieu et Chambers ont quitté Québec le 27 mai 1837 et qu’ils sont probablement arrivés en Australie ou en Tasmanie après plusieurs mois en mer. Plusieurs questions restent sans réponse. Où exactement ont-ils vécu leur exil? Quand sont-ils décédés?

Dans la littérature

En 1837: François-Réal Angers, avocat, publie une brochure romancée intitulée Révélations du crime de Cambray et ses complices sur cette affaire. Chambers est ici appelé Cambray.

Micheline Cambron précise que les dialogues de l’écrit d’Angers ressemblent beaucoup aux paroles prononcées durant le procès de Chambers. (Réf).

Quelle est la part de vérité et de mensonge dans ce livre?

1844: La fille du brigand d’Eugène L’Écuyer. Dans cette version, Chambers, alias Maître Jacques, meurt noyé.

Puis un tumulte se fait entendre, et on aperçoit une foule qui se presse autour d’un cadavre. M. des Lauriers et M. D. .. en approchant de plus près reconnaissent le corps d’un noyé, c’est celui de maître Jacques.(Réf)

Dans le récit Geneviève d’Alphonse Gagnon (1885), la bande à Cambray (Chambers) fait plonger un honnête homme dans le monde du crime. (Nouvelles et récits, p. 126-162)

James McPherson Lemoine mentionne aussi que l’affaire Chambers

est devenu récemment le sujet [1872] d’un drame joué au Music hall de cette ville. (Réf.)

Conclusion

Avec le temps, les crimes de Chambers et ses acolytes ont été amplifiés. Ils font maintenant partie des légendes de la ville de Québec et de sa région. Le sort de Nicholas Mathieu et surtout de Charles Chambers reste sujet à débat. Chambers a-t-il été pendu en Angleterre ou est-il décédé en Australie? Quand est-il décédé? Plusieurs pistes sont à explorer…

La troisième partie de ce billet  se trouve ici.

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Bibliographie

Monographies

ANGERS, François-Réal. Révélations du crime de Cambray et ses complices. 1837 (1880).

CASGRAIN, René-Édouard. Histoire de la paroisse de l’Ange-Gardien. Quebec, Dussault & Proulx, imprimeurs, 1902, 390 pages.

CONSTANS, Ellen et Jean-Claude Vareille. Crime et châtiment dans le roman populaire de langue française du 19e siècle. Presses universitaires de Limoges, 1994, 426 pages.

FRECHETTE, Louis. Mémoires intimes. Montréal, Fides 1961, 200 pages.

HARE, John, Marc LAFRANCE et David-Thiery RUDDEL. Histoire de la ville de Québec 1608-1871, Boréal, Montréal, 1987, 400 pages.

JOBIN, Albert. Histoire de Québec. Québec, Institut Jean-Bosco, 1947, 366 pages.

LANCTOT, Hypolite. Souvenirs d’un patriote exilé en Australie, 1838-1845. Sillery, Septention, 1999, 222 pages.

LAVIOLETTE, Guy et Alain Gelly. Cap-Rouge 1541-1991 : 450 ans d’histoire. Cap-Rouge, Quebec, Société historique du Cap-Rouge inc., 1991, 340 pages.

LEBEL, Jean-Marie. Québec 1608-2008: Chroniques d’une capitale. Québec, Presses de l’Université Laval, 2008, 760 pages.

L’ECUYER, Eugene. La fille du brigand; roman canadien. Précédé d’une notice biographique sur l’auteur par Casimir Hébert. Montréal, Bilodeau, 1914, 148 pages.

LE MOINE, James MacPherson. L’album du touriste : archéologie, histoire, littérature, sport.Québec, Augustin Côté et cie, 1872, 394 pages.

ROY, Pierre-Georges. Les petites choses de notre histoire. Septième série. Lévis, 1919, 316 pages.

TRUDEL, Marcel. Chiniquy. Trois-Rivières, Éditions du bien public, 1955, 339 pages.

Site internet

Raymond Mathieu. [en ligne] Nicolas Mathieu [Page consultée le 28 avril 2010] n’est plus en ligne.

University of Texas Libraries, The University of Texas at Austin. [en ligne]  Perry-Castañeda Library Map Collection Historical Maps of Australia and the Pacific [Page consultée le 28 avril 2010] Adresse URL

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Journaux québécois du 19e et 20e siècle en ligne

Mise à jour le 15 octobre 2011.

Google a numérisé une quantité importants de journaux historiques. Pour voir la liste, cliquez ici: http://news.google.ca/newspapers

 Exemple : A la radio fm de Radio-Canada : le grand feu de Rimouski

Il n’y a pas de boutons pour Twitter, Delicious ou pour envoyer par email l’article. Mais, par contre, on peut cliquer Link to article, puis cliquer sur le titre de l’article choisit et l’hyperlien de l’article choisit apparaitra. Malheureusement, beaucoup de titres n’ont pas été correctement identifiés, c’est-à-dire qu’on ne leur a pas attribué une adresse internet spécifique. Dans ce cas-là, notez plutôt l’adresse URL de l’édition que vous consultez et indiquez la page où se trouve l’article.

Les journaux du Québec disponibles
Voici une liste non-exhaustive de journaux numérisés et disponibles via Google News. J’ignore si tous les numéros publiés sont en ligne.

Journaux que l’on peut parcourir (liste des éditions publiées): la Gazette de Québec, Montreal Gazette, Morning Chronicle de Québec, Quebec Chronicle-TelegraphQuebec Telegraph, le Journal de Québec (celui du 19e siècle),  le Vindicator (Montréal), Montreal HeraldMontreal Transcript, The Quebec Spectator, The Quebec Saturday Budget, le Stanstead Journal, le Moniteur Canadien, le Courrier du Canada,  Le Devoir, La Voix Gaspésienne, etc.

La Gazette du 12 juin 1820. Impossible de faire une recherche par mot-clés dans les pages de droite qui ont été numérisées à l’horizontal. Inconfortable à consulter, risque de torticolis à moins d’avoir un Ipad.

Commentaires
Les titres des articles ne sont pas toujours correctement identifiés dans les résultats de recherche, comme ici . On dit que le nom du journal est Le Nord, mais si on regarde en haut de chaque page, c’est écrit Le Canard.

La qualité de numérisation varie (certains pages sont illisibles ou numérisées penchées), mais elle est généralement acceptable. L’OCR (reconnaissance optique des caractères) est donc de qualité variable. Si vous cherchez tel mot-clé, peut-être n’aurez vous aucun résultat, alors qu’il se retrouve des centaines de fois dans les pages numérisées…Dans ce cas-ci, repérez les journaux de la période/localité qui vous intéresse et faites une recherche numéro par numéro si possible. Pour avoir la liste des numéros numérisés, cliquez sur Browse this newspaper à côté du nom du journal. Bizarrement, plusieurs éditions d’un journal peuvent être regroupées sous la même date… Aussi, l’option Browse this newspaper n’est pas toujours disponible.

Point positif: les pages se chargent vite sur notre écran.

Imprimer ou sauvegarder ce que l’on voit à l’écran n’est pas possible, à moins de faire des captures d’écran).

Le moteur de recherche donne des résultats incomplets, car beaucoup de pages ne peuvent être traitées par OCR, donc google ne détecte pas les mots-clé qui s’y retrouvent.

Il y a de la publicité à droite de l’écran. Ces pubs changent en fonction des titres des articles sur lequel on clique. Rien de trop dérangeant.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ) met elle aussi en ligne des journaux (Sélectionnez Patrimoine québécois). Google News et la collection numérique de BANQ constituent deux sites à consulter, mais au niveau de la présentation BANQ l’emporte haut la main. Google, par contre, permet de faire des recherches par mots-clés et a numérisé certains journaux qui ne sont pas encore disponibles sur le portail de BANQ.

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