Du Québec au Wisconsin

Sainte-Justine, Bellechasse, Québec

Depuis un certain temps, je m’intéresse à l’émigration des habitants de Sainte-Justine (Bellechasse, QC). La consultation du répertoire des baptêmes, mariages et sépultures de Sainte-Justine 1862-2012 fournit bien des informations à ce sujet. Aux XIXe et XXe siècles, les Justiniens, lorsqu’ils quittaient le village, s’établissaient dans les paroisses voisines, mais aussi en Ontario (Welland, Hearst) ou en Nouvelle-Angleterre. Les Dorval, quant à eux, ont parcouru bien du chemin.

Philippe Dorval et Sédulie Noyer dit Racine se sont mariés le 20 août 1878 à Sainte-Justine. Philippe est le fils d’Hubert Dorval et de Scholastique Morisset et Sédulie est la fille de Laurent Noyer dit Racine et de Catherine Couture. Ils auront au moins 9 enfants, dont 8 naîtront à Sainte-Justine.

Enfants de Philippe Dorval et Sédulie Noyer ayant atteint l’âge adulte:

  • Joseph-Odilon, né le 28 mars 1881.
  • Marie-Delia, née le 7 mars 1883.
  • Evangéliste, né le 26 décembre 1884.
  • Marie née le 28 mars 1892.

Les Cantons-de-l’Est

Les Dorval quittent Sainte-Justine entre 1888 et 1890 pour aller s’établir à Perryboro, Hereford, Compton (Cantons de l’Est) où on les retrouve lors du recensement de 1891. Perryboro, un hameau qui n’existe plus, était situé près de St-Herménégilde. En 1891, d’autres Justiniens habitent Perryboro, dont le frère de Philippe, Hubert Dorval, son épouse Célanire Leblond et leurs enfants ainsi que Joseph Lapointe, son épouse Philomène Leblond et leurs enfants (recensement).

Extrait de Map of the Eastern Townships of the province of Quebec, and adjacent territory, 1884. BANQ cote: G/3452/C35F74/1884/M36 DCA pl G/3452/C35F74/1884/M36 CAR pl

Perryboro (Perryborough) était situé près de St-Herménégilde. A gauche se trouve la ville de Coaticook. Extrait de Map of the Eastern Townships of the province of Quebec, and adjacent territory, 1884. Montréal, E. R. Smith. BANQ cote: G/3452/C35F74/1884/M36 DCA pl
G/3452/C35F74/1884/M36 CAR pl

Selon le recensement de 1891, Philippe est ‘farmer’. Le père de Philippe, Hubert Dorval, habite avec eux. La mère de Philippe, Scholastique Morissette, n’est pas avec eux. Hubert décédera à St-Camille (inhumation à Sainte-Justine) le 11 novembre 1909.

Recensement canadien de 1891. BAC.

Recensement canadien de 1891, Perryborro, Hereford, Québec. BAC.

Le 28 mars 1892, Sédulie donne naissance à Marie Clara (baptisée à Sainte-Edwidge-de-Clifton) mais deux enfants du couple meurent peu après, soit Joseph Arthur (Hile) le 31 mars et Josaphat (Joseph) le 8 avril.

Les États-Unis
Cette même année, les Dorval quittent le Canada pour les États-Unis. En 1900, on les retrouve à Ashland, au Wisconsin.

© les contributeurs d’OpenStreetMap ».

Le repère vert indique où est Sainte-Justine, Qc et le rouge indique Ashland, Wisconsin. © les contributeurs d’OpenStreetMap ».

Selon le recensement américain de 1900, le métier de Philippe est ‘laborer’.

Recensement américain de 1900, Ashland, Wisconsin, ED 8 Ashland Town, page 3 de 15. Family Search.

Famille de Philippe ‘Dorwell’, recensement américain de 1900, Ashland, Wisconsin, ED 8 Ashland Town, page 3 de 15. Family Search.

Bientôt, les enfants Dorval sont en âge de se marier. Delia épouse Anthony Barabe ou Baraba? à Ashland en 1898 et Joseph-Odilon épouse Cora Barabe? en 1903 au même endroit.  Evangéliste a épousé Rose (je n’ai pas encore trouvé où ni quand).

En 1910, Philippe, Sédulie et leurs enfants sont toujours à Ashland, Wisconsin. Philippe est ‘woodsman’ et Evangéliste (qui dorénavant se fait appeler Albert) est ‘teamster’. Je n’ai pas trouvé de traces de Philippe Dorval et de son épouse dans le recensement de 1920 et j’ignore la date et le lieu de leur décès.

Recensement américain de 1910, Ashland, Wisconsin. Family Search.

Recensement américain de 1910, Ashland, Wisconsin. Family Search.

Je continue mes recherches quant aux enfants Dorval. J’ai quand même trouvé quelques informations. Delia Dorval et son époux, Anthony Barabe ont été, d’après les recensements américains, propriétaires d’un magasin général puis d’une épicerie à Mellen, Ashland, Wisconsin. Ils sont enterrés à Puyallup, comté de Pierce, Washington. Je ne trouve rien à propos de Marie après le recensement de 1910. Quant à Evangéliste-Albert et Joseph-Odilon, ils se sont établis, toujours d’après les recensements américains, dans le Minnesota, où ils ont vécu plusieurs années.

Généalogie Philippe Dorval – Sédulie Noyer dit Racine

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Décédée à Markesan, Wisconsin [1892]

Décédée à Markesan, Wisconsin [1892]

Le Progrès de l’Est, 1er avril 1892

NÉCROLOGIE

A Markesan, Wisconsin, au commencement du mois de mars, la mort impitoyable enlevait à l’affection de son époux bien aimé, Dame Caroline Rock épouse de M. E. Manseau, conducteur sur chemin de fer. La défunte était née à Drummondville, province de Québec, en 1836, et était la soeur de feu L. B. Rock, l’un des officiers supérieurs du chemin de fer St. Paul, à Milwaukee. Elle était malade depuis longtemps déjà et, dans l’espoir d’améliorer sa santé, M. Manseau l’avait menée sur les lacs du Canada l’été dernier; ce voyage lui avait procuré un soulagement temporaire, sans cependant amener la guérison et madame Manseau, forte et vaillante jusqu’à la fin, dut se résigner à répondre à l’appel de là-haut. Le Markesan Herald, qui contient une notice biographie de la défunte, dit beaucoup de bien de ses vertus domestiques.

Nos sincères condoléances à M. Manseau dans son malheur.

Caroline Rock a épousé Esdras Manseau le 8 mai 1859 à Nashua, New Hamphsire. Esdras Manseau s’est remarié le 2 avril 1893 à Montréal (St-Jacques-le-Majeur) avec Valérie McDuff, veuve de Joseph-Amable Manseau.

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John F. Vachon, photographe [États-Unis, 1914-1975]

Décès du pionnier Jean-Baptiste Lefebvre [Wisconsin, 1871]

Le Canadien, 6 octobre 1871

« PIONNIER CANADIEN. – Le Times de Superior City, annonce la mort de J. B. Lefevre, vieux voyageur canadien, et le plus ancien habitant blanc de cette ville. Il était très connu comme guide, et il avait accompagné un grand nombre de touristes distingués à travers les prairies et forêts du nord. L’historien Schoolerait [Schoolcraft] et John Jacob Astor avaient voyagés avec lui pendant plusieurs mois. Souvent dans ses excursions, Lefebvre avait été réduit, pour ne pas mourir de faim, à manger de l’herbe et des racines pendant des semaines entières. Une fois, tous ses compagnons périrent sous les flèches des sauvages, et lui-même n’échappa à la mort qu’en restant caché deux jours dans un marais. – Phare des Lacs. »

On trouve quelques pages à propos de Jean-Baptiste Lefebvre dans  »Les Canadiens de l’Ouest, tome 1‘ par Joseph Tassé.

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Le déclin du français dans l’Ouest américain [1919]

La Patrie, 13 août 1919

LE FRANÇAIS DANS L’OUEST AMÉRICAIN MALHEUREUSEMENT DISPARAÎT DE JOUR EN JOUR
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CE QUE NOUS DÉCLARE M. L’ABBÉ ARTHUR BERNARD LEFEBVRE, CURÉ DE SUPÉRIEUR, WISCONSIN, DANS UNE INTERVIEW.
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UN MONTRÉALAIS
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 »Le français disparaît! Je connais de vieux Canadiens dont les enfants parlent à peine notre langue et dont les petits enfants n’en comprennent pas un mot! » Telle est la déclaration que faisait ce matin à la PATRIE M. l’abbé Bernard Arthur Lefebvre, curé de la paroisse de Saint-Louis à Supérieur, Wisconsin.

Extrait de La Patrie, 13 août 1919

L’Abbé Arthur Bernard Lefebvre. Extrait de La Patrie, 13 août 1919

M. l’abbé ajoutait.  »Je fais les plus grands efforts pour remédier au mal, mais l’éducation familiale fait défaut et il est à peu près impossible de réagir avantageusement. »

Depuis quatre ans, M. l’abbé Lefebvre est curé de la paroisse Saint Louis qui compte une population catholique de deux cents familles. Supérieur est une ville cosmopolite par excellence. L’évêque est un Bohémien, Mgr Joseph Maria Koudelka et parle couramment quinze langues. Il y a onze paroisses dont chacune a un curé de nationalité différente des autres. Saint-Louis est la seule paroisse qui doit desservie par un prêtre canadien-français. Son école a à peu près deux cents élèves, et chose curieuse, les Canadiens-français y sont en minorité. Toutes les nations ou guère s’en faut, s’y trouvent représentées. L’enseignement se donne en anglais et une attention spéciale est donnée à l’étude de notre belle langue française.

L’abbé Bernard Arthur Lefebvre est né à Longueuil et son vieux père, M. F.-X. Lefebvre demeure maintenant à l’Hospice Auclair. M. Le curé de Saint-Louis a fait ses études au Collège de Montréal et il compte à Montréal un grand nombre d’amis.

Il a fait le voyage avec le grand vicaire du diocèse de Supérieur, M. William Kubelbeck, D.D. qui a particulièrement admiré notre métropole. Les deux prêtres distingués ont visité Québec, Sainte-Anne de Beaupré, Boston, Portland, Hampton Beach et New-York.

Dimanche prochain, M. l’abbé Lefebvre donnera le sermon à St-Ignace de Stanbridge, dont l’abbé Albert Ducharme est le curé.

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