Bureau de santé
Québec, 8 juin 1832.
Attendu qu’il a circulé divers bruits, qu’il était arrivé à la Grosse Isle un vaisseau dans lequel il y avait plusieurs personnes atteinte du Choléra asiatique. Avis public est par le présent donné, que le Commissaire de Santé s’étant transporté à la Grosse Isle, par l’ordre du Breau, rapporté, que le Brick Carrick, James Midson, maître, de Dubin, arriva au Lazaret le trois courant; Qu’il y avait à bord lors de son arrivée, cent trente-trois passagers, qui toutes [sic] ont été mises à terre, et sont dans l’Hôpital des Émigrés à la Grosse Ile; Que le vaisseau est maintenant à subir les procédés ordinaires de désinfection, et que lors du départ du Commissaire de Santé, le sept courant, il n’y avait pas un seul cas de Choléra Asiatique sur l’Isle.
Par ordre du Bureau,
T A Young, Secrétaire.
Extrait du Canadien, 8 juin 1832.
La population pousse un soupir. De courte durée. Le choléra a fait son apparition.
Qu’est-ce que le choléra?
Selon le Larousse, le choléra, c’est une
Maladie épidémique contagieuse produite par le vibrion cholérique, ou bacille virgule, et caractérisée par des selles très fréquentes, des vomissements, une soif intense, un amaigrissement rapide, des crampes douloureuses dans les membres, un abattement profond avec abaissement de la température, et pouvant se terminer par la mort.
Que s’est-il passé?
L’Amérique, c’est l’espoir d’une vie meilleure pour plusieurs immigrants, surtout Irlandais, qui fuient la misère. Mais avant d’atteindre le port de Québec, plusieurs périssent, suite aux piètres conditions de vie sur les navires. Saleté, mauvaise nourriture, promiscuité, tout ces facteurs sont propices à la maladie, qui mène à un épidémie.
Une station de quarantaine est implantée à Grosse-Ile en février 1832 pour filtrer les immigrants et ainsi empêcher la propagation des maladies. Mais c’est peine perdue. L’épidémie tant redoutée fait des ravages à Québec dès le 8 juin 1832 et à Montréal deux jours plus tard. Il s’agit du choléra aussi appelé choléra asiatique et choléra morbus.
A l’époque, on ne sait pas comment cette maladie se propage. On ne sait pas comment la soigner. Alors, les charlatans apparaissent, les médecins étalent leur science et chacun y va de son remède personnel. Le journal Le Canadien publie régulièrement des articles sur ces remèdes »miracles »: la saignée, les infusions de toute sortes, les bains de pieds à l’eau chaude, l’opium, le brandy, etc.

Le Canadien, 27 juin 1832. Un remède miracle comme tant d’autres. Pour lire la suite du texte, c’est par ici (p.3)
Pendant l’épidémie, le Bureau de la Santé émet régulièrement des directives. On demande d’enterrer rapidement les cadavres (la journée même). De balayer les rues. De désinfecter les vêtements des morts avec de la chloride de chaux. De ne faire ni excès de boisson, ni excès de nourriture. Et le clergé avertit la population par les journaux que le jeûne n’est plus obligatoire.

Des mesures particulières doivent être prises avec les cadavres. Extrait du Canadien, p.2, 18 juin 1832
Le choléra fait aussi des victimes à Montréal et à la campagne. Les journaux publient des lettres de lecteurs relatant les ravages de la maladie. Des décomptes sont publiés régulièrement dans les journaux.
Trop de gens meurent en si peu de temps, ce qui fait que les prêtres n’ont pas toujours le temps de prendre les informations nécessaires à la bonne tenue du registre des sépultures. Plusieurs victimes sont condamnées à mourir dans l’anonymat..
L’été 1832 à Québec a été meurtrier. Entre 1791 et 2753 personnes sont décédées (Réf. Histoire de Québec et sa région, tome 2, p.877). Et deux ans plus tard, ça recommence…
Bibliographie
VALLIERES, Marc et collab. Histoire de Québec et sa région, 3 tomes, Quebec, PUL, 2008, 2200 pages.
GIROUX, Sylvia. [en ligne] Le choléra à Québec, Bulletin du Musée des beaux-arts du Canada 20, 1952, [Page consultée le 26 août 2010] Adresse URL: http://www.gallery.ca/bulletin/num20/giroux1.html
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