Naissance des jumelles Dionne [28 mai 1934]

Les quintuplées Dionne et leur mère

Les quintuplées Dionne et leur mère, 28 mai 1934. Credit: Bibliothèque et Archives Canada / PA-133260

La Patrie, 31 mai 1934
LES CINQ JUMELLES DE MME O. DIONNE

Elles ont envie de vivre – Déjà une offre de cinéastes -Les cadeaux affluent- La maman reçoit les journalistes

CORBEIL, Ont., 31. – (P.C.) – Les cinq jumelles de Mme Ovila Dionne sont en train d’établir un record de ‘longévité ». Elles ont été examinées hier soir, à leur soixantième heure d’existence, et elles gagnaient encore des force. Les médecins en étaient tout estomaqués et se demandaient s’ils rêvaient.

Le docteur A. r. Dafoe a déclaré qu’il avait bonne confiance que les mioches survivraient. Il va sans dire que les jumelles ne sont pas encore bien  »robustes », la plus fortement constituée ne pesant que trois livres et quatre onces à sa naissance.

Après de longues recherches, on a pu trouver un vieil incubateur à l’aide duquel on compte les sauver d’une morte [sic] toujours menaçant. C’est un don d’un journal de Chicago. Un incubateur électrique n’aurait pu être utilisé vu qu’il n’y a pas de fils communiquant avec le logis des époux Dionne. L’appareil est vieux de trente ans et sera expédié aujourd’hui à Corbeil.

Le docteur Dafoe s’occupe actuellement de trouver dans le voisinage des jeunes mères qui consentiront à nourrir les cinq jumelles. Une certaine quantité de lait humain a  été expédié par poste aérienne à la demeure de Mme Dionne.

ONDOYEES

Les cinq fillettes ont été ondoyées hier. Elles ont reçu les noms de Cécile, Yvonne, Marie, Emélie et Annette. La cérémonie régulière du baptême aura lieu plus tard et le public y sera invité. Chaque jumelle a été étiqueté séparément afin qu’on puisse les reconnaîtra suivant leurs noms.

Les cinq enfants sont nourris au compte-goutte au moyen de lait, de sirop de maïs et d’eau.

LA MERE

Mme Dionne était assez bien hier soir pour recevoir les journalistes. Elle leur a montré le premier cadeau qu’elle a reçu, une couverture rose, don du docteur J.-R. Hurtubise, de Sudbury. Peu après elle recevait $25 (un billet de cinq dollar par enfant) du premier ministre Henry et une somme de $10, don du leader de l’opposition provinciale, M. Mitchell, F. Hepburn.

Mlle Yvonne Lemieux, infirmière graduée dont une des jumelles porte maintenant le prénom, a dit que les bébés n’avaient pas été pesés depuis leur naissance, par mesure de prudence. On ignore lequel des enfants est né le premier ni dans quel ordre les autres ont vu le jour.

A L’EXPOSITION?

Une offre de $50,000 a été faite à M. Ovila Dionne pour obtenir la permission d’exposer les cinq jumelles à la foire de Chicago, d’après M. G. I. Green, un marchand qui aurait servi d’intermédiaire. Il prétend que les parents ont accepté pourvu que la chose puisse se faire sans danger. Les enfants seraient transportés plus tard, à Chicago à bord d’un train spécial et sous la surveillance de médecins et infirmières.

Mme Dionne s’est mariée à l’âge de 15 ans. Elle a déjà donné le jour à six enfants, mais séparément. Elle ne parle pas anglais.

RECOMPENSE ROYALE?

OTTAWA. 31. – Mme Dionne aura peut-être droit à la prime royale de trois livres sterling, a-t-on appris ici du département du secrétaire d’état. Les conditions pour obtenir cette prime est d’avoir trois jumeaux ou jumelles et on ne pourrait s’expliquer comment la mère de 5 jumelles n’y aurait pas droit. Quant au gouvernement canadien il n’est pas autorisé à accorder des primes dans des cas semblables.

Rapidement, le gouvernement ontarien retire aux Dionne la garde des jumelles. Elles grandissent à l’Hôpital et Nurserie Dafoe, (surnommé Quintland car le tout avait des allures de parc d’attractions). Les visiteurs, moyennant un prix d’entrée, pouvaient les observer. Elles figurent dans des films, des publicités et les journaux publient régulièrement leurs photographies.  À l’âge de neuf ans, elles retournent dans leur famille.

En 1998, les soeurs survivantes reçoivent une compensation du gouvernement ontarien pour l’exploitation qu’elles ont subie.

Voici quelques photographies publiées dans la Patrie en 1940 et 1941.


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