L’ex-député Joseph-Octave Morin est porté disparu [Abitibi, 1920]

Le 13 octobre 1920, l’ex-député de l’Islet, J.-O. Morin, disparaît mystérieusement à Villemontel, Abitibi, où il possède une scierie.

L’Abitibi, 18 novembre 1920

DISPARITION MYSTÉRIEUSE

Comme nous l’avons déjà écrit, un homme bien connu et estimé, M. J.-O. Morin, ancien député de l’Islet à la législature, propriétaire d’une scierie et commerçant de bois à Villemontel, est disparu depuis le 13 octobre dernier, et n’a pas été revu.

Le 13 octobre avant-midi, il aurait été vu à son moulin: quelques-uns prétendent l’avoir vu au village de Villemontel dans la soirée du 13.

M. Morin devait faire un voyage à Québec; son associé M. Pelletier, et ses employés ne s’étonnèrent pas trop qu’il ne revienne pas, jusqu’à ce que, s’étant informés auprès de sa famille à St-Jean-Port-Joli, ils furent avertis qu’elle n’en avait pas entendu parler. Le frère de M. Morin, inquiet s’en fut à Villemontel, et commença des recherches qui sont demeurées infructueuses. Quelques détectifs et une douzaine de personnes continuent encore ces recherches, et la famille vient de s’adresser au département du procureur général afin d’en avoir de l’aide.

Le représentant spécial de l »Abitibi » envoyé sur les lieux nous communique que quelques jours après que furent commencées les recherches, on trouva, sur le bord de la rivière Villemontel, à quelques arpents du moulin de Morin et Pelletier, à un endroit où déjà l’on avait passé plusieurs fois sans rien y remarquer, le chapeau et le paletot du disparu. Cette découverte laisse supposer que des personnes intéressées à laisser croire à une noyade, sont, après coup, allés déposer ces objets à cet endroit. Il ne fait plus de doute pour personne que M. Morin est mort. Se serait-il noyé accidentellement? la chose ne parait pas possible; la rivière est très étroite; le courant y est très lent; elle fut fouillée pendant plusieurs jours par un grand nombre de personnes, son corps ne fut pas trouvé. D’ailleurs sil s’est noyé accidentellement, pourquoi aurait-il déposé sur le bord de la rivière, son chapeau et son paletot? Il ne peut pas y avoir un suicide, pour les mêmes raisons, et de plus parce que M. Morin, excellent catholique, en bonne position financière, n’avait pas de raison pour s’enlever la vie; d’ailleurs on a trouvé dans la poche de son paletot, des connaissements, pour une valeur d’au delà de trois mille piastres.

Reste l’hypothèse d’un meurtre. M. Morin avait quelques ennemis acharnés, ceci est reconnu; il avait déjà paraît-il, été menacé de coups et de mort.

Ses habits ont été trouvés sur le bord de la rivière, il est sûr qu’ils ont été portés là par quelqu’un autre que lui; son corps n’a pas été trouvé ni dans la rivière ni ailleurs. Tout laisse supposer qu’il a été traîtreusement assassiné, et caché après sa mort. Nous souhaitons que cela ne soit pas, mais tout nous le fait croire.

Une récompense de $1,000,00 a été offerte à celui qui le ramènerait mort ou vivant. Nous espérons que le procureur général ne refuser pas son aide, et que bientôt la lumière se fera sur cette tragédie mystérieuse.

J.-H. P.

Le cadavre de Joseph-Octave Morin a été découvert dans la rivière Villemontel le 20 avril 1921 par un de ses employés, Adélard Thibault. L’enquête conclu qu’il était décédé suite à une syncope (voir l’Abitibi, 28 avril 1921). Il était âgé de 38 ans. Un de ses neveux s’illustrera plus tard en politique.

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