La St-Jean-Baptiste à Minneapolis, Minnesota, en 1883

L’Echo de l’Ouest, 27 juin 1883

CELEBRATION DE LA ST-JEAN BAPTISTE

Hier avait lieu la célébration de la fête de la St-Jean Baptiste, à Minneapolis.

Comme d’habitude, les canadiens de Minneapolis y ont mis tout l’entrain et le patriotisme dont ils sont capables, et l’Association Canadienne Française qui a pris l’initiative de la célébration a fait les choses d’une manière qui mérite les plus grands éloges.

A huit heures a.m. les membres de cette association quittaient leur salle de réunion au dessus de la City Bank et se rendaient à l’église Notre Dame de Lourdes. La messe a été célébrée par le Révd. M.A. Sicard de Carufel, curé de Belle-Prairie, et les Révds. F.X. Chouinard, d’Aurora, Illinois, et M. Letellier de St Just l’assistaient en qualité de diacre et de sous-diacre. Le sermon de circonstance a été donné par le Révd, M. J. Marsil, directeur du Collège St-Viateur, de Bourbonnais, Grove, Illinois, qui a pris pour texte:  »Qui pensez-vous que sera cet enfant?

Minneapolis vers 1886. Library of Congress.

Minneapolis vers 1886. Library of Congress.

Ce sujet lui a inspiré de magnifiques pensées et de superbes développements qu’il a su rendre dans un langage élégant et facile. Orateur et poète, il a charmé et enlevé ses auditeurs.

On remarquait au choeur les Révérends C.S. Dagneau et J. Goiffon.

Pendant la messe, il y a eu collecte par M. Marcoux et Mademoiselle St-Hilaire, M. Lacroix et Mademoiselle E. Houle.

La partie musicale, sous l’habile direction de M. le professeur Rousseau a été parfaitement bien exécutée. Immédiatement après la messe, le président de l’Association Canadienne a présenté au Révd. Z. L. Chandonnet, curé de Notre Dame de Lourdes une adresse à laquelle ce dernier a répondu en termes très heureux: il a souhaité succès et prospérité à la société, mais pour cela, dit-il, il faut que ses membres et ses officiers soient animés de l’esprit de foi, d’humilité et surtout de désintéressement.

La procession a commencé alors à défiler dans l’ordre suivant:

Un peloton de gendarmerie.
Un corps de musique canadien.
Les citoyens de Minnéapolis.
Les membres de l’Association Canadienne Française;
Les membres du clergé en voitures.

Rendu à l’Hôtel de ville, le président a lu au maire l’adresse suivante:  »C’est un grand plaisir pour moi, au nom de la Société St-Jean Baptiste, et des Canadiens Français de Minnéapolis, de vous exprimer, comme au premier magistrat de toutes les nationalités qui vivent dans notre cité si belle et si prospère, leurs souhaits les plus sincères pour la continuation de la prospérité et du bonheur de ses citoyens.

Ce jour est un jour de réjouissance pour les Canadiens Français. Il rappelle à leur mémoire le souvenir de nos pères qui, au milieu de leurs combats pour les libertés civiles et politiques, fondèrent cette association sous le patronage de St-Jean Baptiste, et nous, aujourd’hui, nous rendons hommage à son nom pour les réformes obtenues. Nous avons en vue la grandeur des exploits de nos ancêtres qui les premiers, vinrent planter dans le sol vierge de ce désert, maintenant notre glorieux Etat, les premiers germes de la civilisation et de la foi chrétienne.

Quoique la mémoire de notre terre natale soit encore vivace dans nos coeurs, nous aimons notre patrie d’adoption arrosée par le sang de nos ancêtres, et où nous jouissons de ces privilèges toujours chers à ceux qui aiment la justice et la liberté.

Le drapeau étoilé et le drapeau tricolore de la France, bannières de beauté et de liberté que nous déployons aujourd’hui dans nos rangs représentent l’immortel Washington et les nobles exploits du général Lafayette et de son armée de braves qui avaient embrassé la cause américaine.

M. le maire, nous faisons des souhaits de bonheur et de prospérité pour vous et pour le peulpe [sic] au milieu duquel nous sommes si fiers de vivre. »

Le Maire, dans sa réponse, a félicité les Canadiens Français de Minnéapolis de leur admirable conduite comme citoyens, et leur a souhaité un beau jour pour la célébration de leur fête patronale.

La procession a défilé ensuite par l’avenue Hennepin jusqu’à la Quatrième rue qu’elle a suivie jusque, à l’avenue Nicollet, puis par l’avenue Nicollet jusqu’à l’avenue Washington, et de là à la première avenue et à la troisième rue sud. Les chars moteurs ont ensuite transporté environ 1000 personnes au lac Calhoun où avait lieu le pic-nique. Inutile de dire qu’au lac Calhoun la joie a été complète et que tous ont profité des amusements mis à leur disposition par les organisateurs de la fête.

Après un magnifique banquet, a commencé la série des discours patriotiques. Ont adressé la parole: les Révds. PP. Dagneau, Letellier, Goiffon, de Carufel, Chandonnet et MM. Demeules, Faubert, Brunelle, Boucher, St-Hilaire et Pelletier. L’éloquence était au diapason du patriotisme,et les applaudissements n’ont pas manqué. Enfin à 6 heurse P.M. les excursionnistes revenaient à Minnéapolis, enchantés de leur journée, et se proposant bien de recommencer l’année prochaine.

Le temps a favorisé la fête. Les quelques nuages qui obscurcissaient le firmament dans l’avant midi se sont évadés, et tout le reste du jour a été clair, brillant et doux.

La journée s’est terminée par une représentation dramatique au Turner Hall, donné par les  »amateurs Canadiens » de Minnéapolis. On y a joué la Malédiction, drame très émouvant, et le Divorce du Tailleur, pièce comique qui a soulevé tout le temps les rires de l’auditoire.

Les spectateurs, malgré les fatigues de la journée, étaient très nombreux. Ils ont voulu faire voir aux jeunes amateurs qu’ils savaient apprécier leurs talents, et les encourager à persévérer dans leurs efforts. En effet, les deux pièces ont été très bien rendues, et ceux qui ne savent pas que ces jeunes gens ne s’occupent de théâtre que pour se divertir et amuser leurs compatriotes, croiraient réellement entendre une compagnie organisée depuis de longues années.

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7 réflexions au sujet de « La St-Jean-Baptiste à Minneapolis, Minnesota, en 1883 »

  1. 🙂 J’ADORE ce genre de retour dans le temps, ce genre de mini capsule qui nous replonge dans un autre âge. On ferme les yeux, puis on se laisse transporter par l’imaginaire…

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  2. Je viens de lire « The French Regine in The Great Lakes Country » par Louise Phelps Kellogs
    Wow! Je n’ai que des eloges. On peut etre fier de nos ailleux, ils n’etaient pas tous des bigots ou des laches tel que certains « leaders » mis en place a Quebec et a travers la colonie par le roi de France de l’epoque.

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