L’évasion du patriote Louis Bourdon [1843]

Suite aux Rébellions de 1837-38, 58 patriotes furent déportés en Australie. La plupart rentrèrent au pays après avoir été graciés en 1843. Un patriote réussit pourtant l’exploit de s’évader et de revenir au Bas-Canada. Il s’agit de Louis Bourdon (portrait ici).

Le Canadien, 5 juin 1843

La Minerve publie l’extrait suivant d’une lettre de la frontière en date du 27 mai:
« Monsieur, -Hier soir est arrivé chez moi un de vos pauvres exilés à la terre d’Australie; forcé de s’arrêter au seuil de la patrie, nous lui avons offert avec joie le peu qui nous fait vivre et le repos après de si rudes tempêtes.

« C’est Louis Bourdon, de St-Césaire, où se trouve son épouse avec leurs deux enfants. Il vient de les informer de son arrivée ici, et veut bien me permettre de vous donner cette connaissance, se réservant de donner sur chacun des exilés les renseignements qu’on lui demandera; il me prie de vous le marquer. Un baleinier français fesant la pêche sur les côtés de la Nouvelle-Hollande, offrir au jeune homme le moyen de rompre son ban. Dans ce moment monseigneur Polding était attendu, et son arrivée était regardée déjà par les déportés comme le terme de leurs souffrances. C’est ce que fit que L. B. se livra seul à la générosité de l’officier français. Deux de ses compagnons d’infortune refusèrent ce moyen: « nous allons être graciés, disaient-ils, et nous serons avant vous au Canada! »

« Le 10 septembre dernier, L.B. se jeta à bord du navire qui devait faire voile de suite; il ne partit que le 13, et ces trois jours furent une dure prison pour notre jeune homme qui eut à souffrir pour se dérober aux recherches de la police. Le navire prit sa route par l’Océan Pacifique, doubla, en janvier, le cap Horn, par le 63me degré de latitude méridionale, à travers les glaces où ils coururent les plus grands dangers; longea les côtes d’Amérique jusqu’à Rio de Janeiro, où il aborda le 7 mars. Le baleinier fit voile pour la France après 19 jours, et au bout d’un mois, L.B. prit le navire Russian, cap. Simpson, à qui il fut recommandé par l’officier français du baleinier. Débarqué à New-York le 20 mai, il prit de suite le chemin de la patrie, et s’arrête…

« Ce bonheur de recevoir un enfant de l’exil, vous appartiendrait sans doute, si le moment que vous appelez tous était arrivé. En attendant donc qu’il arrive, sentinelle avancée, nous montrons de tout prè sà ses enfants proscrits, pour les consoler, la patrie qui les voudrait; c’est de la joie sans doute encore, mais elle est mêlée d’amertume, c’est celle que les malheureux éprouvent dans leur consolation. S’ils ne peuvent encore se rendre au sein de leur famille, au milieu de leurs amis, nous adoucirons, par la pensée de Dieu, le souvenir des maux endurés, et nous jeterons sur leur avenir cette espérance que nourrit tout le Canada, le rappel prochain de ses enfants. Deux Canadiens étaient morts sur la terre d’exil: Gabriel Chevrefils et Louis Dumouchel, de Chateaugay.

[…]
Votre très-humble et très obéissant serviteur,
***

« P.S. Ce capitaine français dans son voyage sauva, au milieu de l’océan, tous les passagers du bâtiment anglais en feu, India; 18 périrent, 216 furent sauvés. »

Par la suite, Louis Bourdon fut le premier maire de Farnham (1855) et décéda le 17 août 1863 (courte notice biographique, ville de Farnham).

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5 réflexions au sujet de « L’évasion du patriote Louis Bourdon [1843] »

  1. Bonjour,
    L’histoire de ce patriote est très intéressante, d’autant plus que Louis Bourdon est mon ancêtre.
    Vous avez certainement d’autres informations sur Louis Bourdon ?
    J’apprécierais beaucoup partager ces informations avec vous.
    Merci à l’avance.
    Geneviève Bertrand
    Guycrepau@hotmail.com

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  2. Bonjour, j’ai essayé de vous contacter à l’adresse que vous avez laissé, mais ça n’a pas fonctionné. Alors, en somme, je vous écrivais que vous pourriez consulter le livre Le patriote Louis Bourdon : premier maire de Farnham, Québec, de 1855 à 1863 par Alban et Marcelle Berthiaume , vous y trouverez sûrement beaucoup d’informations.

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  3. Bonjour et merci pour l’information sur le livre de M.Berthiaume.
    Cependant , je connais bien ce document, auriez-vous d’autres références à me communiquer ?
    La lettre de La Minerve ou du journal Le Canadien dont vous faite mention dans votre texte,
    est-ce possible de savoir dans quel document vous l’avez pris ?
    Merci à l’avance
    Geneviève Bertrand

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  4. Malheureusement, je n’ai pas d’autres références à vous donner. Pour voir le texte original, cliquez sur ‘5 juin 1843 au début de ce texte et allez à la page 3, en haut.

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