La gratuité scolaire [1909]

Enfants et leurs institutrices à l'extérieur d'une école de rang . - [Vers 1915]

Enfants et leurs institutrices à l’extérieur d’une école de rang . – Vers 1915 BANQ Cote : P19,S2,D17 Fonds Richard Ritchie

L’Action sociale, 9 octobre 1909

LA GRATUITÉ

La gratuité scolaire!

On commence à faire miroiter cette utopie devant les masses et, il n’y a pas longtemps encore, elle était favorablement accueillie par un groupe d’ouvriers réunis en congrès.

Ca ne vous coûtera rien, disait-on, et cette affirmation a toujours tant de succès!

Mais, en réfléchissant un peu, il faut bien finir par se demander qui paiera les frais de cette école où l’on se flatte d’envoyer les enfants sans rien payer. Car, enfin, onne peut prétendre que les maisons qui abritent des élèves s’élèveront sans frais, et s’entretiendront de même: ni que les instituteurs vivront d’air et de dévouement: ni que les livres s’imprimeront seuls et sans que des typographes, des pressiers, des marchands de papier, tous gens qui ont besoin de se loger, de se nourrir et de se vêtir, y mettent un peu la main.

L’enseignement coûtera donc quelque chose, et quelque chose qui augmentera d’année en année puisqu’on désire, fort légitimement d’ailleurs, que les classes soient de plus en plus spacieuses, de mieux en mieux aménagées, et les professeurs de plus en plus payés.

Qui paiera?

On taxera, disent ceux que la perspective de la gratuité éblouit. On taxera, et mon voisin célibataire, qui dépense tous ses revenus à se couler la vie douce paiera, et mon autre voisin, qui n’a pas d’enfants et possède une grosse fortune, fournira lui aussi sa part.

Très bien; mais il n’y aura pas que le célibataire et le ménage solitaire qui paieront. L’impôt sera réparti sur tous, sinon directement, du moins indirectement. On aura peut-être l’habileté de ne pas augmenter la taxe scolaire actuelle, ou même l’abolir, mais on tirera d’ailleurs les revenus suffisants pour parer à la nouvelle charge que l’Etat aura assumé.

Chaque verge d’étoffe coûtera quelques sous de plus, le prix de certaines denrées augmentera, et le coût de la vie, déjà si élevé depuis quelques années, montera encore.

Le célibataire et le ménage riche s’en sentiront bien, comme les autres, mais le pauvre, qu’on prétend soulager par l’école gratuite, par les livres gratuits, en souffrira aussi.

Auparavant il avait l’avantage, tout en vivant à meilleur marché, de faire instruire les enfants pour un prix minime, et même sans que celui lui coûte rien. Maintenant il jouira bien du même avantage, – en apparence-, mais le surcroît de taxe nécessité par le nouvel état de choses, il lui faudra le payer, non seulement pendant que ses enfants fréquenteront l’école, mais même avant qu’ils aient l’âge d’y aller, et encore après qu’ils en seront sortis.

Qui gagnera au change? quelques fonctionnaires, quelques fournisseurs, et c’est tout?

Il y a même quatre-vingt chances sur cent pour que le nouveau système grève très lourdement le budget, car on sait que les entreprises de gouvernement, on se mêle presque toujours un peu de politique ou de favoritisme, coûtent plus cher que les entreprises privées, surtout celles de plusieurs communautés où l’enseignement est donné à un prix presque nominal, et les livres imprimés à un bon marché exceptionnel.

Les faits prouvent bien cet avancé: Avant que la gratuité complète fut mise en pratique en France, le budget scolaire était de 116,403,520 francs (année 1881); en 1903, ce budget est monté à plus de 330 millions. Et cependant les statistiques montrent que de 1885 à 1895 le nombre des élèves des écoles primaires a diminué de plus de 210,000 dans les écoles gratuites de l’Etat. (1).

Voilà donc comme l’école, soi-disant gratuite, est en réalité plus onéreuse. Mais elle a bien d’autres inconvénients dont nous reparlerons car il y a lieu de revenir sur ce sujet d’un intérêt palpitant.
__

(1) Turlin: Budget de l’Enseignement primaire.

Jules Dorion.

Billets reliés

Faciliter l’éducation au Bas-Canada [1821]

Étudier au séminaire en 1896

Le salaire des enseignants en 1900

Des commissaires scolaires incompétents? [St-Gervais, 1845]

L’instruction des sourds-muets [1831]

En 1913-1914, que voulait-on que les jeunes Canadiens-français lisent?

11 réflexions au sujet de « La gratuité scolaire [1909] »

  1. Trouvé…

    Notice biographique/Histoire administrative
    Richard McCullough Ritchie est né à Aylmer le 25 décembre 1851, fils de Robert Ritchie et de Mary McCullough. Il travaille d’abord comme mesureur de bois et comptable pour des entreprises forestières. Le 8 novembre 1876, à Portage-du-Fort, il épouse Frances Grout, fille de Raph Grout; ce dernier, un américain du Massachusetts, s’est fait connaître comme marchand de bois dans la région de Hawkesbury puis, après 1840, à l’Île du Grand-Calumet; il s’installe à Bryson en 1861 à la suite de la construction d’une glissoire sur l’Outaouais et y construit, en 1876, « Forest House ». Après son marriage, Richard Ritchie devient le propriétaire de « Forest House » et en fait un lieu très couru des villégiateurs, sportifs et hommes d’affaires. Après la mort de Frances Grout (25 mars 1885), Richard Ritchie se remarie à Hull le 23 septembre 1885 avec Anna Elizabeth Hurdman (28 juin 1862 – 13 août 1959), fille d’Henry Hurdman (1816-1907), fermier prospère du canton d’Eardley. Homme d’affaires, Richard Ritchie est actionnaire de la Grand Calumet Mining Company, de la Calumet Mining Company et de la Tancredia Mining Syndicate Company. Il meurt le 28 août 1940 .
    Historique de la conservation/Source immédiate d’acquisition
    Les documents ont été acquis de Madame Janet Smith, petite-fille de Richard Ritchie, en septembre 1998, à la suite de la vente en 1998 de la maison familiale, la ferme Ritchie, située à Luskville (Qc) .

    J’aime

  2. Selon BMS 2000 il a été aussi marié à Anna Elizabeth Hurdman le 23 septembre 1885 à Hull.
    Je voulais voir s’il avait des liens avec les ancêtres Ritchie sur lesquels j’avais écrit.

    J’aime

  3. On serait donc dans la région de Hull avec cette photo. En passant, j’aurais dû lire mon texte que j’ai copié collé…

    Après la mort de Frances Grout (25 mars 1885), Richard Ritchie se remarie à Hull le 23 septembre 1885 avec Anna Elizabeth Hurdman (28 juin 1862 – 13 août 1959), fille d’Henry Hurdman (1816-1907), fermier prospère du canton d’Eardley.

    Désolé

    J’aime

  4. Autre copié-collé…

    Portée et contenu
    Ce fonds documente la vie économique et sociale du village de Bryson (Comté de Pontiac) et témoigne des activités professionnelles et familiales de la famille Ritchie de Bryson. Le fonds se compose de registres d’un établissement hôtelier de Bryson appelé « Forest House » dont Richard Ritchie était propriétaire et de registres de compagnies minières (Calumet Mining Company, Grand Calumet Mining Company, Tancredia Mining Syndicate Limited) dont Richard Ritchie était actionnaire. On y trouve aussi des photographies portant sur Bryson et les environs : « Forest House » et maison Hurdman de Bryson; construction de la route Bryson – Campbell’s Bay, construction du pont Bryson – Île-du-Grand-Calumet, « Bryson Red Cadets », transport d’eau à Bryson, bateaux (traversiers), dirigeants et travailleurs de la Calumet Mining Company et de la Grand Calumet Mining Company, enseignante et élèves, et membres de la famille Ritchie. S’y trouve également un plan du township de Litchfied ainsi que des croquis de plans relatifs à un crime commis dans le canton d’Huddersfield .

    La réponse doit être là.

    J’aime

  5. Ping : Bloguer ou ne pas bloguer » Megurine à vélo vers la Red House

  6. Dans ce cas-ci, non. Je me base sur cette page-ci http://www.banq.qc.ca/outils/droit_auteur_avis_integrite/index.html « Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) permet, sans autorisation particulière, l’utilisation des contenus de son portail Internet à des fins éducatives, d’étude privée ou de recherche, à la condition que la source des images ou des textes soit bien indiquée. » Ce blogue-ci est éducatif. Ceci-dit, si BANQ me demande de retirer la photo, pas de problème, mais je crois que dans ce cas-ci, le droit d’auteur est expiré.

    J’aime

  7. J’utilise également des photographies de BAnQ dans un blogue et j’obtiens soit une autorisation d’utilisation, soit une licence. C’est gratuit.

    J’aime

Les commentaires sont fermés.