La petite histoire du crime: la bande à Chambers (Québec et sa région 1831-1835) Première partie

un véritable règne de terreur avait affolé la ville [de Québec] et ses environs. Toute une organisation de bandits, qu’on appelait les brigands du Carouge, avait durant je ne sais combien de temps, tenu la population en alerte et mis au défi tous les efforts et toutes les recherches de la justice. A chaque instant, on signalait de nouveaux crimes dont les auteurs restaient insaisissables. Ce n’étaient que vols à main armée, que meurtres atroces, que maisons pillées, qu’églises saccagées, que sacrilèges inouïs.

Louis Fréchette, Mémoires intimes, p. 100

Estampe | La basse-ville de Québec, depuis le parapet de la haute-ville, 1833 | M22020

La basse-ville de Québec, depuis le parapet de la haute-ville, 1833 James Pattison Cockburn (1779-1847) 1833, 19e siècle

C’est en ces termes que Louis Fréchette évoque le souvenir de la bande à Chambers, des bandits qui ont marqué les annales du crime du Bas-Canada. Nous allons d’abord présenter les membres du gang, puis leurs crimes pour ensuite nous attarder  au destin (oh combien mystérieux) de deux d’entre eux.

La bande

On ne connait pas avec précision le nom de tous les membres du gang à Chambers. Les sources ne s’accordent pas sur leur nombre. Par exemple, Georges Gale prétend qu’il y en avait 19 (Réf).  Pierre-Georges Roy (Réf)  mentionne six comparses.

  • Charles Chambers, le chef, marchand de bois, né v. 1805 ou 1813, époux de Julie Gagné et frère de Robert Chambers, futur maire de Québec de 1878 à 1880.
  • George Waterworth, marchand de bois
  • Nicolas Mathieu
  • François-Joseph Lemire
  • Pierre Gagnon
  • James Stewart (probablement assassiné par Charles Chambers en 1835)

Source:

http://www.ourroots.ca/f/page.aspx?id=691923

Certains documents mis en ligne par Bibliothèque et Archives nationales du Québec font aussi mention de Joseph Hamel et Egleson Knox.

Crimes qu’on leur impute

 

 

  1. 16 juillet 1831. Meurtre des Griffiths (Griffin). François-Réal Angers dans Les Révélations du crime ou Crambray et ses complices soutient que Chambers et ses accolytes sont responsables du meurtre, tandis que Pierre-Georges Roy et Auguste Béchard (Histoire de l’Ile-aux-Grues) penchent pour deux employés des Griffin. Angers situe le crime en 1835, alors qu’il a eu lieu en 1831. Il s’agit  d’une affaire non résolue.
  2. 1834-1835. Deux vols chez un vieillard de l’Ile d’Orléans.
  3. 3 novembre 1834. Vol au bureau de monsieur Atkinson, marchand à Québec.
  4. 3 février 1835. Vol chez le vieillard Paradis à Cap-Rouge.
  5. 9 au 10 février 1835 Vol d’objets liturgiques (vases sacrés, statuettes, candélabre, lampe du sanctuaire) à la chapelle de la Congrégation (20 rue Dauphine) puis vol au bureau de George Holmes Park
  6. 16 mai 1835. Le capitaine Louis Sivrac est gravement blessé durant un vol qui tourne mal. Il a 82 ans et est gardien du phare de l’Islet. Il expire 8 jours plus tard suite aux mauvais traitements qu’il a subit.
  7. 22 mai 1835 Vol de divers objets (bijoux, argenteries) chez madame Montgomery, une veuve, à Cap-Rouge.
  8. Juin 1835. Assassinats de deux habitants à Château-Richer (pas de date). Pierre-Georges Roy précise qu’il n’y a pas de preuves écrites du meurtres et que la tradition n’a pas retenu le nom des victimes. Selon l’abbé Casgrain, dans Histoire de la Paroisse de l’Ange-Gardien (1902) ces deux victimes se nommaient Jacques Huot et J. Trépanier (Réf.1. Et Réf. 2)

A posteriori,

on leur attribua la plupart des meurtres inexpliqués commis dans la région de Québec de 1834 à 1837. (Réf).

La bande choisit ses victimes parmi les gens âgés, réputés riches et vulnérables. Elle n’hésite pas à recourir à la violence pour parvenir à ses fins.

C’est le vol à la chapelle de la Congrégation qui va signer la perte de Charles Chambers et de sa bande…

(à suivre)

Le prochain billet traitera des tentatives de la justice pour coincer Charles Chambers et ses alliés, du destin de Charles Chambers et de son complice Nicholas Mathieu et de la bande à Chambers dans la littérature.

Pour lire la deuxième partie de ce billet, cliquez ici.

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