A-t-on baptisé un ou deux enfants? [Saint-Sébastien, 1901]

Le Courrier de Saint-Jean, 8 février 1901

UN ENFANT EXTRAORDINAIRE ET MONSTRUEUX

Il a été offert à quelques citoyens de notre ville de voir jeudi dernier, un enfant nouveau genre.

Quoique mort depuis 8 jours, le cadavre était parfaitement conservé. Imaginez-vous, un enfant mâle pesant 15 livres, mesurant 19 pouces de longueur, les membres sains et bien conformes.

Chose extraordinaire, l’enfant avait deux têtes, trois bras, quatre mains, deux poitrines (un peu confuses), un abdomen, deux jambes, deux pieds, le reste du corps était simple, le tout parfaitement modelé.

Ce petit phénomène n’a vécu que quelques instants. Il a été constaté que les deux bouches respiraient. Cependant on a pu entendre qu’un seul coeur battre.

L’explication d’une conformité aussi extraordinaire reste problématique.

L’enfant aurait vécu la vie ordinaire d’après l’opinion des médecins MM. les Drs Sabourin, Bouthilier et Dupuis, qui l’ont examiné.

Quelle curiosité, il eut fait, s’il eu vécu.

Les parents de l’enfant appartiennent à une brave famille de la paroisse de St-Sébastien, dans le comté d’Iberville; le père Xyste Labonté âgé de 29 ans; la mère Evelina Côté, âgée de 21 ans, sont mariés depuis deux ans, cet enfant était leur second. Leur premier un garçon est bien conforme et a bonne santé.

Le père est de taille moyenne et assez robuste. La mère est une femme forte, grosse grasse et vigoureuse.

Nous n’avons pu savoir si l’on a baptisé qu’un enfant, ou deux enfants, vû qu’il y avait deux têtes et probablement deux coeurs, par conséquent deux âmes. Les théologiens pourront nous dire si un seul baptême était suffisant.

Pour la réponse, voir l’acte du 2 février 1901, paroisse Saint-Sébastien.

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Deux siamoises sont nées [Saint-Benoît, 1878]

Des siamoises sont nées

Le 29 janvier 1878, le curé de la paroisse Saint-Benoît (auj. intégrée à Mirabel) a consigné dans les registres une naissance qui sort de l’ordinaire.

Voici ce qu’il a écrit:

‘Le vingt neuf janvier mil huit cents soixante et dix huit, nous prêtre soussigné avons baptisé deux enfants jumeaux (ou mieux, deux enfants qui n’ont qu’un seul corps et deux jambes; les deux têtes et les deux poitrines sont bien distinctes, très régulières, ne renferment aucune difformité nuisible. Les bras de chaque enfant sont naturels et se meuvent facilement. Les épaules sont aussi naturels et ne présentent aucune irrégualrité. Les poitrines de chaque enfant sont jointes [rayé: Jean Baptiste Drouin] ensemble par un corps ayant la forme d’un cylindre. La tête de chaque enfant se trouve à chaque extrémité de ce cylindre, en sorte que l’on croit voir deux enfants couchés en sens opposé. Au milieu du petit corps en forme de cylindre en joint ensemble les deux poitrines, parait une petite excroissance qui semble être l’abdomen des deux enfants. Là se trouve le conduit pour évacuer. Chaque coté de cette croissance ou abdomen sont placées les deux jambes qui sont perpendiculaires avec le corps; en sorte que les deux cuisses de chaque jambes forme avecla patroine de chaque enfant enfant un angle droit. On ne peut dire de quel sexe ils sont. D’après le rapport d’une sage-femme, l’on peut croire que l’un appartient au sexe féminin. L’on ne peut rien assurer touchant l’autre. Ils ont été baptisés sous les noms de Rose et de Marie. – Les deux enfants sont issus du légitime mariage de Lin Drouin, cultivateur, et d’Eleonore Sauvé. Le parrain de l’un et de l’autre a été Jean Baptiste Drouin, cultivateur, et la marraine, Getrude Latreille, qui avec le père n’ont pu signer.

M. Tassé ptre (Maxime Tassé)’

Des siamoises sont nées.

Exhibition

La Minerve, 18 mars 1878

La Minerve, 18 mars 1878

Âgées de quelques semaines, les jumelles sont présentées pendant quelques jours au public du St. Lawrence Hall à Montréal.

La Minerve, 30 mars 1878

« Les enfants jumeaux à deux têtes, exhibés rue Ste. Catherine depuis quelques jours, ont été transportés au St. Lawrence Hall, où ils pourront être vus dans les dix jours, à compter d’aujourd’hui 28 mars. Passé ce temps, ils seront transférés aux États-Unis.

Entrée: passage des Dames.

Admission 50 cts.

J.B. Sauvé et Cie, Gérants. »

La Minerve, 1er avril 1878

« Le phénomène. – Les enfants jumeaux exhibés maintenant par MM. Sauvé et Cie, à la salle d’entrée du St. Lawrence Hall, attirent beaucoup de monde. Ce curieux phénomène mérite sans aucun doute d’être vu. Le prix est de 25 centins au lieu de 50.  »

Aux États-Unis

Les jumelles sont ensuite exhibées à New York. Plusieurs articles sont publiés à leur sujet dans la presse états-unienne.

The Hartford herald., 29 mai, 1878

The Hartford herald, Kentucky, 29 mai, 1878

Extrait The New Bloomfield, Pa. times., July 02, 1878, Page 8, Image 8

Extrait The New Bloomfield, Pa. times., 2 juillet, 1878, Page 8.

The Democratic press., 11 juillet, 1878, Image 4

The Democratic press., 11 juillet, 1878, (pour lire l’article au complet, cliquez sur l’image)

Après quelques semaines, les jumelles sont emmenées à Philadelphie pour être examinées par le docteur William H. Pancoast du Jefferson College.

Burlington weekly free press., 8 Novembre, 1878, Image 3

Burlington weekly free press., 8 Novembre, 1878, Image 3

Le docteur conclut que les chances de survie des fillettes sont aussi bonnes que celles des enfants du même âge.

Malheureusement, les fillettes n’eurent pas la chance d’atteindre l’âge adulte comme les frères Eng et Chang Bunker. Elles sont décédées le 28 juillet 1879. L’inhumation eut lieu le 17 mars 1880 (Nos Origines).

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Les frères siamois Eng et Chang Bunker visitent Québec [juillet 1835]

Les jumeaux Chang et Eng Bunker (non-daté). Source: wikipédia

Au XIXe siècle, il était courant d’exhiber, lors de tournées, des gens atteints de difformités, de maladies rares, bref, des gens à l’apparence différant de ce qui était considéré comme étant la normale.

Les frères Eng et Chang Bunker avaient la particularité d’être des frères siamois.

Nés au Siam (Thaïlande) en 1811,  ils quittèrent leur pays en 1829, s’exposant pendant près d’une décennie à la curiosité des spectateurs des Caraïbes, du  Canada et des États-Unis.   A la fin des années 1830, ils décidèrent de cesser la vie de tournée pour s’établir sur une ferme en Caroline du Nord. Ils épousèrent en 1843 deux soeurs, Adelaide et Sarah Yate et ils eurent 21 enfants. Les frères Bunker décédèrent le 17 janvier 1874.

En 1835, les jumeaux s’arrêtèrent à Montréal puis à Québec dans le cadre de leur tournée.

Voici deux articles publiés dans le journal Le Canadien de Québec. Vous noterez que l’on tente visiblement de rassurer les éventuels visiteurs quant à l’apparence des frères Bunker.

La Minerve, 20 juillet 1835

Le Canadien, 25 juillet 1835

On remarquera que les JUMEAUX SIAMOIS sur lesquels nous avons publié une notice dans une de nos dernières feuilles, sont arrivés en cette ville, et qu’ils reçoivent les visiteurs au City Hotel, près de l’église Ecossaise. Ces jeunes gens n’ont rien dans leur physique qui puisse affecter les personnes les plus nerveuses.

Le Canadien, 24 juillet 1835

Le Canadien, 29 juillet 1835

Les JUMEAUX SIAMOIS continuent à recevoir les visiteurs, qui se rendent tous les jours en grand nombre aux logemens qu’ils occupent. Nous apprenons qu’ils doivent partir de cette ville Samedi prochain, de sorte que ceux qui n’ont pas encore vu la curiosité naturelle qu’offre leur union, n’ont pas de temps à perdre. Nous les avons visités et nous pouvons joindre notre témoignage à ceux de tous les autres Journalistes, en disant que ce phénomène n’offre rien de repoussant à l’oeil; qu’au contraire la parfaite union d’esprit et de volonté qui parait régner entre les deux frères, le bonheur qu’ils avouent eux-mêmes goûter dans leur état, tout cela est bien loin de laisser dans l’esprit aucune impression pénible.

Un article sur Eng et Chang Bunker est aussi paru dans le Quebec Mercury du 25 juillet 1835.

Vous connaissez maintenant l’origine du terme frère siamois.

Pour en savoir plus: Exposition virtuelle de l’Université de la Caroline du Nord sur les frères Bunker (en anglais) http://www.lib.unc.edu/dc/bunkers/ On peut voir ici les honoraires qu’ils ont reçu pour leur prestation à Montréal et à Québec (p. 26 et 27).

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