Histoires de loups-garous

Extrait de l’Almanach du peuple publié par Beauchemin, 1900. Illustration: Henri Julien

Sur le site de la Bibliothèque électronique du Québec, on retrouve le recueil Histoires de loups-garous qui contient des histoires écrites par Wenceslas-Eugène Dick, Charles-Marie Ducharme, Honoré Beaugrand, Louvigny de Montigny, Louis Fréchette, Pamphile LeMay et Benjamin Sulte.

Aussi, allez jeter un coup d’oeil à la série Créatures fantastiques de Bryan Perro (Radio-Canada)

Tremblez lecteurs, surtout si vous n’avez pas fait vos Pâques!

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Extrait de la Minerve, 23 janvier 1876

UN SCANDALE DANS LE GRAND MONDE

Photographie | Mme William MacKenzie, Montréal, QC, 1871 | I-63833

Mme William MacKenzie, (Jean Crawford  »Nina » Allan, fille de Hugh Allan) Montréal, QC, 1871 

Il n’était bruit vendredi après-midi et samedi, que du brusque départ aux États-Unis de Mme William MacKenzie et de M. Brydges, fils de l’ancien président de la Compagnie du Grand Tronc. Nous aurions voulu passer sous silence ce triste événement qui a plongé dans la désolation plusieurs familles anglaises des plus honorables, mais les journaux du soir s’étant emparé de l’affaire, le service de la presse associée l’ayant fait connaître aux quatre coins de l’Amérique du Nord, nous croyons devoir en entretenir nos lecteurs.

Nous laissons toute la responsabilité de nos renseignements aux journaux anglais du soir; voici ce que dit le Star au sujet de cette affaire.

M. Frederick William Brydges, fils unique de M. C. J. Brydges, associé d’une maison de Philadelphie, qui s’occupe de la construction des ponts en fer, était dans les meileurs termes avec la famille de M. William McKenzie, de cette ville. Il paraît qu’il noua une intrigue avec Mme MacKenzie, qui est âgée de vingt cinq ans seulement, et mère de quatre enfants. Elle abandonna son domicile, jeudi après-midi, accompagnée de deux enfants, et prit le train de New York; M. Brydges la rejoignit durant le trajet.

Photographie | Mme MacKenzie dans la serre des Allan, Montréal, QC, 1871 | I-63635

Mme MacKenzie dans la serre des Allan, Montréal, QC, 1871

En arrivant dans cette ville, vendredi matin, ils se firent conduire à l’hôtel de la Cinquième Avenue, mais peu après ils eurent la visite du surintendant Wailling de la police de New York, qui avait reçu une dépêche télégraphique et qui les mit en état d’arrestation, mais quelques heures plus tard, ils furent mis en liberté par la Cour de Police des  »Tombes », les preuves étant insuffisantes pour motiver leur détention. Les frères et le beau-frère de la fugitive sont partis vendredi à leur poursuite, ils ont dû arriver samedi matin à New York.

Mme Mackenzie est fille de M. Andrew Allan, cette famille rencontre dans son malheur les plus vives sympathies. Elle a été mariée, il y a environ six ans à M. William Mackenzie, fils de M. J. S. Mackenzie. Il paraît qu’une partie du blâme doit retomber sur le mari qui n’a pas su rendre sa femme heureuse…

Les renseignements donnés par le Witness sont plus préçis. Voici les principales parties de l’article que ce journal consacre à cet événement.

Photographie | Masters Charles et Fred Brydges, Montréal, QC, 1862 | I-4890.1

Masters Charles et Fred Brydges, Montréal, QC, 1862. Frederick Brydges était alors âgé de 11 ans environ.

Le départ subit de cette ville de Mme MacKenzie a donné lieu à grand nombre de rumeurs. Il paraît qu’elle a quitté son domicile, rue Sherbrooke, jeudi après midi à deux heures, dans un traineau de place, avec deux de ses enfants. Elle se fit mener d’abord à la confiserie de M. Joyce, Philip’s Square, où elle acheta quelques gâteaux pour ses enfants, puis elle dit au cocher de la mener en ville. Obéissant à cette consigne un peu vague, le cocher descendit la côte du Beaver-Hall, traversa la place Victoria, prit la rue St-Jacques, puis la rue Notre-Dame, et s’arrêta en face du magasin de fourrures de M. Henderson, pour recevoir des ordres plus préçis. Mme MacKenzie lui dit alors de la mener à la gare. Il rebroussa chemin et arriva à la gare Bonaventure à trois heures moins un quart. Lorsqu’elle descendit de voiture, il voulut porter un des enfants, mais elle lui dit qu’il pouvait marcher et lui paya le prix de sa course.

Mme MazKenzie prit le train de 3.45? pour New-York, elle n’avait avec elle que ses deux enfants et ses mouvements n’ont pas été connus en cette ville, avant l’arrivée d’une dépêche de la presse associée, qui dénature certains faits.

M. Fred. Brydges, qu’on dit être avec elle, est un jeune homme d’un extérieur avantageux qui possède de grandes aptitudes pour les affaires; il est associé d’une maison de Phoenixville, Pen, pour la construction des ponts en fer, et il était fixé temporairement dans cette ville, jusqu’au moment où il revint à Montréal pour y passer les fêtes de Noël et du jour de l’An….

Frederick Brydges. Extrait de Representative Men of Manitoba, 1902 / The Manitoba Historical Society.

De nouveaux renseignements nous portent à croire que M. Fred. Brydges est parti depuis deux semaines de Montréal pour Phoenixville, et n’est pas revenu depuis en cette ville, à la connaissance de la personne qui nous fournit ces informations, et qui est sous l’impression que Mme MacKenzie, en arrivant à New York où elle s’est trouvée entourée d’étrangers, a dû donner avis de son arrivée à M. Brydges, qui ne reste qu’à trois heures du chemin de fer, et qui est accouru pour l’aider pas tous les moyens possible. Dans tous les cas il est bien établi que Mme MacKenzie et M. Brydges ne sont pas partis de Montréal ensemble, jeudi après-midi.

Nous n’ajoutons absolument rien aux renseignements de ces deux journaux, dont nous n’avons pu vérifier l’exactitude, si ce n’est la dépêche de la presse associé, envoyée par la  »Dominion Line » que nos lecteurs trouveront dans la colonne des télégrammes, et qui nous parait pecher sur plusieurs points.

Les jours suivant, ont apprend par la Minerve que le détective Fahey a été envoyé à New York sur la traces des tourtereaux. Mme Mckenzie est revenue à Montréal le 27 janvier.

Mme Mackenzie obtint le divorce en 1877 et le 12 octobre  1877, elle épousa Frederick William Brydges à Boston, Mass. Frederick adopta deux des enfants de Nina. Ils eurent deux enfants, Letita Jean (1878-1965) et Charles (1880-1940). Nina est décédée le 10 septembre 1922 à Victoria, Colombie-Britannique et Frederick est décédé dans la même ville le 25 mai 1928. (Vitals, Colombie-Britannique)

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La tragédie des Redpath [Montréal, 13 juin 1901]

Photographie | M. J. C. Redpath, diplômé en droit, Montréal, QC, 1900 | II-133577

M. J. C. Redpath, diplômé en droit, Montréal, QC, 1900

La Patrie, 14 juin 1901

UNE SANGLANTE TRAGEDIE
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Mme Redpath, veuve du riche raffineur de sucre, et son fils Clifford, meurent mystérieusement atteints par trois coups de revolver
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Affreux malheur qui créé dans tout Montréal une profonde consternation

Toute la haute société anglaise de notre ville est aujourd’hui sous le coups d’une bien vive émotion par suite d’une sombre tragédie qui vient de se produire dans son sein. Jamais, croyons-nous, malheur plus déplorable n’a frappé une famille, et c’est avec un cri de profonde horreur que la population de Montréal a appris la sinistre nouvelle. Il s’agit de la mort d’une honorable femme et de son fils, tous deux occupant un rang proéminent dans l’aristocratie anglaise du pays.

Les faits de la tragédie sont particulièrement pénibles et cachent un mystère que nulle personne au monde ne pénètrera jamais.

Quoique l’on ait tout fait pour étouffer cette affaire, le bruit a transpiré suffisamment pour que toute la ville soit aujourd’hui instruite de la nouvelle. Comme toujours en pareils cas, les commentaires vont bon train, et les versions que l’on rapporte sont toutes d’une exagération ou d’une invraisemblance absolue.

La veuve de M. John Redpath, le célèbre raffineur de sucre, mort il y a quelques vingt ans, vivait avec ses enfants dans une magnifique propriété située au numéro 1065 de la rue Sherbrooke, près de la rue McKay. Madame Redpath, très âgée, y coulait une existence douce et paisible au milieu de ses enfants. L’âge l’avait rendue quelque peu souffrante et la douleur de voir le plus jeune de ses fils, Clifford, enclin à des attaques d’épilepsie, jetait un voile sur son bonheur. Néanmoins, tout allait bien, et le jeune Clifford, âgé de 25 ans, après une brillante cléricature à l’Université McGill, se préparait avec ardeur à subir le dernier examen pour obtenir son titre d’avocat. Depuis quelques jours surtout, le jeune homme travaillait sans relâche. constamment plongé dans ses livres, il ne prenait aucun repos, et c’est à peine s’il prenait le temps de se mettre à table pour les repas.

Un tel excès devait exercer une influence néfaste sur son moral. On remarquait qu’il était plus affaissé que d’ordinaire.

Hier après-midi, vers 4.30 heures, le jeune Clifford revenant de l’Université, pénétra dans la chambre de son frère qui était par hasard à la maison. Après avoir échangé quelques mots avec lui, Clifford sortit et pénétra chez sa mère dont l’appartement était situé sur le même palier. M. Redpath (le frère) qui était occupé à sa toilette, ne prêta guère d’attention au jeune homme. Un instant plus tard, une détonation, aussitôt suivie d’une autre, se fit entendre dans la chambre de Mme Redpath, glaçant d’effroi le malheureus fils resté dans la chambre. Se ressaisissant aussitôt, M. Redpath se précipita en avant mais, au moment où il allait ouvrir la porte de l’appartement de sa mère, un troisième coup de feu partit de l’intérieur. D’un vigoureux coup d’épaule, M. Redpath enfonça la porte et pénétra dans la chambre. Un spectacle horrible l’y attendait. Sa mère, ayant à la tête une affreuse blessure gisait dans une mare de sang. A côté d’elle, le jeune Clifford était étendu, également couvert de sang.

Affolé, M. Redpath tenta de rappeler sa mère à la vie. N’y parvenant pas, il agita désespérément la sonnette, mandant auprès de lui les deux servantes qui étaient seules avec lui dans la maison. Il leur enjoignit de courir chez le plus proche médecin, et quelques instants plus tard, les Drs McKenzie, Campbell et Patton arrivaient sur les lieux.

L’examen qu’ils firent des cadavres leur révéla un état des choses fâcheux. Les deux cas, à leur avis, étaient désespérés.

Sur leur avis on transporta le jeune Clifford à l’Hôpital Victoria où le Dr Bell tenta vainement de le rappeler à la vie. Il en fut de même pour madame Redpath qui malgré tous les soins, succomba vers 10 heures.

Une heure plus tard, un message téléphonique annonçait que le jeune Clifford avait également succombé.

Le coroner, aussitôt avertit, s’est rendu sur les lieux et a fait les constatations d’usage. Il a permis d’ensevelir les deux cadavres et il a fixé l’enquête à 3 30 heures, cet après-midi, au domicile des défunts.

chose curieuse, la police n’a pas été officiellement informée de cette sombre tragédie.

Le lendemain, on lisait dans La Patrie

DRAME DE LA FOLIE
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Clifford Redpath, rendu irresponsable de ses actes par une attaque d’épilepsie imminente, tue sa mère puis se suicide
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Le corps des deux victimes seront inhumés aujourd’hui
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La sombre tragédie de la rue Sherbrooke, comme on se plaît à l’appeler, est maintenant une affaire du passé dont on ne parlera plus. Les deux victimes seront inhumées aujourd’hui avec la plus grande simplicité. Le dernier acte du drame s’est déroulé hier après-midi à l’enquête du coroner qui a eu lieu à 3.30 heures.

Les faits que nous avons rapportés ont été entièrement corroborés par les témoins qui ont été entendus. Disons que le jury était composé d’hommes éminents dans toutes les classes de la société.

On remarquait en effet: MM. A. Browning, John Dunlop, C.R. ancien bâtonnier du barreau; Lansing Lewis, E.C.B.. Featherthonhough, Geo. Hyde, Bartlett McLennan, Francis McLennan, John Walker, W. Morris, John Savage, W.W. Watson, Charles Esdale et Herbert Wallace.

Le premier témoin assermenté à été M. Peter Redpath, le frère de Clifford. Il a raconté que son frère est arrivé de la ville vers 5.40 heures, hier après-midi. Il paraissait souffrant et il l’a quitté pour aller rejoindre sa mère. Cinq ou six minuutes plus tard, le témoin a entendu une détonation. Comme il se précipitait dans l’escalier pour se rendre compte de ce qui se passait, deux autres coups de feu se firent entendre dans la chambre de sa mère. M. Peter Redpath ayant atteint la chambre, ne put y pénétrer par la porte ouvrant sur le corridor. Cette porte était fermée à clef de l’intérieur, il lui fallut passer par une autre pièce. En entrant dans la chambre un spectacle horrible frappa ses regards. Sa malheureuse mère gisait sur le parquet dans une mare de sang, et son frère étendu un peu plus loin tenait dans sa main crispée un revolver encore fumant.

Le témoin raconte, en terminant, que son frère était sujet à de fréquentes attaques d’épilepsie. L’excès de travail auquel il s’était récemment livré pour préparer ses examens l’avait fort surexcité.

Le Dr Roddick, médecin attitré de la famille depuis vingt ans, a ensuite été entendu. Il a raconté que le défunt était un épileptique et qu’il ne pouvait être tenu responsable de ses actes avant et après ses crises. Récemment, le Dr Roddick a conseillé au malade de prendre du repos. Il lui avait proposé de l’accompagner dans un voyage qu’il devait faire à une place d’eau. Ce projet devait être exécuté prochainement.

Les Drs Patton et Campbell, qui ont été appelés après la tragédie, ont relaté dans quelle position se trouvaient les cadavres. Ils ont constatéé que madame Redpath avait reçu deux balles dans l’épaule et que le défunt s’était tiré une balle dans la tempe droite.

L’une des servantes, qui était à la maison lors du drame, Dora Shallow, a été le dernier témoin entendu. Elle dit qu’elle a entendu les détonations et elle confirme la version des témoins précédents en ce qui concerne la position des cadavres.

Un détail à noter et qui semble fort étrange, c’est que l’on a trouvé un deuxième revolver dans la chambre près du cadavre du jeune homme. Ce revolver a six coups, avait une chambre vide. Il manquait deux balles dans le premier.

M. Fleet, avocat, ami de la famille, a déclaré que tout le monde dans la maison ignorait qu’il y eut des revolvers. Ce n’est qu’hier matin que l’on a trouvé les boîtes dans une remise située en arrière de la maison.

La preuve étant close, le jury, après quelques instants de délibération, enregistre le verdict suivant sur la mort de Clifford Redpath:
 »Que Clifford Redpat est mort à Montréal le 13 juin 1901 d’une blessure faite par lui-même avec un revolver, alors qu’il était atteint momentanément d’aliénation mentale causée par une attaque d’épilepsie et étant irresponsable de ses actes à ce moment. »

Le verdict se rapportant à madame Redpath se lit comme suit:
 »Que Ada Maria Mills, veuve de John Redpath, âgée de 62 ans, est morte à Montréal le 13 juin 1901, d’une blessure de pistolet faite apparamment par Clifford John Redpath, son fils, alors que celui-ci était inconscient et temporairement atteint d’aliénation mentale causée par une attaque d’épilepsie. »

Chacune des jurés ayant signé ces deux verdicts, le coroner a déclaré l’enquête close.

Un volet du projet Les grands mystères de l’histoire canadienne a été consacré à l’affaire Redpath. Vous y trouverez d’autres retranscriptions d’articles et bien plus.

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Le moulin de Metgermette [Sainte-Aurélie, 1874]

Aujourd’hui, on visite Sainte-Aurélie, toute jeune paroisse en 1874, et plus particulièrement son moulin. De nos jours, vous pouvez visiter le Vieux moulin de Metgermette.

Extrait de la Colonie française de Metgermette par André-Napoléon Montpetit, publié en 1874

Un mot maintenant des travaux exécutés ou en voie d’exécution. Avant de conduire deux cents familles dans la forêt il fallait au préalable leur préparer des logements séparés. Or, deux cents maisons, sans compter une chapelle, un marché, une maison d’école, des ateliers etc., ne se construisent pas en un jour. Avec le temps donné, trois ou quatre mois, il était de toute impossibilité’d équarrir ou de scier de long la masse de bois requise pour d’aussi grands travaux. Ce que voyant du premier coup d’oeil, M. Vannier décida de bâtir un moulin à scier le bois qui put répondre non seulement aux besoins du premier établissement, mais encore à ceux de toute la colonie. M. Larochelle, député de Dorchester, fut chargé de bâtir le moulin. A son frère M George Larochelle fut confiée la direction des travaux sous les ordres de M. Vannier.

Le temps pressant il fallut se se mettre à l’oeuvre dans la plus mauvaise saison au cœur même de l’hiver. Pour creuser l’assiette où poser le cadre du bâtiment il fallut miner des masses de roc et de terre gelée aussi dure que le roc. Le creusement de la dalle dût s’opérer de la même façon. Vers la fin de janvier dernier, lorsque je visitai Metgermette pour la première fois, je posai la première cheville dans la charpente du moulin pour relier les premiers pontons, les grandes pièces au cadre. Six semaines plus tard tout le moulin était debout, le mécanisme placé et prêt à être mis en opération. C’est la construction la plus considérable et de beaucoup la plus importante de l’établissement. Il mesure 60 pieds sur 40 et comme bien on le pense il n’entre dans sa charpente que du bois de premier choix. Du châssis au faîte, sa hauteur est de 36 pieds. Deux jeux de scies (gangs) une scie ronde à découpage, un double ledger, une meule à affûter les scies, une machine à latte,s une autre à godendards y sont installées. Toutes ces diverses machines reçoivent l’impulsion d’une turbine de 42 pouces de diamètre et d’une force de 65 chevaux achetée de la célèbre maison Lefuel d’Oshawa. La chute d’eau, de quatorze pieds, peut être au besoin élevée de trois à quatre pieds. Une dalle creusée dans le roc vif, boisée en bois de cèdre d’une largeur de douze pieds et d’une longueur de deux cents pieds conduit les eaux du lac Abénakis, suspendues par une forte chaussée, jusqu’au moulin. La chaussée, construite en fortes pièces de cèdre de pin et d’épinette, est épaulée par trois quais massifs en queue d’aronde remplis de pierres et de gravier. Elle peut résister aux plus rudes assauts.

On nous dira peut être que ce moulin n’est pas extraordinaire après tout. Qu’il soit bien et solidement construit rien d’étonnant à cela; les frères Larochelle ont fait depuis longtemps leurs preuves dans ce genre de travaux; que la charpente soit de bois trié, rien d’étonnant encore, au milieu d’une si belle forêt; d’accord là dessus mais si l’on réfléchit un peu, si l’on songe à la distance qui sépare les villages les plus voisins et surtout la ville de Québec, où il a fallu de toute nécessité se procurer les outils, le fer, les machines, etc., sans compter les vivres, le fourrage etc.,  du lieu où ces travaux ont été exécutés, il faut avouer que les résultats obtenus sont plus qu’ordinaires, presque surhumains. Et des chemins? pas autres que ces chemins de sucrerie dont j’ai parlé, où il a fallu faire passer des machines d’un poids énorme, la turbine entre autres qui pèse 3,600 livres.

Tel que vous le voyez dans la photographie que je vous envoie, le moulin est pour ainsi dire à l’état de squelette. Sa charpente ne porte encore que la couverture et les trois planchers du rez-de-chaussée du premier et du second étages; on lui a laissé le soin de compléter lui-même sa toilette, de se tailler une robe dans les milliers de billots qui l’entourent ou qui flottent sur le lac sous la protection de fortes estacades.

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Le capitaine Bernier, de retour d’une expédition en Arctique [1907]

La Patrie, 21 octobre 1907

DE RETOUR DES REGIONS GLACIALES
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L' »Artic », commandé par le capitaine Bernier, dans la rade de Quebec- Une longue expedition dans les mers polaires – Interessants détails fournis par le capitaine – Prise de possession d’un vaste territoire
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Correspondance spéciale à la Patrie

La Patrie, 21 octobre 1907

Une de la Patrie, 21 octobre 1907

QUEBEC, 21 – Le steamer  »Artic », qui nous est arrivé des régions arctiques samedi matin, à 6h30, partira probablement pour Sorel aujourd’hui.

Le voyage de l' »Artic » a duré environ dix-huit mois. Le steamer avait quitté Québec le 24 juillet 1906. Le capitaine Bernier et ses compagnons nous reviennent après avoir rempli avec succès la mission que le gouvernement avait confiée à l’expédition.

Au nom du gouvernement canadien, le capitaine Bernier a pris possession des îles de l’archipel Parry, et a exigé de tous les baleiniers qu’il a rencontrés dans cette région, le paiement des licences. Tous ont payé sans murmurer.

«  »Le drapeau est hissé sur l’Ile Bylot, Ponds Inlet, à un endroit baptisé du nom de la Pointe Canada ». (Le capitaine Joseph-Elzéar Bernier est le second à partir de la gauche) 21 août 1906 Credit: Louis-Philippe Brodeur / Library and Archives Canada / PA-139394

Le capitaine Bernier dit qu’il aurait pu s’avancer davantage vers le nord, mais il n’avait pas d’ordre à cet effet, il s’est remis en route vers Québec.

Pendant dix-huit mois l’expédition s’est trouvée presque complètement

ISOLEE DU RESTE DU MONDE

Le capitaine et ses hommes n’ont eu de nouvelles de leurs familles que bien rarement. Ce n’est qu’en arrivant dans le golfe qu’ils ont appris le désastre du pont de Québec.

Le capitaine Joseph-Elzéar Bernier à Albert Harbour en 1906 Credit: J.E. Bernier / Library and Archives Canada / C-001724

A part _

UN DECES

qui s’est produit parmi les membres de l’équipage de l' »Artic », l’expédition n’a eu aucun incident malheureux à déplorer. Le marin qu’elle a perdu se nommait Frederick Brosenhauser. Il était de nationalité allemande et travaillait comme huileur à bord de l »Artic ». Il est mort en février dernier, pendant que le vaisseau était en hivernement à Pond Inlet, et c’est là que tout l’équipage lui a fait d’aussi belles funérailles que possible.
Tous les membres de l’équipage seront payés et remerciés de leurs services aussitôt que l »Artic » sera arrivé à Sorel où il doit passer l’hiver.

L’EXPEDITION

Samedi matin vers 10 heures, le capitaine Bernier et M. Vanasse, l’historiographe de l’expédition, descendaient à terre. Le premier alla annoncer officiellement son retour à M. Gregory, agent du ministère de la Marine et des Pêcheries, et le second s’est rendu à Ste-Anne de Beaupré.

Dans l’automne de l’année 1907, le capitaine Bernier a arboré le drapeau canadien sur toutes les îles de l’archipel Parry, à l’exception des îles Cobourg et Cone.

Au nom du gouvernement il a pris pris possession d’un territoire de 500,000 milles carrés de superficie.

En novembre de la même année, le capitaine prenait possession de la terre de Baffin, en présence d’une cinquantaine d’esquimaux. Ceci se passait le jour de la fête du roi.

Large groupe d’Inuits avec des hommes d’équipage du C.G.S. ARCTIC  à la cérémonie de prise de possession par le Capt. Joseph-Elzéar Bernier,Ile Baffin, Territoires du nord-Ouest [Nunavut], 9 Novembre 1906 Credit: Library and Archives Canada / PA-165672

[illisible] eut lieu à Albert Harbour Pont Inlet. Le capitaine et l’équipage ont profité des longs mois d’inactivité forcés pour faire des excursions intéressantes dans l’intérieur.Le 12 août 1907, [illisible]de son hivernement, l’Artic montait à plus de 600 milles d’Albert Harbour afin de prendre possession des iles Cone et Cobourg.Le drapeau canadien ne flotte pas encore sur l’île du Prince de Galles parce que, pour aborder sur cette terre, il aurait fallu risque la vie de quatre hommes. Il a été, en effet, impossible à l’Artic de s’approcher à moins d’une dizaine de milles de l’île.

Groupe de femmes inuites et deux membres de l’équipage du C.G.S. ARCTIC, Pond Inlet, T.N.-O. [(Mittimatalik/Tununiq), Nunavut], 26 avril 1907 Credit: Paul LeVasseur / Library and Archives Canada / PA-165743

Le capitaine Bernier, après avoir établir un dépôt de vivres à Port Léopold, s’est rendu dans le détroit Regent, ?nier de Pathla, soit à 24 milles.PLUS LOIN QU’AUCUN MARINn’avait jamais pu le faire. Il aurait pu revenir alors en passant par les détroits de Fara et d’Hula, mais ses instructions ne le lui permettaient pas.

En septembre 1907, le capitaine Bernier est allé relever dans la baie d’Eribe, Nord Devon, le monument qui avait été érigé à la mémoire de Sir John Franklin.

DANS L’ILE CONE

le capitaine Bernier a trouvé un record de Perry et un autre de Sverdup; à North Parhurst (?), un record très intéressant de McClure, renfermés dans des boîtes de conserves vides.

Groupe d’Inuits de l’île Ingloolik à côté du S.S. « Arctic », à Albert Harbour. 22 avril 1907. Credit: J.E. Bernier / Bibliothèque et Archives Canada / PA-061515

Le capitaine Bernier a laissé lui même un record de son passage dans l’île Cone sous un amas de pierres. C’est pendant qu’il était en train d’enfouir son record sous la pyramide de pierre, qu’il était à construire, qu’il a trouvé, à une centaine de pieds de distance, le record que McClure avait déposé au même endroit il y a un demi-siècle.

Le capitaine W*seman, avait déjà pris possession de la Terre de Baffin au nom du Roi, mais le capitaine Bernier a arboré le drapeau de la Puissance, et il a fait reconnaître aux indigènes la souveraineté du pays.

Le capitaine Bernier avait à sa disposition pour cela deux bons interprètes, deux Esquimaux très intelligents du noms de Kameo ? et Lane.

Il a amené Lane avec lui et doit le présenter aux autorités du ministère de la Marine et des Pêcheries. Lane peut être très utile aux autorités canadiennes dans ces parages. Il est âgé d’environ 45 ans et parle l’anglais suffisamment pour se faire comprendre.

Un esquimau qui vient d’échanger une peau d’ours pour une chemise d’Indienne. Eclipse Sound, août 1906. Credit: Bernier, J.E. / Library and Archives Canada / PA-061508

Le capitaine Comney?, de la baleinière « Windward » de Dundee, en Ecosse, est venu lui apprendre que son vaisseau avait fait naufrage le 15 juin dernier, sur les îles Carey, dans Smith Sound. Son équipage a pu se sauver, et s’embarquer à bord d’autres baleinières. Le « Windward » est le fameux vaisseau que le gouvernement anglais mettait à la disposition du lieutenant Perry, de la marine américaine, pour sa première expédition à la découverte du pôle nord.

Femme inuite et son bébé à l’extérieur de bâtiments en bois. Des peaux sont suspendues en arrière-plan. Credit: J.E. Bernier / Library and Archives Canada / C-000744

Le capitaine Bernier, dans son expédition, est allé jusqu’à 250 milles au nord du pôle magnétique.

Il n’a pas renoncé à son projet d’expédition au pôle nord, et espère qu’on lui fournira, un jour ou l’autre, le moyen de l’exécuter.

Correspondance spéciale à la PATRIE

QUEBEC, 21- L' »Artic » n’est pas encore parti de Sorel. Au département de la marine, on attend des ordres d’Ottawa. Il est possible que le vaisseau passe encore quelques jours à Québec.

C.G.S. ARCTIC commanded by Captain J.E. Bernier, sept. 1907. Credit: George R. Lancefield / Bibliothèque et Archives Canada / PA-096482

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Joseph-Elzéar Bernier, capitaine et l’Arctique

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La route des phares du Québec

Le naufrage du Titanic d’après les journaux québécois de l’époque

Mise en garde contre les auberges [Québec, 1847]

Le Canadien, 24 mars 1847

SUR LES AUBERGES

 »Le nombre d’auberges surtout de celles dont il est presqu’impossible de donner une description fidèle, est très grand; et le mal qu’elles produisent est incalculable. » – L’honble juge MONDELET.

Personne n’ignore que le plus grand nombre des auberges ne sont qu’une source de désordres et de démoralisation pour le peuple. Qui n’a pas été témoin des querelles, des disputes, de ces scènes honteuses et deshonorantes dont ces maisons sont le réceptacles? Elles ne sont pas seulement une école du vice et du libertinage, mais encore un gouffre où vont s’engloutir nos richesses. C’est là que le père de famille va dépenser l’héritage de ses enfants; là, nos jeunes gens, après avoir travaillé en vain, épuise leurs forces, après s’être gâté l’esprit et le coeur par toute sorte de vices, voient se perdre en peu de jours un argent qui aurait pu leur procurer un établissement honorable.

Ne serait-il pas du devoir de chaque particulier de faire tout en son pouvoir pour faire disparaître entièrement ces sortes de maisons ou pour en diminuer graduellement le nombre chaque année? On objectera peut-être que les auberges sont nécessaires au voyageur… Mais les voyageurs ne pourraient-ils pas loger dans des maisons de pension ou de tempérance? Dans plusieurs villes des États-Unis de l’Amérique du Nord où l’on a réussi à abolir les licences, les voyageurs n’y reçoivent-ils pas l’hospitalité comme autrefois! D’ailleurs, la plupart de nos aubergistes sont des personnes qui se sont ruinées, et qui n’ont pas eu assez de conduite pour vivre sur une belle propriété: la taverne leur est restée comme une ancre de miséricorde. Or, on n e doit pas s’attendre que des semblables gens soient capables de bien servir le public. Nous avons vu avec plaisir dans la liste des licences, publiée dans la Gazette officielle, que dans un bon nombre de paroisses, il n’y en avait aucune. Entr’autres, il faut louer toutes les paroisses qui composent le comté de Rimouski d’avoir réussi à ce purger de semblables fléaux. Il est malheureux qu’on n’en puisse pas dire autant de plusieurs autres paroisses, entr’autres celles de Saint-Jean-Chrysostôme qui en compte 11, celle de la Pointe-Levi 21, la cité de Québec, outre celle de Stadacona, en a 170 pour sa part; ce qui donne une auberge pour 128 personnes d’après le dernier recensement!!!

Il faut espérer que les magistrats et autres officiers nommés par la loi pour recommander les personnes qui veulent obtenir des licences se serviront de leur autorité et de leur influence pour faire disparaître de la ville et des campagnes ces maisons si nuisibles aux intérêts temporels du peuple et si préjudiciables à la morale et à la religion. La conscience d’être utiles à leur pays et de faire cesser un grand nombre de crimes leur donnera le courage d’agir contre les préjugés du peuple et leur fera mépriser les clameurs insensées des personnes que l’intérêt ou la passion portera à blâmer leur conduite. Nous finirons par cette autre citation de l’honorable juge Mondelet:  »Comment peut-on espérer de jamais voir régner la vertu, la sobriété, l’industrie et la paix, si l’on tente le peuple, si l’on met à sa disposition les moyens de fonder et de soutenir de maisons de la pire sorte, où l’on perd tout sentiment moral.  »
X.

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Un air de Far West chez Joe Beef [Montréal, novembre 1887]

Le père Grelot [Québec, XIXe siècle]

Quoi qu’il en soit, Québec n’est pas seulement une ville typique par sa position géographique, par sa situation topographique spéciale, par son site sans parallèle en Amérique, par son passé héroïque et légendaire, par son aspect physique et ses conditions morales exceptionnelles, c’est la patrie des originaux.

Qu’ils soient hommes d’esprit ou pauvres détraqués, c’est la patrie des originaux – c’est-à-dire de ceux qui sont quelqu’un, ce qui est plus rare qu’on ne le pense.

Plus que cela, quand elle ne leur donne pas naissance, on dirait qu’elle les attire par quelque influence mystérieuse.

Louis Fréchette, Originaux et détraqués, 1892.

Dans Originaux et détraqués, Louis Fréchette nous présente une galerie de personnages excentriques, tel le père Cotton (ermite), Napoléon Aubin (qui ne parlait qu’en rimes), le père Grelot, etc.  Voici un extrait de ce qu’a écrit Louis Fréchette concernant le père Grelot, qu’il a bien connu. Une précision: le père Grelot détestait pas à  peu près son surnom.

Lors de mes débuts dans le journalisme, étant reporter au Journal de Québec, je reçus de l’éditeur une verte semonce au sujet du pauvre Grelot.

A chaque instant, celui-ci – rien de surprenant – était arrêté et traduit devant le recorder ou les magistrats de police, accusé de voies de faits, ou simplement d’avoir troublé la paix publique.

Moi qui n’y entendais pas malice – je me suis un peu amendé depuis – j’avais, un matin, rapporté une de ses frasques et son résultat judiciaire dans un entrefilet commençant par ces mots: Michel Langlois surnommé Grelot.

Une heure après la publication du Journal, les fenêtres de la boutique sautaient en éclats.

Un autre jour, c’était une dame, descendant de voiture en face d’un magasin de la rue de la Fabrique, qui s’évanouissait de peur devant la canne levée du terrible détraqué, qui avait cru la voir sourire.

Tous les jours on signalait quelque nouvel exploit du maniaque.

Bref, Grelot était devenu une véritable plaie publique.

Les autorités durent intervenir.

Le conseil de villa vota un règlement de police imposant une pénalité contre quiconque prononcerait le mot de grelot dans le but de vexer le pauvre fou.

Ah bien, oui! quelques vauriens furent condamnés à cinq chelins d’amende; mais, comme cela ne faisait que rendre l’individu plus hardi et plus provocateur, les charivaris recommencèrent de plus belle, le désir d’éluder le règlement encourageant encore les tapageurs.

Voici comment ils l’éludaient, le règlement.

Les cocher avaient inventé celle-là.

Quand ils voyaient venir le pauvre homme, ils se rangeaient de chaque côté de la rue, et divisaient en deux le mot défendu.

Sur un trottoir, on criait: – Gre!

Sur l’autre, on répondait: Lot!

-Gre!

-Lot!

-Gre! gre! gre!

-Lot! lot! lot!

Et en avant le chahut! pendant que, seul sur la chaussée, pris entre deux feux, le pauvre diable se débattait comme trente-six démons dans l’eau bénite, ne sachant où donner de la tête et de la canne.

D’autres s’étaient avisés de l’interpeller tout simplement par son nom de baptême: Michel.

-Michel! Michel! criaient-ils.

-Ah, Michel!

-Oh, Michel!…

Comme l’intention était évidemment identique, l’effet produit était le même.

Rassemblement, bagarre, tempête, émeute, la police, le poste; et le lendemain, le tribunal et la geôle.

Le malheureux ne comptait plus ses semaines de prison, – ses mois mêmes.

Il s’y résignait facilement, du reste; c’étaient les seuls moments de paix et de tranquillité dont il pût jouir.

Qu’y faire, après tout?

Louis Fréchette, Originaux et détraqués, 1892. Montréal, Louis Patenaude Éditeur, 1892, p. 70 à 73.

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6. Ces gens qui ont marqué notre histoire: Georges Pozer

Petites histoires immorales [juin 1891]

Revues Cap-aux-Diamants, Continuité et Histoire Québec disponibles sur Erudit

Photographie: Immigrants à Québec, 1908-1920

En complément aux photographies de William James Topley sur le thème de l’arrivée d’immigrants à Québec en 1912, voici quelques photographies de John Woodruff prises à peu près à la même époque. Woodruff, tout comme Topley, travaillait pour le Ministère de l’Intérieur. Ces photographies proviennent également du site web de Bibliothèque et Archives Canada.

Abris pour les immigrants du Dominion, 1908 / Mention: John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / PA-020858

Bassin Louise et abris pour les immigrants, 1908. Mention: John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / PA-020861

Officiers d’immigration du Dominion, v. 1908 Mention : John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / C-006597

Hôpital de l’Immigration, 1908. Mention: John Woodruff/ Bibliothèque et Archives Canada/PA-117288

Nouveau bâtiment de l’immigration, 1914. / Mention: John Woodruff/ Bibliothèque et Archives Canada/PA-021672

Immigrants galiciens dans les abris pour immigrants, non-daté. Mention: John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / C-004745

Immigrants anglais, 1908. Mention: John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / C-014658

Un immigrants islandais vers 1911 / Mention: John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada/C-018569

Immigrants russes, juifs et allemands, 1908. Mention : John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / C-009798

Immigrants galiciens, non-daté. Mention : John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / C-005611

Immigrants russes, lithuaniens et italiens, 1908. Mention : John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / C-009799

Immigrants galiciens vers 1900-10 / Mention: John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / C-005610

Jeune immigrante islandaise, vers 1911 / Mention: John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / C-009800

Immigrants arabes, 1908. Mention : John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / PA-020917

Immigrants Juifs russes et polonais v. 1920 / Mention : Studio Topley et John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / PA-020914

Immigrants norvégiens, boscovinien? et britannique, 1912. Mention: John Woodruff / Bibliothèque et Archives Canada / PA-020915

Immigrants écossais, 1908. Mention: John Woodruff et Bibliothèque et Archives Canada /C-009797

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Photographie: Montréal et Québec au début du XXe siècle selon les frères Neurdein

Le reporter du Cancan en mission spéciale: dénicher la commère des commères [Québec, 1878]

Extrait du Cancan, 13 juillet 1878

Extrait du Cancan de Québec, 13 juillet 1878

Voir et jaser, telle est la mission que nous lui avons confiée.

Le choix du Cancan a tombé sur une commère de Stadacona parce que les dames de ce pays ont la réputation d’avoir la langue singulièrement bien pendue. Au concours que nous lui avons fait subir, la palme a été chaudement disputée par des poisonnières du marché Jacques-Cartier, de la Hall de la Basse-Ville et par certaines breilles qui fréquentent le magasin de M. Hudon. Mais la représentante de Stadacona a triomphé parce qu’elle pouvait dire 25 paroles à la minutes, et détruire 25 réputations par heure.

Malheureusement, le député de Montmorency n’avait pu se présenter, la palme lui serait revenue de droit, la réputation de ce monsieur étant solidement établie le met déjà hors concours.

Que les commères de St-Sauveur ne soient point jalouses, nous connaissons leurs qualités et nous savons apprécier leur mérite.

Le Cancan les conserve pour une plus grande circonstance.

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«Les vagues qui s’élevaient à une hauteur prodigieuse» Inondation à Sorel [avril 1865]

Le 15 avril 1865, deux nouvelles faisaient la une: l’assassinat de Lincoln et l’inondation à Sorel. L’article qui suit porte sur l’inondation à Sorel et a été publié dans le journal Le Canadien, édition du 15 avril.

Print | Sorel, QC, about 1875 | MP-0000.1017.1

Sorel vers 1875

GRANDE INONDATION À SOREL

Nous empruntons les détails suivants à L’Echo du Richelieu et à la Gazette de Sorel.

Sorel, jeudi midi, 13 avril.

Depuis quelques jours l’eau avait atteint une hauteur qui faisait craindre beaucoup pour les propriétés situées dans le Chenal du Moine et les Iles avoisinantes. Partout les champs étaient devenus de véritables rivières; les cultivateurs n’entraient plus dans leurs maisons qu’à l’aide de canots; la plupart des familles s’étaient réfugiées dans les greniers des maisons, attendant là, avec patience, la fin de leur malheureux sort; les animaux avaient été relégués dans les greniers des granges, dont une grande partie avait déjà été atteinte par l’élément destructeur et menaçait de jour en jour et à la première forte brise, d’en devenir la proie! Ce jour, hélas! ne s’est pas fait attendre longtemps. Hier midi, une forte brise du Sud commença à souffler avec une violence qui fit craindre plusieurs personnes de la ville pour leurs bâtisses. Quelques bâtiments à voile mouillés à l’entrée de la rivière Richelieu, commençaient à descendre rapidement dans le fleuve, entraînés par le vent qui semblait ne vouloir rien épargner. Cependant, ces bâtiments purent tenir bon, un seul fut démâté, et les vagues qui s’élevaient à une hauteur prodigieuse l’eurent bientôt rempli. Deux jeunes gens laissés à la garde du bâtiment subirent une grande partie de la tempête, mais purent malgré tout, tenir le bâtiment à l’ancre jusqu’à ce qu’on vint à leur secours, et il était bien temps. A part quelques autres petites accidents plus ou moins sérieux, tels que pertes de bois, de hangars, etc, nous n’avons aucun malheur à déplorer dans notre ville.

Montants recueillis en faveur des victimes de l’inondation. La Gazette de Sorel, 29 avril 1865

Mais ce qui était le plus à craindre étaient les souffrances probables que devaient endurer les habitants des Iles de Grâce, Ile aux Ours et du Chenal du Moine, pendant que durait cette affreuse tempête.

En effet, vers dix heures du soir, des nouvelles arrivèrent en ville par l’équipage du propeller Bell, sous les ordres du Capt. Chs Armstrong qui se dévoua si bien en cette occasion, que toutes les maisons et granges des Iles et du Chenal du Moine disparaissaient devant la force de l’élément devenu de plus en plus impétueux. Aussitôt, M. Sincennes donna ordre d’équiper au plus tôt deux des steamers de la Compagnie du Richelieu pour aller au secours des malheureux qui, disait-on, perdaient les uns la vie, les autres leurs propriétés. Vers minuit, le vapeur Terrebonne, sous le commandement de l’habile capitaine Roy, se rendait à toute vapeur sur les lieux du désastre; il arrive à l’île de Grace, où le Cygne qui s’était rendu dans le cours de la journée, avait déjà à son bord grand nombre de personnes échappées au danger pendant la tempête.

A 2 heures, ce matin, l’Etoile se rendait, sous le commandement de l’actif capitaine Mathiot, au Chenal du Moine pour porter, s’il était encore possible, secours aux malheureux inondés de cette partie-là. Le Terrebonne revenait ce matin à 10 heures, le pavillon de détresse à son mât de derrière, et ayant avec lui ce qu’il restait des survivants des Iles de Grace et aux Ours, c’est-à-dire une quarantaine.

Les nouvelles étaient des plus alarmantes: toutes les maisons ou à peu près, avaient été enlevées; 20 ou 25 personnes en partie femmes et enfants avaient trouvé la mort au milieu des flots. Les granges contenant les animaux, moissons, etc., des cultivateurs étaient entièrement disparues. Quelques minutes plus tard, L’Etoile nous ramenait 150 et plus, des pauvres inondés du Chenal du Moine! Rien de plus navrant! ils se trouvent tous dans la plus grande détresse; à peine de quoi se vêtir! La plupart nu tête et nu pieds!

La ville se trouve dans la plus grande excitation! le clergé, les membres de la corporation, S. H. le juge Loranger, M. Sincennes et les premiers citoyens de la ville sont occupés activement à donner asile à ces pauvres gens! Dans ce moment, la plupart sont logés à l’Hôtel-de-Ville, plusieurs reçoivent l’hospitalité dans les maisons privées.

Les abords du quai de la compagnie du Richelieu ont été encombrés depuis ce matin.

Une liste des personnes décédées lors de l’inondation est publiée dans la Gazette de Sorel du 22 avril 1865

Le nombre des victimes de l’inondation actuellement ici est d’à-peu-près 250 à 300.

Un enfant seulement a été remporté mort; aucun autre n’a encore été retrouvé!

On nous raconte les plus beaux traits sur le courage des personnes qui ont employé toutes leurs ressources au sauvetage de ces malheureux.

DERNIERES NOUVELLES

2 heures P. M.
Une assemblée des citoyens convoqué par Son Honneur le Mair R. H. Kittson, Ecr, a eu lieu cette avant-midi au Palais de Justine; chacun a fait preuve d’une grande libéralité; dans l’espace de quelques minutes la souscription pour venir en aide à ces malheureuses victimes s’élevait à $1,620!

[…]

Dans le chenal du Moine il n’y a pas de pertes de vies à déplorer; le nombre des bâtisses enlevées était tant en maisons que grange s’élève à 60 ou 70; sur ce nombre 24 maisons. Un seul cultivateur du nom de Eno Millet a perdu 13 bâtiments. Il est impossible de dire au juste le nombre de bestiaux perdus, mais il est immense. Dans l’Ile de Grâce, le nombre des victimes, dit-on, est de 19 ou 20. Un nommé Paul Péloquin, cultivateur de l’Ile de Grâce, a perdu 4 de ses enfants et lui-même n’a dû son salut qu’à l’activité de ses sauveurs. Un nommé Etier de l’Ile de Grâce à vu périr sous ses yeux sa femme, sa belle-soeur et deux de ses enfants. Un autre, Joseph Lavallée de l’Ile de Grâce, s’était cramponné aux branches d’un arbre avec sa femme et 4 ou 5 de ses enfants, il y resté pendant 16 heures, ballotté en tout sens par la vague, il a vu périr un de ses enfants, mourir sa femme à ses côtés, et cependant il a conservé assez de force pour résister avec le reste de sa famille jusqu’à ce qu’on put venir à son secours.

[..]
BERTHIER- Les nouvelles qui nous viennent du  »Petit Nord » sont alarmantes, les bâtisses y ont été partout presqu’entièrement enlevées.

On nous dit qu’à l’Ile de Pads (Ile Dupas?) 17 personnes ont perdu la vie.

6 1/2 du soir

Le Terrebonne arrive d’une seconde expédition aux Iles; son pavillon de détresse flotte encore! Il remporte avec lui deux cadavres; celui de la femme de Joseph Lavalléee dont il est parlé plus haut et celui d’un petit enfant, aussi un grand nombre de bestiaux.

Que Dieu nous donne du courage et nous protège au milieu de tous ces désastres.

Pendant que le Cygne pouvait à peine se maintenir sur son ancre, le capitaine Labelle avec deux hommes, se jetaient résolument dans un canot et se dirigeaient à force de rame là où ils entendaient les cris des malheureux qui se noyaient.

Mais leur frêle embarcation résistait difficilement à la tempête; la lame emplissait le canot; ils atteignirent quelques arbres à l’abri desquels ils se mirent. Là se trouvait une jeune fille qui se soutenait d’une main aux branches d’un arbre et se maintenait au-dessus de la vague au moyen d’une cuvette avec laquelle elle avait pu atteindre cet endroit. Voyant arriver le canot, elle s’y précipita, mais ce nouveau poids faillit faire chavirer l’embarcation presque aux trois quarts remplie d’eau. La jeune fille saisit résolument la cuvette et pendant que les hommes retenaient le canot près des arbres, elle réussit à le vider.

Félicitations adressées au capt. Lavallée. La Gazette de Sorel, 6 mai 1865.

Un peu plus loin, une autre fille ayant deux jeunes enfants dans les bras, se maintenait, elle aussi, au milieu d’un arbre qui craquait sous les coups répétés d’un vent violent. Après trois heures de ces terribles angoisses, ces braves gens réussirent à rejoindre le Cygne. A part le capitaine Laforce qui risqua alors son bâtiment, pour porter secours aux naufragés et de ce que nous venons de raconter du capitaine Labelle, on nous dit que M. J. B. Lavallée, de Sorel, qui se trouvait à bord, déploya pendant tout ce temps un courage à toute épreuve et une grande présence d’esprit; sans le concours et l’expérience de cet homme courageux, il est probable que nous aurions à enregistrer la perte du Cygne et conséquemment à déplorer celle de plusieurs existences.

Les passagers des autres vapeurs recueillirent durant cette même nuit et toute la journée hier de nombreux naufragés, hommes, femmes et enfants qu’ils amenèrent à Sorel à demi morts d’angoisse et de misère.

Un nommé Lavallée dit Bloche avait vu sa maison s’écrouler sous les coups de la vague et il s’était jeté avec sa femme et 5 enfants ans un canot. Quelques minutes après, le canot se brisa sur les arbres. La pauvre mère saisit les branches d’un arbre et son mari parvint avec ses 5 enfants à un autre. Il se maintint là, un enfant sous chaque bras et les 3 autre auprès de lui pendant 16 heures. La femme épuisée de fatigues se noya sous ses yeux et un de ses enfants expira dans ses bras! Lorsqu’on les recueillit, les enfants étaient engourdis par le froid, mais dès que le père fut dans le canot, il saisit un aviron et il aida courageusement à gagner le vapeur à force de rames. Le corps de la pauvre dame a été repêché hier.

Voulez-vous encore quelque chose de plus saisissant? Lisez. Une pauvre femme était dans son lit à la veille d’accoucher. Le mari voyant que la tempête menaçait d’emporter la maison, demande à sa femme d’avoir le courage de se leve et de se rendre jusqu’au canot. Elle lui répondit:  »sauve-toi avec les enfants si tu peux; quant à moi, je comprends que c’est impossible; nous nous reverrons dans l’autre monde! » Et pendant qu’elle disait cela, la maison croula et tous furent précipités dans les flots! Ca n’est pas du roman que nous faisons; c’est la vérité toute nue que nous racontons. Ces choses se sont passées hier!…Mais c’est assez!

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