L’écrasement du bombardier Consolidated B-24 Liberator (Griffintown, Montréal, 25 avril 1944)

Montréal, durant la Deuxième Guerre mondiale:

Les usines montréalaises tournent bientôt à plein régime. On construit des fabriques de munitions et une avionnerie. Les chantiers navals et les ateliers ferroviaires fabriquent de façon intensive du matériel militaire. (réf. Montréal, 500 ans d’histoire en archives)

25 avril 1944, Montréal, quartier Griffintown, il est 10:30 du matin.  Au coin des rues Shannon et Ottawa, les gens vaquent à leurs occupations. Six minutes auparavant, le bombardier Consolidated B-24 Liberator a décollé de l’aéroport de Dorval à destination de l’Europe.

Le bombardier éprouve rapidement des difficultés. Il perd de l’altitude alors qu’il survole le Mont-Royal. Le pilote tente de modifier sa trajectoire, pour se diriger vers le fleuve et orchestrer un atterrissage d’urgence. Peine perdue. L’avion

survola le district commercial de la ville, faillit accrocher l’édifice Sun  Life, passa au-dessus de la rue Windsor, du bureau de poste, de la brasserie Dow pour finalement venir s’écraser sur un pâté de maisons. (La Patrie, 26 avril 1944).

L’Action catholique, 26 avril 1944

La Patrie, 26 avril 1944

Dans la Patrie du 26 avril, on rapporte le témoignage d’Albert Lanctôt, un électricien. Il:

effectuait des travaux d’installation électrique au garage de M. Martel, lui aussi habitant Farham. Il a entendu le  »bruit sourd d’un train qui passe sur un pont à 70 milles à l’heure » puis le toit du garage s’est effondré sur lui et les autres personnes présentes. Il a réussit à se déprendre, il ne sait trop comment, a fuit dans la cour, a escaladé une clôture et s’est trouvé dans une rue d’où on le transporta à l’hôpital Saint-Luc.

Il y eut plusieurs blessés et dix victimes parmi les civils:

  • Delia Hamilton, femme de Joseph Dowling (56 ans)
  • Lucienda Béland, femme de Wilfrid Barré (59 ans)
  • Joseph T. Hébert (37 ans)
  • Marie-Yvette Hébert (18 mois)
  • Aurèle Larochelle (53 ans)
  • Louis-Philippe Lemieux (37 ans)
  • Victorin Marchand (34 ans)
  • Madame Walter Wells, née Christoffer (26 ans)
  • Madame James Wells, née Forget (19 ans)
  • James Wells Sr (2 ans)

L’équipage du bombardier périt aussi dans l’accident. Voici leurs noms:

  • James-Smith Wilson (d’origine écossaise, mais habitant aux États-Unis, âgé de 21 ans)
  • Islwyn Jones (d’origine galloise, âgé de 23 ans)
  • Andrej Kuzniacki (polonais, 30 ans)
  • Adolf-Jan Nowicki (né en Pologne, mais habitant Montréal, 31 ans)
  • Kazimierz Burzynski (né en Pologne, mais domicilié à Montréal, 47 ans)

La Patrie, 26 avril 1944

La Patrie, 26 avril 1944

La Patrie, 25 avril 1944

Le Canada, 26 avril 1944

Bibliographie

Sharon Doyle Driedger. An Irish Heart, How a Small Immigrant Community Shaped Canada, Toronto, Harper Collins, 2010, 404 pages.

Pierre St-Cyr. [en ligne] Griffintown: l’écrasement d’un bombardier le 25 avril 1944 [Page consultée le 22 janvier 2012] Adresse URL

La Patrie, 25 avril 1944, 26 avril 1944, 27 avril 1944

Le Canada, 26 avril 1944

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Le fantôme de Mary Gallagher (Griffintown, Montréal, 26 juin 1879)

 »I have been in the British Army from ’54 to ’62 » said Constable John Bolster Saturday morning,  »and I never saw a sight like this ». (Réf. Montreal Witness, 2 juillet 1879, p.1)

Ces paroles donnent un aperçu de l’horreur de la scène qui attendait les policiers au no 242, William Street, Griffintown, en ce jour de juin 1879. Ce fait divers a donné naissance à une légende dont on parle encore de nos jours.

La légende

Le livre de Danielle Goyette (Fantômes et lieux étranges Éditions Michel Quintin, 2009, 144 pages) consacre un chapitre à cette légende. En somme, elle raconte que le 26 juin 1876 (année inexacte), dans le quartier Griffintown, Mary Gallagher et Susan Kennedy, deux prostituées, emmènent  chez elle un de leurs clients, Michael Flanagan. Monsieur Flanagan est plus sensible aux charmes de Mary qu’à ceux de Susan. Cette dernière, folle de rage, armée d’une hache, décapite Gallagher. Flanagan, ivre mort, dort paisiblement à côté. Kennedy, au terme de son procès, est condamnée à la prison à vie.

Le 26 juin 1942, le fantôme de Mary Gallagher aurait été aperçu dans le quartier de Griffintown. Certains racontent que Mary Gallagher apparaîtrait à cet endroit, aux sept ans, cherchant à récupérer sa tête.

Les faits

Cette légende nous donne beaucoup d’informations qui nous permettent de déterminer si elle a un fond de vérité. Nous avons une date, un lieu ainsi que le nom des protagonistes.

Et oui, plusieurs de ces informations se révèlent véridiques.

Quand on consulte les journaux de l’époque, certains détails varient d’un article à l’autre. Comme par exemple, le nom de la victime. Elle est appelée au départ  Kate Conway alias McCormik, femme de Jacob Myers, résidant dans l’appartement où a eu lieu le crimee,  selon le Canadien du 30 juin 1879 ou Mrs Conly selon Le Montreal Witness du 2 juillet 1879. C’est un peu plus tard qu’on se rend compte qu’il s’agit bel et bien de Mary Gallagher.

La maison où a eu lieu le crime. Canadian illustrated news, 12 juillet 1879

La maison où a eu lieu le crime. Canadian illustrated news, 12 juillet 1879

On suspecte Suzanne Kennedy Myers, femme du locataire de la maison (source) ou amie de la femme du locataire des lieux (source), d’être responsable du carnage. Selon le Canadien du 30 juin, qui cite La Minerve, la victime a plus de 60 ans et Susan Kennedy environ 30 ans. Ce sont deux femmes qui s’adonnaient semble-t-il à la consommation excessive de boisson.

Lorsque les policiers arrivent sur la scène du crime, Kennedy fait semblant d’être ivre morte. Ses vêtements sont tachés de sang. Le corps sans vie de Mary Gallagher, mutilé, repose dans l’appartement. On accuse Kennedy du meurtre.

Michael Flanagan, compagnon de beuverie qui était sur les lieux du crime, est accusé du meurtre. Jacob Myers, mari de Kennedy, est aussi arrêté, mais il semble avoir été relâché.

Coupable!

A l’issue d’un procès qui se déroule début octobre 1879, Michael Flanagan  est déclaré non-coupable tandis que Suzanne Kennedy est condamnée à être pendue le 5 décembre suivant. Elle a toujours affirmé son innocence.

La peine de Kennedy est ensuite commuée en sentence de prison à perpétuité.

Michael Flanagan serait décédé le 5 décembre 1879, jour où Susan Kennedy devait être pendue! (La Minerve, 6 décembre 1879). Légende ou réalité? Il faudrait vérifier dans les registres montréalais.

Susan Kennedy aurait été libérée en 1885, après 16 ans de détention. Seule une consultation du registre d’écrou des prison de Montréal pourrait confirmer l’information.

Conclusion

La légende du fantôme de Mary Gallagher prend comme point de départ un fait divers qui s’est déroulé à Montréal en 1879 (et non 1876 comme on peut le lire dans diverses sources). A-t-on réellement affaire à une histoire de jalousie entre deux prostituée ou à une beuverie qui a mal tourné? Un mélange des deux?  Les comptes rendus de l’époque permettent difficilement de savoir ce qui s’est exactement passé.

Pour ceux qui veulent lire les articles de journaux relatant le procès, consultez la Minerve, 1er,  2, 4 et 6 octobre 1879, à la page 2

et le Montreal Witness du 8 octobre 1879, p.1. Cliquez ici.

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