Evitez l’eau de Floride et la bière de tempérance [Saint-Anselme, 1914]

Certains mélanges sont à déconseiller. Deux jeunes hommes de Saint-Anselme (comté de Bellechasse) l’ont appris à leurs dépens en 1914.

FloridaWaterTC1881

Publicité pour l’eau de Floride produite par Murray et Lanman, 1881. Wikipédia.

Le 13 mai 1914, Georges Lacroix et Alidor Fortin, âgés d’une vingtaine d’années, se présentent au magasin d’Eugène Plante pour faire l’acquisition de quelques bouteilles d’eau de Floride (eau de Cologne) et de bière de tempérance. L’Action sociale du 15 mai 1914 indique que nos deux compères ont mélangé sur place les deux types de liquide pour ensuite goûter au résultat. Ils ont ensuite quitté le magasin pour poursuivre leur séance de dégustation.

Sur les flacons d’eau de Floride figuraient l’avertissement suivant: « Made with deodorized methylic alcohol. For external use only – poison. »

Quelques heures plus tard, les deux amis n’étaient plus de ce monde.

Georges Lacroix, fils de Honorius Lacroix et d’Arzélie Leblanc, est décédé dans son lit le 14 mai et Alidor Fortin, fils de Eusèbe Fortin et de Virginie (Girard?), est décédé chez ses parents dans la nuit du 14 au 15 mai 1914.

Le coroner Donat Bernier a rendu, pour les deux comparses, le verdict suivant: « Mort de congestion cérébrale causée par l’absorption de boisson : mélange de bière de Tempérance et d’eau de Floride ».

Toujours bien lire les étiquettes.

Sources:

L’Action sociale, 15 mai 1914.

Base de données Enquêtes des coroners des districts judiciaires de Beauce, 1862-1947; de Charlevoix, 1862-1944; de Montmagny, 1862-1952; de Québec, 1765-1930; et de Saint-François (Sherbrooke), 1900-1954 (BANQ).

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Ingestion accidentelle d’animalcules [1884]

Le vinum colchici est dangereux pour la santé (Tabb’s Yard, Montréal, 1873)

Victime de la boisson [Fitch Bay, 1869]

Arrêté pour contrebande d’alcool [1933]

Le Canada, 14 décembre 1933

« Le capitaine Ulric Tremblay est arrêté
__
Les agents l’appréhdent au moment où il débarque d’un navire à Rimouski.

Québec, 13. – Le capitaine Ulric Tremblay qui, déjà, fut impliqué dans plusieurs retentissantes affaires de contrebande, est actuellement détenu à la prison de Rimouski après avoir été arrêté par les officiers de la Gendarmerie Fédérale et les agents de la Commission des Liqueurs qui le recherchaient depuis plus de trois mois.

Tremblay qui, à cette époque, subissait un procès et avait été mis en liberté sous cautionnement ne se présentera pas devant la Cour à l’appel de sa cause. Le juge le déclara coupable de mépris de Cour, et depuis ce temps, il est recherché par la police. Cependant il avait jusqu’ici échappé à toute poursuite quand, ces jours derniers, il descendit à Matane d’un navire qui venait de la Côte Nord.

Les officiers de la Gendarmerie et les agents de la Commission des Liqueurs soupçonnant ce navire de transporter de l’alcool de contrebande le surveillaient et, lorsque Tremblay en débarqua, ils l’arrêtèrent sur-le-champ et le conduisirent à la prison de Rimouski. Le capitaine Tremblay sera conduit à Québec d’ici quelques jours. »

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Le capitaine Bernier, de retour d’une expédition en Arctique [1907]

Un canot englouti par les glaces [Fleuve Saint-Laurent, 12 février 1839]

Naufrage de la goélette Saint-Laurent (septembre 1839)

Le naufrage du Lady Seaton (Iles de la Madeleine, 4 décembre 1847)

Un électeur éméché à Rivière-du-Loup en 1889

Le courrier de Fraserville, 17 janvier 1889

« Un incident assez curieux s’est passé lundi au bureau de votation pendant l’élection des conseillés (sic). Un voteur passablement éméché et soutenu par un compagnon qui paraissait prendre beaucoup d’intérêt à son vote se présente pour voter. A la question ‘pour qui désirez-vous enregistre votre vote’, posée par le greffier, notre voteur répond d’abord qu’un tel, qui n’est pas candidat, est son homme, puis, sur la remarque qu’on lui en fait, il vote finalement contre le candidat de son compagne qui, paraît-il, le cabalait depuis le matin…, et il était midi.

Tête du protecteur… qui abandonne son protégé à ses propres forces et jure de ne plus s’y faire prendre. »

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LES EXTRAS [1886]

ÉMEUTE DURANT UNE ÉLECTION [MONTRÉAL, 1832]

ELECTION MOUVEMENTÉE DANS QUÉBEC CENTRE [QUÉBEC, 5 AOÛT 1872]

AVENTURES EXTRAORDINAIRES D’UNE JEUNE FILLE DE RIMOUSKI EN 1918

A quand les liqueurs pures et pas chères? [1921]

L’Autorité, 26 novembre 1921

A QUAND LES LIQUEURS PURES ET PAS CHÈRES?

Des quatre coins de la province arrivent des plaintes sur la fabrication clandestine et la vente frauduleuse des boissons alcooliques. Le curé d’une paroisse du bas du fleuve nous demande si le prix élevé des liqueurs vendues par la régie n’est pas l’explication de cet abus.

Photographie | Commission des liqueurs du Québec, rue Peel, Montréal, QC, 1930 | VIEW-24795.1

Commission des liqueurs du Québec, rue Peel, Montréal, QC, 1930

Si nos informations sont exactes, et nous avons lieu de croire qu’elles le sont, la régie encaisse approximativement un dollar de profit par bouteille d’alcool vendue au consommateur. Les marques anglaises ou françaises lui coûtent en gros $14,00 par caisse de douze bouteilles. Le fisc fédéral touche un droit d’entrée de $20,00 par caisse (à $10,00 du gallon); le transport et l’assurance maritime coûtent à peu près $2,00 par caisse, et les frais d’administration probablement autant. A ce compte, une caisse de scotch, de cognac ou de gin coûte près de $38,00 à la Commission des liqueurs, et elle réalise $12,00 de profit par la vente au détail. Il est bon de noter que l’on a promis récemment de réduire légèrement cette marge de profit.

Si la régie pouvait être assimilée à un marchand ordinaire, ce pourcentage de profits ne serait pas exorbitant. Toutefois il se trouve que la Commission des liqueurs, qui devait être une bonne mère pour nous, ne l’est guère, car les diminutions qu’on nous promet ne se produisent pas aussi vite qu’on le voudrait.

Lorsque la Commission fut fondée, elle devait nous doter de liqueurs ayant cette double qualité d’être pures et à bon marché. Il suffit de goûter certains vins mis en vente par la Commission des liqueurs pour savoir à quoi s’en tenir sur cette pureté. Quant aux prix, les chiffres plus haut cités en disent assez là-dessus.

Il est évident que c’est du gouvernement fédéral, qui touche plus de $1,60 d’impôt sur la bouteille, qu’il faut attendre la plus forte diminution, et nous espérons que les prochaines élections entameront quelque peu l’influence puritaine à Ottawa.

Mais jusque-là, la Commission, qui se flatte d’un futur surplus de $4,000,000 ne pourrait-elle pas faire quelque chose, et sans prendre trop son temps? La Commission des liqueurs serait malvenue de spéculer sur le peuple de notre province. Ne doit-elle pas être pour nous une bonne mère et non une marâtre?

Sylvio PICO

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Drinkwine, un billet sans alcool [New York, 1920]

Boisson sous la tribune de l’institutrice [Mont-Albert, 1936]

L’Abbé J.-N. Dubois et la prohibition totale [1919]

L’état sanitaire de Sherbrooke en 1921

Fermons ces maisons publiques le dimanche! [1821]

Le Canadien, 15 août 1821

Quebec, 7 août 1821

Mr. L’EDITEUR

Permettez-moi de vous communiquer quelques reflexions relativement à la conduite de quelques uns de nos Aubergistes licenciés en vertu d’un pouvoir qui leur est accordé par l’autorité civile. L’amour de la tranquillité publique et du bien en general sont les seuls et uniques motifs qui me vous les font envoyer. Je veux, en particulier, faire allusion à une de ces maisons publiques tenues à une petite distance de la place du marché de la Haute-Ville, qui offre, le Dimanche comme les autres jours, le spectacle le plus dégoutant de la depravation complète des moeurs.

Il me semble, Mr. l’Editeur, que d’après une de nos loix existantes, il est defendu aux aubergistes de distribuer des liqueurs fortes le saint jour du Dimanche, et cette loi mise en force devroit contribuer à rendre de tels excès moins communs; il est triste qu’elle ne soit pas observee avec plus d’exactitude. Il suffiroit aussi d’une surveillance plus exacte pour obliger les aubergistes à veiller au moins avec plus de soins à ce qui se passe dans leurs maisons, qui le plus souvent sont le repaire et le debordement de l’immoralité. Il seroit tems de porter remède à quelques uns de ces inconveniens qui se multiplient et grossissent tous les jours, il faut avouer pourtant que le nombre de ces établisssemens n’excederoit pas nos besoins reels, s’ils étoient mieux gouvernés et conduits de manière à répondre à l’object en vue par la loi. Il est inutile d’entreprendre de tracer le tableau des scènes sales et dégoutantes qui se passent journellement dans quelques-uns de ces temples élevés au vice, sous les yeux mêmes de ceux qui sont preposés au maintient du bon ordre sans encore avoir la douleur de les voir se repeter le saint jour du Dimanche. Ces allegués, Mr. l’Editeur ne sont malheureusement que trop vrais; j’en appelle à vous même, au temoignange de votre propre conscience. Ne voyez-vous pas le Dimanche plus de personnes ivres que les autres jours! Oui, sans doute, et la raison en est bien évidente: les lois civiles et religieuses interdisent le travail en ce jour, pour que ceux qui sont sujets se livrent entièrement aux exercices de leur differente religion, et qui au contraire courent en foule se precipiter dans ces asiles de la débauche et du libertinage. Vous sentez donc avec moi, Mr. l’Editeur, la nécessité pressante de ternir fermées, le Dimanche, toutes ces maisons publiques.

S.E.U.

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Mise en garde contre les auberges [Québec, 1847]

Un voyageur de Montréal tué par un soldat [Québec, 13 septembre 1807]

Annuaires Marcotte de Québec et leurs prédécesseurs, 1822-1920

Histoire judiciaire: Le docteur L’Indienne, un meurtrier en série? St-Jean-Port-Joli, 1829

Boisson sous la tribune de l’institutrice [Mont-Albert, 1936]

L’Action catholique, 1er juin 1936

BOISSON SOUS LA TRIBUNE DE L’INSTITUTRICE

Les contrebandiers ont tous les tours. Ils en sont rendus à cacher leurs liqueurs dans les écoles, comme nous le révèle un entrefilet du  »Progrès du Golfe » hebdomadaire de Rimouski.

Voici ce que nous raconte le journal du notaire Eudore Couture:

Une petite paroisse de la Gaspésie, Mont-Albert, a reçu cette semaine la visite des officiers de la Gendarmerie Royale qui ont fait une découverte en un lieu tout à fait insolite.

Après quelques perquisitions dans le village, l’idée leur vint de faire une visite à l’école. Dès que les élèves furent sortis, avec la permission de l’institutrice, ils firent la visite des lieux. Sous la plate-forme de la tribune de la  »maîtresse » ils trouvèrent 18 gallons d’alcool, et dans le grenier 29 gallons. Le propriétaire de cette boisson fut découvert et arrêté. Il a plaidé coupable, hier, devant le magistrat Couillard, qui l’a condamné à $100 d’amende et les frais, ou trois mois de prison.

L’institutrice, qui ignorait cette cachette, fut exonérée de tout blâme.

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L’Abbé J.-N. Dubois et la prohibition totale [1919]

Sur le web: Mémoires de marées – Survol des naufrages gaspésiens

Le torpillage du Nicoya et du Leto dans le golfe Saint-Laurent par un sous-marin ennemi [1942]

Collision [Intercolonial, entre le Bic et Rimouski, mars 1889]

Archives audiovisuelles en ligne: la collection Mémoires vives [Est du Québec]

L’Abbé J.-N. Dubois et la prohibition totale [1919]

Le 10 avril 1919, la population du Québec est invitée à se prononcer par référendum sur la légalité de la vente de vin et de bière.

Le Clairon, 18 avril 1919

L’ABBE J.-N. DUBOIS ET LA PROHIBITION TOTALE

Le visiteur des écoles catholiques de Montréal nous dit:
 »Vous me demandez mon opinion au sujet de la vente de la bière et des vins légers. Vous pouvez dire à vos lecteurs que je suis carrément opposé à la prohibition totale. Je me défie de ces lois coercitives qui entravent la liberté individuelle. En matière de régime alimentaire, aussi bien que dans l’ordre plus élevé de la conscription scolaire et de l’instruction automatique des enfants du peuple. Gardons nos libertés. Elles nous ont coûté assez cher!

En Europe, et dans la plupart des pays civilisés, l’usage de la bière, du cidre et des vins légers est profondément ancré dans les moeurs populaires.

 »Si au Canada, en notre belle province de Québec surtout, l’ouvrier remplaçait tous les alcools frelatés par ces vins réconfortants que la France va pouvoir nous expédier à des conditions de plus en plus avantageuses, il y aurait un regain de santé et de vitalité. La bière est aussi une boisson saine et hygiénique. Qu’on ne parle pas d’abus! On peut abuser de tout, même des choses les plus sacrées. L’abus ne donne pas droit au bon usage de disparaître.  »Abusus non tollit usum ».

 »L’idéal serait d’abolir la vente au verre, dans certains estaminets qui deviennent trop souvent les refuges de l’oisiveté et du vice- et de faire l’éducation du peuple, en lui démontrant que c’est à l’occasion des repas surtout, que les vins légers et la bière sont, non seulement un excellent condiment, mais encore de véritables boissons nutritives et alimentaires ».

 »Sous ce rapport, comme sous bien d’autres, d’heureux progrès ont été réalisés et il appartient à nos gouvernements et aux vrais d’éducateurs de favoriser la diffusion des bons principes d’hygiène de morale et de saine liberté. »

(Cf. La Presse, 7 avril).

Le Clairon, 25 avril 1919

QUELS VINS POURRONT-NOUS BOIRE?

Un grand nombre de gens se demandent ce qu’il leur sera permis de boire, après le 1er mai, en vertu du résultat de la consultation populaire qui a eu pour résultat une majorité de 127,000 pour l’usage des vins et des bières.

Nous savons fort bien que la loi nouvelle permettra la vente de bière pourvu qu’elle ne contienne pas plus de 5,46 pour cent d’alcool preuve; du vin pourvu qu’il ne contienne pas plus de 15,09 pour cent d’alcool preuve. Comme nous ne sommes pas tous experts en vins et liqueurs, un grand nombre de citoyens sont anxieux de savoir à quoi rime ce langage technique et désireraient savoir au juste quels sont les vins qu’il leur sera permis de consommer.

Voici les principaux vins alcooliques fermentés qu’il nous sera permis de boire

Pourcentage
L’Oport 15
Vin de cerise 14
Vin de table (claret) 8 à 14
Bourgogne 8 à 14
Sauterne 11
Vins du Rhin 7 à 15

Quant à la bière, celle que nous buvons actuellement contient environ 4% d’alcool- on pourra donc la renforcer en vertu de la loi. Par contre, l’ale devra être affaiblie, puisque celle consommée à l’heure actuelle contient de 6 à 9% d’alcool; le porter d’usage courant contient de 4 à 5% d’alcool, donc aucun changement à faire quant à cette boisson.

(L’Administration, 19 avril 1919)

Pour en savoir plus sur la prohibition, lisez La bouteille « maudite »La prohibition à Québec au début du siècle, article de Robert Germain paru dans Cap-aux-Diamants

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La lecture des mauvais livres [1880]

Qui est mademoiselle Guilmartin?

Un chemin de fer sur le Saint-Laurent [1880-1883, Hochelaga-Longueuil]

Drinkwine, un billet sans alcool [New York, 1920]

Beaucoup de désordre [Chelsea, août 1902]

Ah, la maudite boisson! Ce qu’elle cause des problèmes!
Extrait de l’Ontario français, 22 août 1902

BEAUCOUP DE DESORDRE

Chelsea où se font le dimanche la plupart des piques-niques des citadins devient un lieu de désordre. Un élément voyou se mêle aux gens paisibles qui vont chercher à la campagne le repos et la tranquilité et se rend très désagréable. Le whiskey comme toujours est le commencement du trouble. Hier deux escouades de jeunes anglais d’Ottawa se sont pris de querelle entre eux et les filles qui les accompagnaient ont dû revenir à pied en ville. Ces voyous vont jusque dans le village de Chelsea et font du train. Ainsi ils sont entrés dans une église pendant le service et on fait des scènes disgracieuses. D’autres ont insulté la femme du Dr Davis et des arrestations sont faites.

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Les allumetières et la nécrose maxillaire [XIXe et XXe siècles]

Glissement de terrain à Notre-Dame de la Salette [26 avril 1908]

Répertoire du patrimoine bâti de l’Outaouais

Un dernier adieu à Louis-Joseph Papineau [Montebello, 26 septembre 1871]