La fin du monde [1899]

La Patrie, 13 novembre 1899

LA FIN DU MONDE

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ARRIVERA-T-ELLE CET APRES-MIDI ENTRE 2 ET 5 HEURES

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Les étoiles filantes ne tomberont probablement que demain ou après-midi
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La prédiction du célèbre prophète Falb s’accomplira-t-elle?

Le monde sera-t-il anéanti et allons-nous tous tomber dans l’infini?

Si la prophétie de Falb se réalise, c’est que la terre sera rencontrée par une comète dont la masse nébuleuse embrasse 1,800 000 kilomètres (comme la comète de 1811), c’est-à-dire deux fois le volume du soleil. Le cataclysme, la conflagration qui se produiraient, peuvent être représentés par l’écoulement sur la terre d’un fleuve de feu d’une masse de deux millions de fois plus grosse que celle de notre planète. C’est entre deux et cinq heures, cet après-midi, qu’arrivera cet épouvantable destruction du genre humain.

Rudolf Falb, à qui l'on doit cette prophétie. Source: Wikipédia

Rudolf Falb, à qui l’on doit cette prophétie. Source: Wikipédia

La perspective est terrifiante, mais de réalisation peu probable. Demain, après-midi, l’année prochaine, dans cent ans, sans doute, la terre continuera à tourner autour de son axe, accordant du bonheur aux uns et des infortunes aux autres, tout comme aujourd’hui. En tout cas, les timorés, les peureux, les natures faibles ont amplement le temps de se préparer pour la catastrophe finale, qui, quoique certaine, pourraient bien se faire attendre encore des millions d’années.

Consolons-nous, les astronomes promettent de nous faire assister à un spectacle d’une grandiose splendeur, peut-être cette nuit, mais certainement dans les nuits de demain et mercredi.

Il parait que la terre passera d’ici à jeudi à travers un essaim de petits astéroïdes qui s’égrèneront dans l’espace, laissant tomber des cascades d’étoiles filantes.

On nous avait assuré que ce phénomène serait visible cette nuit, entre 2 et 4 heures, mais il paraît que la terre est en retard dans sa course et qu’elle manquera au rendez-vous.

A la nuit prochaine donc!

Des milliers de personnes sans doute veilleront demain soir pour voir tomber la pluie d’étoiles. Il n’y aurait pas de feux d’artifices au monde comparables à cette chute mystérieuse d’astéroïdes.

Ceux qui désireront voir le spectacle dans toute sa magnificence, devront se mettre sur un endroit élevé, d’où la vue commandera l’horizon du côté du nord-est, avant minuit. Ils devront localiser le centre de la pluie d’étoiles parmi les étoiles disposées en forme de faucille formant la constellation du Lion. Quand ils auront découvert ce foyer d’où les météores s’élanceront, ils pourront calculer le nombre d’étoiles passant devant leur rayon visuel pendant un temps déterminé.

En déterminant le foyer d’où rayonneront les météores l’observateur devra prendre soin de bien s’assurer de la direction que prendront les étoiles.

Il est intéressant de prendre note des nuances des météores, de leur dimension, de leur vitesse, de leur éclat et du rayonnement qu’ils laisseront au firmament après leur passage.

Le spectacle vaudra la peine d’être observé, et les pluies d’étoiles de 1833 et 1866, ont été si remarquables que nous n’avons aucun motif de nous attendre à un spectacle moins grandiose en 1899.

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Le 1er août 1930, on a pu voir ceci dans le ciel [objet volant identifié]

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Et que la lumière fut! (Québec, 29 septembre 1885)

Les journaux, en cette fin de septembre 1885, consacrent beaucoup d’articles à l’épidémie de variole qui sévit à Montréal. Mais à Québec, le 30 septembre, c’est une nouveauté qui retient l’attention: l’éclairage électrique. Sigismund Mohr, de la Compagnie électrique, avait pour ambition de démontrer les avantages de l’électricité pour l’éclairage extérieur (et éventuellement obtenir des contrats). Ce soir-là, de l’énergie produite à partir des installations des chutes Montmorency servit à éclairer la Terrasse Dufferin à Québec. Les spectateurs ont apprécié.

Dans le Canadien du 30 septembre 1885, on pouvait lire un résumé de la soirée

La Lumière électrique

La grande exposition de lumière électrique si impatiemment attendue a eu lieu hier soir sur la terrasse Dufferin, avec un succès qu’ont applaudi 20 000 personnes. Quoique des myriades d’étoiles scientillassent au firmament, l’obscurité était profonde sur l’immense plate-forme, la compagnie du gaz n’ayant pas jugé à propos de faire concurrence pour cette fois à la lumière électrique ni à celle de la lune. On aurait dit un océan berçant ses flots noirs dans un vaste murmure qui se perdait au loin.

M. Mohr, l’actif et intelligent gérant de la compagnie, entouré du président M.A.  Thompson, des directeurs MM. D. C. Thompson, P. Garneau et Bell Forsyth, de plusieurs actionnaires parmi lesquels M. Borroughs, M. L. J. Demers et de quelques journalistes, attendait avec anxiété l’arrivée de son Honneur le lieutenant-gouverneur.

Photographie | La Terrasse Dufferin depuis le bureau de poste, Québec QC, vers 1885 | VIEW-1281

La Terrasse Dufferin depuis le bureau de poste, Québec QC, vers 1885

Celui-ci est arrivé à huit heures précises, accompagné de Mme Masson, de son aide-de-camp, le capt. Sheppard, et de plusieurs dames. Il a été salué par l’harmonie du 8e carabiniers royaux qui a joué  l’hymne national anglais.

Aussitôt, l’hon. M. Masson a été prié de transmettre le signal aux chutes Montmorency, au moyen d’une sonnerie électrique, et instantanément le fluide a fait surgir des ténèbres 34 foyers lumineux qui ont acquis en quelques secondes une puissance considérable. L’aspect de la terasse a été transformé comme par une baguette magique, et les acclamations ont éclaté de toute part, réveillant les échos paisibles de la nuit.

Le chef de police V(illisible), à qui l’on doit d’avoir jouit d’une soirée parfaitement paisible, a fait ouvrir par ses hommes un passage à travers la foule compacte qui se pressait d’un bout  à l’autre de la terrasse, et le cortège des invités s’est mit en branle à la lumière limpide des foyers électriques, qui aurait permis de distinguer une épingle sur le sol.

S’ensuit un résumé du  concert offert par le 9e Voltigeurs de Québec et l’harmonie du 8e Carabiniers royaux.

L’article se poursuit:

Le Canadien, 30 septembre 1885

L’expérience faite hier soir par la compagnie de lumière électrique de Québec et de Lévis a réussi au-delà de toute attente, et il est parfaitement établi aujourd’hui que malgré la déperdition de fluide qui se produit nécessairement sur un parcours de 34 milles de longueur, on obtient encore une lumière d’un brillant et d’une stabilité incontestables. Cette expérience consacre en outre la substitution énormément avantageuse de la force hydraulique à celle de la vapeur qui coûte beaucoup plus cher.
Nous ne doutons pas qu’après un succès aussi éclatant, dû en grande partie, nous aimons à le dire en toute justice, à la persévérance de M. Mohr, la compagnie ne fasse des progrès rapides et décisifs. La corporation de Québec sait maintenant à quoi s’en tenir, et nous espérons qu’elle n’hésitera pas davantage à éclairer nos rues à la lumière électrique. Cet admirable lumière sera aussi davantage employé à l’avenir, nous n’en doutons pas, dans les églises, les maisons d’éducation, les fabriques, les magasins, et même chez les particuliers. La compagnie réglera ses taux sur la somme d’encouragement qu’elle recevra.

Comme nous l’avons déjà annoncé, l’expérience d’hier se renouvellera tous les soirs de la semaine, si le temps le permet, et il y aura concert comme hier soir.

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Le Champ-de-Mars éclairé (Montréal, par une belle soirée de mai 1879)

Le Champ-de-Mars éclairé (Montréal, par une belle soirée de mai 1879)

Bougie et globe Jablochkoff. Extrait de Le règne de l’électricité par Gaston Bonnefont, publié en 1895

A l’Exposition universelle de Paris de 1878, les visiteurs ont pu admirer la lampe à arc de Pavel Jablochkov qui permettait de fournir un éclairage grâce à l’énergie électrique. Parmi ces visiteurs, il y avait le montréalais J.-A.-I. Craig. L’année suivante, sur le Champ-de-Mars, à Montréal, Craig faisait une démonstration de la lampe à arc.

Photographie | Gravure du Champ-de-Mars, Montréal, QC, 1869 | I-38034.1

Gravure du Champ-de-Mars, Montréal, QC, 1869

Dans la Minerve du 17 mai 1879, on pouvait lire

Lumière électrique – Hier soir, nous avons eu le plaisir d’assister au premier essai de M. J. A. I. Craig qui a fournit cette fameuse lumière à la clarté de laquelle les militaires ont fait l’exercice. On peut dire que l’expérience a eu tout le succès que l’on pouvait attendre d’une première fois. Le mouvement partait de l’engin de la Minerve, et se communiquait à l’appareil par des fils établis entre la machine dynamite et le récepteur placé sur le dôme du musée géologique, en face du Champ-de-Mars. Il y a avait 1,200 pieds de fil conducteur. La lumière était distribuée avec un régulateur Serin, et répandait sur tout le carré une clarté vive qui permettait de reconnaître les personnes des points les plus éloignés. L’instrument commença à fonctionner à 9 1/2 heures et finit vers (illisible) heures. Les premiers jets n’avaient pas eut l’éclat désiré. Ce défaut était dû à la mauvaise qualité du charbon dont on se servait, mais aussitôt ce vise reconnu, on employa un charbon plus gros et avec plus de consistance et jusqu’à la fin, la réussite a été complète. On se proposer d’ajouter de nouvelles forces à l’engin moteur, ce qui donnerait un résultat plus complet encore. On peut cependant juger de l’effet produit en sachant que l’essieu qui faisait marcher la machine subissait un mouvement de rotation de 1,500 révolutions à la minute, ce qui occasionnait à toute la bâtisse un tremblement dont les ouvriers qui travaillaient dans les étages supérieurs avaient hâte de voir la fin.

Régulateur Serin, L’étincelle électrique (2e édition revue et augmentée) / par A. Cazin, 1880, p. 292

En somme, le résultat a été des plus satisfaisant, et M. Craig, qui a lui-même construit la machine électro-magnétique, n’a qu’à se féliciter du succès de sa première expérience.
Plusieurs milliers de spectateurs étaient sur les lieux, et tous ont été satisfaits.

Bibliographie

Hydro-Québec[en ligne] Chronologie de l’électricité. [Page consultée le 21 janvier 2012] Adresse URL: http://www.hydroquebec.com/comprendre/histoire/index.html

Musée virtuel du Canada [en ligne] L’histoire de l’hydroélectricité au Québec [Page consultée le 21 janvier 2012] Adresse URL http://www.hydroelectricite.ca/

Geopedia [en ligne] La découverte de l’énergie électrique [Page consultée le 21 janvier 2012] Adresse URL: [n’est plus en ligne)

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Le passage de la comète de Halley et les journaux de Sherbrooke, Québec et Montréal [19 mai 1910]

Poursuivons avec le thème des objets volants identifiés amorcé avec le précédent billet.

Le 19 mai 1910 était attendu un visiteur de marque. Pas un premier ministre, un écrivain connu ou une célèbre cantatrice, mais bien la reine des comètes, la comète de Halley. Sa dernière apparition remontait à 1835. Autant dire qu’il s’agit d’une comète que l’on ne voit qu’une fois dans sa vie. Comment les journaux de Sherbrooke, Montréal et Québec ont-il parlé de ce phénomène astronomique?

Dans le Progrès de l’Est de Sherbrooke du 17 mai, une publicité propose aux lecteurs de se préparer à l’arrivée de la comète. Nul doute que plusieurs ont suivi ce sage conseil…

Le Progrès de l'est, 17 mai 1910

L’Action sociale de Québec précise qu’il s’agit du plus important sujet de conversation en ville. Pour voir la comète, on conseille d’aller sur la terrasse Dufferin. On déplore par contre de voir sur la terrasse, tard la nuit, des dames espérant voir la fameuse comète (au foyer, les dames! les hommes, pas de problème!). Dans la livraison du lendemain, L’Action sociale nous rassure:

La comète est venue et la comète s’en va et la terre ne s’en porte pas plus mal ni mieux qu’auparavant. Il n’y a pas eu de collision – il pouvait assez difficilement se produire une collision entre la terre et cette comète, vu que des millions de lieues les séparaient l’une de l’autre- et maintenant que la comète s’éloigne de nous, il n’y a plus raison de redouter les catastrophes que sa rencontre avec la terre aurait pu produire si cette rencontre pouvait avoir lieu. La Patrie, 19 mai 1910.

Le Canada tient lui aussi à rassurer ses lecteurs,  »l’astre chevelu » ne causera aucun dommage. Le journal publie plusieurs dépêches en provenance de New York, Détroit, Cambridge, Chicago et Paris présentant les témoignages de professeurs et des astronomes sur le phénomène.  Les Américains voyaient cette comète comme étant une curiosité alors que  pour certains étrangers,  »non-américanisés », on tient à le préciser, c’est la fin du monde qui s’annonce!

Le Montreal Daily Witness préfère traiter du sujet de façon sensationnaliste. On laisse planer le doute…On l’a échappé belle!

Montreal Daily Witness, 24 mai 1910

Le Quebec chronicle parle peu de la comète, mais soulignons cette publicité du magasin Paquet parue le 19 mai 1910.

Quebec Chronicle, 19 mai 1910

Le Patrie publie le 18 mai en une plusieurs articles sur la comète. Le 19, elle souligne à grands traits l’inexactitude des prédictions des scientifiques, qui avaient annoncé la comète pour le 18. La Patrie avait annoncé que la comète serait visible le lendemain (elle avait raison). Elle en a profité pour se moquer joyeusement des scientifiques grâce à quelques caricatures.

La Patrie, 19 mai 1910

En somme, la majorité des journaux du Canada français ont tenté de rassurer les gens en vulgarisant ce phénomène astronomique. On s’est fait par contre un malin plaisir de rapporter les réactions farfelues suscitées  à travers le monde par le passage de la comète de Halley.

La comète de Halley est revenue nous visiter en 1986.

Bibliographie

L’Action sociale, 18 mai  et 19 mai 1910.

Le Canada, 18 mai  et 19 mai 1910.

Montreal Daily Witness, 17 mai et 24 mai 1910.

La Patrie, 18 mai et 19 mai 1910.

Quebec Chronicle, 18 mai et 19 mai 1910

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400 ans de sciences au Québec

Allô prof: ressource pour l’enseignement de l’histoire – univers social

 

Allô prof est un organisme québécois qui lutte  »contre le décrochage scolaire en favorisant l’autonomie et le goût de la réussite auprès des jeunes Québécois. L’organisme est le seul à offrir des services en éducation gratuits, confidentiels et accessibles à tous les élèves québécois des niveaux primaire et secondaire en dehors des heures de classe  ». (Réf).

alloprof

Le site internet d’Allô prof constitue une ressource intéressante pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’histoire du Québec et du monde. Vous trouverez bien des informations dans la section bibliothèque virtuelle (cliquez ici). Vous n’avez qu’à cliquer sur le niveau d’enseignement désiré (primaire ou secondaire), puis sélectionnez Univers social pour voir une table des matières avec les sujets au programme. Les unités disponibles sont en bleu.

La matière est présentée sous forme de notes de cours avec des lignes du temps, des images et des références. Les sections vidéos, exercices, questions et réponses sont pour le moment peu garnies.

Il y a quatre façons de faire une recherche dans le contenu en ligne: par mots-clés, recherche avancée, recherche alphabétique et recherche dans la table des matières.

Allô prof ne se limite pas aux disciplines de l’univers social (histoire, géographie, éducation à la citoyenneté). Ce site est aussi une ressource incontournable concernant les mathématiques, l’anglais, le français, la science, la technologie, etc

Définitivement un site à explorer!

Adresse: http://www.alloprof.qc.ca/ Cliquez sur bibliothèque virtuelle et choisissez la matière qui vous intéresse

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La réserve virtuelle de la Société des musées québécois

Note: 11 mai 2015 – la réserve virtuelle n’est plus sur le site de la SMQ

La Société des musées québécois (SMQ) a mis en ligne une réserve virtuelle qui vous permet de mieux connaître les collections des musées du Québec.

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Les objets et les oeuvres ainsi exposés sont classées en cinq catégories: art, ethnologie et histoire,

archéologie, sciences naturelles et sciences et technologies. Une fiche accompagne chaque numérisation.

69 musées ont contribué à cette

exposition qui nous donne l’occasion de s’initier aux trésors exposés dans nos musées!

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