D’anciens numéros de la Tribune de Sherbrooke en ligne

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La Tribune de Sherbrooke, (BANQ)

Publiée depuis 1910, la Tribune de Sherbrooke fait son apparition dans la section Patrimoine du portail de BANQ. Pour le moment, les éditions publiées entre 1928 et 1935 sont en ligne. Le reste devrait être ajouté au cours des prochains mois.

La Tribune rejoint d’autres quotidiens québécois comme Le Soleil (1896-2006), La Presse (1884-2015), Le Nouvelliste (1920-2016), La Voix de l’est (1985-2011), et le Devoir (1910-2012) dont les anciens numéros sont accessibles en ligne.

Espérons que nous aurons bientôt la chance de pouvoir lire les premiers numéros du Quotidien et du Droit et ainsi que d’autres hebdos régionaux (pensée ici pour la Voix du Sud) sur cette plate-forme si utile au grand public.

 

Disparition d’un résident d’Eustis [1912]

Monument Even Saxlund,  cimetière Eaton Corner, Estrie, 2010. Crédit: Vicky Lapointe

Monument Even Saxlund, cimetière Eaton Corner, Estrie, 2010. Crédit: Vicky Lapointe

Mon premier contact avec l’histoire des Norvégiens ayant immigré au Québec a eu lieu il y a quelques années. Je visitais alors un cimetière situé à Eaton Corner, Estrie. J’étais à la recherche du monument funéraire d’un membre de la famille Chambers. À ma grande déception, je n’ai pu établir de liens entre les Chambers de Eaton Corner et le brigand Charles Chambers auquel j’ai consacré quelques billets. Quand même, j’ai profité de mon passage pour photographier quelques monuments ayant attiré mon attention, dont celui d’Even Saxlund et de sa famille. Nés en Norvège, ils sont décédés dans les Cantons-de-l’Est.

L’extrait de journal qui suit ne porte pas sur les Saxlund, mais sur un  compatriote, Edward Olson.

Le Progrès de l’Est, 28 mai 1912

Edward Olson, un Norvégien, demeurant à Eustis depuis quelques années, est disparu mystérieusement il y a deux mois et, depuis lors, personne n’a reçu de ses nouvelles. La dernière fois qu’Olson a été vu, un matin du mois de mars dernier, il se rendait à North Hatley pour y chercher un canot emprisonné dans la glace du lac Massawippi. On craint qu’il ne lui soit arrivé un accident sur le lac et qu’il s’y soit noyé.

J’ai fait une recherche dans le recensement canadien de 1911 et je n’ai trouvé qu’un Edward Olson au Québec, un résident du township de Shipton (auj. Danville). Célibataire, né en Norvège en 1865, Olson était domestique. Il est arrivé au pays en 1900.

Pour en savoir plus sur les Norvégiens au Canada.

Billets reliés
Des Norvégiens à Gaspé en 1860

Un chocolatier français à l’Ile d’Anticosti, Henri Menier

Des immigrants islandais au Canada (port de Québec, août 1876)

Du Québec au Wisconsin

Sainte-Justine, Bellechasse, Québec

Depuis un certain temps, je m’intéresse à l’émigration des habitants de Sainte-Justine (Bellechasse, QC). La consultation du répertoire des baptêmes, mariages et sépultures de Sainte-Justine 1862-2012 fournit bien des informations à ce sujet. Aux XIXe et XXe siècles, les Justiniens, lorsqu’ils quittaient le village, s’établissaient dans les paroisses voisines, mais aussi en Ontario (Welland, Hearst) ou en Nouvelle-Angleterre. Les Dorval, quant à eux, ont parcouru bien du chemin.

Philippe Dorval et Sédulie Noyer dit Racine se sont mariés le 20 août 1878 à Sainte-Justine. Philippe est le fils d’Hubert Dorval et de Scholastique Morisset et Sédulie est la fille de Laurent Noyer dit Racine et de Catherine Couture. Ils auront au moins 9 enfants, dont 8 naîtront à Sainte-Justine.

Enfants de Philippe Dorval et Sédulie Noyer ayant atteint l’âge adulte:

  • Joseph-Odilon, né le 28 mars 1881.
  • Marie-Delia, née le 7 mars 1883.
  • Evangéliste, né le 26 décembre 1884.
  • Marie née le 28 mars 1892.

Les Cantons-de-l’Est

Les Dorval quittent Sainte-Justine entre 1888 et 1890 pour aller s’établir à Perryboro, Hereford, Compton (Cantons de l’Est) où on les retrouve lors du recensement de 1891. Perryboro, un hameau qui n’existe plus, était situé près de St-Herménégilde. En 1891, d’autres Justiniens habitent Perryboro, dont le frère de Philippe, Hubert Dorval, son épouse Célanire Leblond et leurs enfants ainsi que Joseph Lapointe, son épouse Philomène Leblond et leurs enfants (recensement).

Extrait de Map of the Eastern Townships of the province of Quebec, and adjacent territory, 1884. BANQ cote: G/3452/C35F74/1884/M36 DCA pl G/3452/C35F74/1884/M36 CAR pl

Perryboro (Perryborough) était situé près de St-Herménégilde. A gauche se trouve la ville de Coaticook. Extrait de Map of the Eastern Townships of the province of Quebec, and adjacent territory, 1884. Montréal, E. R. Smith. BANQ cote: G/3452/C35F74/1884/M36 DCA pl
G/3452/C35F74/1884/M36 CAR pl

Selon le recensement de 1891, Philippe est ‘farmer’. Le père de Philippe, Hubert Dorval, habite avec eux. La mère de Philippe, Scholastique Morissette, n’est pas avec eux. Hubert décédera à St-Camille (inhumation à Sainte-Justine) le 11 novembre 1909.

Recensement canadien de 1891. BAC.

Recensement canadien de 1891, Perryborro, Hereford, Québec. BAC.

Le 28 mars 1892, Sédulie donne naissance à Marie Clara (baptisée à Sainte-Edwidge-de-Clifton) mais deux enfants du couple meurent peu après, soit Joseph Arthur (Hile) le 31 mars et Josaphat (Joseph) le 8 avril.

Les États-Unis
Cette même année, les Dorval quittent le Canada pour les États-Unis. En 1900, on les retrouve à Ashland, au Wisconsin.

© les contributeurs d’OpenStreetMap ».

Le repère vert indique où est Sainte-Justine, Qc et le rouge indique Ashland, Wisconsin. © les contributeurs d’OpenStreetMap ».

Selon le recensement américain de 1900, le métier de Philippe est ‘laborer’.

Recensement américain de 1900, Ashland, Wisconsin, ED 8 Ashland Town, page 3 de 15. Family Search.

Famille de Philippe ‘Dorwell’, recensement américain de 1900, Ashland, Wisconsin, ED 8 Ashland Town, page 3 de 15. Family Search.

Bientôt, les enfants Dorval sont en âge de se marier. Delia épouse Anthony Barabe ou Baraba? à Ashland en 1898 et Joseph-Odilon épouse Cora Barabe? en 1903 au même endroit.  Evangéliste a épousé Rose (je n’ai pas encore trouvé où ni quand).

En 1910, Philippe, Sédulie et leurs enfants sont toujours à Ashland, Wisconsin. Philippe est ‘woodsman’ et Evangéliste (qui dorénavant se fait appeler Albert) est ‘teamster’. Je n’ai pas trouvé de traces de Philippe Dorval et de son épouse dans le recensement de 1920 et j’ignore la date et le lieu de leur décès.

Recensement américain de 1910, Ashland, Wisconsin. Family Search.

Recensement américain de 1910, Ashland, Wisconsin. Family Search.

Je continue mes recherches quant aux enfants Dorval. J’ai quand même trouvé quelques informations. Delia Dorval et son époux, Anthony Barabe ont été, d’après les recensements américains, propriétaires d’un magasin général puis d’une épicerie à Mellen, Ashland, Wisconsin. Ils sont enterrés à Puyallup, comté de Pierce, Washington. Je ne trouve rien à propos de Marie après le recensement de 1910. Quant à Evangéliste-Albert et Joseph-Odilon, ils se sont établis, toujours d’après les recensements américains, dans le Minnesota, où ils ont vécu plusieurs années.

Généalogie Philippe Dorval – Sédulie Noyer dit Racine

Billets reliés
La famille Martineau quitte le Québec pour le Dakota du Nord [1885]

Décès du pionnier Jean-Baptiste Lefebvre [Wisconsin, 1871]

Décédée à Markesan, Wisconsin [1892]

Décès d’une bonne d’enfants [Stanstead, 1892]

Le Progrès de l’Est, 2 août 1892

Stanstead
[…]
Le coroner Woodward a tenu une enquête, mardi dernier, sur la personne de Charlotte Ashley, une femme de couleur âgée de 60 ans, morte soudainement chez M. Sidney Stevens, le matin même. Elle était employée chez M. Whitney comme bonne d’enfants. Elle avait d’abord été esclave à Macon, en Georgie, et demeurait avec M. Whitney, qui l’avait emmenée au pays, depuis une douzaine d’années. Elle s’était couchée en bonne santé la veille; elle s’éveilla vers une heure et se plaignit d’être très mal. On courut chercher les voisins et on fit mander le médecin; quand le Dr Cowls arriva elle était morte. Le jury a rendu un verdict de « morte de causes naturelles ». La défunte avait à peu près $500 à la banque qui retourneront aux enfants de M. Whitney suivant le désir qu’elle en avait souvent exprimé.

Recensement canadien de 1891, Stanstead, Québec. BAC

Recensement canadien de 1891, Stanstead, Québec. BAC

Selon le recensement de 1891, elle résidait alors chez madame Julia Whiting,  Âgée de 65 ans, Charlotte Ashley était veuve, méthodiste et originaire des États-Unis. Elle savait lire et écrire. Je n’ai pas trouvée de Charlotte Ashley dans le recensement canadien de 1881.
Billets reliés
Francis Zuell, victime d’un brutal assaut [Québec, 20 septembre 1864]

Février, mois de l’histoire des Noirs

Une esclave soupçonnée d’être à l’origine de l’incendie de Montréal [1734]

Découverte d’ossements [Saint-Malo, 1868]

Le Canadien, 23 septembre 1868

UNE ETRANGE DÉCOUVERTE

On nous informe que quelques habitants de St.Malo, Canton d’Aukland et comté de Compton, viennent de découvrir, sur le lot N. 3, dans le 2nd Rang d’Auckland, les ossements d’une personne morte, en apparence, depuis plusieurs années. Bien que les restes soient dans un état avancé de dessèchement, il y a cependant indices qui peuvent faire reconnaître cette personne; car on a trouvé auprès du cadavre une valise de voyageur, de l’argent et quelques papiers qui sont très peu lisibles; ils sont écrits en langue anglaise et assez difficiles à comprendre. Une chose indique que cette personne doit être morte, durant les sept dernières années, c’est qu’on a trouvé sur elle des centins portant la date de 1861. La chevelure est rouge, et d’après les indices, ce doit être le cadavre d’un jeune homme. S’il appartenait à quelque famille peu éloignée, on pense qu’il serait assez facile de le faire identifier.

Les gens de la localité informent les autorités, surtout M. le coronaire, s’il croit devoir intervenir.

Pour les détails s’adresser à M. Joseph Dubois à St. Malo d’Aukland, P.Q.

Les journaux sont priés de reproduire – Pionnier de Sherbrooke

Billets reliés
Translation des ossements des soldats français morts sur les plaines d’Abraham [1854]

Des ossements retrouvés à l’Anse au Foulon [1924]

D’intéressantes découvertes [Québec et Trois-Rivières, 1887 et 1896]

Un cercueil sur la rive [1892]

Trois squelettes découverts lors de fouilles archéologiques à Québec en 1878

Décédé après six jours de mariage [1900]

Le Progrès de l’Est, 19 juin 1900

« Richmond
– On écrit de Richmond que le docteur Arthur Denis, qui épousait, lundi dernier, Mlle Burnside, est mort au cours de son voyage de noce, six jours après son mariage. Les jeunes époux étaient partis pour un voyage de huit jours à Montréal, Ottawa et Toronto, et leur mariage avait donné lieu, ici, à de grandes réjouissances, car ils y étaient grandement estimés. L’infortuné a succombé à la pneumonie foudroyante. Il a été inhumé au cimetière Mont-Royal, Montréal, avec les membres de sa famille, déjà décédés. Le docteur Duplessis, de Richmond, un des amis intimes du malheureux jeune homme, a été mandé auprès de lui, mais est arrivé quelques heures après qu’il eut expiré. La jeune femme du défunt retournera prochainement à Richmond, d’où elle n’est partie que depuis quelques jours, avec des espérances si brillantes. »

Billets reliés
TÉMOIGNAGE DE LIBERTÉ POUR PERMETTRE À LA VEUVE ALEXIS GAGNÉ DIT BELAVANCE DE SE REMARIER (1764)

UNE RUBRIQUE DES NAISSANCES, MARIAGES ET DÉCÈS PAS BANALE [1817]

UNE FEMME CONDAMNÉE À RÉINTÉGRER LE DOMICILE CONJUGAL [MONTRÉAL, 1920]

TOUT UN CHARIVARI À MONTRÉAL! [1823]

Victime de la boisson [Fitch Bay, 1869]

Cette histoire montre que la modération a bien meilleur goût.

Le Courrier du Canada, 20 janvier 1869

« TRISTE MORT- AVERTISSEMENT. Geo. A. Gustin, fils de M.Loren Gustin, de Fitch Bay, (Canton de Stanstead), âgé d’environ 17 ans, est mort dans les circonstances pénibles suivantes, dimanche dernier au soir. Ce jeune homme, en compagnie de son frère aîné et de plusieurs autres jeunes gens, s’était mis à boire, le samedi soir précédent, à une ou deux maisons. Il but un verre presque plein d’eau-de-vie de première force, et peu à près un verre de « Vieux Rye ». Il partit ensuite pour la maison de son père, avant d’être sorti du village, il s’affaissa dans le chemin, et resta sans mouvement et sans parole. Son plus jeune frère, qui se rendit au logis, reçut l’injonction de ne point dire en quel était se trouvait George. Les camarades de ce dernier le transportèrent alors dans une boutique de forge, où ils le gardèrent jusqu’au matin. La honte les induisit bientôt à le porter dans une grange, à environ un mille de distance, où, après l’avoir veillé près de deux heures, ils devinrent inquiets et envoyèrent chercher du secours; après quoi le pauvre malheureux fut apporté à la maison de ses parents.

Le Docteur Keys fut demandé et lui administra les remèdes ordinaires en pareil cas. On commença bientôt à espérer son recouvrement; mais bientôt après il fut atteint de vomissements et mourut dans la soirée de dimanche.

Le jury, composé de dix-neuf des voisins du père et présidé par Wm Dolloff, Ecr., fut occupé toute la journée de mardi à s’enquérir de la cause de sa mort.

L’examen post mortem que l’on fit sur le cadavre fit découvrir qu’il s’était fait au cerveau un épanchement de sang considérable.

La substance du verdict est que le défunt, George A. Gustin, a trouvé la mort par la suite d’une attaque d’apoplexie hémorragique, causée par l’usage excessif de spiritueux ardents et funestes.

Quel coup pour la famille.

Quel sort pour ce pauvre jeune homme! Bouteille, voilà de tes coups! — (Pionnier de Sherbrooke)  »

Billets reliés
BOISSON SOUS LA TRIBUNE DE L’INSTITUTRICE [MONT-ALBERT, 1936]

A QUAND LES LIQUEURS PURES ET PAS CHÈRES? [1921]

L’ABBÉ J.-N. DUBOIS ET LA PROHIBITION TOTALE [1919]

QU’EST-IL ARRIVÉ À THOMAS DAVIS? (SHERBROOKE, 17 FÉVRIER 1884)

Une voiture électrique à Sherbrooke en 1912

Voiture électrique de la Detroit electric Co. v.1921-1922. Library of Congress

Voiture électrique de la Detroit Electric v.1921-1922. Library of Congress

Le Progrès de l’Est, 24 mai 1912

Enfin, ce qui avait été prévu et attendu est arrivé; d’ailleurs le progrès continuellement ascendant le voulait ainsi. On a vu à Sherbrooke un auto mu par l’électricité; cet auto qui est un « Détroit electric » est aussi la propriété de Mme B.C. Howard. Il roule parfaitement, tranquillement sans bruit, son pouvoir électronique est facilement contrôlable et il peut circuler à l’aise dans les rues les plus animées. Ce serait l’Idéal du genre, surtout pour un auto de dames, et il sera presque parfait s’il écrase moins que ses congénères à gaz quelconque. Heureux Sherbrooke qui sait se distinguer en tout et à qui il ne manque plus qu’un auto mécanique pareil pouvant faire à lui tout seul le travail du « Cleaning-up Week ».

Billets reliés

Ceux qui conduisent vite [Montréal, 1837]

Portrait de Sherbrooke en 1906

Et que la lumière fut! (Québec, 30 septembre 1885)

Le téléphone à Québec [1877]

Portrait de Sherbrooke en 1906

En 1906 paraît dans l’Album universel un portrait flatteur de la ville de Sherbrooke. On y parle de ses églises, de ses parcs, de ses manufactures et du tout nouveau Monument national. Bienvenue à Sherbrooke!

L’album universel, 20 février 1906

AU CONFLUENT DES RIVIÈRES MAGOG ET ST-FRANÇOIS

SHERBROOKE, jolie petite ville d’environ 15,000 âmes, dans nos Cantons de l’Est, avec ses magnifiques monuments, ses maisons princières et les riches campagnes qui l’environnent, déroule aux yeux du voyageur ravi un panorama digne de la palette d’un peintre.

[…]
Dans la vallée du St. François, la jeune cité s’élève sur une suite de terrasses d’où la vue s’étend à travers les riches campagnes jusqu’aux montagnes qui bornent l’horizon. C’est, en un mot, un Québec en miniature, car on y voit la haute et la basse ville.

Au centre et dominant la cité, apparaissent dans toute leur majesté, le couvent de Notre-Dame, la Cathédrale, ancienne église paroissiale que l’autorité religieuse se propose de démolir pour la remplacer par un temple plus en rapport avec la population catholique constamment croissante de Sherbrooke. A l’est de la ville, en plein centre anglais, les Soeurs du Précieux Sang dont nous avons parlé à l’occasion de la mort de leur sainte fondatrice – soeur Caouette- possèdent un monastère important. Sur des sites pittoresques s’élèvent de splendides villas qui donnent un charme tout particulier à la ville. Mentionnons spécialement les villeas de « Rochmount », « Wilhinshurst », « Mountfield », « Bellevue », et les résidences princières de MM. L.A. Codère, L.E. Panneton, A.J. Genest, N.E. Brooks, Dr Rioux, E.P. Bédard, Dr Ledoux, W. Farwell, L.C. Bachand, Frank Grundy, J.S. Mitchell, C.Millier ainsi que le château – chef-d’oeuvre d’architecture – servant de résidence à la veuve du député W.B. Ives. A l’ouest, sur une colline, l’hôpital du Sacré-Coeur, tenu par les Soeurs Grises.

bankpostofficesherbrooke

Banque des Cantons de l’est et bureau de poste de Sherbrooke, rue Dufferin. De nos jours, on y retrouve le Musée des beaux-arts et la Société d’histoire de Sherbrooke. Extrait de Sherbrooke Railway & Power Company, 1910.

L’industrie et le commerce y ont aussi leurs monuments; pour éviter une énumération fastidieuse contentons-nous de mentionner le « Sun Life Building, la Banque Provinciale des Cantons de l’est, le Magog House, le New Sherbrooke House, le Grand Central Hôtel et le superbe bureau de poste à côté duquel, proportions gardées, notre bureau de poste de Montréal ferait certainement mauvaise figure. Quand au nouveau Palais de justice, où le marbre abonde, et dont, actuellement, les travaux de parachèvement se poursuivent avec diligence, il est très regrettable, selon nous, qu’on ne l’ait pas doté d’un troisième étage; d’autant plus qu’il est construit en contre-bas d’une colline sous laquelle il semble vouloir se cacher comme pour protester contre l’affront reçu. Que dire du parc Victoria, immense forêt de pommiers, d’ormeaux, de sapins, etc? Ce parc, situé sur un plateau élevé, s’étend sur une surface de soixante acres. « C’est, au dire de l’architecte Todd, le plus beau parc qu’il ait jamais vu ». En arrière du parc Victoria s’étendent de vastes terrains où viennent s’ébattre les amateurs de crosse et de jeux athlétiques mais où, aussi, l’Association d’Agriculture des Cantons de l’Est ouvre chaque année une vaste exposition pour les divers produits de la Province.

Magog House, Sherbrooke.

Magog House, Sherbrooke. Extrait de Sherbrooke RAilway & Power Company, 1910.

Et de l’autre côté de la rivière St. François le parc Racine, parc des Canadiens-français, où fréquemment durant la belle saison, résonnent les accents d’une joyeuse fanfare.

Sherbrooke est une ville industrielle par excellence qu’explique tout naturellement sa position topographique; aussi les maisons manufacturières surgissent-elles de tous les côtés semant largement la prospérité et le bien-être. Nulle part peut-être la classe ouvrière ne jouit d’autant de confort et d’aisance.

Citons en première ligne la maison « Jenckes Machine », certainement la plus importante au Canada, elle s’élève sur la rue Lansdowne et emploie un grand nombre d’ouvriers. L’importante manufacture de tissus « Patton Mills »; la manufacture Walter Blue, renommée pour la confection des vêtements, et pour celle de tapis cherchant à éclipser les célèbres tapis de Bruxelles; enfin une foule d’autres dans lesquelles tout un peuple d’ouvriers laborieux gagnent largement le pain quotidien pour eux et leur famille. Une chose surtout qui frappe le voyageur au moment où il foule le sol de Sherbrooke, c’est je ne sais quelle impression, quel air de propreté, de fête, de bonheur qui, comme l’atmosphère ambiante, enveloppe la ville-bijou et que l’on rencontre rarement ailleurs.

Walter Blue Wholesale Clothing. Extrait de

Walter Blue Wholesale Clothing. Extrait de Sherbrooke Railway & Power Company, 1910.

Ville essentiellement anglaise, il n’y a pas longtemps encore, Sherbrooke est aujourd’hui un centre où domine l’élément français. Et le nombre de catholiques dans le diocèse de Mgr Larocque s’élève à plus de 80,000 âmes.

A propos de la vieille cathédrale dont je vous parlais il y a un instant, il est bon de noter cette particularité qui ne manque pas d’intérêt: comme je l’ai mentionné, il est question de construire une nouvelle cathédrale. La nouvelle construction engloberait, dit-on, l’ancienne dans laquelle, comme d’habitude auraient lieu les office divins, et qui ne serait démolie qu’après l’achèvement des murs extérieurs de la nouvelle église.

[…]
Les catholiques de langue anglaise possèdent l’église Saint-Patrice, dont le curé actuel est M. l’abbé Fiset, très estimé de tous.

Quant aux alentours de la ville, dont, soit dit entre parenthèses, les rues larges et ombragées pour la plupart, sont d’une propreté remarquable, ils font involontairement rêver à la Suisse. Les panoramas variés, pittoresques et vraiment féériques parfois qu’ils présentent font les délices des nombreux touristes qui, chaque année, accourent de fort loin pour admirer la « merveille » de nos Cantons de l’Est.

A douze milles au nord de la ville, on voit la belle nappe d’eau limpide de dix milles de long, du féérique lac Massawippi, lieu de villégiature favori des Américains, qui ont fait élever sur ses bords de coquettes et luxueuses villas que ne dédaignerait pas d’habiter une tête couronnée.

A huit milles à l’ouest de la ville, le lac « Petit Magog », et, neuf milles plus loin, la grandiose Memphrémagog, lac de trente mille de long, que sillonne un bateau à vapeur. Et au-dessus, dominant la contrée de toute son imposante majesté, le Mont Orford, d’où l’on aperçoit, à cent milles à l’horizon, le Mont-Royal.

Il est fortement question d’un chemin de fer qui conduirait les voyageurs jusqu’au sommet de la montagne Orford.

Comme détails tout récents, faisons remarquer que M. C. H. Olivier, dont le portrait figure dans le groupe que nous publions, des directeurs de l’exposition de Sherbrooke, a, il y a environ trois semaines, été élu maire de cette ville.

Dimanche, le 4 février dernier, grâce à l’initiative et aux efforts multiples du Dr. J.F. Rioux, qui s’est occupé de l’entreprise pendant plusieurs années, ainsi, du reste, que de nombreux personnages de Sherbrooke, était inauguré dans la « reine des Cantons de l’Est », un Monument National.

A l’inauguration dont il s’agit assistaient: Monseigneur Larocque, évêque de Sherbrooke, les premiers magistrats de l’endroit, plusieurs membres éminents de notre clergé et tout ce que la ville compte de notabilité. C’est que le « Monument National » dont on venait d’ouvrir les portes est une oeuvre chrétienne, patriotique et nationale. Le but de cette fondation, obtenue par souscriptions, est tout à la louange de ceux qui la conçurent. Grâce à elle, la jeunesse catholique de Sherbrooke saura désormais où se réunir afin de se distraire, et de s’instruire comme il convient, en écoutant des conférences inspirées par des idées chrétiennes et morales.

Il est presque futile d’ajouter que l’installation matérielle et l’aspect du nouveau Monument National de Sherbrooke font honneur à la très jolie ville qui s’est payé ce luxe de bon aloi.

Billets reliés

L’explosion d’un colis cause un décès à Sherbrooke [1913]

Une visite de Sherbrooke en 1910 en images

L’état sanitaire de Sherbrooke en 1921

Explosion dans une usine d’obus [Sherbrooke, 1917]

Photos: le camp d’internement no 42 (camp Newington), Sherbrooke 1944-1945

Photographie: Sherbrooke en 1858

Qu’est-il arrivé à Thomas Davis? (Sherbrooke, 17 février 1884)

L’explosion d’un colis cause un décès à Sherbrooke [1913]

Le Progrès de l’Est, 17 juin 1913

TRAGÉDIE MYSTÉRIEUSE
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MORT DE Mme A. BILODEAU
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Victime du plus lâche, horrible et odieux crime, Mme Alphonse O. Bilodeau, épouse de l’entrepreneur bien connu résident de la rue Sanborn, au coin de la rue Wellington, est morte instantanément ce matin, vers 11.20h. avant-midi, dans la cuisine saccagée de sa résidence.

Voici la résidence où a eu lieu le drame. La Patrie, 18 juin 1913

Voici la résidence où a eu lieu le drame. La Patrie, 18 juin 1913

Cette nouvelle a stupéfié et consterné notre population.

Voici les faits résumés:

A son usuelle tournée de passage vers les dites 11.20h. le facteur postal habituel du quartier, M. Omer Gaumont, remettais à Mme Bilodeau, occupée dans sa cuisine, un petit paquet ficelé et deux lettres. Quelques minutes après sa sortie et à peine lui arrivé; au bas de la rue, sur la rue Wellington, distance d’une cinquantaine de pieds, une forte explosion détonnante mis en pièces les vitres des fenêtres de cette cuisine, et le facteur aperçut quelque fumée sortir de la pièce et entendit crier, appeler au secours de l’endroit en question. Alors il fit jouer le signal avertisseur aux pompiers qui accoururent sans retard, et l’on vit, non pas un incendie, mais un spectacle affreux.

Le journaliste décrit ensuite de façon détaillée le cadavre de Mme Alphonse O. Bilodeau. Vous me permettrez d’omettre ce passage. Sur les lieux du drame, on trouve aussi la belle-soeur de madame Bilodeau.

M. et Madame A. O. Bilodeau. Le Progrès, 20 juin 2013

M. et Madame A. O. Bilodeau (Célanire Allaire). Le Progrès, 20 juin 2013

A côté, haletante, blessée, en sang, la belle-soeur de la victime, Mlle Anna Bilodeau, de St-Flavien, qui était hôte de la famille depuis une quinzaine, se trouvait blessée, ayant tout le visage en sang, les yeux à demi-voilés et brûlés; mi-évanouie; elle criait lamentablement par atroces souffrances.

Police et docteurs furent vivement appelés pour faire les premières constatations légales et pour donner les soins les plus urgents en ce triste état des victimes.

Après examen des Drs Bachand, Ledoux, Ethier et Bertrand, il fut reconnu que Mme Bilodeau était bien morte du coup fatal d’explosion subite, et qu’il y avait nécessité de faire transport aussitôt Mme Bilodeau à l’hôpital St-Vincent de Paul, où ensuite des premiers soins et calmants par le Dr Ethier, elle put reprendre connaissance et ainsi expliquer les causes de l’accident tout criminel.

Le facteur qui a livré le colis. La Patrie, 18 juin 1913

Le facteur Omer Gaumont a livré le colis fatal. La Patrie, 18 juin 1913

A l’arrivée du facteur, elle avait demandé si pour elle il y avait une lettre qu’elle attendait. La réponse fut négative. Les deux lettres reçues étaient pour la maison. Restait le petit paquet, en petite boîte en forme de boîte de gants. Les deux femmes, en hâte de curiosité, voulaient en connaître le contenu. Mme Bilodeau se mit en devoir de l’ouvrir à l’aide de la lame d,un couteau, et alors il s’ensuivit la brusque terrible explosion dont on vient de rapporter les suites.

M. Bilodeau qu’on était allé prévenir avec quelque ménagement arriva et resta hébété, stupéfié devant le triste spectacle auquel il ne pouvait croire. Un peu redevenu maître de lui-même, il essaya quelques explications, quelques suppositions de basse et lâche vengeance à son adresse à lui-même plutôt qu’à la malheureuse victime.

Les trois jeunes enfants absents heureusement arrivèrent de leurs écoles, à l’heure du midi. Comprendre leur douleur navrante de se voir si subitement orphelins est tout naturel!

Toute sérieuse que soit la position de Mlle Bilodeau, il n’y aurait d’autre gravité que celle pour elle de rester défigurée.

Des deux lettres remises: une a été retrouvée intacte par terre, elle était à l’adresse du fils Alfred Bilodeau et portait le cachet oblitérateur de Chicago; l’autre lettre a été en partie détruite par l’explosion, quelques morceaux informes ont pu être retrouvés et pourront peut-être servir à quelque renseignement lors de l’enquête du coroner.

Quant au petit paquet, cause de tout le mal, c’était, à dit le facteur O. Gaumont qui n’a pas remarqué le cachet postal de départ, une petite boîte genre de boîte à gants en carton épais, mesurant environ 6 X 2 pouces, enveloppé dans un papier attaché avec ficelle, adressé à la victime, et à l’apparence non suspecte d’aucun soupçon de danger ni de délit. Selon une déclaration rapportée du Dr Noël en possession d’un débris de cartouche trouvé incrusté dans un morceau de bois au lieu de l’accident, – la boîte était une machine infernale oeuvre élémentaire d’anarchiste et munie d’un petit appareil en fil de fer et caoutchouc devant servir en ressort de détonateur mécanique dès l’ouverture de la boîte chargée de matière explosible et détonnante.

La police provinciale de Québec aurait été avisée afin de faire des investigations pouvant arriver à percer le mystère qui entoure cette terrifique affaire sans précédent ici, et comme conséquence, à faire connaître l’auteur d’un pareil crime, horreur anarchiste, qui est le premier du genre à inscrire dans les annales de la si paisible ville de Sherbrooke de tout temps passé et présent.

L’enquête légale du coroner Dr Bachand a été fixée à ce soir mardi à huit heures, sur place même, devant les restes mutilés conservés de l’infortunée victime. Après cette enquête, on fixera le jour des funérailles, que la présence du public bien affecté de la catastrophe rendra plus imposantes.

La défunte qui était en plein état de santé, est survécue par son mari et par cinq enfants: Alberta 21 ans, Alfred 19 ans, lydia 16 ans, Oliva 14 ans, et Félix 12 ans.

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Nous adressons à M. Bilodeau, à ses enfants, à sa soeur et à toute la famille, nos plus sympathiques condoléances pour la cruelle épreuve qu’ils traversent si opinément et qu’apaisera le Dieu vengeur à qui rien ne peut échapper!

N.D.L.R. La supposition admissible de la petite machine infernale est qu’elle doit être l’élémentaire simili bombe Orisini explosible par simple répercussion ou frottement et que le détonnant devait être tout simplement: les poudres nitroglycérinées de fulmigate mélinite et dynamite mélangées dont l’effet foudroyant en rate hélas! jamais.

Trois semaines avant le drame, les Bilodeau avaient reçu un colis anonyme contenant des pilules et une lettre clavigraphiée (La Patrie, 19 juin, p. 14) Madame Bilodeau, après avoir pris connaissance de la lettre, jeta le tout au feu.

Le 27 juin 1913, la police arrêta M.L. A. Dufresne, un arpenteur de Sherbrooke mais il fut libéré quelques jours plus tard. Entre-temps, le témoin Salomon Ouellette quitte la ville pour une raison inconnue (La Patrie, 2 juillet 1913 et Le Progrès de l’est, 4 juillet 1913).

A ma connaissance, cette affaire n’a jamais été résolue.

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